Dossier: Genèse
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L’image de Dieu

La notion d’image de Dieu

La notion d’« image de Dieu » présente diverses facettes :

– La dépendance : L’image n’est rien sans l’original, donc l’homme, image de Dieu, dépend radicalement de Dieu.

– La ressemblance : Le terme sélem en hébreu est utilisé pour décrire une image concrète de quelque chose ou de quelqu’un — une statue, ou une image faite d’après l’original. L’homme est ainsi la représentation créée de Dieu, le reflet de sa gloire1. Comment l’homme ressemble-t-il ainsi à Dieu ? Par l’usage de la parole, la présence de l’esprit en lui. L’insufflation divine (neshama) distingue l’homme des autres créatures (cf. Job 12.10). Elle lui permet d’entrer en relation avec Dieu, tout en étant aussi le moyen par lequel Dieu peut habiter en lui. Cette insufflation divine est décrite en Proverbes 20.27 : « Le souffle de l’homme est une lampe de l’Éternel ; il pénètre jusqu’au fond des entrailles. »

– L’image porte en filigrane la notion de filiation :
– c’est le cas pour Jésus : « Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création » (Col 1.15) ;
– c’est aussi le cas pour l’homme : « […] fils d’Adam, fils de Dieu » (Luc 3.38) ; « en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques-uns de vos poètes : De lui nous sommes la race… » (Act 17.28) Mais la Genèse ne le dit pas clairement : le terme de fils est réservé à la relation que Dieu établit avec nous en Jésus-Christ.

– Dieu crée l’homme à son image, homme et femme, pour dominer sur les êtres vivants. L’image est associée :
– à une mission, celle de dominer la création (dans l’Orient ancien, un roi laissait parfois une image de lui dans les villes qu’il avait conquises pour rappeler sa domination) ;
– à une relation entre l’homme et la femme : cette relation, faite de complémentarité et d’unité, est un des aspects de l’image de Dieu ; l’être humain participe au privilège de pouvoir engendrer un être lui-même à l’image de Dieu.

 Après la chute, de quelle manière la qualité de l’homme comme « image de Dieu » a-t-elle été affectée ?

Après la chute l’image a été affectée sur tous les plans décrits ci-dessus :

– De dépendant l’homme est devenu indépendant de Dieu et se prendra parfois pour un dieu, à l’image du pharaon (cf. Éz 29.3 : « Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand crocodile, qui te couches au milieu de tes fleuves, et qui dis : Mon fleuve est à moi, c’est moi qui l’ai fait ! »)

-La ressemblance est devenue caricature et la relation avec Dieu a été coupée. L’homme est devenu spirituellement mort ; cette mort s’est ensuite propagée à son être physique. Le sens du bien et du mal (lié à la notion de « lampe de l’Éternel ») a été faussé : l’homme va appeler le mal bien et le bien mal (És 5.20), même si une certaine conscience demeure chez lui (cf. Rom 2.15 : « Ils (= les païens) montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. ») L’homme aura aussi tendance à transgresser les deux injonctions liées au fait que l’homme est image de Dieu (interdiction de fabriquer des statues représentant Dieu, et aimer Dieu tout comme aimer son prochain) : il se créera des idoles (des représentations de la création, cf. Rom 1.23, mais aussi l’argent, le pouvoir, les possessions…) et il haïra son prochain.

– La domination exercée en dépendance de Dieu s’est transformée en pouvoir abusif. La nature en subit d’ailleurs les conséquences aujourd’hui. La relation entre l’homme et la femme en a souffert de la même manière, l’autorité dévolue à l’homme se transformant en pouvoir excessif (cf. Gen 3.16). Le refus de Dieu pourra aussi se traduire par un refus de la différence entre homme et femme (voyez comment l’homosexualité suit le rejet de Dieu dans le développement de Romains 1).

 Que reste-t-il chez nos contemporains de cette image de Dieu ?

Cependant l’homme garde une dignité particulière en tant que créature à l’image de Dieu. À ce titre on ne peut :

– ni le tuer : « Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé; car Dieu a fait l’homme à son image » (Gen 9.6) ;

– ni le maudire : « Par [la langue] nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu […] Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. » (Jac 3.9,10b)

Nos contemporains ont une conscience du bien et du mal (cf. Rom 2.15), même si celle-ci est altérée. Ils ont aussi une certaine notion de la transcendance : « [Dieu] a mis dans leur cœur la pensée de l’éternité. » (Ecc 3.11) Mais ils portent de manière très partielle l’image de Dieu, car le caractère d’image de Dieu a été affecté sur différents plans, comme nous l’avons vu.

Qu’est-ce qui change à notre conversion ?

Le projet de Dieu pour nous est que nous devenions conformes à l’image de son Fils (Rom 8.29).

En effet, Jésus-Christ est la parfaite image de Dieu. En lui nous retrouvons les attributs perdus lors de la chute.

Cependant ce rétablissement des attributs de l’image de Dieu comporte plusieurs étapes chronologiques :

1. Ce qui est déjà réalisé lorsque nous naissons de nouveau

– Nous devenons fils de Dieu : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » (Rom 8.16) En nous rendant fils dans le Fils, cette grâce dépasse et accomplit notre quasi-filiation originelle.

– Nous devenons spirituellement vivants : « Nous qui étions morts par nos offenses, [Dieu] nous a rendus vivants avec Christ. » (Éph 2.5)

2. Ce qui est en cours de réalisation dans nos vies et qui n’est pas automatique

– Par un processus progressif, nous sommes transformés en la même image que Jésus quand nous le contemplons : « Nous tous dont le visage découvert reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par l’Esprit du Seigneur. » (2 Cor 3.18)

– Nous sommes renouvelés à l’image de celui qui nous a donné une nouvelle identité : « [Nous avons] revêtu l’homme nouveau, qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé. » (Col 3.10)

3. Ce qui n’est pas encore réalisé

La conformité sera parfaite, à la fois morale et physique. Nous porterons « l’image du céleste » (1 Cor 15.49) quand notre corps sera conforme au corps de la gloire de Christ (Phil 3.21). « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3.2)

 

 

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  1. L’image et la gloire sont associées en 1 Corinthiens 11.7 : « L’homme ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu », et 2 Corinthiens 3.18 : « Nous tous, dont le visage est découvert, reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, par l’Esprit du Seigneur. »
Argaud Christophe
Christophe Argaud, après plusieurs années dans l’industrie médicale, est directeur de la Société Biblique de Genève et de la Maison de la Bible. Il est actif dans son église locale, à Lausanne et s’implique dans diverses conférences, formations bibliques, rencontres de jeunes, etc.