Série: Vie Chrétienne
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La résistance à l’esprit du monde

VIE CHRÉTIENNE

(1ère partie)

Nous sommes heureux de reproduire un texte important paru dans la revue «La Bonne Nouvelle» (n°4/2000 et 1/2001 – 21 Rue de la Patinoire – CH – 2504 – BIENNE) et remercions la rédaction de son aimable autorisation de le publier ici. Il enseigne et exhorte le chrétien à résister à l’esprit du monde sous toutes ses formes modernes. Son auteur, le pasteur Paul- André Dubois, ancien directeur de l’Ecole Biblique de Genève, souligne dans son premier article l’importance de ce combat contre l’esprit du siècle en établissant un parallèle avec l’exemple de Daniel et de ses trois compagnons.

Dans son second article, il expose les différentes facettes de ce modèle culturel unique patronné par le prince de ce monde, sous forme de divers cultes, pour exalter l’homme. En conclusion, il nous montre comment résister au monde.

La société «sans Dieu» qui nous entoure et dans laquelle nous vivons exerce une pression sur notre esprit, notre intelligence, par la philosophie qui l’imprègne et s’en dégage, ses valeurs, ses «dieux», ses cultes, ses credos, son programme.

De là, l’exhortation de Jean : «Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la Parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin. N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise aussi; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement» (1 Jean 2.14b-17).

Au verset 14 b, Jean mentionne «le malin», et juste après vient l’exhortation à résister au monde. Le lien de pensée est évident: il faut résister au monde parce qu’il est le système idéologique, la sphère entièrement «patronnée» par Satan et d’où le Père est absolument absent: «Tout ce qui est dans le monde… ne vient point du Père, mais vient du monde»(v. 16).

Le Saint-Esprit que Dieu a fait habiter en nous dès notre conversion – et Jean le mentionne à plusieurs reprises, 1 Jean 2.20,21; 3.24; 4.13 – est esprit d’obéissance au Père (comme dans la vie de Jésus- Christ, le Fils parfait), mais aussi et tout autant de résistance au monde, à ses dieux, à ses cultes, à ses credos.

I – La résistance au monde dans le livre de Daniel

A) Un parallèle

Chacun se rappelle la scène qui s’est déroulée il y a douze ans à Pékin sur la place Tien-An-Men: des étudiants protestataires affrontant les chars d’un régime dictatorial et oppresseur. Ils s’opposaient au «rouleau compresseur» d’un Parti au pouvoir absolu.

Eh bien! Si l’on fait un saut en arrière dans le temps, nous voyons dans le livre de Daniel quatre jeunes Hébreux de lignée royale, ou, en tout cas, de familles nobles (emmenés captifs à Babylone à la fin du VIIe siècle avant Jésus-Christ par le roi Nebucadnetsar), faire face, non à un parti politique, mais à un système religieux au service d’un pouvoir totalitaire.

Daniel et ses trois compagnons (le nom de chacun d’eux a une connotation religieuse israélite et contient le nom de Dieu, du seul vrai Dieu), affrontent le paganisme de la Chaldée ou Mésopotamie, suggéré dès les premiers versets du chapitre 1.1,2.

Menacés d’écrasement spirituel par le «rouleau compresseur» de l’idolâtrie païenne, ils manifestent aussitôt un remarquable esprit de résistance. Malgré leur jeunesse, cf. 1.4,17, ils sont résolus à ne plier les genoux que devant le Dieu unique, celui qu’ils servent, leur Dieu, cf. Phil 2.1-11.

B) Trois épisodes de la résistance à la pression du paganisme

– L’épisode des mets et du vin du roi, 1.1-9

La première manifestation de résistance est déclenchée par une occasion apparemment triviale, v.3-5, 8 et 9. La loyauté de Daniel envers la foi juive et son Dieu se révèle dans la décision ferme de ne pas contracter une souillure spirituelle en absorbant des mets et du vin associés à des rites païens, offerts à de faux dieux. Or, selon l’apôtre Paul, ce que l’on offre à des idoles est, en fait, offert à des démons, cf. 1 Cor 10.14-22.

Daniel ne veut faire aucune concession à la superstition païenne, ni compromettre sa pureté.

Ce premier acte de résistance spirituelle est capital: il donne le ton, il fixe la ligne qui sera suivie, il révèle la trempe du combattant. En même temps, il reçoit l’approbation immédiate et active de Dieu, cf. v.9.

Dans un milieu spirituellement contraire, hostile, nos premiers gestes ont une importance stratégique. Ils nous démarquent, ils clarifient les positions. Mais le fait de nous démarquer doit s’accompagner de sagesse et de courtoisie, cf. v.8-13.

– L’épisode de la dédicace de la statue, ch. 3

Cette fois ce sont les compagnons de Daniel qui sont au premier plan dans la résistance à la pression despotique de l’idolâtrie païenne.

Suite à l’interprétation donnée par Daniel au songe de Nebucadnetsar (la grande statue d’or, d’argent, d’airain, de fer et d’argile représentant la succession des grands empires païens jusqu’à l’avènement du royaume messianique, cf. ch. 2), les compagnons de Daniel ont été élevés par le roi à la dignité d’intendants de la province de Babylone, cf. 2.49. Cela en fait des personnages très en vue et donne par conséquent un grand retentissement à leurs actes publics.

C’est alors que le roi, peut-être inspiré par son récent songe, élève une imposante statue d’or, convoque tous les dignitaires de l’empire en vue de la dédicace solennelle, et intime à tous ses sujets l’ordre d’adorer l’idole, sous peine du supplice du feu, cf. 3.4-6.

Cette fois la confrontation avec l’idolâtrie païenne est directe et redoutable, publique même, puisque le culte de la statue est imposé par le roi en personne. Daniel avait déjà pris de gros risques en décidant par-devers soi de ne pas se souiller avec les mets royaux. L’affaire aurait pu mal tourner. Mais, cette fois, un refus de s’aligner expose à un risque tangible, immédiat et mortel.

On sait la suite du récit. Par fidélité à leur Dieu, les trois Hébreux ignorent purement et simplement l’ordre du roi. Dénoncés, ils ne peuvent éviter le choc frontal avec le souverain en fureur. La menace du feu ne les ébranle pas dans leur détermination et la réponse qu’ils font au roi est un modèle de sérénité et de fermeté : «Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et Il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue que tu as élevée » (3.17,18).

C’est une «fin de non-recevoir» d’une extrême fermeté, mais polie. Ces Hébreux intrépides, qui ne se laissent pas intimider, n’oublient pas toutefois à qui ils s’adressent. Ils reconnaissent la dignité du roi, mais appliquent avant l’heure le principe énoncé par les apôtres devant les autorités religieuses juives, un peu plus de six siècles plus tard : «Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu»(Act 4.19). Les trois jeunes Hébreux sont immédiatement jetés dans la fournaise, mais Dieu honore leur foi par une délivrance miraculeuse, cf. 3.24- 26, Héb 11.34.

– L’épisode de l’édit royal sur la prière, ch. 6

Les années se sont écoulées, le royaume babylonien a passé sous la puissance des Mèdes et des Perses, cf. 5.30-31. Cela s’est produit en 539 av. J-C., le conquérant s’appelle Cyrus, mais c’est Darius qui gouverne le royaume en son nom, cf. 6.1.

Entre-temps, Daniel a accédé «à la troisième place dans le gouvernement du royaume», 5.29. Darius songe même à l’établir sur tout le royaume, cf. 6.3.

Excités à la jalousie par la supériorité inexplicable de Daniel, «en lui il y avait un esprit supérieur», 6.3, les deux autres chefs du royaume et les cent vingt gouverneurs sous leurs ordres résolvent de le perdre, non sur la base de son administration des affaires de l’Etat – car Daniel était absolument irréprochable, – mais sur celui de sa piété juive : «Et ces hommes dirent: Nous ne trouverons aucune occasion contre ce Daniel, à moins que nous n’en trouvions une dans la loi de son Dieu», 6.5. Quel magnifique témoignage!

Et c’est ainsi qu’ils amènent le roi à publier un édit interdisant formellement – avec menace de mort, «la fosse aux lions» -, pendant l’espace d’un mois, toute prière adressée à quelque Dieu ou à quelque homme excepté au roi, cf. 6.7. Ils jouent bien sûr sur l’orgueil royal.

Daniel est tout aussi résolu que dans l’affaire des mets et du vin du roi, cf. ch. 1, quand il arrête dans son cœur de ne pas se souiller avec l’idolâtrie ambiante. Cette fois, défié dans sa piété envers l’Eternel son Dieu, il passe outre à l’interdiction: Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois le jour il se mettait à genoux, il priait et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant, 6.10.

Rien n’ébranle Daniel dans sa fidélité envers Dieu. Selon une expression d’Apoc 2.10, il est fidèle jusqu’à la mort. L’issue de cette épreuve nous est bien connue: jeté dans la fosse aux lions, Daniel en sort sans une égratignure grâce à l’intervention surnaturelle du Dieu qu’il adore, cf. Héb 11.33.

II – Leçons tirées de ces trois récits

• Ces quatre jeunes Hébreux, transportés brusquement dans un grand empire païen, nous fournissent un modèle de résistance à l’esprit du monde, spécifiquement du monde religieux. Dans l’affrontement avec l’idolâtrie, ils ne reculent pas d’un pouce, même si derrière la fausse religion il y a le pouvoir étatique absolu.

• Plus extraordinaire encore, c’est l’idolâtrie qui recule et cela est perceptible dans l’évolution du concept de Dieu chez les rois païens qu’ils affrontent, comme aussi dans l’attitude intime de ceux-ci vis-à-vis du vrai Dieu. Après ses interventions extraordinaires en faveur de ses serviteurs fidèles et éprouvés, les rois païens ne peuvent que louer le Dieu des Hébreux dans des termes de plus en plus proches de la vérité biblique, de la pure tradition juive. Leur conception de Dieu se perfectionne et se précise. C’est comme si les ténèbres du paganisme perdaient de leur emprise. Un seul exemple: «Car Il est le Dieu vivant, et Il subsiste éternellement… C’est Lui qui délivre et qui sauve» (6.25-27). Cette mention de l’action salvatrice est importante. Rappelons que YAHVÉ est le Dieu de l’alliance et de la rédemption et que le nom de Jésus (Joshua ou Jéoshua) signifie: «L’Eternel est salut».

• La résistance au monde et à son idolâtrie suppose une formidable énergie spirituelle, surtout quand la fausse religion fait corps avec le pouvoir en place. En ce qui concerne les jeunes Hébreux, cette énergie cachée ne pouvait venir que de leur foi au seul vrai Dieu, si présent dans ces six premiers chapitres de Daniel. Au ch. 3, Nebucadnetsar lui-même rend témoignage à la foi des Hébreux, cf. v. 28. Et que la foi soit le «moteur» de la vie pieuse et l’«artisan de la victoire », c’est ce que nous dit l’épître aux Hébreux: «C’est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après que l’on en eut fait le tour pendant sept jours… Et que dirai-je encore ? Car le temps me manquerait pour parler de Gédéon, de Barak, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel, et des prophètes qui, par la foi, vainquirent des royaumes…, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu…» Héb 11.30-34.

C’est Dieu qui sauve – Lui seul – mais Il le fait en réponse à la foi. Et remarquez cette expression extraordinaire: «…qui, par la foi, vainquirent des royaumes… » v. 33.

Oui, Daniel et ses compagnons ont vaincu, par leur foi, des royaumes politiques et spirituels, ils n’ont pas reculé devant le pouvoir royal ni celui de la fausse religion, et de leur coalition.

Luther, à la Diète de Worms, en 1521, en présence de l’empereur Charles-Quint et des cardinaux de l’Eglise Romaine («des royaumes»), tout seul, a été capable de résister à tous, à l’énorme pression qui pesait sur lui : «Je ne peux ni ne veux me rétracter en rien». Et tout cela «par la foi». Celle-ci, fondée en Dieu et en sa Parole vivante, a un pouvoir offensif et conquérant, comme l’affirme Jean: «Car l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles, parce que tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi. Qui est celui qui a triomphé du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu?» 1 Jean 5.3-5.

Il n’y a qu’une alternative: ou nous sommes vaincus par le monde, ou nous triomphons du monde par notre foi en Christ.

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