Dossier: La Bible, repère pour la famille
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Le mariage chrétien

DONNÉES BIBLIQUES POUR AUJOURD’HUI

Introduction

Le mariage est en crise, lit-on souvent, tant dans la presse généraliste que dans les revues chrétiennes. Les statistiques viennent à l’appui de ce constat et ce n’est pas la remontée récente en France du taux de nuptialité depuis deux ans qui change la situation. Le mariage n’est généralement plus le prélude à une vie commune, mais la concrétisation d’une cohabitation déjà pérenne : trois mariages sur dix légitiment des enfants. La création du PACS1 vient ajouter encore à la confusion. Parallèlement, le taux de divorce atteint des niveaux impressionnants : plus d’un mariage sur trois se termine par une séparation.
Si encore le vrai chrétien pouvait s’estimer à l’abri de ces dérives et se contenter d’observer la dégradation morale d’un monde dont il se plairait à se croire séparé ! Mais qui peut dire qu’il ne connaît pas, dans sa famille, dans ses connaissances ou dans son église locale, des situations douloureuses de séparations ou de relations pré-maritales ?
Face à cet état de fait, que doit penser et faire le chrétien convaincu ? Les incantations regrettant le temps passé ne sont pas forcément une marque de sagesse (Ecc. 7. 10), même si l’abandon du mariage est un signe frappant de la fin des temps (1 Pi. 4. 7 ; 1 Tim. 4. 1-3 ; 2 Tim. 3. 1 ; Luc 17. 27-30)2. Reproduire par tradition les schémas des générations passées n’est pas une solution très solide. Reste le retour au sûr fondement : la Parole de Dieu (Es. 8. 20).
Cet article vise à répondre à trois questions simples et actuelles, en cherchant des éléments de réponse dans la Bible, sans prétendre épuiser un sujet à la fois complexe et sensible :
– comment savoir si le mariage est la seule option de vie de couple selon Dieu ?
– dans quels cas le divorce est-il possible ?
– comment lutter efficacement contre l’influence de notre environnement ?

1. Le mariage selon la Bible

La Bible ne donne pas d’exposé systématique sur le mariage. Ce sujet est traité de façon plutôt dispersée et brève. Mais les éléments qu’elle nous donne sont suffisants pour connaître la pensée de Dieu sur ce sujet.

1.1. Le mariage est une institution divine

Pour établir ce premier point, il nous faut revenir, comme le disait le Seigneur, "au commencement". Après avoir créé Adam, Dieu, dans sa bonté, fit le constat qu’il n’était pas bon que l’homme soit seul. Aussi décida-t-il de lui former une aide, un "vis-à-vis", à partir d’une de ses côtes. Après que l’homme eut reconnu sa femme comme de la même race que lui, Dieu déclara : "C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair" (Gen. 2. 24)3.
C’est donc Dieu qui "crée" en quelque sorte le mariage et, dans ce sens, c’est bien lui qui unit4 un homme et une femme qui ont décidé un plan de vie commun.

1.2. Le mariage, pour être valide selon Dieu, doit comporter trois éléments clefs

Ce verset fondateur comporte trois points qui, réunis, font qu’il y a effectivement mariage. On pourrait les comparer à un tabouret à trois pieds : si l’un manque, le tabouret est instable et risque fort de tomber.

  • "L’homme quittera son père et sa mère" : Le mariage est un acte public d’émancipation. L’homme et la femme5 "laissent derrière" leurs parents et le cercle familial antérieur pour constituer une nouvelle cellule, au vu de la société. Ce verset ne développe pas davantage ce point, mais d’autres passages indiquent clairement que le mariage selon Dieu est une alliance, devant des témoins officiels (Mal. 2. 14 ; Ruth 4. 9-10). Cet aspect est sans doute plus difficile à percevoir aujourd’hui. D’une part, la poursuite des études ou le premier emploi éloigne souvent le jeune homme ou la jeune fille du cercle familial bien avant le mariage. D’autre part, l’existence d’autres formes socialement acceptables d’unions a fait perdre au mariage de sa visibilité ; mais ni le PACS, ni encore moins le concubinage, ne comportent cette dimension indispensable d’alliance pérenne, dans l’engagement de toute la personne ; pour s’épanouir, l’être humain a besoin d’un cadre protecteur et le Créateur a précisément institué le mariage dans ce but.
  • "L’homme s’attachera à sa femme" : Le mariage est le libre choix d’un homme par une femme, et réciproquement6, selon les ressorts mystérieux de l’attirance réciproque (Prov. 30. 19). Cet attachement se marque par un projet de vie commun, par un engagement de fidélité exclusive, par un amour volontaire. Ce côté du libre choix est une évidence aujourd’hui, mais il a longtemps été dans l’histoire un des obstacles à la réalisation du dessein de Dieu dans le mariage. Retenons qu’on ne se marie pas sous la pression, par pitié, ou par soumission à ses parents, mais par mûre décision.
  • "Ils deviendront une seule chair" : Le mariage, pour être réel, doit être "consommé", c’est-à-dire comprendre des relations sexuelles régulières, librement offertes, dans le respect du désir et du corps du conjoint (1 Cor. 7. 3-5). Naturellement, cette expression va bien au-delà : à l’union physique des corps devrait répondre l’union au niveau de l’âme et de l’esprit. S’y ajoute aussi les soins que l’on a pour son propre corps (Eph. 5. 28-31).
    Ainsi tout mariage qui respecte ces trois éléments fondamentaux – alliance sociale, libre attachement, vie commune intime – est un mariage au sens biblique du terme.

Ajoutons deux remarques en complément :

– L’ordre de ces trois éléments n’est pas sans importance : la démarche publique doit précéder la réalisation du projet de vie et l’union des corps, sans quoi l’ordre selon Dieu n’est pas bien respecté. C’est pourquoi la Bible appelle "fornication" toute relation sexuelle en dehors du cadre du mariage.

– Le mariage a été institué avant la chute : en lui-même, il n’est donc absolument pas un péché et les relations sexuelles ne sont pas un péché, contrairement à ce qui a été trop longtemps enseigné dans l’Eglise. L’entrée du péché dans le monde n’a pas annulé cette institution, mais a entaché sa réalisation pratique sous de nombreux aspects. Pour autant, le projet de Dieu demeure et peut être vécu, même imparfaitement, par des hommes et des femmes pécheurs.

1.3. Le mariage est d’abord un acte civil

Le mariage est donc une institution divine. Il concerne tous les hommes et pas seulement les fidèles. C’est dans ce sens que l’on dit que le mariage fait partie de la "grâce commune", cet ensemble des actions bienveillantes de Dieu envers sa créature, quelle qu’elle soit (Matt. 5. 45), pour limiter les effets du péché dans le monde. Ainsi le mariage de deux musulmans ou de deux animistes est-il reconnu par Dieu. En dépit de formes et de coutumes variées, le mariage est une constante de l’humanité, selon les anthropologues ; la diversité de sa pratique, dont témoigne aussi l’histoire biblique, n’enlève rien à son universalité, même si cette diversité témoigne en partie de l’altération consécutive au péché.
Pour les croyants, le mariage possède en plus une dimension spirituelle : aux éléments clefs énumérés ci-dessus, qui constituent la base minimale du mariage, viennent s’ajouter pour eux le désir de répondre au plan de Dieu. Cela s’exprime en particulier par l’indissolubilité du lien (en contraste avec le divorce ou la séparation), par l’unicité de la relation (en contraste avec la polygamie ou la polyandrie) et par l’union en un seul cœur (en contraste avec une union réduite au plan charnel).
Pour autant, le mariage entre deux chrétiens n’est pas un sacrement : il n’a pas de conséquence directement spirituelle en tant que tel. La Bible est muette sur une cérémonie "religieuse" de mariage. L’union est scellée devant l’autorité compétente7: c’est la loi qui unit une femme à son mari (Rom. 7. 2). La cérémonie qui suit généralement n’a pour objet que de rappeler l’enseignement biblique sur le mariage, d’encourager les jeunes mariés, de remercier Dieu et de prier pour eux, en témoignage, devant leurs proches et la société en général, de l’engagement qu’ils prennent sur la terre, mais également devant Dieu.

1.4. Le mariage est une image imparfaite d’une réalité spirituelle

Le mariage des hommes est une institution terrestre, limitée à la terre. A une question spécieuse des sadducéens, le Seigneur répond très clairement : "A la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel" (Matt. 22. 30). Cela renforce d’ailleurs le sérieux du mariage : c’est sur la terre qu’il peut être vécu selon Dieu ; n’attendons pas d’être au ciel pour enfin parfaire notre mariage.

Mais le mariage entre un homme et une femme illustre une réalité spirituelle qui le dépasse :

– dans l’AT, les relations que Dieu veut établir avec son peuple sont très souvent dépeintes au travers de l’union entre un homme et une femme (Es. 62. 5 ; Osée 2. 19 ; Ezé. 16, etc.) ;

– le NT prolonge l’image en désignant Jésus comme "l’époux" de l’Eglise, dont les noces vont être célébrées dans le ciel (Eph. 5. 22-32 ; Apoc. 19. 7-9 ; 21. 2).

Ainsi, comme souvent dans la Bible, la réalisation actuelle n’est qu’une image imparfaite d’une réalité céleste qui la dépasse. Quelle grandeur cette perspective donne-t-elle au mariage !

2. Quelques conseils pratiques

En conclusion, quels conseils pratiques sont adaptés à la situation actuelle ? De nombreux ouvrages comportent d’excellents conseils, tant pour la recherche d’un conjoint que pour l’épanouissement du mariage8. Limitons-nous à quelques conseils très brefs, en relation avec notre sujet.

2.1. A ceux qui ne sont pas encore mariés

– Ne nous décourageons pas devant la situation du mariage en occident : la voie pour fonder un couple chrétien selon Dieu reste toujours ouverte aujourd’hui.

– L’attente, si méprisée aujourd’hui par une société qui exalte la jouissance immédiate, peut être sereine : "Je voudrais que vous soyez sans inquiétude", encourage l’apôtre (1 Cor. 7. 32). Avec d’autres, nous pouvons faire l’expérience que cette attente sera récompensée sur tous les plans, y compris le plan physique.

2.2. A ceux qui sont mariés

– Soyons conscients des efforts de plus en plus intenses que fait le diable pour détruire les couples chrétiens, en particulier lorsqu’il s’agit de personnes impliquées dans l’œuvre du Seigneur. Si nous "n’ignorons pas ses desseins" (2 Cor. 2. 11), nous serons plus en garde contre ses manœuvres. L’amour, dans le couple, est d’abord une question de volonté : je décide de t’aimer toujours.

– L’influence du monde se fait sentir, même sans que nous y prenions garde : les médias véhiculent des idées contraires à la pensée biblique et leur impact est plus grand sur nous que nous ne le pensons. A trop vouloir ne pas se couper du monde, peut-être finissons-nous par trop lui ressembler. La lecture de la Bible et la prière en commun, jointes à la pratique au quotidien d’un amour selon Dieu "qui ne cherche pas son propre intérêt", seront les meilleurs antidotes contre la tentation de l’adultère, la routine ou l’affaiblissement de l’amour.

L’image terrestre sera toujours imparfaite, mais un jour nous participerons à notre mariage éternel, l’union de Christ et de l’épouse qu’il a acquise au prix de son sang. Honorons par avance ce grand jour en vivant nos mariages terrestres toujours plus selon la pensée divine !

1 Le Pacte Civil de Solidarité a été institué par une loi française en 1999. Il constitue un pacte révocable à tout moment par l’une des parties, contrairement au mariage selon le code civil. De plus, il n’oblige pas que les deux parties soient de sexe différent.
2 Notons que, dans le discours actuel, la défense de se marier (1 Tim 4. 3) n’est peut-être qu’implicite, mais pourtant bien réelle, en particulier en début de vie commune. La comparaison entre le temps de Noé et celui de Sodome montre que le mariage était tombé en désuétude dans la cité corrompue, parallèlement à une homosexualité ouverte, ce qui ne rappelle que trop la situation de nos pays occidentaux. Enfin, l’égoïsme mentionné en tête de la liste de 2 Tim est sans doute une des explications majeures de ces constats.
3 La citation de ce texte par Jésus en Mat 19 établit clairement que le v. 24 de Gen 2 est une parole même de Dieu.
4 Le verbe a litt. le sens de "mettre sous le même joug", de "conjuguer".
5 L’usage par Jésus d’"anthropos" en Matt. 19. 5, en contraste avec "arrhen" au verset précédent, semble indiquer que les deux conjoints ont à quitter leurs parents respectifs.
6 L’AT, donné dans le contexte social de l’Antiquité, met surtout l’accent sur la démarche de l’homme. Le rééquilibre introduit par le NT nous semble autoriser cette indication de réciprocité. Voir e.g. Gen. 24. 58, où, même dans un contexte vétéro-testamentaire, Rebecca est directement interrogée.
7 Il est arrivé dans l’histoire que l’autorité compétente refuse de valider un mariage qui répondait aux critères bibliques, comme par exemple lors des persécutions contre les protestants en France. Il arrive aussi que l’autorité délègue sa compétence à une personne ayant un statut religieux reconnu, comme des pasteurs dans des pays anglo-saxons, ce qui introduit quelque confusion dans le sujet. Il peut arriver enfin que l’autorité ne propose plus de forme civile correspondant à la pensée de Dieu, qui n’est pas prisonnière du droit des hommes. En France, nous sommes reconnaissants que la loi civile permette encore de se marier civilement selon Dieu. Comme on l’a dit, "la notion chrétienne du mariage est sans doute plus exigeante que l’actuelle notion civile républicaine, mais certainement pas moins ! C’est pourquoi il semble inconcevable aujourd’hui, que les adeptes de la ‘conjugalité chrétienne’ puissent ou veuillent faire l’économie du mariage civil."
8 Parmi de nombreux ouvrages, nous conseillons : "Me marier ?" de Blaine Smith et "Je veux t’aimer" d’André Adoul.

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Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.