Dossier: L'occultisme démasqué - Etude biblique
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Le bonheur à travers les livres poétiques

La poursuite du bonheur est une aspiration fondamentale de l’être humain. Au fond, chacun cherche le bonheur, un état objectif et surtout subjectif de bien-être, de besoins satisfaits, de tranquillité, de joie, d’harmonie…

Les fondateurs des États-Unis d’Amérique avaient bien compris cet élan général vers le bonheur. La Déclaration d’indépendance de 1776 stipule que les trois droits inaliénables de tout homme sont « la vie, la liberté et la poursuite du bonheur ».

Si l’homme a cette aspiration innée vers le bonheur, il la puise dans l’image de Dieu qu’il possède — de ce « Dieu bienheureux » (1 Tim 1.11). Dans la perfection de son être trinitaire, « le Bienheureux » (1 Tim 6.15) n’a besoin de rien ni de personne pour être « heureux » ; dans un sens, son bonheur, préexistant à la création, ne dépend en rien de l’homme.

La poursuite du bonheur doit-elle être le but suprême du chrétien ? Dans un sens, le rechercher n’est pas illégitime : les premières paroles de Jésus lors du sermon sur la montagne ne sont-elles pas : « Bienheureux… » ? Le Dieu bienheureux veut fondamentalement le bien de sa créature : la perfection du cadre dans lequel il avait placé Adam et Ève en Éden le montre assez. Mais ce bonheur transcendait ce cadre idyllique et se puisait avant tout dans l’harmonie du dialogue entre Dieu et le premier couple et à l’intérieur du couple. La rupture des relations avec le Créateur induite par le péché originel introduisit un « malheur » que la beauté du jardin ne pouvait en rien compenser. Désormais le bonheur humain ne sera plus jamais complet tant qu’il ne passera pas par le rétablissement de ce lien entre Dieu et l’homme. Aussi, le chrétien, pour qui ce lien a été renoué par le pardon fondamental de ses péchés, dispose-t-il d’une « capacité de bonheur » unique parmi les hommes. Pour autant, c’est en renonçant à vivre de façon égoïste et autonome qu’il progressera sur la voie du vrai bonheur. Chercher la gloire de Dieu et le bien des autres (ce qui revient, dans une autre formulation, aux deux premiers commandements de la loi, aimer Dieu et son prochain) sont la voie directe vers le vrai bonheur et doivent constituer le but n° 1 de la vie chrétienne.

Bien qu’antérieurs à la plénitude de la révélation du N.T., les livres poétiques, dans la sensibilité que leur forme permet d’exprimer, parlent fréquemment du bonheur et peuvent nous aider à saisir concrètement ce qu’est vraiment le bonheur et comment le vivre.

L’Ecclésiaste ou les fausses sources du bonheur

Le début de l’Ecclésiaste dresse une liste de sources du bonheur que Salomon, le riche roi a explorées :

– la connaissance (1.13,16-18) : tout le savoir humain, à travers les sciences, la culture, la littérature, les arts, etc. ;

– les plaisirs (2.1-3) : les fêtes, la bonne chère, la boisson, etc. ;

– les possessions matérielles (2.4-8a) : qu’elles soient immobilières (maisons, jardins), liées à l’outil de travail (troupeaux, serviteurs) ou financières (or, trésors), etc. ;

– le sexe (2.8b) : « des femmes en grand nombre » ;

– le travail (2.10-11,17-19), en cherchant à se réaliser au travers des réussites de son activité ;

– la folie (2.12-16), en désespoir de cause, en explorant toute source irrationnelle possible de bonheur.

La conclusion fait écho au désespoir de notre génération : « vanité, poursuite du vent, grand mal » (2.20-26) ! Ce constat biblique est là pour nous éviter de faire par nous-mêmes les mêmes expériences ; celui qui les a explorées beaucoup plus loin que nous ne pourrons jamais le faire, et avec les immenses moyens qu’il avait à sa disposition, n’y a pas trouvé le bonheur. Ces pistes, dont beaucoup sont bonnes par elles-mêmes, ne sauraient jamais être la source de notre bonheur. Aussi ne nous laissons pas avoir et n’essayons pas à notre tour d’y chercher la satisfaction suprême : la conclusion serait la même…

L’Ecclésiaste ouvre cependant à la fin une première piste vers le bonheur : craindre Dieu et observer ses commandements, dans la perspective d’un jugement divin inévitable sur la vie de tout homme (12.13-14).

Les Proverbes ou le bonheur en écoutant la sagesse

Les Proverbes, quant à eux, ouvrent un chemin vers le bonheur par la pratique de la sagesse. Ils encouragent à une vie concrète de mesure, d’équilibre, de réflexion. Le bonheur trouvé dans l’expérimentation de la sagesse au quotidien est bien résumé au ch. 3, v. 13 à 18 : « Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, et l’homme qui possède l’intelligence ! […] Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, et ceux qui la possèdent sont heureux. » La sagesse n’est pas un ascétisme, mais une vie de plénitude marquée avant tout par la « crainte de l’Éternel », qui en est le commencement.

Les Proverbes nous permettent d’aller un cran plus loin. Au ch. 8, la sagesse devient personnifiée. Elle interpelle directement : « Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, et heureux ceux qui observent mes voies ! Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille chaque jour à mes portes, et qui en garde les poteaux ! » (8.32-34) La vraie sagesse se vit dans une relation avec une personne, à peine esquissée ici, mais que le N.T. présentera comme Jésus-Christ, notre sagesse (1 Cor 1.30). Le bonheur se trouvera dans la mesure où nous « l’écouterons ».

Les Psaumes ou les fondements du bonheur

À de nombreuses reprises, les psalmistes louent Dieu pour le bonheur qu’il donne aux fidèles. Comme presque toujours dans les Psaumes, cette louange est motivée. Parmi les 25 exclamations : « Heureux celui (ou ceux)… » qui parsèment les 150 Psaumes, retenons les 6 qui se trouvent au début d’un Psaume. Sous une forme concise, elles décrivent les fondements du bonheur :

• 1er fondement : se savoir sauvé. « Heureux celui à qui la transgression est remise, à qui le péché est pardonné ! Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas d’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ! » (32.1-2) David — et nous à sa suite (cf. Rom 4) — se réjouit de ce que la question fondamentale de son péché a été réglée par son Dieu. Quelles que soient nos circonstances, nous pourrons toujours, chaque jour, trouver notre joie en nous souvenant que Dieu n’est plus en colère contre nous et que son pardon nous est définitivement acquis ! Quel bonheur !

• 2e fondement : marcher selon Dieu. « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. » (1.1-3). Se savoir sauvé sans le vivre dans une vie quotidienne qui plaît à Dieu est une incohérence qui rend forcément malheureux, au fond. En contraste, le premier Psaume présente le bonheur de celui qui choisit délibérément d’éviter le mauvais chemin et de prendre le bon.

• 3e fondement : écouter la Parole de Dieu. « Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent selon la loi de l’Éternel ! Heureux ceux qui gardent ses préceptes, qui le cherchent de tout leur cœur (119.1-2) : le psalmiste trouvait son plaisir dans la méditation de la loi de l’Éternel (1.2). Comment marcher de façon à plaire à Dieu, sinon en connaissant sa pensée à travers l’Écriture ? Quel bonheur d’ouvrir quotidiennement la Bible pour y trouver toutes les instructions dont nous avons besoin — plus encore, pour y trouver une relation personnelle, de cœur à cœur, avec notre Dieu !

• 4e fondement : imiter Dieu. « Heureux l’homme qui craint l’Éternel, qui trouve un grand plaisir à ses commandements. […] Heureux l’homme qui exerce la miséricorde et qui prête. » (112.1,5) Connaître la pensée de Dieu par sa Parole va modeler notre action. Nous allons ainsi progressivement imiter notre Père, en montrant un peu de sa miséricorde et de sa générosité. Quel bonheur de pouvoir donner aux autres (112.9 ; cf. Act 20.35) !

• 5e fondement : savourer le bonheur dans la famille, le travail, l’église : « Heureux tout homme qui craint l’Éternel, qui marche dans ses voies ! » (128.1) Bâtir sur les quatre fondements précédents induit des conséquences positives dans divers domaines de la vie. Comme souvent dans les Proverbes, ce Psaume 128 énonce des vérités générales, et non absolues, qui souffrent de nombreuses exceptions en raison des conséquences du péché dans le monde et dans les êtres humains. Toutefois il reste vrai qu’un homme qui craint Dieu a plus de probabilités d’être béni dans son travail (v. 2), dans son couple (v. 3a), dans sa famille (v. 3b,6a) et dans son église (v. 5, pris métaphoriquement). Apprécions à leur juste valeur tous ces bonheurs, quand Dieu juge bon de nous les donner. Ils ne sont pas réservés aux chrétiens, mais notre privilège est de les recevoir avec reconnaissance de la main d’un Dieu généreux.

• 6e fondement : avoir le souci des autres. « Heureux celui qui s’intéresse au pauvre ! » (41.1) Le bonheur se trouve dans une juste relation avec Dieu, entretenue au quotidien, mais aussi dans l’attention portée à son prochain, en premier lieu le « pauvre » (au sens large de celui qui est abaissé, faible, nécessiteux — et pas seulement financièrement). Se centrer sur soi, sur ses propres besoins, sur son épanouissement personnel est un sûr moyen de ne pas être heureux. Par contre : « Heureux celui qui tourne ses regards / Vers son prochain, en s’oubliant soi-même ! / Il trouvera sa pleine part / Dans le bonheur de ce frère qu’il aime. »1

Job ou le bonheur au travers de la souffrance

Nous ne pensons pas à Job comme à un bienheureux, mais plutôt au malheureux par excellence… Pourtant son ami Éliphaz n’hésite pas à lui dire : « Heureux l’homme que Dieu châtie ! Ne méprise pas la correction du Tout-Puissant. » (5.17) Éliphaz a des paroles justes : d’ailleurs, le seul verset du livre cité explicitement dans le N.T. est de sa bouche, tiré du même chapitre (5.13 ; voir 1 Cor 3.19). Mais on peut bien penser que cette parole-là n’était vraiment pas à propos à ce moment (cf. la réaction de Job en 6.14).

Seuls ceux qui ont traversé la souffrance ont le droit de dire pour eux-mêmes : « Il est bon pour moi que j’aie été affligé, afin que j’apprenne tes statuts. » (Ps 119.71, Darby) L’épreuve est rarement un « sujet de joie complète » sur le moment (Jac 1.2) ; mais « plus tard », quand elle a produit son fruit (Héb 12.11), le malheureux peut constater que c’était pour son bonheur à « la fin » (Jac 5.11). Il peut connaître ainsi de façon spéciale la miséricorde et la compassion du Seigneur et il sait expérimentalement, comme l’ajoute heureusement Éliphaz, que Dieu « fait la plaie, et il la bande ; il blesse, et sa main guérit. » (5.18)

Le Cantique ou le bonheur de la communion

Le Cantique des cantiques peut être lu comme une hymne au bonheur. Bonheur du couple amoureux, en premier lieu, dans la joie du partage des sentiments et des corps que Dieu a prévue pour l’homme et la femme sur la terre. Bonheur aussi de la relation entre l’âme du fidèle (la bien-aimée) et celle de son Seigneur (le « Bien-aimé »), selon une lecture symbolique riche d’une longue tradition.

Ce bonheur n’a pas besoin d’être déclamé et le mot « bienheureux » ne s’y trouve pas. Pour autant, combien d’expressions imagées de ce livre le traduisent !

« Les jeunes filles la voient et la disent heureuse.2 » (6.9) Le bonheur de la bien-aimée est observé par les « jeunes filles » qui en parlent. De même, si nous entretenons vraiment une communion vivante avec notre Seigneur et Roi, si cette relation constitue le fondement inébranlable et objectif de notre bonheur présent, au-delà des circonstances plus ou moins favorables que nous pouvons connaître, si ce bonheur se traduit par une reconnaissance envers le riche Donateur de tout vrai bien, ceux qui nous entourent le verront et cela sera un témoignage puissant.

Quelque réelle que soit notre communion actuelle avec le Seigneur, elle n’en demeure pas moins partielle, intermittente, imparfaite ; notre bonheur est forcément assombri par les circonstances pénibles que nous pouvons traverser, par le comportement des autres, par le péché qui nous entoure et que nous déplorons encore en nous. Mais notre espérance est d’être un jour prochain dans le bonheur parfait, éternel, incomparable qui nous attend dans la maison du Père, le lieu de la communion ininterrompue.

1 Cantique d’Edmond Pidoux, « Que notre amour se montre en vérité », Reflets n° 73, str. 2.
2 Le mot « heureuse » n’est pas celui utilisé d’ordinaire et contient la nuance « d’être rendue heureuse ».

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Dossier : L'occultisme démasqué
 

Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.