Dossier: L'occultisme démasqué - Etude biblique
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Le deuxième chant du Serviteur — Ésaïe 49

En 550 av. J-C., à Babylone, il y a plus de 2500 ans, des Juifs sont en exil depuis 35 ans. Ils ont le mal du pays, mais le pays n’existe plus, leur capitale, Jérusalem, est détruite. Chaque sabbat, ces hommes et ces femmes se rendent à la maison de prière pour se réunir avec leurs frères et sœurs d’exil. Et ce jour-là, ils entendent le maître de maison lire le deuxième chant du Serviteur, Ésaïe 49.1-13.

Ce texte se trouve dans la deuxième partie du livre du prophète Ésaïe, destinée au peuple en exil. Dans cette partie, on trouve quatre poèmes qui parlent tous du même personnage : le Serviteur de l’Éternel. On a pris l’habitude d’appeler ces quatre poèmes, les « chants du Serviteur » (És 42 ; 49 ; 50 et 52-53).

Plus on avance dans ces chants, mieux on comprend :

– qui est le Serviteur : c’est le Messie, le libérateur promis par Dieu ;

– quelle est sa mission : libérer le peuple de Dieu et donner la lumière.

L’identité du Serviteur

Dans ce deuxième chant, le Serviteur s’exprime à la première personne du singulier : il nous raconte son autobiographie.

Sa bouche : une arme réservée pour le combat

Si le Serviteur du ch. 42 est doux, attentif aux faibles, celui du ch. 49 est un guerrier, une arme fatale : « Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant, il m’a couvert de l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche aiguë, il m’a caché dans son carquois. » (49.2) Quel contraste !

Mais deux détails frappent :

1. L’épée, c’est sa bouche : Le combat ne va donc pas être premièrement physique, mais verbal. Le Serviteur va proclamer un message qui sera aussi acéré qu’une épée, aussi puissant qu’une flèche aiguisée.

La teneur du message du Serviteur est indiquée plus loin : « Je t’établirai […] pour dire aux captifs : Sortez ! et à ceux qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! » (49.9). L’épée qui sort de la bouche du Serviteur sert ainsi à couper les liens, à faire tomber les chaînes, à casser les verrous des prisons. C’est une parole qui proclame la libération avec efficacité : c’est une parole qui libère !

2. Cette « arme fatale » est cachée : Cela peut sembler bizarre que ce Serviteur demeure caché. En fait, ce texte nous explique qu’il est bien là, prêt à être utilisé, à entrer dans le combat, mais n’a pas encore été manifesté. Il y a donc un temps pour que le Serviteur entre en scène. Et ce temps n’est pas encore arrivé pour les lecteurs d’Ésaïe en exil.

Son nom : Israël

Autre nouveauté de ce deuxième chant, Dieu nous révèle pour la première fois le nom de son Serviteur-Messie : « [L’Éternel] m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël en qui je me glorifierai. » (49.3) Comment comprendre ce nom ?

1. Une personnification du peuple ?

Plusieurs se basent sur ce nom pour dire que le Serviteur est une personnification du peuple d’Israël, un peu comme Marianne pour la France. Il est vrai que Dieu parle plusieurs fois du peuple d’Israël en l’appelant « mon Serviteur ». Mais dans ce passage, la personnification n’est pas possible : la mission du Serviteur est justement de ramener vers Dieu… Jacob et Israël (49.5-6). Le Serviteur ne peut pas être une personnification ni d’Israël, ni même du reste fidèle, puisqu’il doit ramener vers Dieu le reste, « ceux que j’ai préservés du peuple d’Israël » (49.6b).

2. Il est le véritable Israël

Mais alors pourquoi est-ce que Dieu appelle son serviteur « Israël » ? Simplement parce que le Serviteur est le véritable Israël, Israël selon le cœur de Dieu.

On peut illustrer cette identification par un schéma en forme de pyramide : avec l’avancement de l’histoire du salut, le nombre de personnes choisies par Dieu semble se réduire : – Au début, Dieu crée les humains et ils se détournent de lui. Mais Dieu décide de les sauver. – Puis il choisit Noé et ses descendants. – Puis Abraham et ses descendants. La pyramide se resserre. – Puis seulement Isaac et ses descendants, puis Jacob-Israël et ses descendants. – Après, par les prophètes, il annonce que seulement un « reste » d’Israël est le véritable Israël.

Mais où est ce reste ? Où est ce véritable Israël ? Qui reste complètement fidèle à Dieu ? Finalement, ce reste se résume à une seule personne : le Serviteur de l’Éternel, le Messie, Jésus ! C’est lui, et lui seul, qui est resté parfaitement fidèle à Dieu.

Jésus lui-même va d’ailleurs revendiquer ce titre de véritable Israël en utilisant une image. Plusieurs prophètes1 ont utilisé le symbole de la vigne pour parler d’Israël. Et Jésus dira à ses disciples : « Je suis la vraie vigne. » (Jean 15.1) Jésus se présente donc comme le véritable Israël, l’Israël fidèle, selon le cœur de Dieu.

La mission du Serviteur

Ramener Israël

Lors du repas traditionnel de la Pâque, les Juifs répètent chaque année la même phrase depuis bientôt 2000 ans : « L’an prochain à Jérusalem, l’an prochain, fils de la liberté ! » Depuis qu’ils ont été chassés de leur pays par les Romains, les Juifs pensent à leur pays et désirent y retourner.

C’est justement la mission du Serviteur : ramener son peuple exilé (49.5-6). Il est un nouveau Moïse qui va conduire la nation dans un nouvel exode. Les v. 9 à 12 nous montrent ce peuple revenir au pays, des quatre coins de l’horizon, traverser les déserts, les montagnes, les steppes, pour revenir au pays de leurs ancêtres.

Mais en regardant le texte de plus près, le vrai but de ce nouvel exode n’est pas d’abord le pays au sens littéral : « L’Éternel, […] m’a formé […] pour ramener Jacob à lui et pour rassembler Israël auprès de lui. » (49.5) La destination de ce nouvel exode : c’est l’Éternel ! Bien plus qu’une terre, le vrai pays promis, c’est Dieu lui-même.

L’exil que vivent les Israélites est physique, mais plus encore spirituel : ils se sont détournés de Dieu, ils ont suivi les idoles, les faux dieux. L’exil spirituel n’est autre que le péché, tout ce qui nous éloigne du seul vrai Dieu ! Le nouvel exode, que Dieu propose à son peuple est donc avant tout un exode spirituel : un retour vers lui, l’Éternel.

Dieu va libérer son peuple pour qu’il revienne vers lui. Et pour cela, il va utiliser son Serviteur. Par la parole de sa bouche, le Serviteur va proclamer la libération et va conduire son peuple vers la terre promise : Dieu, l’Éternel.

Les difficultés de la mission

Mais cette mission ne va pas être facile : pour la première fois, il est question des souffrances du Serviteur. Dans le troisième chant, cet aspect de la souffrance va être encore plus développé, pour culminer au quatrième chant (52.15-53.12).

Dès ce deuxième chant, le serviteur est présenté comme un homme de souffrance : « celui qu’on méprise, qui est en horreur au peuple, l’esclave des puissants » (49.7).

Le Serviteur est rejeté par son peuple : il vient avec un message de libération, mais ceux qu’il vient libérer n’en veulent pas ! Il est alors tenté de se décourager. Il nous montre ses sentiments intérieurs sans fausse pudeur : « Et moi j’ai dit : C’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force. » (49.4a)

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le Serviteur est tenté de se décourager, mais au plus profond de sa détresse il dit : « Mon droit est auprès de l’Éternel et ma récompense auprès de mon Dieu. » (49.4b) Il se confie en Dieu pour être reconnu dans sa mission. Les siens le rejettent, le méprisent, mais il attend sa reconnaissance et sa récompense de la part de Dieu. Et quelle récompense ! « Des rois le verront, et ils se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l’Éternel, qui est fidèle, du Saint d’Israël, qui t’a choisi » (49.7). Les siens le rejettent, mais ce seront des rois, des princes qui s’inclineront devant lui ! Il vivra l’humiliation, mais il sera rétabli par Dieu bien plus haut que tout ce que les hommes de son peuple auraient pu lui offrir. Jésus a été rejeté par les siens, mais des grands rois, des empereurs, etc., l’ont reconnu comme Seigneur, se sont inclinés devant lui. Quel rétablissement spectaculaire !

Notre exil, notre exode

Le cœur de la mission du Serviteur est donc d’être le nouveau Moïse qui va conduire le peuple d’Israël dans un nouvel exode. Mais, 25 siècles plus tard, en quoi cela nous concerne-t-il, nous qui ne sommes pas juifs ?

Les nations

Les destinataires du chant ne sont pas seulement les membres du peuple d’Israël, mais également… nous, les nations ! Le poème commence par : « Îles, écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! » (49.1). Plus loin, Dieu dit au Serviteur : « Je t’établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu’aux extrémités de la terre. » (49.6)

Cette lumière, c’est celle qui indique le chemin, qui montre la route à suivre. La lumière, dans le livre d’Ésaïe, est le symbole de la libération, du salut. Ainsi les nations sont aussi invitées à vivre la libération et le nouvel exode promis à Israël.

Pour comprendre, reprenons la pyramide : elle ne s’arrête pas à une personne : Jésus, le véritable Israël. À partir de Jésus, elle s’élargit à nouveau en sens inverse pour inclure tous les hommes qui se réfugient en Jésus, qui se confient en lui pour être sauvés, libérés ! Jésus est le véritable Israël et tous ceux qui se confient en lui font partie de ce véritable Israël, de ce nouveau peuple ! En Jésus, que nous soyons juif de naissance ou non-juif, nous faisons tous partie du véritable Israël, l’Israël de la foi !

Exil et exode

Depuis la désobéissance d’Adam, tous les hommes sont en exil, loin de Dieu, prisonniers du péché. Mais, au temps voulu, le Serviteur apparaît. Par la puissance de sa parole, il nous délivre et il nous conduit dans un nouvel exode, hors du péché.

Maintenant, nous, les croyants, les membres du nouvel Israël, nous marchons à la suite de Jésus. Nous devons aussi traverser des déserts, des épreuves, des moments pénibles. Mais quelles sont les promesses de Dieu pour nous, durant notre voyage vers la terre promise, vers notre patrie céleste ?

« Ils paîtront sur les chemins, et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux. Ils n’auront pas faim et ils n’auront pas soif ; le mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; car celui qui a pitié d’eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d’eaux. » (49.9b-11)

Voilà les promesses de Dieu :

– à manger partout en chemin — comme la manne, Jésus, le pain du ciel,

– à boire en tout temps — auprès de Jésus, la source d’eau vive,

– la protection dans les circonstances contraires — le désert et le soleil,

– les obstacles — les montagnes et les vallées –– transformés en routes praticables.

Et le plus beau de tout, c’est que celui qui nous guide n’est pas simplement un employé qui fait son travail… celui qui nous conduit, c’est celui qui nous aime !

Regrettons-nous notre esclavage ? Ou faisons-nous confiance à notre guide pour nous mener au bon endroit, au bon moment, et par le bon chemin ?

1Ésaïe 5 ; 27 ; Jérémie 12 ; Ézéchiel 17 ; Osée 10.

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Richir David
Marié et père de deux enfants, David Richir vit et enseigne en Suisse romande. Après avoir été pasteur pendant plusieurs années à Morges, il partage aujourd’hui son temps entre un poste d’enseignant à l’Institut biblique et missionnaire Emmaüs et un travail de doctorat en recherche biblique à l’université de Fribourg.