Dossier: Dieu le Saint Esprit
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Les dons et les ministères de l’Esprit

1. Définition d’un don

Un don de grâce, ou « charisme », est une capacité spirituelle donnée d’en haut. C’est plus qu’une aptitude naturelle, bien que le Saint-Esprit remette des talents à chacun selon sa propre capacité (Mat 25.15), de sorte que le Seigneur tient compte des aptitudes naturelles quand il distribue souverainement des dons et des talents pour le service (Éph 4.8) ; mais l’aptitude naturelle seule ne fait pas le don. Il faut absolument qu’il soit conféré par le Saint-Esprit.

En 1 Corinthiens 12, les divers dons sont décrits comme manifestations de l’Esprit. Ils sont vus comme s’exerçant par le Saint-Esprit : « Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. » (1 Cor 12.11) Le Seigneur est le donateur ; mais ici, l’Esprit de Dieu est celui par qui le don est transmis, et celui qui le rend efficace — la puissance par laquelle le Seigneur agit.

Un ministère est l’exercice d’un don spirituel, un service accompli avec une responsabilité envers Christ.

Les fonctions d’anciens et de diacres sont des charges qui sont généralement distinctes des dons, avec un aspect local plus marqué. Toutefois, il faut se garder de trop distinguer les dons des charges : dans la liste des dons en Romains 12, le mot « service » désigne ailleurs la charge du diacre (1 Tim 3.8) ; le mot « présider », « gouverner » en Romains 12.8 est le devoir du surveillant, de « l’évêque » (1 Tim 3.4-5 ; 5.17) ; enfin, être pasteur est un don spirituel (Éph 4.11), mais paître le troupeau est la fonction des anciens (Act 20.27 ; 1 Pi 5.1).

L’important est de ne pas négliger le don que Dieu a donné à « chacun » :

– « Ne néglige pas le don qui est en toi. » (1 Tim 4.14) ;

– « Je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu. » (2 Tim 1.6)

2. Les différents dons

2.1. Les dons fondamentaux

Le N.T. fournit au moins quatre listes de dons. Celle d’Éphésiens 4 est particulièrement importante, car elle mentionne les dons principaux qui édifient l’assemblée : « Il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs. » (Éph 4.11)

Les apôtres

Les douze apôtres ont eu, dans l’établissement de l’Église, une place unique qui ne pouvait être transmise à d’autres. Ils étaient des témoins particuliers de la résurrection du Seigneur (Act 1.22 ; 1 Cor 9.1 ; 15.5-8). Dans ce sens, il ne peut donc y avoir de « succession apostolique » après le fondement qu’ils ont établi (Éph 2.20).

En dehors des Douze, la Bible mentionne d’autres apôtres (1 Cor 9.5-6) : Paul (Rom 1.1), Barnabas (Act 14.14), Andronique et Junias (Rom 16.7), Jacques, le frère du Seigneur (Gal 1.19), Silas et Timothée (1 Thes 2.6).

Aujourd’hui, certains missionnaires partis pour implanter de nouvelles églises font un travail qui s’apparente à celui des apôtres.

Les prophètes

Les prophètes du N.T. étaient des messagers directs de la révélation divine (ex : Act 21.10). Maintenant que le canon des Écritures est complet, le prophète remet en lumière la vérité et, par l’action puissante de l’Esprit sur les âmes, applique cette vérité aux circonstances actuelles. Ce don est très utile et Paul encourage vivement son exercice (1 Cor 14.1,3,31-32).

Les évangélistes

L’évangéliste est l’instrument que Dieu emploie habituellement pour amener des âmes à Christ. Tous les croyants ne sont pas évangélistes ; tous pourtant devraient avoir l’amour des âmes et être prêts à diriger un pécheur vers Christ (2 Tim 4.5). Mais ceux qui ont reçu le don d’évangéliste ont une vraie passion pour les âmes ; ils ont appris à présenter l’Évangile, à amener les âmes à la conversion, à distinguer entre détresse vraie et sentiments superficiels, entre réalité et simple profession (voir Act 8 et 21.8).

Les pasteurs

Le mot grec désigne un berger, c’est-à-dire quelqu’un qui procure nourriture et soins aux brebis du troupeau. Le pasteur prend soin du peuple de Dieu ; il veille à ce que les brebis ne s’égarent pas, et il s’emploie à les ramener si elles s’écartent dans l’indifférence ou la mondanité. Il a un cœur compatissant, il apporte la consolation à ceux qui sont dans l’affliction. Il entre dans leurs épreuves et dans leurs problèmes ; il cherche à les ranimer et à les fortifier, donnant conseils, encouragements, répréhensions, en appliquant la Parole selon les besoins de chaque cas1.

Les docteurs

Le docteur a reçu le don de comprendre et de saisir les vérités de la Parole de Dieu et de discerner les divers aspects de la vérité et les nuances de sens. Par la puissance du Saint-Esprit, il est capable d’exposer la vérité et de la communiquer à d’autres de façon claire et convaincante, si bien que l’intelligence et les affections des croyants en sont touchées, et qu’elle opère avec puissance dans leur âme (2 Tim 2.15).

C’est le docteur qui fait face aux enseignements erronés, qui démasque les doctrines fausses et perverses, et qui sauvegarde et délivre ainsi les âmes.

Dans Éphésiens 4, les dons de pasteurs et de docteurs sont liés : tous deux contribuent aux soins du peuple de Dieu.

2.2. Les autres dons

Tous les membres du corps ont reçu par l’Esprit un don pour l’édification du corps de Christ. Chacun a sa place et son service : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. » (1 Pi 4.10)

Voici une liste des dons énumérés dans l’ordre dans lequel ils apparaissent dans le texte :

– Rom 12.6-8 : la prophétie, le service, l’enseignement, l’exhortation, la libéralité, la présidence, la miséricorde ;

– 1 Cor 12.8-10 : une parole de sagesse, une parole de connaissance, la foi, les guérisons, les miracles, la prophétie, le discernement des esprits, les langues, l’interprétation des langues ;

– 1 Cor 12.28-30 : les apôtres, les prophètes, les docteurs, les miracles, les guérisons, les secours, le gouvernement, les langues ;

– Éph 4.11 : les apôtres, les prophètes, les évangélistes, les pasteurs, les docteurs.

– 1 Pi 4.11 : parler, servir ;

Il existe des recoupements entre ces listes : les dons de prophétie, d’enseignement, d’exhortation, de direction (Rom 12), la parole de sagesse et la parole de la connaissance (1 Cor 12), pourraient sans aucun doute être compris dans les dons de prophète, de docteur et de pasteur d’Éphésiens 4.

Les « dons les meilleurs » sont ceux par lesquels nous pouvons démontrer le mieux notre amour pour les autres et ceux qui édifient tout le corps de Christ. Désirons-les ardemment (1 Cor 12.31 ; 14.12).

2.3 Les dons miraculeux

Plusieurs dons mentionnés en 1 Corinthiens 12, tels que les dons de guérison, l’opération des miracles, et diverses sortes de langues et interprétations des langues, ont accompagné la venue du Saint-Esprit sur la terre, le commencement de la prédication de l’évangile et la naissance de l’Église. Ils ne figurent pas dans la liste des dons d’Éphésiens 4 qui seront donnés jusqu’à ce que l’Église parvienne à «  la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éph 4.11-13).

On pourrait penser, d’après l’utilisation de verbes différents en 1 Corinthiens 13.8 pour les prophéties et la connaissance, d’une part, et pour les langues, d’autre part, que ces dernières « cesseront ». Dans la seconde partie du N.T., il est de moins en moins parlé de miracles2. Ainsi, ces opérations de miracles étaient surtout des dons temporaires faits à l’Église à son début pour confirmer la Parole annoncée : « Le salut annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté. » (Héb 2.3-4)

Diverses personnes prétendent posséder aujourd’hui de tels dons, mais s’il y manque les vraies caractéristiques de l’œuvre de l’Esprit, nous ne pouvons les accepter comme authentiques3. Plus encore, Jésus et les apôtres ont averti que les derniers temps seront caractérisés par une recrudescence de signes et de miracles. Les croyants sont appelés à veiller afin de ne pas être séduits (Mat 24.24 ; 2 Thes 2.9-10 ; Apoc 13.13-14 ; 16.14 ; 19.20). Sans être trop catégorique, nous concluons que les miracles opérés par l’homme n’arrivent plus avec la même intensité qu’aux jours de l’Église primitive.

S’attendre aux miracles afin que Dieu confirme l’authenticité de sa Parole, pour aider ceux qui sont dans les détresses, pour enlever les obstacles à l’Évangile et pour glorifier Dieu est toujours légitime. Dieu est souverain, et s’il lui plaît d’accorder aujourd’hui les mêmes signes ou les mêmes dons que précédemment, il en est le seul juge. Mais c’est une chose de s’attendre aujourd’hui aux miracles, c’en est une autre chose de les chercher sans cesse.

Des signes peuvent se reproduire sur le champ missionnaire où le témoignage chrétien n’est pas encore établi. Mais là où le témoignage est établi, la nécessité de confirmer la Parole n’a plus la même urgence. De toute façon, les signes et les miracles ne produisent pas la foi (cf. Luc 16.29-31) ; seule la Parole le fait (Rom 10.17).

2.4 Remarques générales

Pour terminer, remarquons que :

– tous les dons ne se manifestent pas à chaque endroit ;

– Dieu se sert aussi de nos dons naturels et de nos désirs et nos aspirations (1 Cor 14.1) ;

– le mot charisma (don de grâce) est lié au mot chara (joie) : l’exercice de nos dons spirituels nous donne généralement une grande satisfaction ;

– la valeur d’un don se mesure à son utilité dans le corps ;

– recevoir un don implique une responsabilité et une disponibilité pour l’exercer, qui ne va pas sans sacrifices.

3. Les ministères

Un don de grâce (charisma) est une aptitude reçue par l’Esprit de Dieu qui doit être reconnue et développée. Le « ministère » est sa mise en œuvre au service du Seigneur et des autres (1 Cor 12.5). Nous pouvons posséder un don sans en exercer le ministère correspondant ou, au contraire, mal assumer un service par méconnaissance des exigences de la Parole.

3.1. Le but des ministères

Les ministères principaux d’Éphésiens 4.11 sont « pour le perfectionnement des saints, en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Éph 4.12). Ils équipent, préparent, rendent aptes au service (katartismos) les autres chrétiens afin qu’ils soient capables d’accomplir leur ministère dans le corps. Ils sont donc essentiellement des formateurs. Ainsi tout le corps croîtra « par l’activité qui convient à chaque partie » (Éph 4.16). La condition est que chaque organe remplisse son office suivant la fonction qui lui a été assignée et selon les forces et capacités qui lui ont été données.

Le corps est vivant au moment où les dons sont mis en action et au moment où les croyants sont mis en relation. La Bible insiste beaucoup plus sur l’importance pour les chrétiens d’acquérir de la maturité en Christ, aussi bien individuellement que collectivement, que sur la recherche des dons. Si quelqu’un accomplit fidèlement les tâches qui se présentent, Dieu peut lui révéler le don qu’il lui a accordé. Le Seigneur rendra son ministère efficace par son Saint-Esprit qui le remplira d’une puissance divine (1 Pi 4.10-11 ; 1 Cor 2.4-5).

3.2. Chaque croyant est appelé à un ministère

En principe, un croyant ne peut pas entrer dans un ministère sans avoir reçu un don, parce que le ministère est un don en exercice. Mais, dans la pratique, nous découvrons souvent notre don au travers d’un service pour le Seigneur. Pour qu’un don devienne un ministère, il faut une volonté de service, c’est-à-dire, une disponibilité.

– Chaque croyant est créé pour un ministère : « Nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (Éph 2.10)

– Chaque croyant a reçu au moins un don pour un ministère : « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu. » (1 Pi 4.10)

– Chaque ministre est dépendant de l’autre : « L’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni la tête dire aux pieds: Je n’ai pas besoin de vous. Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires. » (1 Cor 12.21-22)

– Chaque ministère est nécessaire pour l’édification du corps : « C’est de lui, et grâce à tous les liens de son assistance, que tout le corps, bien coordonné et formant un solide assemblage, tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans l’amour. » (Éph 4.16)

– Chaque croyant doit rendre compte de son ministère et sera récompensé : « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. » (Col 3.23)

1Signalons que tout pasteur n’est pas nécessairement ancien et que tout ancien n’a pas nécessaire-ment le don de pasteur. L’ancien peut avoir le don de pasteur (1 Pi 5.1-2), d’enseignant (1 Tim 5.17) ou le don de gouvernement (Rom 12.8). Cependant « pasteur » et « ancien » sont souvent rapprochés (Act 20.17,28).
2Dans l’A.T., les miracles n’ont jamais été permanents ; c’étaient des événements exceptionnels ayant lieu au début d’une nouvelle œuvre de Dieu : essentiellement lors de la sortie d’Égypte et de la traversée du désert ; ensuite du temps d’Élie et d’Élisée.<br>
3 Par exemple, les miracles opérés par les apôtres dans le N.T. étaient instantanés, complets, irréfu-tables : le boiteux de naissance marchait (Act 3.7-8 ; 4.16,22) ; le paralytique depuis 8 ans se levait aussitôt (Act 9.33-34) ; la morte ressuscitait (Act 9.41) ; il suffisait de l’ombre d’un apôtre passant sur le lit d’un malade pour que ce dernier soit guéri (Act 5.15), etc. C’est cela, le vrai don de guérison néotestamentaire.

 

 

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Walraven Frederic
Frederic Walraven a été missionnaire au Cameroun pendant de nombreuses années. Il vit maintenant aux Pays-Bas, son pays d’origine, où il continue à servir le Seigneur comme ancien dans son église et dans un ministère d’enseignement en Europe. Il est marié et père de trois enfants.