Edito
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Vérité et tolérance

Notre époque imprégnée par l’humanisme dans nos pays occidentaux rend le chrétien, soucieux de rester soumis à la Parole, parfois perplexe. Nous vivons dans un contexte social et moral de grandes contradictions. On parle de vérité en la relativisant et de tolérance en pratiquant le contraire. Les mêmes termes n’ont pas la même signification pour les uns et pour les autres. «Agir dans la vérité» et «rester tolérants», voilà deux phrases qui semblent s’exclure mutuellement. Il serait souhaitable que l’on s’attelle à une réflexion plus approfondie à ce sujet, car il est nécessaire de redéfinir la position du chrétien à l’heure d’une «Europe unie» où des difficultés de toutes sortes ‘pourront surgir, notamment des persécutions.

Vérité et tolérance, par rapport à quoi? Comment concilier ces deux choses? Vu sous l’angle de l’humanisme – qui place l’homme au centre -, notre société renonce aux dogmes et prône la liberté individuelle. Chacun doit trouver «Dieu» à sa façon. Déjà Gotthold Lessing, écrivain allemand, appela à la tolérance dans son célèbre drame philosophique «Nathan le sage» (1779), en mettant les 3 religions monothéistes, le christianisme, le judaïsme et l’islam sur un même niveau d’égalité; il estimait que toutes les trois permettaient de parvenir à Dieu. L’humanisme ne fait que reprendre ce syncrétisme en ne cessant de marteler ses 3 thèses dans les cerveaux:
1. le bien est reconnaissable par la raison;
2. le bien s’apprend et s’inculque;
3.le chemin qui mène à Dieu consiste en la recherche de la perfection morale et spirituelle.

Mais, la vérité révélée dans la Parole est diamétralement opposée à ces thèses, car elle se mesure à une personne: Jésus-Christ, le chemin, la vérité et la vie (Jean 14.6). Ici, la vérité est absolue et ne tolère aucune relativisation, aucun pluralisme. Par rapport aux trois thèses ci-dessus, nous devons opposer trois vérités fondamentales:
I. L’homme est totalement corrompu, corps, âme et esprit. Le concept de culpabilité dans la psychologie humaniste ne tient aucun compte de la corruption de l’homme; la notion du péché est ainsi évacuée. L’autonomie de l’homme n’est pas la liberté individuelle. Elle mène à l’esclavage du péché, des passions, et il est faux d’irresponsabiliser ainsi l’homme quant au péché.
2. La Parole enseigne clairement, et l’expérience quotidienne le démontre, que le bien n’est pas inné en l’homme. Jamais le cour humain ne s’améliorera ou ne changera par l’éducation. Si c’était le cas, nous n’aurions pas les problèmes de la drogue, du sexe, de la criminalité, etc. Sans la puissance de Dieu, aucune libération.
3. On ne peut atteindre à Dieu ni par la raison, ni par une haute morale ou par les traditions d’une religion. En vérité, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rom 3.23). Nous avons tous besoin de connaître le chemin de la vérité et de la vie, c.-à-d. Jésus-Christ. Il n’y a pas d’autre vérité, pas d’autre chemin, par d’autre vie. Une certaine forme de tolérance peut provenir d’un cour généreux et se manifester par une philanthropie qui se concrétise par des dons matériels au tiers monde, p. ex. Mais cela ne libère pas de l’esclavage du péché. Parfois la tolérance de la société moderne prend des formes d’intolérance envers des minorités ethniques, culturelles, sociales ou religieuses.

En résumé, la vérité par rapport au Dieu de la Bible reste absolue et se mesure en Jésus-Christ venu pour sauver les pécheurs. Aucune contre-vérité est tolérable. L’homme a besoin de se repentir devant Dieu, de saisir le salut par la foi et d’être régénéré par’ l’Esprit- Saint. Dès ce moment, la mise en pratique de l’amour de Dieu en Jésus-Christ prime dans sa vie. Comme sel de la terre, la responsabilité du chrétien est maintenant de témoigner de sa foi en Jésus-Christ et de la vivre selon les normes de la Bible. Il peut coûter cher d’aimer son prochain tout en lui disant la vérité. Ne pouvant pas partager l’éthique d’une société humaniste, le chrétien n’imposera pourtant pas la sienne, mais la communiquera avec conviction et la vivra selon les normes évoquées dans l’Ecriture.

Dans l’Eglise, nous ne pouvons tolérer d’autre Evangile que celui du Christ crucifié et ressuscité. Paul Wells écrit avec pertinence: «Dans l’Eglise, le pluralisme sans limites est un principe contre nature qui ne peut conduire qu’au nivellement par le bas des convictions communes. La formulation objective de la vérité y est capitale. C’est dire que l’indifférence doctrinale est inimaginable chez les chrétiens» (1).

D’autre part, sachons aussi distinguer entre indifférence doctrinale et une tolérance concernant des points d’interprétation des Ecritures qui ne touchent pas l’essentiel de la foi. Sachons aussi refuser certains extrémismes qui sont à l’origine de trop de blocages dans nos églises, L’intransigeance des personnalités et le manque d’écoute et de compassion sont une forme d’intolérance que l’Ecriture n’approuve pas. Nous avons à veiller à ne pas juger nos frères selon nos critères personnels. Que votre douceur soit connue de tous les hommes (Phil 4;5). Restons fermes dans la foi. Exerçons-nous dans le support les uns des autres en nous efforçant de conserver l’unité de l’Esprit par le lien de la paix (Eph4.1-3).

L ‘humilité, la patience, la douceur et la fermeté dans la foi sont les caractéristiques d’un chrétien spirituel. Manifestées dans une église, elles correspondent à l’exhortation du Seigneur de nous aimer les uns les autres, afin que ceux qui nous entourent connaissent que nous sommes ses disciples (Jean 13.34-35). La pratique de l’amour dans la vérité est la manifestation de la vérité dans l’amour (2).

H.L.
(1)«Christianisme et tolérance» de Paul Wells et Daniel Bergèse, éditions Kérygma, p.18-19. (voir dans «Chronique de livres» de ce même numéro:
(2)Le fil conducteur des 3 thèses et de leurs réponses a été tiré de l’excellent Ouvrage«Wo ist die Wahrheit»de Bodo VolkmanncHiinssler- Verlag (75 p.).

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.