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Inspiration et autorité de la Bible

(Deuxième partie)

Nous présentons dans cet article la suite de l’étude présentée dans le numéro 129, étude que nous vous recommandons de relire afin de bien suivre le développement de la pensée. La bibliographie annoncée à la fin du premier article paraîtra avec le dernier volet de l’étude, dans le prochain numéro de PROMESSES.

III Fondements de l’autorité

Dieu

Autorité. Nous affirmons l’autorité divine de l’unique Bible. Celle-ci est la Parole inscripturée de Dieu, donnée aux chrétiens de tous les temps, et revêtue de tout le poids de l’autorité de Dieu. Dieu, le Créateur et le Père, a donné à Jésus, le Fils, sa propre autorité divine et plénière (Mat 28.28). Ce même Jésus a enseigné, et confirmé par l’exemple, l’autorité de l’Ancien Testament, et cela jusque dans les derniers détails (Mat 5.17-19; Luc 16.17; 24.25); de plus, il l’a utilisé comme d’une affirmation revêtue d’autorité et qui ne peut être abrogée (Mat 4.11 ; Jean 10.35; Luc 24.32) (K.S. Kantzer et B. Fleming, ICOWE. P. 992).

le Père

L’autorité de l’Ecriture est celle de Dieu. L’autorité de la Bible dépend de son origine. Cela la différencie de tout autre écrit humain. L’autorité de l’Ecriture correspond à l’autorité de Dieu. Cette affirmation signifie que Dieu manifeste son autorité dans sa Parole; celle-ci ne fait pas simplement référence à une autorité divine qui lui serait extérieure, comme le disent les disciples de KarI Barth (P. Wells, p;119).

« En définitive, toute autorité réside en Dieu. En sa qualité de Créateur de l’univers et qui le maintient, il jouit d’un droit absolu sur tous les êtres créés, et d’une autorité qui embrasse tout, au ciel comme sur la terre. Cette autorité finale et suprême lui donne les prérogatives sans limite d’exiger l’obéissance, de posséder sans conditions et gouverner de manière absolue toutes choses, en tout temps et partout dans l’univers… »

En tant que chrétiens, nous croyons que ce Dieu tout-puissant nous a parlé en et par ]ésus-Christ, son Fils éternel. Ainsi l’autorité de Dieu nous confronte en et au travers de Celui qui, avec le Père et le Saint-Esprit, règne sur toutes choses d’éternité en éternité (J.N. Geldenhuys, p. 371 ).

Le Christ

Ici nous sommes au cour de notre sujet! Comment résumer un thème si vaste, revêtu d’une importance si capitale? Parmi tous les auteurs qui lui ont consacré de nombreuses pages, j’en ai choisi un seul, représentatif.

La personne du Christ: l’autorité du Nouveau Testament est celle du Christ Jésus, Fils de Dieu, fils de l’Homme et Messie, tel que Dieu le proclame, tel qu’il s’affirme et se présente lui-même, tel qu’il est reconnu et confessé.

Parole faite chair, Envoyé du Père, il reçoit l’Esprit sans mesure; il le confère à qui il veut. Il est l’eau vive, le vrai pain, nourriture et breuvage spirituels. Il dorme la vie au monde dont il est le Sauveur. Il a autorité sur la nature et ses éléments, sur Satan et les démons, sur cette terre et au ciel. Le peuple est suspendu à ses lèvres, car il fait du bien.

Jésus discerne les pensées cachées au profond des cours. Il a la science des événements à venir, des « futurs-contingents ». Il connaît en détail les circonstances qui le conduisent à la mort. Il prédit et décrit le siège, la ruine de Jérusalem et du Temple. Il annonce sa résurrection et prophétise son retour glorieux. Tout ce qui est écrit à son sujet dans les Ecritures s’accomplit, thème souvent repris dans les Epîtres et dans les Actes.

Cet exposé sommaire suffit pour justifier que nous reconnaissions au Christ une pleine autorité… /… (Les «évidences» sont bien connues. Inutile d’apporter ici pour preuve les innombrables références qui, dans les Ecritures, confirment chacun des aspects de la personnalité du Christ et de sa Parole. On les trouvera dans une Concordance).

Le Christ scelle de son autorité divine l’inspiration plénière de l’Ancien Testament et l’historicité des nombreux faits et actes de Dieu qui y sont relatés. La création du monde et de l’Homme: Adam et Eve, le premier couple, par Dieu; Noé le juste, l’arche, le déluge et ses conséquences. Il confirme l’existence des « patriarches », celle d’Abraham, son élu, de l’ Alliance de grâce; la destruction de Sodome et des villes voisines, la mort tragique de la femme de Lot. Il honore Moïse, son « type » et son prophète. Dès cette époque, il atteste la réalité de la résurrection. Il authentifie la manne, le serpent d’airain, la veuve de Sarepta, Naaman, Jonas… Bref, il scelle de sa science divine l’autorité de l’Ancien Testament tout entier. « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi » (Jean 5.46). (Extraits de P. Marcel, p. 44)

le Saint-Esprit

L’autorité du Père et du Fils est aussi celle du Saint-Esprit, chaque membre de la Trinité accomplissant les fonctions qui lui sont propres. A ce sujet, P. Courthial rappelle l’action « incessante » du Saint- Esprit, et la distinction entre l’inspiration et l’illumination:

"Le Nouveau Testament, que nous devons suivre plutôt que nos conceptions a priori, enseigne que l’inspiration concerne l’origine et la nature de l’Ecriture. Parce qu’ils ont été miraculeusement inspirés de Dieu, les auteurs de la Bible ont écrit infailliblement tout ce que Dieu voulait qu’ils nous communiquent de ce qu’ils avaient reçu et appris par la révélation de la connaissance de Dieu et de Jésus-Christ notre Seigneur.

De l’inspiration des auteurs bibliques à l’illumination des croyants, l’Esprit Saint, qui procède du Père et du Fils, n’a pas cessé et ne cesse pas d’agir… /… Cette insistance de la théologie « réformée » sur l’action incessante du Saint- Esprit dans et par l’Ecriture, jusqu’à l’illumination des fidèles à travers les siècles et dans la communion de l’Eglise et jusqu’à l’avènement en gloire du Christ Jésus, ne peut et ne doit aucunement nous faire minimiser, négliger ou rejeter la nature inspirée du texte original de la Bible. Le « dandum, » (ce qui sera donné) est sur la base du « datum, » (ce qui a été donné) (Extraits de P. Courthial, p. 32ss).

Le numéro de janvier 1989 du périodique « World Evangelization », publié par le « Comité de Lausanne », ajoute le commentaire suivant à l’Article 2 de la Déclaration de Lausanne que nous avons déjà citée dans l’article précédent:
La puissance de la Bible. Quand Dieu parle, il agit. Sa Parole ne revient jamais à lui sans effet, sans avoir exécuté sa volonté et accompli ses desseins (Es 55.11)… /… Ce qui est vrai de la création l’est aussi de son dessein de salut. L’Evangile est lui-même la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rom 1.16)… /… Nous ne pouvons séparer la puissance de la Parole de Dieu de la puissance de l’Esprit de Dieu. L’Esprit utilise la Parole, il parle et agit au travers d’elle (l Co 2.1-5; 1 Thes 1.5; 1 Pi 1.12). L’Ecriture est riche en métaphores pour indiquer la puissance de la Parole dans la main de l’Esprit (par exemple: Jér 23.29 feu et marteau; Eph 6.17 et Héb 4.12 épée, 1 Pi 1.23 et Jac 1.21 semence, etc.). Cette assurance devrait donner une grande confiance à tous les chrétiens qui dans leur prédication et témoignage dispensent l’Ecriture fidèlement et humblement.

L’interprétation de la Bible. D’un côté, le message de la Bible est exactement le même pour tous les hommes, en tous lieux et en tous temps. Il n’est pas limité à une génération particulière ni à une culture particulière. Cela est vrai parce que la révélation de Dieu en Christ et dans l’Ecriture est inaltérable… /… D’un autre côté, son caractère immuable ne lui confère pas une uniformité morte, sans relief. Car, de même que le Saint- Esprit a utilisé la personnalité et la culture des auteurs de sa Parole pour transmettre par l’intermédiaire de chacun quelque chose de frais et d’approprié, de même aujourd’hui il éclaire la pensée du peuple de Dieu dans chaque culture afin qu’il puisse percevoir sa vérité d’une manière nouvelle de ses propres yeux. C’est lui qui ouvre les yeux de notre cour (Eph 1.17,18), et ces yeux et ces cours appartiennent aux jeunes et aux vieux, aux latins, anglo- saxons, africains, asiatiques et américains, aux hommes et aux femmes… / (World Evange1ization, Jan. 1989, p.10)

Prophètes et apôtres

Aux témoignages rendus à l’inspiration et à l’autorité de la Bible par Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, viennent s’ajouter ceux des prophètes et des apôtres:

« Jésus-Christ le Seigneur, détenteur de toute autorité et tête vivante de son Eglise, a utilisé ses apôtres pour poser les fondements de l’Eglise de tous les temps. Il a fait cela, non seulement en les rendant capables de gagner des convertis, d’implanter et organiser des églises dans de nombreuses régions du monde, mais aussi en les guidant et les inspirant par le Saint-Esprit, eux et quelques-uns de leurs adjoints les plus proches, pour rédiger les livres qui constituent notre Nouveau Testament. De cette manière le Nouveau Testament est revêtu de son autorité suprême, et exige notre obéissance inconditionnelle. Le Seigneur lui-même a veillé sur la cristallisation sous une forme écrite de la prédication et de l’enseignement de ses apôtres, et il s’est assuré que l’Eglise reconnaisse et préserve pour toujours ces documents. Ce n’est donc pas l’Eglise qui aurait conféré une autorité aux livres du Nouveau Testament. Au contraire, l’Eglise a confessé humblement que ces livres étaient revêtus de l’autorité du seigneur et que, par conséquent, ils requéraient l’obéissance inconditionnelle de tous les croyants… /… Le Seigneur vivant, qui, par son Esprit, a rendu les apôtres capables de proclamer l’évangile sans altération, a aussi éclairé son Eglise par le Saint-Esprit, pour qu’elle reconnaisse l’autorité des livres du Nouveau Testament » (J.N. Geldenhuys p. 385).

« Après la Pentecôte, l’Eglise est définitivement installée; nous sommes en plein christianisme. Or, les témoignages en faveur de l’autorité des Ecritures sont encore plus nombreux après la Pentecôte qu’avant.

L’apôtre Pierre, quand il se trouvait au milieu des disciples dans la chambre haute, avait dit (Act 1.16): Il fallait que cette Ecriture que le SAINT-ESPRIT a prononcée d’avance par la BOUCHE de David touchant Judas, fut accomplie. Que dit-il quand il est au portique de Salomon, en présence de tout le peuple étonné? (Act 3.18): Dieu a ainsi accompli les choses qu’il avait PREDITES, par la BOUCHE DE TOUS SES PROPHETES, que le Christ devait souffrir. ../ …C’est bien là du biblicisme…

Et Paul de Tarse, que fait-il? Quand il se trouve à Rome…/… il en appelle à la Bible. Au milieu des Israélites assemblés dans sa maison, il leur enseigne les choses qui regardent Jésus d’après la loi de Moïse et les prophètes (Actes 28.23). C’est du biblicisme!… /…

Eh bien oui, dira-t-on, Pierre, Paul. Mais qu’en est-il des autres disciples? Jacques, par exemple ? Jacques en appelle de même à l’autorité des Ecritures en disant: Pensez-vous que l’Ecriture parle en vain? (Jac 4.5). Mais Jean? Jean nous déclare que les disciples avaient la foi aux ECRITURES et aux paroles que leur Maître avait dites (Jean 2.22). et que c’est par les Ecritures selon lui que les disciples reconnurent en Jésus le Messie » (Extraits de J-H. Merle d’Aubigné, p. 34-37).

Les Pères de l’Eglise

J-H. Merle d’Aubigné a réuni un grand nombre de témoignages des pères de l’Eglise: Ignace, Polycarpe, Justin, Tatien, Irénée, Tertullien – même les gnostiques Héraclion et Marcion – Clément d’Alexandrie, Origène, Cyprien, ]érôme et Augustin. Tous reconnaissent l’autorité du canon des Ecritures, et insistent sur la nécessité de s’y soumettre (op. cit., p. 80-96).

Témoignage de l’Eglise

a) Epoque de la Réforme

Merle d’Aubigné a aussi réuni des témoignages de « leaders » de la pré-Réforme et de la Réforme: Pierre Valdo, Jean Wicleff (sic), Jean Huss, Luther, Mélanchthon, Zwingli, Tyndale et Calvin (op. çit., p. 100-120).

b) L’Eglise moderne

Aujourd’hui, sans nous fermer aux recherches et aux questions de l’exégèse et en en profitant largement, nous affirmons avec la « Confession de foi des Eglises réformées en France de 1559 »:

« Nous croyons que la Parole qui est contenue dans les livres, a Dieu pour origine, et qu’elle détient son autorité de Dieu seul et non des hommes ».

« Cette parole est la règle de toute vérité et contient tout ce qui est nécessaire au service de Dieu et à notre salut; il n’est donc pas permis aux hommes, ni même aux anges, d’y rien ajouter, retrancher ou changer ».

« Il en découle que ni l’ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Ecriture Sainte, mais au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d’après elle » (P. Courthial, p.2).

Témoignage de l’Ecriture elle-même

Vous aurez remarqué que c’est dans l’Ecriture sainte que nous trouvons les témoignages rendus à son inspiration et à son autorité, par Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, puis par les prophètes et les apôtres. S’agit-il d’un argument circulaire? Doit-on prendre au sérieux le témoignage que « l’intéressé » rend à lui-même, quand la Bible dit qu’elle est inspirée? Bien sûr que oui: il est généralement admis que « l’accusé » a le droit de se défendre, et que ses paroles seront pesées pour voir si elles sont dignes de confiance! C’est à ce sujet que Pierre Courthial écrit:

«L’argument le plus important en faveur de l’autorité des Ecritures est que ces Ecritures elles-mêmes prétendent à cette autorité. Cette affirmation est particulièrement manifeste dans l’Ancien Testament. Nulle part dans l’Ancien Testament on ne peut lire sans avoir le sentiment que partout il est entendu que « ceci est la Parole de Dieu ». Les expressions « le Seigneur dit, le Seigneur parla, la parole de l’Eternel me fut adressée » sont utilisées 3808 fois. Les auteurs ne partagent pas avec nous le fruit de leur discernement, leurs méditations ou leurs réflexions. Ce ne sont pas leurs idées qu’ils transmettent, non! Sans cesse ils insistent sur la parole du Seigneur, ce que Dieu a révélé, ce que le Seigneur a dit…

« L’autorité de la Bible n’est pas une autorité dépendante d’une autorité ou de preuves humaines quelles qu’elles soient. L’autorité de la Bible ne dépend ni de l’autorité de l’Eglise, ni de l’autorité de raisonnements. Comme le dit la confession de foi: la Bible « détient son autorité de Dieu seul et non des hommes ». A la question: « Pourquoi croyez- vous que la Bible est la Parole de Dieu? » L’Eglise n’a qu’une réponse première et dernière: « Parce qu’elle l’est! Parce qu’elle s’est imposée et s’impose comme telle! Parce que l’Esprit-Saint l’a faite et l’a fait recevoir comme telle! » (P. Courthial, p.71).

« La Parole de Dieu ne peut pas, ne doit pas devenir un arrière-plan, une toile de fond dans la vie de l’Eglise, une réalité dont l’Eglise tiendrait plus ou moins compte, ou une réalité dont l’Eglise disposerait pour appuyer ses propres pensées, sa propre volonté, sa propre existence…

L’assurance de l’Eglise ne peut et ne doit pas être dans l’Eglise, mais dans le Seigneur, dans la Parole du Seigneur.

Et l’Eglise n’est et ne redevient « l’ecclesia docens », l’Eglise enseignante, colonne et appui de la vérité, avec tout ce que cela comporte de ferme autorité, que lorsqu’elle est et redevient « l’ecclesia audiens », l’Eglise écoutante, « l’ecclesia quorens », l’Eglise cherchante » (Ibid. p. 12).

Inspiration et autorité inséparables

Il en est de cette autorité (celle de l’Ecriture) comme de celle de ]ésus-Christ: elle émane de sa nature même. Elle est une conséquence immédiate de l’inspiration. Si Dieu a entièrement inspiré l’Ecriture (comme nous l’avons vu), elle est revêtue de son autorité. Aucune autre puissance ne pourrait lui donner ce caractère-là, ni le lui ôter. Le livre qui peut répéter des milliers de fois: Ainsi parle l’Eternel! commande le respect et l’obéissance dus à son Auteur. ].-H. Merle d’Aubigné dit à ce propos: «La divine autorité des Ecritures et l’inspiration sont deux vérités distinctes mais inséparables. L’autorité des Ecritures provient de leur inspiration, et leur inspiration établit leur autorité, de la même manière que la trempe produit l’acier et que l’acier provient de la trempe. Si l’autorité tombe, l’inspiration tombe; si c’est au contraire l’inspiration qui nous est enlevée, l’autorité aussi disparaît. L’Ecriture sans l’inspiration, c’est un canon dont on a ôté la charge » (cité par R. Pache, p. 274s).
(à suivre)

Rappel

La bibliographie complète de cet article et du précédent paraîtra dans le numéro suivant.

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Horton Frank
Après des études au Biblical Seminary à New-York, Frank Horton a été secrétaire général des GBU en France, professeur puis directeur de l’Institut Biblique d’Emmaüs à St-Légier en Suisse. Retraité depuis plusieurs années, il poursuit son ministère d’enseignant. L’article que nous publions est un résumé d’un message donné en Angola, pays où il a passé son enfance avec ses parents missionnaires. Frank Horton est membre du comité de soutien de Promesses.