Dossier: Vraie et fausse spiritualité - Edito
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Spritualité et humanité

L’homme moderne est en quête d’une spiritualité qui lui procure paix et bonheur. Déçu par l’économisme déshumanisé, par l’exploitation forcenée de la science et de la technologie, il se tourne vers le «spirituel ». Il cherche une issue dans notre monde postchrétien qui a rejeté les valeurs de référence basées sur les Ecritures si chères aux Réformateurs. Mais quelle «spiritualité » adopter? Le modèle que nous allons choisir est capital, car la spiritualité englobe tous les domaines de notre expérience humaine. Si ce modèle est déficient, notre expérience humaine s’en trouvera grandement affectée. Tout en cherchant à promouvoir une saine spiritualité, nous incitons nos lecteurs, dans ce numéro, à réfléchir sur une fausse spiritualité qui, sous des formes modernes d’ésotérisme, de gnosticisme ou d’occultisme, aboutit nvariablement à l’esclavage de Satan.

Nous devons revenir au modèle de spiritualité que la Bible nous présente. Dieu créa l’univers, entre autres les réalités matérielles riches en diversité et en beauté. L’homme fut le couronnement de la création, car il a été fait à l’image de Dieu, à sa ressemblance (Gen 1.27) .Dieu insuffla dans ses narines un souffle vital, et l’homme devint un être vital (2.7). Cela était très bon (v.31) aux yeux de Dieu. L’homme était doté d’une partie physique, son ossature, son système sanguin, ses muscles, ses nerfs, etc. Mais il lui fut aussi insufflé une âme qui fit de lui UNE PERSONNE. Adam pouvait penser, aimer, créer, jouir des beautés de la terre, discerner le juste du faux, parler, communiquer avec son Créateur. Dieu avait fait tout cela dans un cadre religieux. Il voulait que l’homme soit heureux en Sa présence. Les relations d’Adam et d’Eve avec leur Créateur étaient exprimées dans la totalité de leur expérience humaine. C’était l’expérience spirituelle idéale. Ils vivaient une vie humaine normale sous le regard de Dieu. Ils étaient spirituels, donc authentiquement humains. Il ne leur était pas nécessaire de s’éloigner de l’expérience humaine pour être plus près de Dieu.

Malheureusement, Adam se détourna du cadre moral fixé par Dieu en désobéissant. Son autonomie entraîna tous les humains et la création dans cette expérience de la rupture d’avec Dieu. Mais l’homme ne perdit pas les attributs qui faisaient de lui une créature à l’image de Dieu; il a donc une place à part dans la création. Il continue à faire ses expériences humaines (Mt:24.38), garde une «conscience» (Rom 2) et peut découvrir la vérité à travers la création (Mt 16.3; Rom 1.19). Il a de la valeur, il n’est pas une machine. Mais il est perdu, loin de Dieu, et le jugement l’atteindra irrémédiablement.

Le seul remède à l’inimitié entre l’homme et son Créateur se trouve en Christ, car Dieu a tant aimé le monde (Jean 3.16) qu’il est devenu homme par Jésus-Christ pour expier nos péchés par sa mort à la Croix. Le salut parla foi est devenu le processus de la restauration de l’homme. Sauvé par grâce, justifié par la foi, il ne perd pas son humanité, mais au contraire, il la réintègre comme avant la chute. Cette réconciliation avec pieu va toucher toute son expérience humaine, et lui apprendre à prier, à méditer la Parole, à aimer, à travailler, à rendre sa famille heureuse, à être créatif, à jouir de la beauté et à créer la beauté. Il peut donc être informaticien ou évangéliste, menuisier, pasteur ou artiste à valeur égale, car il n’y pas « d’activité spirituelle » qui ait plus de valeur qu’une « activité séculière ». Le couronnement final sera la résurrection de nos corps, l’achèvement parfait de cette restauration physique et spirituelle lors du retour triomphant de Jésus-Christ.

Pour l’instant, nous devons donc travailler à la restauration de la totalité de notre expérience humaine, car tous les aspects de notre vie sont sous le regard du Seigneur. Nous devons nous méfier des schémas de « superspiritualité » qui arrachent le « spirituel » à « l’humain ». Etre spirituel veut dire être humain. C’est le processus de notre sanctification, qui ne s’acquiert pas par une sorte d’initiation, de consommé instantané. Non, à partir de la régénération par l’Esprit Saint, ce rétablissement de notre être à l’image de Dieu est la base de la vraie spiritualité. Cette expérience humaine est spirituelle, la vie chrétienne normale consistant à vivre notre spiritualité dans tous les domaines. Rien d’extraordinaire, si ce n’est que de mener une vie ordinaire sous le regard de Dieu. Ce ne sont ni le légalisme ni l’ascétisme, ni la recherche fanatique d’un plus qui nous aident dans ce processus, mais l’injonction de Paul en Rom. 8.13: Si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez. C’est notre nature terrestre (Col 3.5), le péché (Rom 6) que nous devons faire mourir, en « offrant nos corps » comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu (Rom 12.1-2). Ayant revêtu la nature nouvelle qui se renouvelle en vue d’une pleine connaissance selon l’image de celui qui l’a créée (Col 3.10), désirons donc vivre notre humanité authentique, notre spiritualité dans la vie quotidienne selon l’exhortation de Paul: Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Cor 10.31).

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Dossier : Vraie et fausse spiritualité


Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.