Dossier: L'argent, un enjeu spirituel
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L’élévation du pauvre et l’humiliation du riche

« Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation. Que le riche au contraire se glorifie de son humiliation ; car il passera comme la fleur de l’herbe. Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente ; il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu. Ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises. » (Jac 1.9-11)

Le premier chapitre de l’épître de Jacques traite particulièrement du sujet des épreuves et des tentations. Dans les versets cités ci-dessus, Jacques veut montrer que toutes les circonstances, notamment sociales, ne font pas partie d’un ordre éternel, et donc ne justifient jamais de céder à la tentation.

L’élévation du pauvre

Jacques commence par traiter la question de la pauvreté (v. 9) : Le « frère de condition humble » est quelqu’un que la société ne considérerait pas comme un notable. A cette époque, nombreuses étaient les personnes qui étaient employées à la journée dans une ferme. Elles pouvaient tout juste se payer leur nourriture. Encore aujourd’hui, beaucoup sont dans cette situation, surtout dans les pays en voie de développement.

Comment l’homme pauvre doit-il regarder sa situation ? Qu’il « se glorifie de son élévation », dit Jacques ! Pourquoi cette injonction ? Voici une parole plutôt dure à entendre ! Le contraste entre subir la pauvreté et s’en glorifier est difficile à saisir…

Cette « vantardise » est possible parce que la vie avec Christ va de pair avec une vraie richesse : un jour, malgré sa pauvreté, l’homme qui vit fidèlement avec Jésus apparaîtra avec splendeur. Il sera élevé au plus haut rang, puisqu’il est enfant de Dieu, comme tous les autres croyants. Il peut par avance se glorifier de ce que, s’il est « à la traîne » socialement parlant, il sera bientôt dans le cortège royal.

Les grands de ce monde ne remarquent pas le pauvre qui développe un cœur aimant, rempli de piété. Mais Dieu le voit — et la richesse de l’héritage en Christ sera d’un tel contraste, que cela équivaut à une « élévation » !

Voici des versets qui montrent quelques-unes des richesses dont le pauvre peut se glorifier :
– L’amour du Père : « Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes. Si le monde ne nous connaît pas, c’est qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsqu’il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jean 3.1-3)
– L’espérance et l’héritage célestes : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir ; il vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps ! » (1 Pi 1.3-5)
– Les bénédictions spirituelles : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ! » (Eph 1.3)
– La gloire à venir : « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » (Rom 8.16-18)

L’humiliation du riche

Jacques parle ensuite de personnes dans une tout autre situation : « Que le riche au contraire se glorifie de son humiliation »…

Les riches doivent accueillir positivement les épreuves qui les humilient parce que, précisément, cela leur fait ressentir la nature éphémère de leurs richesses.

Jacques écrit ce courrier à un moment de crise économique (elle eut lieu en 46), probablement juste après les persécutions survenues à la suite du martyre d’Etienne (Act 7). Dans ce contexte, plusieurs de ceux qui possédaient des terres et qui avaient des serviteurs pour les cultiver ont fait faillite. Ils se sont trouvés dans « l’épreuve » décrite au verset 2 de ce chapitre 1, cette épreuve que Jacques leur demande de regarder comme un sujet de joie complète.

Personne n’emportera ses biens matériels avec Christ. Le riche se flétrira dans ses entreprises, comme la fleur au soleil. Donc… la vie à cultiver n’est pas que terrestre.

Cela donne l’impression que les pauvres sont plus spirituels et que les riches le sont moins ! Dans l’absolu, ce n’est pas vrai. Nous trouvons dans l’Écriture des hommes d’une grande richesse que Dieu ne condamne pas pour cela :
– dans l’Ancien Testament, c’est le cas de Job, d’Abraham, ou encore de Salomon ;
– dans le Nouveau Testament, c’est le cas de Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode, qui assistait Jésus et les apôtres de ses biens (Luc 8.3) ; c’est le cas d’Eraste le trésorier de la ville de Corinthe (Rom. 16.23), etc.

De plus, l’idée d’une gestion saine des richesses en vue de leur accroissement fait partie de certains enseignements de Jésus (cf. la parabole des talents par exemple). En fait, l’homme doit contrôler ses richesses, et ne pas être contrôlé par elles, comme l’était le jeune homme riche. L’amour de l’argent, lui, est destructeur (1 Tim 6.10 ; Héb 13.5).

On a tendance à excuser notre comportement en s’appuyant sur notre passé, sur ce que l’on n’a pas eu, ou sur les épreuves qui nous ont affectés. Jacques nous dit : Peu importe ! Si tu es riche et que tes richesses ne sont plus, glorifie Dieu de cette humiliation qui te fait prendre conscience des vraies valeurs de la vie. Si tu es pauvre et que tu manifestes la confiance inébranlable en un Père aimant, tu trouveras que la fortune spirituelle à venir est formidable.

Et Jacques veut nous encourager…

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Varak Florent
Florent Varak est pasteur, auteur de nombreux livres. Il est aussi conférencier, et professeur d’homilétique à l’Institut biblique de Genève. Il est le directeur international du développement des Églises au sein de la mission Encompass liée aux églises Charis France. Il est marié avec Lori et ont trois enfants adultes ainsi que quatre petits-enfants.