Dossier: L'Église néo-testamentaire
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Une évaluation de l’église émergente

Ce que j’apprends de positif de l’église émergente

– Ils ont probablement raison de penser que le monde évangélique traditionnel est devenu plus théorique et théologique que pratique.

– Il n’y a rien de mal à s’exprimer dans la langue de sa culture.

– Ils veulent un culte qui s’appuie sur davantage de concret. J’avoue le désirer aussi, parfois. Ce que je crois comprendre, c’est qu’ils voudraient une adoration de type charismatique sans en adopter toutefois la théologie. Leur position de base est une sorte de flou, à mi-chemin entre l’univers charismatique très émotionnel et le froid des évangéliques conservateurs à la théologie rigide.

– Il y a du vrai dans le fait que des instituts bibliques traditionnels n’ont pas enseigné aux pasteurs à être pasteurs mais plutôt à prêcher. Cela a pu favoriser l’apparition de certains pasteurs émergents. Nous devons être plus impliqués dans la vie des gens.

– Ils prennent le temps de lire ce qui concerne leur culture, activité qu’ils définissent comme étant « missiologique ». Les traditionalistes ne font que lire la Bible, activité qu’ils définissent comme étant « théologique ». Il serait probablement plus sain de pratiquer un certain équilibre : étudier de manière rigoureuse la Parole tout en nous intéressant à notre culture. Évitons les extrêmes. Soyons « biblico-culturologique » (terme que j’invente).

– Ils ont soif d’adoration et de spiritualité : voilà un désir qui, dans nos milieux, manque de vie et d’expression et peut même paraître mort à certains moments. Nous craignons d’exprimer nos émotions comme si c’était un péché.

– Notre évangélisme traditionnel : une théologie surtout, mais faible au moment de l’appliquer dans le ministère. Leur évangélisme pragmatique : une pratique surtout, mais faible au moment de la fonder théologiquement. Le danger serait de retomber dans une de leurs expressions incomplètes de la foi. Encore une fois, cela devrait nous pousser à harmoniser la théologie et la pratique.

Ce que je perçois comme négatif dans l’église émergente

– Définir ce qu’est l’Église émergente est très difficile, et c’est précisément le problème de tout mouvement postmoderne : leur apparition est précisément liée au désir de se démarquer des concepts traditionnels. La vérité scripturaire énoncée en est affaiblie. Je crois même pouvoir dire que la vérité biblique devient très relative et sujette à être redéfinie. Leurs pensées sur des questions théologiques semblent fuyantes et difficiles à cerner.

– J’ai souvent l’impression qu’il ne s’agit que d’un reconditionnement de christianisme dans un emballage plus « cool ». Le vocabulaire est nouveau, il fait plus jeune et dans le vent, tout comme le fait de remplacer les chaises de l’église par des canapés rend la chose avant-gardiste. Ces pratiques affaiblissent le christianisme. Ceci dit, utiliser des canapés plutôt que des chaises, est-ce fondamentalement mauvais ? Non. Mais il se pourrait qu’ils aient tort de vouloir reconditionner la vérité au point de la modifier.

– Ils fuient toute confrontation. Tout le monde est accueilli, et il semble qu’il y ait un refus d’affronter le péché, alors que les prophètes de l’A.T. l’affrontaient courageusement avec aplomb. Mark Driscoll fait exception à cette règle. Il ose clamer la vérité en termes de « tout noir ou tout blanc ».

– Est-ce tout simplement une théologie emballée pour la rendre agréable et acceptable par le monde et ceux qui n’ont pas la foi ?

– Ils ont tendance à critiquer l’enseignement traditionnel des instituts bibliques.

– Leurs pasteurs se posent des questions théologiques à partir de la pratique et non de manière abstraite. Le problème, c’est qu’ils semblent induire leurs réponses théologiques en se fondant plus sur leurs opinions pratiques que sur la Parole de Dieu, ce qui est dangereux.

– Ils peuvent pousser leur désir de « mystère » un peu trop loin. Ils veulent une « vue plus dégagée de la part de la théologie », ce que l’on peut interpréter pour un « changement de théologie », c’est-à-dire un éloignement de la position du christianisme historique.

– Le mouvement semble dériver vers une théologie abstraite, où ce qui fait autorité ne vient pas de la Parole de Dieu mais de l’argumentation rationnelle et d’une apologétique faisant appel aux preuves externes (archéologie, réalisations de prophéties messianiques, etc).

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Dossier : L'Église néo-testamentaire
 

Glass John
John Glass est enseignant dans l’Église Évangélique Internationale de Genève, fondateur de Calvin Tours (calvintours.com), et titulaire d’un doctorat en théologie du Master’s Seminary à Los Angeles.