Dossier: Esotérisme
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La force de l’animisme dans les eglises chretiennes d’Afrique noire

Les dictionnaires français définissent l’animisme sous deux angles : d’un côté, l’animisme désigne le « système philosophique et médical dans lequel l’âme est la cause première des faits vitaux, aussi bien que des faits intellectuels » (1) . D’un autre côté, et sur le plan religieux, l’animisme est « la croyance à la présence de forces élémentaires ou « esprit » dans tous les objets de la nature. » Le Petit Robert précise que c’est une « attitude consistant à attribuer aux choses une âme analogue à l’âme humaine. » C’est ce côté religieux qui nous intéresse. Après avoir évoqué quelques exemples des pratiques animistes en Afrique centrale, nous jetterons ensemble un regard biblique sur cette croyance qui, en fait, pèse très lourdement sur la vie des églises chrétiennes d’Afrique noire.

Les pratiques animistes abondent dans nos pays, et les chrétiens s’y trouvent souvent mêlés

La pratique du « Yondo » (ou « Lao ») a été introduite officiellement au Tchad par un ancien président de la république chrétien, Ngarta Tombalbaye. Or celui-ci était non seulement membre d’une église baptiste locale, mais aussi un des responsables de l’école du dimanche des enfants. Dans cette pratique, les initiés sont invités à passer jusqu’à six mois en brousse en contact avec des « âmes » qui vont leur transmettre différents pouvoirs. Les noms des initiés changent selon le tempérament que l’on va remarquer chez eux pendant ce temps. Jusqu’à nos jours, ces pratiques sont encore exigées des chrétiens.

Au Cameroun, la pratique du « Tsogo » continue chez les « Eton » où l’on cherche à calmer les esprits maléfiques qui provoquent les morts par accident. Certains chrétiens demeurent encore convaincus qu’en allant sacrifier des animaux, en mangeant de ces victimes, et en se purifiant selon la pratique, ils se mettent à l’abri de la mort par accident.

Le « Ngondo », chez les Douala, leur permet de se mettre chaque année en contact des ancêtres par l’entremise du fleuve Wouri. Des pouvoirs sont aussi attribués dans nos pays à certains arbres sous lesquels on peut tenir des palabres pour implorer la paix sur le village, ou demander de bonnes récoltes. On sacrifie des animaux dans des rivières pour obtenir des pêches abondantes. Les morts par noyade sont interprétées comme des réclamations faites par la rivière ou le fleuve aux populations environnantes.

Beaucoup de traditions se pratiquent ainsi chez nous, où l’on se comporte devant les objets de la nature comme s’ils avaient une âme avec laquelle on peut communier. Il est déplorable que, dans nos églises d’Afrique noire, beaucoup de membres suivent ces pratiques, soit par crainte de menaces de mort de la part des hommes, soit par ignorance de la Parole de Dieu, soit par désobéissance à son autorité. Pour ceux qui veulent comprendre la volonté de Dieu à ce sujet, quel est le regard biblique que nous devons porter sur l’animisme ?

Animisme et christianisme sont-ils compatibles ?

Il est impossible d’exposer en détails les différentes ramifications des pratiques animistes dans nos pays d’Afrique noire. Chacun à son niveau peut en discerner les formes locales. Mais quoiqu’il en soit, la Parole de Dieu est universelle et s’applique à tous sans exception.

Souvenons-nous d’abord que lors de la création, toutes choses ont été faites par Dieu, mais chaque chose selon son espèce (Gen 1.24-25). Lorsque Dieu créa l’homme, il est précisé qu’il le créa à son image. C’est pour cela que l’homme peut entrer en communion avec Dieu. En outre, une insistance particulière est mise sur la protection de l’âme humaine (Gen 9.4-6) par rapport à la vie des animaux. Par conséquent, la croyance animiste selon laquelle les choses ont une âme analogue à l’âme de l’homme est fausse. L’homme n’est pas destiné à entrer en communion avec les choses ou avec les animaux, mais avec Dieu et avec ses semblables, parce qu’il est créé selon son espèce à l’image de Dieu ; ce n’est pas le cas des plantes ou des animaux

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Les pratiques animistes découlent des commandements de nos ancêtres auxquels nous voulons rester fidèles. Le chrétien doit savoir ce que le Seigneur Jésus-Christ a dit de cette attitude : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. […] Vous rejetez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. […] annulant ainsi la Parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. » (Marc 7.8-9,13) En tant que chrétien, il ne faut pas s’attacher aux pratiques qui contredisent la Parole de Dieu. Par exemple, dans ces pratiques animistes, on procède souvent à des sacrifices pour les péchés. L’auteur de l’Epître aux Hébreux a bien établi qu’il n’y a plus de sacrifices pour les péchés ; que Jésus, l’Agneau de Dieu, a été sacrifié une fois pour toutes (Héb 9.11-15,27-28), et qu’il est impossible que le sang des animaux enlève des péchés (10.4). Par ailleurs, les morts sont souvent invoqués dans les religions animistes. Or, la Bible interdit d’avoir commerce avec eux (Deut 18.9-12).

Même si l’on se retranche derrière le principe de la liberté chrétienne — puisque quelques-uns estiment que certaines de ces pratiques sont du ressort de la liberté chrétienne — il y a des principes bibliques à respecter. Quant aux sacrifices, l’apôtre Paul affirme qu’en les offrant, on ne sacrifie pas à Dieu, mais à des démons, et qu’il ne faut pas que le chrétien entre en communion avec les démons, au risque de provoquer la jalousie du Seigneur (1 Cor 10.20-22). On peut ajouter à cette interdiction le principe de l’utilité ou de l’édification (1 Cor 10.23). Ce que je fais, en tant que chrétien, m’est-il utile ? Est-ce que cela m’édifie ou édifie mon prochain ? Enfin, il s’agit de ne pas porter atteinte à la gloire même de Dieu (1 Cor 10.31).

Les pratiques animistes font partie des « principes élémentaires du monde », et sur ce point, le chrétien doit prendre garde à l’avertissement de l’apôtre Paul aux Colossiens (Col 2.18-23). En réalité, ceux qui imposent ces pratiques dans nos sociétés sont des gens qui veulent se montrer les plus sages et cherchent à satisfaire leurs besoins charnels, tout en encourageant à une grave forme d’idolâtrie (cf. Rom 1.18-23 ; Ps 115.4).

Constatant que ces pratiques sont parfois imposées par de soi-disant chrétiens, il y a lieu de faire attention au recrutement des membres de nos églises locales. L’histoire de l’Église montre que la chrétienté s’est « mondialisée » et « mondanisée » lorsque l’empereur Constantin s’est rallié à l’Église, et a imposé le christianisme à son État. Or Constantin n’a jamais manifesté de repentance claire devant Dieu et devant les hommes, ni un baptême d’eau public, si ce n’est au moment de sa mort — mais on l’avait depuis longtemps admis dans l’Église(2) … Dès lors l’Église (qui allait devenir « catholique ») a toujours cherché à demeurer une composante majeure du pouvoir étatique, persécutant ou dénigrant jusqu’à ce jour les vrais enfants de Dieu. Si donc les gens ne se repentent pas clairement de leur péché, n’acceptent pas le baptême d’eau public, et ne renoncent pas aux pratiques animistes, l’auteur pense qu’il ne faut pas les admettre dans les églises locales, fussent-ils les riches de la société. Malheureusement, à l’heure actuelle, ces personnes se voient souvent nommées diacres ou diaconesses dans nos assemblées.

Compromis ou rupture ?

Le chrétien n’a pas besoin d’obéir aux pratiques animistes. Il est appelé hors du monde pour former un sacerdoce royal, pour célébrer la gloire de Dieu. Beaucoup de nos frères et sœurs en Christ sont déjà morts à la suite des persécutions perpétrées par les promoteurs de l’animisme, mais le Seigneur nous enjoint de ne pas craindre ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien faire à l’âme (Mat 10.28). Les missionnaires occidentaux qui travaillent en Afrique constatent que la vision du monde de beaucoup d’Africains est ouvertement ou implicitement modelée par les religions traditionnelles africaines(3) . Il ne devrait pas en être ainsi, car la vision chrétienne du monde est autre. À cause de cette divergence profonde, certains croyants sont devenus martyrs de Christ. Si le Seigneur vous choisit pour un tel témoignage, ne le redoutez pas, car si nous mourons, c’est pour le Seigneur, et si nous vivons, c’est pour le Seigneur (Rom 14.7,8).

L’animisme ne peut reculer que si l’Église de Christ trouve en son sein des hommes et des femmes de Dieu sages, et entièrement consacrés à barrer la route aux assauts du « séjour des morts » contre l’Église. Le Seigneur lui-même s’est engagé dans ce combat (Matt 16.18). Nous qui lui appartenons, suivons-le fidèlement et jalousement.

notes
(1)
Nouveau Larousse Universel, vol. 1 ; il précise que c’est Georg Ernst Stahl, médecin chimiste allemand (1660-1734) qui, dans sa Theorica medica vera (1707), a développé les principes de ce système animiste occidental.
(2)Craig A. Carter, Rethinking Christ and Culture, A post-Christendom perspective, Grand Rapids : Brazos Press, p. 80.
(3) Rob Howell, Africa, FrontLine, July/August 2007, p. 35.

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Mvondo Simon
Le Dr Simon Mvondo est doyen de la Faculté de théologie biblique du Cameroun, pasteur des EBG au Cameroun, et membre du Comité national de Promesses dans ce pays. Il est marié et père de 8 enfants.