Dossier: Grandeur et Faiblesse, un Paradoxe
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Souffrance et gloire

Un moment de légère affliction produit pour nous au delà de toute mesure un poids éternel de gloire (2 Cor 4.17).

En lisant, dans 2 Cor 11.23-27, l’énumération des «afflictions» que l’apôtre Paul dut endurer, sans jamais succomber, nous sommes déconcertés: comment Paul peut-il les qualifier de «légères»? La réponse se trouve dans Rom 8.18: «J’estime qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrance du temps présent et la gloire à venir qui sera révélée pour nous». Nous sommes invités à être conscients des proportions. Quelle que soit l’intensité de nos souffrances physiques ou psychiques, quand on les place sur un des plateaux d’une balance, celui-ci sera soulevé tout en haut par le poids de gloire placé sur l’autre plateau. Il n’y a aucune commune mesure entre les deux, ce dont nous ne sommes souvent pas conscients. Nous oublions souvent que nos souffrances sont temporelles et infiniment courtes comparées à la durée éternelle, donc infiniment longue, de la gloire qui nous attend. Paul fait remarquer que les choses visibles (telles que le monde avec ses souffrances) sont momentanées, et les invisibles (telles que la gloire qui nous attend) sont éternelles (2 Cor 4.18).

Quant à Pierre, il va jusqu’à dire que nous tressaillons d’allégresse quand, au milieu des souffrances qui éprouvent notre foi, nous avons en vue la gloire qui nous attend à la venue de Jésus-Christ (2 Pi 1.6-7). Plus loin dans cette épître, il qualifie la souffrance de grâce devant Dieu et affirme même que nous y avons été appelés. Et il précise pourquoi: parce que Christ lui aussi a souffert pour nous. Christ est notre exemple suprême. Il est dit de lui qu’en vue de la joie qui lui était proposée, il a souffert la croix (Héb 12.2).

Pas si vite! direz-vous. D’abord:

Qu’est-ce que la gloire?

Voyons quels sont les sens que ce concept a dans l’Ancien Testament:
– apparence lumineuse
– manifestation de Dieu et l’effet qu’elle produit
– révélation de Dieu, dans la création et dans l’histoire du salut
– honneur.

NB: l’arche de l’Alliance est le symbole de la présence de Dieu.

Dans le Nouveau Testament, le mot «doxa» (dans le sens de «gloire») est utilisé 165 fois: entre autres par Paul (77 fois), par Jean (35), par Pierre (15), par Luc (13), etc. Il a le sens de: honneur, célébrité, réputation; majesté et puissance.
– Le verbe «glorifier» revient plus de 60 fois; il signifie faire partager la gloire de Dieu; rendre efficace la gloire de Dieu ou de Christ.
– Les êtres célestes ont leur propre gloire. Les croyants participent ou participeront à la gloire. L’espérance chrétienne est «espérance de la gloire» (Col 1.27; Eph. 1.18; 2 Thes 2.14; 2 Tim 2.10).

NB: La transfiguration de Christ est la révélation de la gloire que Jésus a possédée continuellement mais pas ouvertement.

Posons alors deux questions: quelle est la raison de la souffrance et quel est son but?

Souffrir pour quelle raison?

Relevons quelques raisons en citant plusieurs textes parmi d’autres:

1. Le Seigneur dit à Paul lors de sa conversion: «Je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom». Paul écrira aux Philippiens: «…il vous a été fait la grâce… de souffrir pour Christ» (1.29).

2. Paul exhorte Timothée: «…souffre avec moi pour l’Evangile», donc pour le salut des hommes (2 Tim 1.8).

3. «Je me réjouis maintenant dans mes souffrances… pour son corps, qui est l’Eglise» (Col 1.24).

Souffrir dans quel but?

J’ai relevé six buts parmi d’autres:

1. Pour être digne du royaume: «…que vous soyez rendus dignes du royaume de Dieu, pour lequel vous souffrez» (2 Thes 1.5). «C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Act 14.22).

2. Pour recevoir la couronne de vie: «Heureux l’homme qui endure la tentation (ou: l’épreuve); car après avoir été mis à l’épreuve, il recevra la couronne de vie…» (Jacq 1.12).

3. Pour entrer dans la gloire: «…Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire?» (Luc 24.26).

4. Les souffrances sont suivies de la gloire éternelle, comme l’affirme la citation mise en exergue. Méditons les passages suivants: «Ils se sont appliqués à découvrir… les indications de l’Esprit de Christ qui était en eux et qui, d’avance, attestait les souffrances de Christ et la gloire qui s’en suivrait» (1 Pi 1.11).

5. Parlant de Jésus: «Tu l’as fait pour un peu de temps inférieur aux anges, tu l’as couronné de gloire et d’honneur, tu as mis toutes choses sous ses pieds» (Héb 2.7-10, citation du Ps 8.6-7). Ce texte éclaire plusieurs aspects relatifs à la gloire précédée par la souffrance:
– l’abaissement de Jésus
– les souffrances avant la gloire
– Jésus couronné de gloire à cause de ses souffrances.

Cela est aussi valable pour nous.

6. Après avoir souffert, ainsi participant aux souffrances de Christ, nous participerons à la gloire de Christ: «…réjouissez- vous de participer aux souffrances de Christ. …moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ et participant à la gloire qui doit être révélée. … Le Dieu de toute grâce vous a appelés en Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps…» (1 Pi 4.13; 5.1,10).

Le but ultime de la souffrance du chrétien

Nous tous connaissons probablement le passage qui dit que «toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu» (Rom 8.28). Nous connaissons souvent moins bien ce qui suit: «Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils». C’est cela le bien que Dieu a en vue, quoi que ce soit qui nous arrive: toutes choses.

Là il faut ne pas oublier que Dieu n’est pas toujours l’auteur de ce qui nous arrive. Dieu a permis à Satan de démolir les biens et la vie de Job, dont Dieu a dit: «Il n’y a personne comme lui sur la terre; c’est un homme intègre et droit, qui craint Dieu et s’écarte du mal» (Job 1.8 et 2.3). En craignant Dieu, Job s’est placé sous la souveraineté de Dieu, qui met des limites au mal que Satan peut faire à Job. Dieu n’a pas fait un pari avec Satan à la légère; Job a dû passer par son épreuve pour glorifier Dieu devant tous les anges et pour apprendre quelque chose de fondamental: on ne discute pas avec Dieu, dont la grandeur est révélée par ses oeuvres. Sans l’histoire de Job, nous ne saurions pas que le malheur qui frappe un homme n’a pas besoin d’être lié à sa mauvaise conduite, ce que les amis de Job n’arrivaient pas à comprendre. Dieu est totalement souverain et n’a de comptes à rendre à qui que ce soit: «Je forme la lumière et je crée les ténèbres. Je réalise la paix et je crée le malheur» [ou: le mal] (Es 45.7). Rien n’échappe jamais à l’autorité suprême de Dieu.

Puisque Dieu nous a appelés selon son dessein, son plan ne peut tolérer que ce qui nous arrive soit pour notre mal. Le contenu de ce bien auquel Dieu coopère est de nous glorifier parce que nous serons devenus semblables à l’image de son Fils; non au Fils, mais à l’image du Fils. Nous ne sommes pas destinés à être des «répliques» du Fils de Dieu, mais à lui ressembler comme des frères se ressemblent. Le Fils de Dieu aura toujours la première place, étant le premier-né d’un grand nombre de frères. Le bien auquel coopèrent toutes choses, c’est la glorification avec Jésus-Christ en tant que ses frères. Rien ne peut aller à l’encontre de ce but suprême.

Rassurons-nous donc: quand le malheur frappe, le deuil, la maladie, la perte des biens ou de la liberté, le martyre même, c’est pour notre bien; ce sont des jalons sur le chemin de la glorification. L’éclat et le rayonnement se dégagent de la personne de Dieu. A la révélation de Jésus- Christ, toutes les perfections de Dieu seront rendues visibles. De ceux qui aiment Dieu, il est dit qu’ils n’auront ni tache ni ride, mais qu’ils seront saints et sans faute (Eph 5.27). Voilà l’éclat final auquel Dieu a prédestiné ceux qu’il a appelés, ceux qu’il aime, ceux qui l’aiment.

Tout cela dépasse de loin notre compréhension limitée; c’est trop sublime pour que notre raison humaine puisse en saisir la portée. Et pourtant, c’est le contenu de notre espérance, de notre attente, et elle ne sera pas déçue.

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