Dossier: La souveraineté de DieuSérie: serie
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Qui est Dieu ? Promenade dans 1 Timothée

QUI EST DIEU ?

PROMENADE DANS 1 TIMOTHÉE

Dieu est souverain dans la manière dont il choisit de se révéler. La nature nous dévoile sa grandeur et sa sagesse ; notre conscience nous indique, plus ou moins confusément, quelles sont ses attentes morales ; les circonstances permettent de discerner son action. Mais, avant tout, c’est par la révélation écrite, la Bible, que Dieu se révèle souverainement, librement, à l’homme. Et il ne faut pas moins de 66 livres, à la fois divers et complémentaires, pour nous faire (un peu) comprendre, par l’action du Saint Esprit, qui est Dieu.

La Première Épître à Timothée se singularise parmi ces 66 livres canoniques par une proportion particulièrement élevée de versets sur Dieu lui-même. En la parcourant, nous allons découvrir comment Dieu se dévoile dans l’absolu de son être, comment il agit dans sa création, comment il souhaite faire connaître son salut et comment il s’est révélé en Christ.

Que ce soit dans cette Épître que Dieu se révèle avec une clarté spéciale est significatif :

– Son thème majeur est défini en 3.15 : « …tu sauras ainsi comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant ». Or nous ne pouvons valablement vivre comme église locale que dans la mesure où notre « théologie » — c’est-à-dire notre vision de Dieu, de ce qu’il est, de ce qu’il fait — est juste. Nos petites querelles intestines, les préoccupations sur tel ou tel détail de notre façon de fonctionner en église, prennent trop souvent le pas sur l’essentiel, l’origine, le « premier » : Dieu. Paul ne s’y trompe pas et rapporte presque tous les sujets qu’il aborde à Dieu lui-même. Plutôt que d’épiloguer sans fin sur des détails, cherchons ensemble, en église, à « voir Dieu » davantage.

– Cette Épître est adressée à Timothée, que Paul avait laissé à Éphèse pour mettre bon ordre dans l’église et pour récuser les fausses doctrines qui s’y étaient insinuées (1.5-6). Comment mieux l’encourager que de diriger les regards de ce frère encore jeune vers le Dieu d’éternité ? Si la tâche dans notre église nous paraît ardue, souvenons-nous que Dieu est là et qu’il agit.

1. DIEU DANS L’ABSOLU DE SON ÊTRE

Parmi les 15 « doxologies »1 des Épitres, deux se trouvent dans 1 Timothée et exaltent Dieu dans ce qu’il est :

« Au roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, soient honneur et gloire, aux siècles des siècles ! Amen ! » (1.17)

« Le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l’honneur et la puissance éternelle. Amen ! » (6.15-16)

Trois caractéristiques se dégagent de ces louanges :

– Dieu est invisible : De retour du premier vol habité dans l’espace, Youri Gagarine a déclaré : « Dieu n’existe pas ; je ne l’ai pas vu. » L’expression courante de « Dieu qui est au ciel » ne doit pas nous tromper : les « cieux des cieux » ne peuvent le contenir (2 Chr 2.6 ; 6.18). Il est si radicalement différent de nous que nul ne peut le voir et vivre (Ex 33.20). Il est « esprit » (Jean 4.24), sans corps matériel tangible. Cette invisibilité de Dieu va au-delà de notre impossibilité de le voir de nos yeux physiques ; elle tient aussi à l’aveuglement moral dans lequel nous sommes pour discerner ce qu’il est (2 Cor 3.7-4.6). Si Dieu ne se révèle pas à nous, nous ne pourrons jamais le voir tel qu’il est vraiment.

– Dieu est immortel : La même Épître va dire de Dieu qu’il est « le Dieu vivant » (3.15). Dire que Dieu est immortel implique à la fois qu’il est saint, pur, sans péché (car la mort est la conséquence du péché), qu’il reste le même dans son être (la mort étant le changement le plus évident d’un être) et qu’il est le seul à communiquer la vie : la vie corporelle d’abord (« en lui nous avons la vie », Act 17.28), puis la vie éternelle. L’immortalité glorieuse de ceux qui ont reçu l’Évangile (2 Tim 1.10 ; 1 Cor 15.54) ne sera qu’une conséquence de la sienne propre.

– Dieu est bienheureux : Outre la seconde doxologie de l’Épître, ce qualificatif se retrouve ailleurs : « … l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, Évangile qui m’a été confié » (1.11). Dieu, dans la perfection de son être trinitaire, n’a besoin de rien ni de personne pour être « heureux ». Dans un sens, son bonheur ne dépend en rien de nous, pas plus de notre réponse à l’Évangile que de notre fidélité dans notre marche chrétienne.

Conséquences

La première est l’adoration. Un Dieu si glorieux suscite immédiatement la louange de la part de ceux auxquels il a daigné se révéler. Paul l’a bien compris et ne peut faire autrement que d’exulter en doxologie. Même si notre expression est souvent bien plus pauvre que la sienne, chantons, louons, magnifions les gloires de la personne de Dieu.

La seconde est l’évangélisation. Ce Dieu bienheureux souhaite se faire connaître et c’est pourquoi il est important de proclamer, de « confesser » (6.12,13) la grandeur de son Être éternel. Paul était heureux qu’un tel message lui ait été confié (1.11) ; c’est à nous aujourd’hui de prendre sa relève.

2. DIEU DANS SA CRÉATION

Le grand Dieu que Paul loue s’est également révélé dans sa création. Il est « celui qui donne la vie à toutes choses » (6.13). Non seulement, il a agi par un acte initial, mais c’est lui aussi qui soutient cette vie qu’il a créée par ses soins au quotidien. C’est sans doute ainsi qu’il convient de comprendre l’expression du ch. 4 : « le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (4.10). Loin de prôner un universalisme qui serait en contradiction directe avec tant de textes du même apôtre, le sens premier de ce verset concerne le « salut » quotidien apporté par Dieu dans ses soins providentiels pour tous les hommes. C’est lui qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Matt 5.45), qui n’a « cessé de rendre témoignage de ce qu’il est, par ses bienfaits, en vous dispensant du ciel les pluies et les saisons fertiles, en vous donnant la nourriture avec abondance et en remplissant vos cœurs de joie. » (Act 14.17)

Ces soins divins s’étendent ainsi à tous les hommes, qu’ils le reconnaissent ou non. Mais le privilège des croyants est de recevoir ces bienfaits comme venant d’un Dieu dont ils connaissent l’amour. Dans ce sens, ces dons sont reçus comme des réponses spéciales venant d’un Père qui prodigue généreusement le « pain quotidien » à ses enfants. Et ces derniers peuvent remercier pour la nourriture reçue : « Dieu a créé [les aliments] pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière. » (4.3-5)2

Le Dieu créateur est aussi celui qui dirige l’histoire humaine. Il est le maître du temps :
– en son temps (il y a 2000 ans), Jésus est venu pour se donner en rançon (1.15 ; 2.6),
– en son temps (c’est le nôtre !), l’Évangile de la grâce est prêché (2.6),
– en son temps (bientôt, demain ?), Jésus-Christ va apparaître pour régner (6.15).

C’est aussi parce que Dieu a la haute main sur les autorités (Dan 4.32 ; Prov 21.1) que le chrétien est invité à prier pour elles (2.1-2).

Conséquences

La première est de ne pas nous mettre en souci pour notre quotidien. À nous qui sommes riches, le Dieu « qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions » (6.17) confie le privilège de l’imiter en faisant part généreusement de nos biens terrestres temporaires. À ceux qui ont moins, ce « fidèle Créateur » (1 Pi 4.19) rappelle qu’avoir le vêtement et la nourriture suffit, pourvu qu’il y ait le contentement (6.8).

La seconde conséquence, valable pour tous, est de donner la priorité à la « piété », terme typique des Épîtres pastorales. La piété, c’est cet élan du cœur vers Dieu, marqué par la confiance en lui et le respect qui lui est dû, entretenu par la méditation de la Bible, la prière et la communion chrétienne. Puisque Dieu prend soin de nos besoins matériels, nous donnerons à Dieu la première place dans nos vies et nos pensées, car la piété est « utile à tout » (4.8). Ainsi nous saisirons « la vie véritable » (6.19).

3. DIEU COMME SAUVEUR

Le salut de Dieu est un des thèmes majeurs de cette Épître : dès le premier verset, Paul parle de « Dieu notre Sauveur » (1.1). Plus loin, il précise : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (2.3-4) Dieu offre librement ce salut à tous les hommes — non plus à un peuple spécifique, pas davantage à une classe particulière d’élus ni à une certaine caste d’initiés. Son dessein de miséricorde n’exclut personne a priori. Pour autant, cette volonté divine3ne s’impose pas de force : chaque homme reste libre d’accepter ou de refuser ce salut librement offert. La souveraineté de Dieu dans l’élection et le salut n’est en rien atteinte, même si la magnifique affirmation de ce verset contient un paradoxe. Ainsi Dieu ne prend pas plaisir à la mort du pécheur (voir Éz 18.23), mais à son salut pour la vie éternelle. Quelle belle vision d’un Dieu qui appelle, d’un Père (1.2) qui attend le retour des fils égarés, dont le désir d’amour s’émeut du sort du pécheur !

Ce salut ne s’acquiert toutefois que par un seul moyen : la foi en un seul Dieu et en son unique Médiateur. Jésus-Christ est parfaitement Dieu et parfaitement homme ; c’est pourquoi il est le seul à pouvoir être une rançon acceptable à Dieu. Pour ainsi dire, c’est la version paulinienne de l’affirmation de Jésus : « Je suis le chemin, la vérité, la vie ; nul ne vient au Père que par moi. » (cf. 1 Tim 2.5,6)

Parmi tous ceux qui ont répondu à la volonté salvatrice de Dieu, Paul se propose comme exemple : il se qualifie de « premier des pécheurs » (1.15). Son opposition initiale à l’Évangile fait de lui un spécimen signalé de la miséricorde divine. Et nombreux sont ceux qui ont cru à partir du récit de la conversion de Saul de Tarse !

Conséquences

La prière : Paul incite à prier pour les autorités afin que la propagation de l’Évangile ne soit pas contrariée (et non pas pour que nous puissions mener une « petite vie pépère » !) (2.1-2). À titre personnel ou en église, prions sans relâche pour le salut des âmes et pour la liberté d’évangéliser.

L’évangélisation : À l’intercession doit se joindre le « témoignage » (2.6). La prédication du salut, que Paul portait avec puissance, passe désormais par nous. L’unicité du moyen de salut (2.5), dans un monde empreint de relativisme et qui érige la tolérance religieuse en vertu suprême, risque fort de ne pas être populaire, pas plus que l’affirmation que l’homme est pécheur (1.15)… Mais le message reste immuable et sa puissance agit encore aujourd’hui !

4. DIEU EN CHRIST

Au cœur de cette Épître, Paul indique le secret de la vie chrétienne, le « mystère de la piété » : « Dieu 4a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit, vu des anges, prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire. » (3.16) En Christ seul, Dieu s’est montré dans la plénitude de son être moral. C’est lui qui est « venu dans le monde » (1.15) pour s’approcher de nous. Nous ne pouvons pas connaître le Dieu infini, éternel, invisible sans passer par celui qui « révèle le Père », notre Seigneur incarné, mort, ressuscité et glorifié. C’est cette vérité, la plus fondamentale de toutes, que l’Église du Dieu vivant est appelée à porter haut, dans un monde qui en a tant besoin mais qui méconnaît tant la gloire de Jésus de Nazareth.

Conséquence

Quel Dieu magnifique cette Épitre nous présente-t-elle ! Le Dieu vivant qui se révèle dans l’infini de son être, le Dieu bienfaiteur qui prend soin de sa créature, le Dieu miséricordieux qui veut le salut des hommes pécheurs, le Dieu proche qui s’est incarné en Christ. Qu’il grandisse à nos yeux au fur et à mesure que nous le connaîtrons mieux, pour l’aimer davantage et mieux le servir ! Et nous deviendrons à notre tour des « hommes de Dieu » (6.11).

 

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
  1. Une doxologie est littéralement un « discours de gloire ». Il s’agit d’une expression de louange à Dieu ou à Jésus-Christ, en général terminée par « Amen ! » Les apôtres sont parfois amenés à interrompre ou conclure leur développement pas un chant de louange, spontanément jailli de leur cœur,saisis par la grandeur de Dieu. Leur dénombrement et leur définition peuvent varier ; nous avons retenu sous cette définition les textes suivants (hors Apocalypse) : Rom 1.25 ; 11.36 ; 16.27 ; Gal 1.5 ; Éph 3.21 ; Phil 4.20 ; 1 Tim 1.17 ; 6.16 ; 2 Tim 4.18 ; Héb 13.21 ; 1 Pi 4.11 ; 5.10 ; 2 Pi 3.18 ; Jude 25. On peut noter que les Épîtres importantes et longues, comme 1 ou 2 Corinthiens n’en comportent pas une seule, alors que 1 Timothée en a 2 pour 113 versets.
  2. Ces versets mettent de côtés les interdits alimentaires qui prévalaient sous l’ancienne alliance. Le chrétien est invité tranquillement à « manger tout ce qui se vend au marché » (1 Cor 10.25)
  3. « Vouloir » traduit le verbe grec « thelô », qui a plutôt le sens de « souhaiter », en contraste avec un autre verbe, « boulomai », lui aussi souvent traduit par « vouloir » (par ex. en 2.8), qui a plutôt le sens d’ordonner, de commander. Toutefois, l’utilisation de « boulomai » en 2 Pi 3.9 conduit à ne pas forcer la distinction entre ces deux termes outre mesure.
  4. Les meilleurs manuscrits ont « os » (« celui qui ») au lieu de « theos » (« Dieu ». Le sens n’étant pas vraiment changé pour autant, car seul Dieu peut se : « manifester » en chair : tout homme qui n’est pas d’origine divine est en chair dès sa conception !
Dossier : La souveraineté de Dieu
Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.