Dossier: Affronter la mort
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Réflexions sur la vie et la mort

Nous avons extrait quelques réflexions de l’ouvrage du Dr John Wyatt, Questions de vie et de mort. Le livre touche aux questions essentielles de notre société sur la vie et la mort, notamment sur l’être humain selon la Bible, l’assistance médicale à la procréation, l’avortement et l’infanticide, l’euthanasie et le suicide assisté, une meilleure manière de mourir, une autre dimension, pour terminer sur l’espérance du chrétien au-delà de la mort. Le Dr. John Wyatt est professeur et consultant en pédiatrie néonatale à l’University College de Londres, et entre autres, président du Christian Medical Study Group.

La  mort : un  scandale  et  une  grâce

«. La mort comme conséquence de la Chute est un mal et un scandale qu’il convient de combattre. De même, les corollaires du vieillissement – la diminution des fonctions, l’infirmité et les maladies dégénératives – sont de véritables maux. Mais la vieillesse en elle-même n’est pas un mal. Elle fait partie de l’histoire humaine et représente une étape de la vie qu’il faut respecter et honorer. Et dans la providence divine à l’égard des êtres humains déchus, le vieillissement et la mort peuvent apparaître, pour reprendre l’expression de C.S. Lewis, une « miséricorde sévère ». La limitation de la durée de la vie humaine n’est pas seulement une malédiction, elle est aussi un effet de la grâce de Dieu. Dans la providence divine, la mort peut survenir comme une délivrance miséricordieuse d’une existence prise au piège d’un corps déchu et décadent. Dans leur attitude face à la mort, les chrétiens ne doivent jamais perdre de vue cette étrange ambiguïté. Même si la mort de l’homme est essentiellement un mal contre lequel il faut lutter et une réalité, qu’il ne faut jamais rechercher délibérément, il peut aussi arriver qu’on l’accepte, parfois même avec soulagement, comme un signe de la miséricorde divine. » (Questions de vie et de mort, p. 229 – 230).

Prendre  soin  des  autres

«. La nécessité d’une démarche pratique est un thème qui est revenu fréquemment dans notre réflexion sur l’attitude des chrétiens face aux défis de la médecine moderne. L’attitude du chrétien doit toujours être pratique, terre à terre, dénuée de sensiblerie, réaliste et personnelle. La communauté chrétienne a une qualification toute particulière dans ce domaine. C’est ce qu’exprime fort bien Christine Pohl dans un essai sur l’avortement :

« La communauté chrétienne est appelée à réserver un accueil chaleureux aux êtres humains les plus vulnérables, se démarquant par là de la société. Par le témoignage de sa vie, une telle communauté peut démontrer que la souffrance et le sacrifice ont un sens ; elle peut accueillir des étrangers auxquels elle ne s’attendait pas ; elle peut aussi tisser un réseau d’amour et de soutien qui aidera les femmes  et les familles à traverser des grossesses et à assumer des éducations difficiles. En agissant ainsi, les chrétiens donnent l’image d’une communauté transformée, dans laquelle même les plus vulnérables sont en sécurité. Le vécu rejoint alors la parole dans la réalité de l’accueil et du sacrifice de Dieu »1.

Le Christ est au centre de toute démarche chrétienne. Nous sommes appelés à voir le Christ en ceux dont nous prenons soin. Nous sommes appelés à être le Christ pour ceux dont nous prenons soin. » (Questions de vie et de mort, p. 278-279).

L’Église Primitive face à l’avortement et à l’infanticide

« . L’enseignement chrétien des trois premiers siècles n’a donc cessé de s’opposer de toutes ses forces aux pratiques païennes de l’avortement et de l’infanticide. Mais les premiers chrétiens ne se contentèrent pas de condamner ces pratiques : ils ressentirent le besoin de créer des  alternatives concrètes. Ils considéraient de leur devoir de chrétiens de recueillir les orphelins et les enfants trouvés, ce qui revenait souvent à sauver de la mort les bébés qui avaient été exposés par leurs parents. La population locale ayant eu vent de ces idées « bizarres » des chrétiens, il semble que des mères aient pris de plus en plus l’habitude de déposer les bébés dont elles ne voulaient pas aux portes des églises, dans l’espoir que quelqu’un s’occuperait d’eux. Les familles chrétiennes adoptèrent souvent des enfants trouvés, comme en témoignent des inscriptions sur les tombes ; mais devant leur nombre sans cesse croissant, les chrétiens ouvrirent des orphelinats aux troisième et quatrième siècles2.

Il est fascinant de constater comment les lois de l’Empire romain changèrent peu à peu à cette époque, grâce, en partie du moins, à la progression du témoignage chrétien dans sa société. Au troisième siècle, on publia plusieurs lois destinées à réduire la pratique de l’avortement et à contrôler l’approvisionnement en drogues abortives. La reconnaissance du christianisme comme religion officielle de l’Empire romain, après la conversion de l’empereur Constantin en l’an 312 de notre ère, entraîna un changement dans les attitudes face à l’infanticide. L’empereur Constantin déclara en 318 que le meurtre d’un enfant par son père était un délit qui méritait punition, et il permit en 331 à ceux qui élevaient des enfants exposés de les adopter légalement. En 374, l’infanticide et l’exposition de nourrissons tombèrent sous le coup de la loi, et il fut ordonné à tous les parents de prendre soin de leurs propres enfants.

Par la suite, Justinien porta plus loin la protection des nouveau-nés en interdisant à ceux qui les recueillaient de les soumettre à quelque forme de servitude que ce fût. Des hôpitaux chrétiens virent le jour vers la fin du quatrième siècle, dont beaucoup avaient un service (appelé brephotropheion) réservé aux enfants trouvés3.

En résumé, l’enseignement continu de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi que des Pères de Église est d’abord que la valeur de la vie des êtres humains, y compris des fotus et des nouveaux-nés, est intrinsèque à leur création par Dieu. Ensuite, les disciples du Christ ont le devoir impératif de témoigner de l’amour à ceux qui sont faibles et vulnérables dans la société. » (Questions de vie et de mort, p 148-149).

L’empathie  et  le prix  à  payer

« . L’empathie est l’émotion clé de la Croix. Le Christ est entré dans l’agonie du jugement mérité par l’homme pour sa désobéissance. Dans son livre La Croix de Jésus-Christ, John Stott se livre à une réflexion touchante sur l’expérience qui fut celle du Christ :

« Je suis entré maintes fois dans des temples bouddhistes en différents pays d’Asie, et j’ai pu contempler la statue de Bouddha, les jambes croisées, les mains jointes, les yeux fermés, l’esquisse d’un sourire sur les lèvres, l’air absent, totalement détaché des souffrances de ce monde. Alors, par la pensée, je revoyais cet homme abandonné sur une croix, meurtri, les mains et les pieds percés de clous, le dos lacéré, les membres écartelés, le front ensanglanté portant la marque d’une tresse d’épines, les lèvres desséchées traduisant une soif intolérable, plongé dans la nuit la plus noire, celle de l’abandon par Dieu. Voilà le Dieu qu’il me fallait ! »4.

Jésus a inauguré une nouvelle manière de prendre soin des autres. Une démarche chrétienne authentique en cruciforme. Si nous voulons prendre soin des autres comme Jésus l’a fait, nous devons nous donner nous-mêmes, payer le prix. Nous devons entrer dans la douleur de l’autre, et même expérimenter une certaine forme de mort à nous-mêmes, afin de nous donner aux autres par amour pour eux. Voilà le prix à payer… »  (p. 279-280).

Référence principale :

Dr J. Wyatt : Questions de vie et de mort
(301 pages, Éd. Excelsis – BP 11 – 26450 Cléon d’Andran, France
Tél. : + 33 (0)4 75 91 81 81
Commande en ligne : www.XL6.com
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Site : http://www.XL6.com)

1 C.D. Pohl, Abortion : responsibility and moral betrayal » dans J.F. Kilner et al. : The Troubled Helix, Cambridge University Press, 1995, p.222

2 Gormann, Abortion and the Early Church, p. 53 – 54

3 G.F. Ferngren, The Status of defective Newborns from late Antiquity to the Reformation dans M.R.C. McMillan, H.T. Engelhardt & Spicker (eds) Euthanasia and the Newborn, 1987a, p.55 ; Dortrecht  D. Reidel.

4 J. Stott, La Croix de Jésus-Christ, 1988, Éd. Grâce et Vérité, B.P. 2103, F-68509 Mulhouse Cedex, p.336.

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