Dossier: Foi et société
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Bible, création, écologie

La création est un thème très important dans la Bible : elle est décrite et analysée dans au moins 17 livres de l’A.T. et dans 22 livres du N.T. Pour celui qui a mis sa foi en Dieu, la Bible est la référence quant à sa relation avec la création et l’écologie.

Dieu le Créateur est le seul qui comprenne parfaitement sa création : il est donc celui qui peut le mieux répondre à nos questions honnêtes et légitimes en la matière. Dieu créa le temps, l’espace, la terre et sa végétation, les animaux puis l’homme (Gen 1-2). Le chrétien accepte par la foi ce que dit la Bible au sujet de la création : elle a été créée parfaite. Avant que le péché n’entre dans le monde (Gen 3.17-19), la création ne présentait ni tache, ni défaillance, ni aucune imperfection. Elle était le délice de tous et de tout (Gen 1.31 ; 2.1-3, 25). Le premier homme, Adam, fut responsabilisé en recevant le mandat de surveiller les espèces animales (Gen 1.26), de reproduire la race humaine (Gen 1.28) et de bien gérer les ressources naturelles (Gen 2.15).

Le but de la création

La doctrine de la création n’est pas présentée dans la Bible comme une solution philosophique au problème de l’existence du monde ; la révélation divine par l’Écriture sainte dévoile plutôt le sens éthique et religieux de la création, par rapport aux relations de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu.

Dans sa sagesse et sa volonté souveraines, à partir de rien du tout, Dieu a créé l’univers, visible et invisible par sa parole puissante. L’univers a été créé pour sa gloire et pour le bien-être de ses créatures, en particulier les êtres humains. Toute la Bible témoigne qu’à sa création, la terre était parfaite et qu’elle reflétait la gloire de son créateur (Ps 19.1, 1 Tim 4.4). Notre monde fut fait par Dieu, mais ce monde n’est pas Dieu. La création est une entité différente de Dieu, mais totalement dépendante de lui (Act 17.24-28).

Une vue chrétienne de l’environnement

Si la Bible donne des directions au croyant quant à sa vie quotidienne, elle l’éclaire également quant à sa relation avec l’environnement et la nature. A priori, le chrétien doit avoir une vision théiste de la création, c’est-à-dire qu’il reconnaît l’action de Dieu sur elle. Une vision chrétienne de l’environnement retiendra les points suivants :

1. L’univers est une création ex nihilo (à partir de rien) par le Dieu révélé par la Bible, à un moment dans l’espace et le temps (Gen 1). L’espace et le temps eux-mêmes sont une création de Dieu

2. Le monde appartient à Dieu (Ps 24.1, 50.10). C’est à l’homme que Dieu en a confié la bonne intendance.

3. Le monde est le reflet de Dieu. Comme Dieu est « bon », ce qu’il a créé est « bon » (Gen 1.4, 10, 12, 18, 21, 25, 31). Non seulement Dieu déclara sa création comme étant bonne, mais le psalmiste affirme lui aussi que la création reflète la gloire de Dieu (Ps 19.1, 8.4-5).

4. Dieu est partout dans sa création (Rom 1.20), sachant tout ce qui se passe (Ps 139.7-12).

5. Le monde est soutenu par Dieu (Col 1.17, Héb 1.3) : c’est grâce à son influence que la terre fonctionne (Ps 104.10-14).

6. Le monde existe sur la base d’une alliance entre Dieu et l’homme (lire avec soin Gen 9.9-17 et noter les références aux animaux). Le Créateur s’est engagé à ne plus détruire le monde des vivants, humains et animaux, par un déluge. L’homme est tenu de respecter les animaux (Mat 6.26, 10.29, Prov 12.10). Dieu donne à l’homme la possibilité de se nourrir de viande animale (Gen 9.3), nourriture qui doit être reçue avec actions de grâce (1 Tim 4.3-5). La Bible, d’un côté, ne déifie pas la création ; d’un autre côté, elle n’a pas une conception impersonnelle de la nature (Ps 77.17-18, Amos 4.13, Act 17.28). Ainsi, tout acte de dégradation, toute destruction égoïste ou catastrophe écologique entraîne des conséquences graves, tôt ou tard.

7. Dieu a établi l’homme comme son gérant, « jardinier » de la création. Genèse 1.28 et 2.15 exposent les obligations de l’homme envers la création. Bien que possédant le pouvoir suprême, Dieu délègue trois responsabilités aux humains :

a) L’homme est appelé à se multiplier et remplir la planète avec sa descendance. Cette injonction concerne aussi les animaux. Il est évident toutefois que tout individu n’est pas appelé à procréer : Jésus (Mat 19.12) et l’apôtre Paul (1 Cor 7.8) reconnaissent et valorisent le célibat.

b) L’homme reçoit de Dieu la responsabilité de dominer la création. La domination évoquée ici est synonyme d’autorité absolue et de contrôle. Ainsi, il semble sage de penser que la population animale ne doive pas se développer à un point tel qu’elle mette en danger la domination humaine voulue par le Créateur.

c) L’homme a la responsabilité de cultiver et de garder la création. Un équilibre entre la végétation, les animaux et l’homme est souhaité. L’homme soumis à Dieu cherchera dans son rôle de gérant à honorer le Créateur par sa manière de cultiver et de protéger son environnement.

Deux approches anti-bibliques à la création

1) Le matérialisme

a) Les principes du matérialisme

Le matérialiste professe que toute réalité se trouve dans la matière et il ne cherche le plaisir que dans la jouissance de biens matériels. Le but des matérialistes est d’utiliser la technologie moderne et les avancées scientifiques pour influencer l’évolution humaine sur tous les plans1. Au xxie siècle, le matérialisme économique le plus en vue est le capitalisme2.

En rapport avec l’environnement, les caractéristiques du matérialisme économique sont les suivantes :

– La création n’est que matière : donc le monde physique est éternel et incréé. Dieu n’existe pas et il n’existe aucune règle éthique pour gouverner son utilisation ; l’homme est libre d’agir et de faire avec son environnement comme il lui plaît, il n’a aucune responsabilité de rendre des comptes à qui que ce soit.

– L’énergie est illimitée parce qu’indestructible, donc inépuisable. Il se peut que l’humanité manque un jour de telle ou telle énergie ou ressource, mais l’homme est si intelligent qu’il trouvera une bonne solution pour régler le problème.

– La technologie peut résoudre pratiquement tous les problèmes.

– Le monde souffre particulièrement à cause d’une mauvaise distribution des ressources et des produits finis. Il faut redistribuer les ressources et les produits finis en encourageant la consommation à l’échelle planétaire (c’est la globalisation de l’économie).

– Éduquer toute l’humanité va résoudre tous les problèmes. En effet, l’ignorance ralentit le progrès.

 b) Une évaluation de l’approche matérialiste de l’environnement

C’est l’évidence même que la foi en l’humanité seule pour régler ses problèmes n’a jamais résolu ses difficultés. Par rapport aux assertions du matérialisme économique, nous pouvons répliquer ce qui suit :

– Le monde n’est pas éternel (Apoc 21.1). La première loi de la thermodynamique ne dit rien au sujet de l’origine de l’énergie dans l’univers, mais seulement qu’elle est apparemment constante. Toutefois la deuxième loi affirme que l’énergie utilisable est en décroissance. Si l’univers décroît, il n’est pas éternel ; il a dû être créé, et s’il a été créé, il est raisonnable de suggérer qu’il y a eu un Créateur (Gen 1.1).

– L’énergie n’est pas illimitée. La fission nucléaire des étoiles est constatée par les astronomes ; donc, par principe, l’univers n’aura un jour plus d’énergie. Les énergies fossiles disponibles dans la terre viendront également un jour à manquer.

– La technologie ne peut jamais résoudre tous nos problèmes. Les guerres les plus destructrices ont justement pu avoir lieu à cause de la technologie. La technologie moderne n’est qu’un instrument des hommes (Jér 17.9). Et l’homme emploie la technologie pour aller vers sa propre destruction.

– La mauvaise distribution des ressources et des biens est empirée par l’état du cœur humain (Jac 4.1-2). L’égoïsme et l’avarice jaillissent partout, corrompent l’humanité et aggravent les problèmes.

– L’éducation et la formation ne sont pas la parade parfaite. Nous vivons depuis les deux derniers siècles avec la plus grande population jamais éduquée de l’histoire. Et bien des pays à niveau de formation élevé sont entrés en guerre et ont pillé la terre de ses ressources au prix parfois de grosses catastrophes écologiques. C’est le cœur qui a besoin de transformation et cela, seul Christ peut le produire.

 2) Le panthéisme

a) Les croyances du panthéisme

Le panthéisme est une doctrine métaphysique selon laquelle Dieu est unité du monde (tout est en Dieu) et où Dieu est la somme de tout ce qui existe (Dieu est tout) — à tel point que les animistes adorent la nature parce qu’elle contient le divin et les esprits. Le panthéisme est anti-matérialiste et anti-chrétien.

La nature est vivante. L’âme ou la force vive pénètre partout comme un organisme vivant. Le film Star Wars véhiculait des idées panthéistes : Yoda, un des personnages, parle de « la Force » qui entoure, pénètre, lie et crée. Tout est vivant avec une force vivante qui fait de la nature un organisme vivant.

Toutes les espèces de la nature sont la manifestation de Dieu. Il faut s’opposer à toute disparition d’un petit animal ou d’une fleur rare, car lorsqu’une espèce cesse d’exister, l’humanité a perdu une manifestation de Dieu.

L’humanité est unie avec la nature.

L’humanité doit être au service de la nature.

 b) Une évaluation de l’approche panthéiste de l’environnement

– La nature n’est pas vivante dans le même sens que l’être humain est vivant, Dieu ayant soufflé une respiration de vie en l’homme (Gen 2.7). Elle n’est pas égale à l’homme. Il existe une différence entre une fleur et l’homme. La matière est essentiellement énergie, laquelle est organisée intelligemment par le Créateur.

– Les espèces ne sont pas les manifestations de Dieu, elles sont uniquement une partie de la nature. Il ne faut pas déifier la nature. Dieu existe indépendamment de toute créature.

– Les hommes ne sont pas un avec la nature. L’homme a besoin de coopérer avec la nature en la préservant et la soignant, mais nous ne formons pas une même entité. L’homme seul fut créé à l’image de Dieu (Gen 1.27).

– Cette approche affirme que l’homme ne peut être en même temps roi et serviteur. Or Jésus-Christ, notre exemple, est l’exemple parfait du roi qui est devenu serviteur (Marc 10.45, Phil 2.5-8).

 Christ seul change les comportements

En regardant autour de nous, nous constatons que la pollution est partout : dans l’air, dans la mer, sur la terre. De nombreux scientifiques réputés et des professionnels actifs dans divers domaines liés à la nature témoignent, photos et études à l’appui, que l’humanité cause sa propre destruction. Et la majorité s’en fiche ! On comprend que la terre soupire… et attende la révélation des fils de Dieu (Rom 8.19-22). L’attitude actuelle pourrait s’exprimer de la manière suivante : « Que tout se passe bien aussi longtemps que je vis ! Après moi, cela m’est égal ! »

Les dirigeants, les industriels, les gouvernements et les exploitants de toutes sortes, en majorité, ne pensent qu’à eux-mêmes et à profiter des richesses du monde sans se soucier des générations suivantes. Cette idée domine le monde économique depuis le début du xxe siècle.

Que faire ? Le chrétien doit se rappeler constamment qu’il est un pèlerin qui traverse ce monde souffrant pour lequel il a une vraie sympathie. Notre tâche principale est de prêcher l’évangile, amener des gens à Christ par l’Esprit Saint et les former à être disciples (Matt 28.18-20). Seul Jésus-Christ peut transformer une vie, et donc des comportements hostiles à sa création.

Cependant, cela ne nous empêche nullement de croire, de vivre et d’agir « écolo ». Le chrétien mature évitera tout excès et sera attentif à préserver la planète. Son mode de consommation, voire éventuellement ses options électorales, seront cohérentes avec le mandat de gestion de la terre confié par le Créateur.

Ne soyons pas découragés, car le Possesseur de notre planète va revenir pour y régner. Il s’est fixé la tâche finale de tout purifier par le feu, puis de recréer un nouvel univers où la perfection sera éternelle (2 Pi 3.7, 10-14), et où la pollution, actuellement croissante, ne pourra plus jamais exister.

1 Humanist Manifesto I, 1933.
2
Selon le Petit Robert, le capitalisme est un régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, n’appartiennent pas, en général, à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.

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McCarty Scott
Scott McCarty a fait ses études en théologie au Dallas Theological Seminary, aux États-Unis. Il exerce un ministère d’enseignement biblique en France depuis 1971. Cofondateur du Centre d’information à l’évangélisation et à la mission à Grenoble, il est membre de Promesses et auteur de nombreux articles.