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Foi et Miracles

Lectures préalables: Ps 19.8-10, Luc 6.46-49

Je mets en exergue ce verset de Co13.16: Que la parole du christ habite en vous (parmi vous) dans toute sa richesse.

Première question: Qu’entend Paul par «la parole du Christ» ? Tout d’abord son enseignement, qui au temps où Paul écrivait aux Colossiens était transmis oralement. Ensuite l’enseignement contenu dans les lettres des apôtres, écrites sous l’inspiration de l’Esprit de Christ (synonyme d’Esprit de Dieu, donc du Saint-Esprit, selon Rom 8.9); et par extension les écrits de l’ AT (la suite de Co13.16 mentionne les Psaumes).

Il est donc normal que notre définition de la «parole du Christ» s’appuie sur un nombre suffisant de passages bibliques, notamment du NT, qui contient, à part les livres historiques relatant des événements uniques (Evangiles et Actes), les choses dont Jésus disait: ...vous ne pouvez pas les supporter maintenant. Quant l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité (Jean 16.12-13).

Deuxième question: Pourquoi la parole doit-elle habiter (demeurer) richement en nous? La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ (Rom 10.17): parce que la parole entendue et lue dans la Bible communique la foi. Notez: la foi vient de ce qu’on entend et non de ce qu’on voit. Paul le dira carrément dans 2 Cor 5.7: nous marchons par la foi (qui vient de ce qu’on entend) et non par la vue. Déjà Jésus avait déclaré heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru (Jean 20.29).

Dans Rom 1.16: …l’Evangile est une puissance de Dieu pour quiconque croit; l’Evangile = la bonne nouvelle = ce qu’ on entend.

Qu’est-ce qui se passe quand l’Evangile est entendu et accepté? Dans Jean 7.39, Jésus parle de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. Dans Eph 1.13, Paul dit plus explicitement: En lui, ayant entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre salut, en lui, ayant cru, vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse. Comme en grec les deux participes sont à une forme verbale correspondant au passé simple en français, le sens en est: «Ils entendirent, ils crurent, ils furent scellés du Saint-Esprit.» Qu’est-ce à dire? Chaque croyant authentique reçoit le Saint -Esprit comme signe qu’il appartient à Dieu et qu’il sera gardé par Dieu jusqu’à ce qu’il reçoive son nouveau corps immortel, glorifié, comme l’indique la suite: …le Saint-Esprit de la promesse, qui constitue le gage de notre héritage, en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire (v. 14). Cela explique pourquoi il n’est jamais demandé aux croyants de rechercher un baptême du Saint-Esprit. C’est Dieu le Père et le Fils qui baptisent d’Esprit à la conversion. Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit, pour être un seul corps… et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (I Cor 12.13). Pour citer Lloyd-Jones parlant de tout homme qui a reçu Christ par la foi: «La vie de Christ est en lui, et c’est la même vie dans tous les membres (du corps).» C’est là le sens d ‘Eph 4.4: Il y a un seul corps et un seul Esprit.

Par contre, Paul écrit à Timothée de s’efforcer de …dispenser avec droiture la parole de la vérité (2 Tim 2.15) et de s’attacher à ce qu’il a appris dès son enfance. Et de quoi s’agit-il? Ce sont les Ecrits sacrés, qui peuvent donner la sagesse en vue du salut, par la foi en Christ-Jésus. Cette exhortation est suivie de la définition la plus frappante et la plus complète de ce qu’est la Bible (3.16): Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner ( doctrine1 ) convaincre ( de péché, de justice, de jugement), redresser ( corriger ), éduquer dans la justice ( comment vivre ), afin que l’ homme de Dieu soit adapté et préparé ( sanctifié j à toute bonne oeuvre.

C’est ce que fait la Bible (= parole de Dieu): elle rend propre à toute bonne oeuvre; elle est toute- suffisante.

Dans Jean 14, nous voyons Philippe, disciple et futur apôtre, demandant à Jésus de lui montrer le Père. C’est comme s’il avait dit à Jésus: «Ce que tu dis et fais ne me suffit pas. Ta promesse ne me suffit pas. Prouve ce que tu dis par une vision de Dieu. Donne-moi une expérience! » La réponse de Jésus pourrait se paraphraser: «Alors je ne te suffis pas? mes paroles, mes oeuvres? Il te faut quelque chose de plus?»

Cela n’a pas changé. Si les paroles de Jésus et des apôtres, si les rniracles faits par Jésus et les apôtres, ne me suffisent pas, ni Dieu ni Jésus ne va se montrer à moi dans une vision. Mon incrédulité suffit pour me condamner: Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie (Jean 3.36). C’ est le seul critère. Et Jésus de terminer le récit de 1’homme riche et du pauvre Lazare par ces mots: S’ils n’écoutent pas Moise et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quelqu’un ressuscitait d’entre les morts (Luc 16.31). Qu’est-ce à dire, sinon que la parole (ce qu’on entend) convainc, et non les miracles (ce qu’on voit)? A Philippe, Jésus dit: Je suis le chemin (le seul qui mène à Dieu), la vérité (la seule qui puisse sauver) et la vie (la seule source de vie spirituelle et éternelle).

Puisque Jésus est la Parole devenue chair, Jacques peut écrire: Il nous a engendré… par la parole de vérité; il reprend deux versets plus loin: recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver vos âmes (1.18- 21).

La Parole a-t-elle remplacé les miracles ?

Est-ce un miracle quand la maman arrive juste au moment où le tout petit allait introduire son doigt dans la prise électrique? quand une place se libère au parking juste au moment où j’en ai besoin, étant pris de court? Non. Ce sont là des actes de la providence divine.

Avant de continuer, une précision: il est bien clair que Dieu intervient aujourd’hui pour délivrer, pour guérir, pour conduire, souvent en réponse à nos prières, selon sa volonté (qui ne coïncide pas forcément avec la nôtre). Dieu n’est jamais obligé d’exaucer nos prières. Quant il le fait, c’est une grâce de sa part.

Quand y a-t-il miracle? La Bible répond clairement à cette question. On peut distinguer trois périodes de miracles.

1 ère période: Libération d’Israël de l’esclavage

Moïse vient en Egypte avec un message de Dieu invraisemblable; mais par les miracles que Moïse fait, Dieu authentifie Moïse comme son envoyé, son porte-parole. Dieu intervient dans la nature d’une manière si extraordinaire que les témoins doivent y reconnaître le doigt de Dieu (même les magiciens!) et voir en Moïse l’envoyé de Dieu. Les miracles en Egypte confirment que Moïse parle pour Dieu.

La deuxième raison de ces miracles: ils introduisent une ère de nouvelles révélations. Moïse donnera la loi et les modalités de l’alliance avec Israël.

Or quel bilan? un manque de foi total! Ils ont assisté aux miracles les plus étonnants; ils ont vu toute l’armée égyptienne avec le pharaon engloutie, anéantie; puis ils ont chanté un beau cantique… et à peine 70 km plus loin, à l’oasis de Mara, ils accusent Moïse parce que l’eau est amère. Leur incrédulité et leur idolâtrie sont telles que tous ceux qui ont vécu ces miracles inouïs devront mourir dans le désert.

Ce ne fut pas mieux après la conquête de Canaan (pensez à Jéricho): le peuple tomba dans l’idolâtrie et l’immoralité.

Suivit une longue période pratiquement sans miracles. David, le chantre de Dieu, n’en fit aucun, ni le roi Salomon, célèbre pour sa grande sagesse; Après lui, le peuple tomba dans une telle apostasie que Dieu envoya ses prophètes.

2 ème période: l’ère des prophètes

Les prophètes devaient annoncer au peuple les conséquences douloureuses de leur adultère spirituel, de leur idolâtrie accompagnée de la perversion morale la plus flagrante. L’ère des prophètes fut introduite par le prophète Elie, suivi du prophète Elisée, les deux accomplissant de nombreux miracles jusqu’à ressusciter chacun un enfant mort. Ces miracles, comme ceux de Moïse et de Josué, attestaient qu’ils étaient les émissaires de Dieu et que leurs prophéties étaient d’authentiques révélations divines. Ils exhortaient le peuple infidèle à la repentance, tout comme les autres prophètes à leur suite, qui pendant des siècles prédisaient la dépossession de leur pays et l’exil. L’exil eut lieu, car malgré les miracles, leurs avertissements ne furent pas entendus…

Par contre, la perte de la liberté, la souffrance, la douleur ont eu raison de l’idolâtrie. Sous Esdras et Néhémie, c’est le retour en Israël. Et puis, après l’ère des prophètes, un silence de quatre siècles. Pendant 400 ans, Dieu se tait. Il n’y a pas de miracles. Ô, Dieu continuait d’entendre les prières et d’y répondre selon son bon plaisir; mais pas de nouvelles révélations. Les prophètes avaient annoncé la venue du Messie. On attend.

3 ème période: l’ère de la grâce

Il vient, le Messie, annoncé par le dernier prophète de l’AT: Jean-Baptiste. Avec Jésus, c’est la révélation de la nouvelle alliance, révélation complétée après son ascension par les apôtres choisis par Christ lui-même.

Les miracles de Jésus sont tout d’abord des signes attestant sa messianité. Quand Jean-Baptiste en prison fit demander à Jésus: Es- tu celui qui doit venir ? (Luc 7.20), Jésus répond en citant le prophète Esaïe: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute.

La Bible appelle «miracle» les signes qui attestent que celui qui les fait est l’émissaire annoncé parlant pour Dieu. C’est par une foule de guérisons de maladies physiques, très souvent d’ordre organique, que Jésus accomplit Es 53.4: Il s’est chargé de nos maladies. Mat 8.16-17 le spécifie clairement: Le soir venu, on amena à Jésus plusieurs démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole et guérit tous les malades. Ainsi s’accomplit la parole du prophète Esaîe: Il a pris nos infirmités et il s’est chargé de nos maladies.

Es 53.5, par contre, parle de son oeuvre expiatoire à la croix: Il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris – non pas physiquement, mais (comme le contexte le précise) spirituellement, nous qui étions morts dans nos péchés. Jésus non seulement guérissait les malades et les possédés, mais trois fois il ressuscita des êtres physiquement morts, accomplissant Es 53.4. Une seule fois, il expia nos crimes à la croix, accomplissant Es 53.5.

Les miracles de Jésus ont-ils converti beaucoup de monde? Quand les Juifs sommèrent Jésus: Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement. Jésus répondit: Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père (à savoir, les miracles) rendent témoignage de moi (Jean 10.24-25). Un peu plus loin, Jésus dit: …quand même vous ne me croiriez pas, croyez à ces oeuvres; par celles-ci, ils devaient reconnaître que le Père l’avait envoyé, qu’il était donc le Messie promis (Jean 10.38).

Au début du même évangile, nous lisons que plusieurs crurent à la vue des miracles qu’il faisait,. mais Jésus ne se .fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous (Jean 2.23-24). Jésus ne les considérait pas comme de vrais croyants, parce qu’ils n’avaient cru qu’à cause des miracles. Et Jean de constater avec tristesse: Malgré tant de miracles qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui (12.37). Au contraire, la foule, dont beaucoup avaient vu les miracles par lesquels Jésus prouvait qu’il était le Messie, hurla: Crucifie-le! à mort avec lui! Pourquoi ? Ils ne croyaient pas, malgré ses miracles.

A la fin, après la résurrection et l’ascension de Jésus, ils étaient un petit groupe de 120, dont 12 apôtres, qui attendaient la venue du Consolateur, du Saint-Esprit, à la Pentecôte.

Puis il y eut le ministère des apôtres, Paul y compris, eux aussi confirmés dans leur apostolat par des miracles, signe de leur authenticité. Quant des faux docteurs cherchèrent à dénigrer Paul en tant que vrai apôtre auprès des Corinthiens, Paul se défendit ainsi dans 2 Cor 12.12: Les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’Oeuvre au milieu de vous, par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles. Posons-nous la question: si les chrétiens en général avaient fait des miracles, comment aurait-on pu distinguer les apôtres des autres?

Dans Eph 2.20, nous lisons: Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. Qu’est-ce à dire? Sur la pierre angulaire qui est Christ, les apôtres et les prophètes contemporains ont posé le fondement de l’Eglise par les révélations et exhortations que contiennent leurs lettres, de sorte que, ces apôtres et ces prophètes une fois disparus, la Bible entière avait été constituée. On ne pose un fondement qu’une fois. La révélation donnée par Jésus et les apôtres est définitive. C’est ce qu’indique Jude dans sa lettre (v.3) en nous exhortant à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.

Aussi la Bible se termine-t-elle par un des avertissements les plus solennels: ceux qui y ajoutent ou en retranchent quoi que ce soit seront punis très sévèrement (Apoc 22.18-19). Il faut savoir que l’interdiction d’ajouter ou de retrancher se trouve aussi au début et au milieu de la Bible: Deut 4.2; 13.1 et Prov 3.5-6. L’avertissement vaut donc pour la Bible entière.

Conclusion

Jésus n’est plus avec nous physiquement, ni les apôtres; mais leurs enseignements et leurs miracles doivent faire l’objet de notre foi. Depuis eux, Dieu ne révèle rien de nouveau jusqu’au retour de Christ sur la terre. La Bible contient toute la révélation dont nous avons besoin.

Certes, Jésus est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Il restera toujours amour, justice et grâce. Mais il ne fait pas toujours la même chose! Une des preuves est le cas d’ Ananias et Saphira dans Actes 5. Dieu ne punit plus systématiquement de cette manière aujourd’hui.

Laissons-nous avertir par les propres paroles de Jésus. En parlant des derniers temps de l’ère de la grâce, voici ce qu’il dit: Si quelqu’un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux Christ et de faux prophètes; ils opéreront de grand signes et des prodiges au point de séduire si possible même les élus (Mat 24.24).

Prenons-nous à coeur cet avertissement solennel ? Serait-il aujourd’hui d’actualité?

Notes:
(1) Le mot «doctrine» est devenu insupportable à beaucoup, mais celle-ci est la base de toute vie spirituelle individuelle et ecclésiale. La refuser, c’est agir comme un utilisateur d’ordinateur qui refuserait les règles de l’informatique parce qu’il trouve cela ennuyeux. Mais tout comme l’ordinateur sans base informatique ne fonctionne pas, le chrétien, voire l’Eglise, ne peut fonctionner sans base doctrinale solide. Evidemment, c’est parce que la doctrine a souvent été dissociée de son application pratique qu’on s’en méfie. En l’appelant «enseignement» rien n’est fondamentalement changé. Négliger l’enseignement de la Bible, c’est s’exposer aux pires déviations de comportement.

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