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La notion de salut personnel est-elle périmée ?

Sociologie ou évangélisation ?

Le monde actuel méprise la vie intérieure. Il considère les chrétiens comme des attardés quand, dans la prière et l’étude des Ecritures, ils se tournent vers leur Dieu; quand, dans l’apostolat personnel, ils se tournent vers les âmes qui se perdent. Il nous comble, en revanche, de ses flatteries quand nous faisons de la sociologie ou de la politique, conformément à ses idéaux. Nous voulons comprendre nos contemporains, nous voulons nous rapprocher d’eux, mais nous sommes infidèles lorsque -pour ne pas les choquer -nous émoussons la doctrine chrétienne, en ne présentant que les éléments que nous croyons assimilables à l’homme d’aujourd’hui. « Je ne vous ai rien caché, disait l’apôtre Paul, du conseil de Dieu ». Telle doit être notre attitude.

Il est certain que la prédication du salut personnel est impopulaire à notre époque. Il est même vrai que c’est une notion inassimilable pour beaucoup d’esprits… à moins d’un miracle de la grâce de Dieu, miracle que l’église doit attendre dans la prière.

On n’admet plus la notion de péché

C’est ce que l’on prétend ! Il n’y a plus d’homme qui serait responsable, plus de coupable devant Dieu! Les » mythes sécurisants 00 ont fait leur office. L ‘homme pense avoir trouvé un paratonnerre contre la colère de Dieu. Pour les uns, c’est la société qui est responsable; pour les autres, il n’y a que des tendances innées, des fruits de l’hérédité, liés et déterminés par la totalité des événements du passé. Comment savoir si une tendance est normale ou non ? Pour nos modernes existentialistes, l’homme n’a pas une constitution invariable. Il se crée, à bien plaire, des rai- sons de vivre qui sont des motifs d’agir. Il est aussi libre de dépenser sa vie à fumer, à s’étourdir dans l’alcool ou avec des drogues, qu’à étudier les mathématiques. En bref, tout le monde est disculpé, pardonné; c’est un non-lieu général. Il n’y a que des malades à plaindre et à soigner.

Il n’y a pas de destin individuel

C’est ce qu’on veut avancer. On peut presque dire qu’il n’y a plus de répondant à l’appel de Dieu, citant l’homme à son tribunal. Il exis­terait une espèce humaine dont la nature se transforme selon les époques Dès lors, on ne peut comparer entre eux les individus qui en sont les divers échantillons, puisqu’on ne peut trouver en eux les représentants d’une nature humaine immuable. Il ne peut donc y avoir de sort individuel, de séparation entre les êtres Il n’y a qu’un processus historique qui entraîne l’humanité dans une ascension que l’idéologie contemporaine qualifie d’ « irréver­sible ». On évoque le sens de l’histoire et on appelle chacun à la grande aventure des temps modernes !

La grande tentation de l’église chrétienne

à notre époque, c’est peut-être de christianiser ce courant d’idées mo­derne pour redevenir populaire. N’est-ce pas la tentation à laquelle succomba l’église du Christ au cours de la période constantinienne ? Bien souvent, on a plaqué les cultes de la Vierge et des Saints sur ceux de l’ancienne mythologie et les fêtes chrétiennes sur celles qui remontent à la nuit des temps (comme la naissance du Christ à la fête du solstice d’hiver). Nous risquons de tomber dans de telles con­fusions, dénoncées par le pasteur Pierre Marcel : « De même qu’on ne distingue pas suffisamment entre le Christ et l’église (qui pour une certaine pensée, serait en somme le Christ continué, agrandi), on ne distingue plus entre l’église et le monde ».

«Christ, Seigneur du Monde»

Cela voudrait dire le salut imposé, la sécurité éternelle décrétée pour tous par convention collective, sans possibilité de s’y soustraire la socialisation intégrale de la personne humaine Il resterait, en somme, à l’église l’avantage de savoir que tout homme serait sauvé ! Elle n’aurait plus guère qu’à disserter sur ce salut Elle n’aurait plus d’activité propre ce qu’elle fait n’ayant plus de portée réelle. Ce qu’il y a de vraiment intéressant, c’est ce qui se fait dans le Monde…

On comprend la maigreur spirituelle de tant de journaux dits religieux à l’heure actuelle. On n’y trouve que des questions d’ordre matériel, débattues partout. L’église s’occupe de ce qui ne la regarde pas et oublie d’évangéliser. L’église, pour le monde, devient en réalité une église mondaine, conditionnée par des réactions sociologiques. Il faut relire, à ce propos, le livre courageux que le professeur Ellul a écrit comme un véritable cri d’alarme – trop peu entendu – à nos égli­ses « Fausse présence au monde moderne ».

Un prêtre spirituel dit d’un de ses confrères fort engagé dans l’action en faveur des classes ouvrières : < Pour lui, il n'y a qu'un péché, c'est de n'être pas syndiqué ! ». Ce n'est qu'une boutade... j'avoue qu'elle m'a fait réfléchir.

Oui, trop souvent, à l’heure actuelle, plus rien ne signale les chrétiens trop assimilés au monde. La distinction entre Christ et Bélial n’est pas respectée. Il règne une complaisance coupable vis-à-vis de tendances immorales cela devient un véritable scandale. Disons bien que l’égli­se ne fait pas sa tâche quand, pour plaire au monde, elle rabaisse les exigences de ‘Evangile, quand elle n’a plus un message percutant et n’intéresse d’ailleurs plus personne.

Nécessité de la fidélité

On n’est pas fidèle à l’ordre d’évangéliser, quand on néglige de parler du péché. Ce n’est pas, hélas parce qu’on passe le mot sous silence que la réalité n’existe pas et que les choses vont mieux. Je m’occupe de lutte contre les abus de l’alcool. J’ai été frappé par la chose sui­vante pour beaucoup, le buveur est un malade. C’est vrai, mais nous devons lui dire aussi : « Tu es un coupable ! ». Et, ainsi, nous l’aidons, nous réveillons sa conscience personnelle, tandis que sans cela, il se comporte uniquement comme un malade, et il attend qu’on le guérisse passivement. On n’évangélise pas le monde actuel – où les chrétiens si dispersés, doivent avoir une armature personnelle et familiale solide – quand on ne forme que des paroissiens dont le lien avec Dieu passe par le canal obligatoire d’une communauté qui maintient ses enfants dans une minorité perpétuelle. L’église doit se réunir pour repenser son message d’évangélisation dans la fidélité à l’Ecriture, sans con­cession à l’esprit du siècle, par facilité. Elle doit conserver pieuse­ment la magnifique expression johannique : « Christ, Sauveur du mon­de », la replaçant dans son contexte, qui en explique le sens
  • Christ offert à tout homme dans le monde, car Dieu est amour
  • Christ vient régner sur le monde, selon les solennelles prophéties de l’Apocalypse.
Nous remarquons que là où il est question de ce salut, la réalité du salut personnel est affirmée : « Celui qui a le Fils a la vie >’, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (I Jean 5: 12). Il est ques­tion dans les Ecritures de salut éternel (Héb. 5 : 9) et de salut des âmes (I Pi. 1 9). Ces expressions traditionelles, si souvent considé­rées comme provenant d’un individualisme périmé, ont donc une base biblique.

La réalité de la perdition

La Parole de Dieu enseigne clairement que la corruption du genre humain mérite la condamnation générale où tous les hommes sont plongés (art. 9 à 12 de la Confession de foi des Eglises réformées en France, dite de la Rochelle). On peut différer sur l’idée qu’on se fait du châtiment éternel, de la seconde mort où seront plongés les rebel­les, mais on ne peut nier le fait redoutable qu’il y aura des perdus. Jésus dit de Judas qu’il aurait mieux valu pour lui qu’il ne soit jamais né (Marc 14: 21).

Ne nous figurons pas que cette perdition soit la conséquence de cri­mes spectaculaires :
  • Le mauvais riche de la parabole n’a fait que laisser Lazare à son triste sort, et il est plongé dans les flammes.
  • Le serviteur infidèle s’est contenté de thésauriser l’argent de son maître, et il est jeté dans les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Et ce n’est pas non plus le mal qu’ils auront fait qui est reproché à ceux qui seront à la gauche du Juge, mais le bien qu’ils n’auront pas fait. Pour aller en enfer, il suffit de rester dans la masse de l’humanité per­due. Cette perdition est un état éternel, irrévocable. Reprenons le cas de Judas : il est perdu, non pour avoir trahi Jésus, mais pour ne pas être revenu à Lui dans la repentance et la foi. S’il avait une chance de salut dans l’au-delà, pourquoi Jésus dirait-il qu’il vaudrait mieux pour cet homme qu’il ne fût pas né ?

Peut-être ces affirmations nous semblent-elles dures? Nous devons cependant souligner le fait que la colère de Dieu n’est pas arbitraire. Elle est synonyme de jugement, qui mettra en lumière la parfaite jus­tice de Dieu. Toute bouche sera fermée. Les condamnés eux-mêmes seront contraints intérieurement d’acquiescer à la justice parfaite de Celui qui sera reconnu juste dans sa sentence et sans reproche dans son jugement. L’Evangile ne nous apprend-il pas que la responsabilité de chacun sera graduée, compte tenu des grâces reçues, et que le jugement des gens de Sodome et de Gomorrhe, par exemple, sera moins sévère que celui de certaines villes visitées par Jésus ?

Prêcher la vérité

C’est une lourde tâche, quand on se sait soi-même un pauvre homme pécheur, de prêcher ces vérités. Et pourtant, il faut regarder en face notre devoir. Les prédicateurs, en particulier, qui escamotent ce sujet, portent une lourde responsabilité. Nous serions plus populaires en prêchant le salut universel ! Mais pouvons-nous être plus sages que Paul quand il parle de la colère à venir (I Thess. 1: 10), que Pierre quand il parle du jugement et de la destruction des impies (II Pi.), que Jean qui a vu quiconque dont le nom n’est pas écrit dans le livre de vie être jeté dans l’étang de feu ? Avons-nous plus d’amour et de com­préhension que le Seigneur Jésus lui-même quand il nous avertit « Large est la porte et spacieux le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui passent par là ! »

Le salut en Christ

Il y a un Dieu de l’amour qui a été jusqu’à donner son Fils unique pour le rachat, la rédemption de ce monde. Jésus-Christ est donc la porte, la lumière, la vie, le seul nom par lequel nous puissions être sauvés, l’unique Sauveur, l’unique planche de salut.

Nous attendons le renouvellement de toutes choses, la transfiguration de la création dans le Royaume, lors de l’avènement du Roi méconnu. Tel est le plan grandiose que nous révèlent les Ecritures et que con­fesse l’église en soupirant par l’Esprit « Viens, Seigneur Jésus ».

Cette présence de Dieu est encore mystérieuse et cachée. Le monde peut nous attaquer sur nos échecs, sur les échecs du christianisme depuis 2000 ans… mais nous vivons de la folie de la Croix et de cette faiblesse de Dieu qui se laisse bafouer par les hommes :

« Vous êtes morts et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Lorsque le Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous aussi vous paraîtrez avec Lui dans la gloire ». Si nous comprenons le « Notre Père », toute la vie chrétienne est dans cette tension entre le ciel et la terre, aujour­d’hui et demain, le Christ et le Malin, dans l’attente du jour où elle sera résolue les jours de la crucifixion et de la résurrection attestent, une fois pour toutes, que ce jour viendra : Il régnera aux siècles des siècles !

Acceptation du salut

Il y a une possibilité unique de salut pour chaque homme : c’est l’ac­ceptation du Christ comme Sauveur personnel. Jésus le dit lui-même « Nul ne vient au Père que par moi ». Croire en Lui, c’est la nouvelle naissance sans laquelle nul ne peut voir le Royaume de Dieu. « Celui qui croit en Lui (Christ) n’est pas jugé ».

La nouvelle naissance ou conversion (retournement – se détourner des idoles [ou de l’athéisme] pour se tourner vers le Dieu vivant et vrai, et attendre des cieux son Fils, Jésus-Christ) est un miracle de Dieu dans les coeurs. Paul, converti sur le chemin de Damas, pouvait en parler par expérience. La conversion ne glorifie pas l’homme qui se convertit. Elle est l’oeuvre de Dieu en lui. Par elle, se manifeste la puissance du Saint-Esprit. Son rôle est clairement précisé dans Jean 3: 16: donner l’occasion à un homme de croire au Fils de Dieu pour hériter la vie éternelle. Ce n’est pas de l’homme, c’est une naissance qui vient de Dieu. « Celui qui ne croit pas est déjà jugé…»

L’oeuvre du Saint-Esprit

Je vous enverrai l’Esprit de vérité. « Quand il sera venu, Il convaincra le monde (tous les hommes) de péché, de justice et de jugement ». D’une manière ou de l’autre, un jour, chaque homme sera touché et recevra un avertissement du Saint-Esprit. Nul ne peut sous-estimer son oeuvre. Il donne à l’homme la conscience de son péché, de sa culpabi­lité. Il cherche à amener l’homme à se frapper la poitrine, tel « l’enfant prodigue » de la parabole. Il n’en fait pas un raisonneur, une conscience satisfaite d’elle-même. Il le jette au pied de la croix.

J’ai lu sous la plume de professeurs de théologie qu’il fallait suppri­mer la confession des péchés de la liturgie réformée parce que l’on risquait de complexer les gens ! J’ai entendu critiquer les réunions de Billy Graham pour le même motif. Je me demande si ces gens, s’ils étaient médecins, préfèreraient laisser mourir leurs malades plutôt que de les exposer à un choc opératoire? Il y a un fardeau de péché dont nous devons prendre conscience pour l’apporter à la Croix; c’est un arrachement pénible, une mort à soi-même. On ne peut annoncer l’Evangile sans faire « bobo », sans faire mal… à moins de rester terri­blement superficiel (et alors ce n’est plus l’Evangile).

Par contre, si on accepte cet avertissement, si l’on se repent, on ne regrettera pas ce moment de retour sur soi-même, cette tristesse selon Dieu (voir Il Cor. 7: 10) qui conduit au salut!

La Bible ne donne pas une « méthode » de conversion. Certaines con­versions sont instantanées, d’autres progressives, comme celle de César Malan qui la comparait lui-même au baiser par lequel la mère réveille son enfant. Nous constatons que certains ont trouvé le salut dans des réunions d’appel. Ils ont levé la main et ont signé une carte de décision. D’autres ont tout simplement pris une décision en écou­tant une prédication dans leur église ou en lisant la Bible. Il n’y a pas de schéma uniforme, et nous ne devons pas douter de la conversion de tel ou tel frère qui a passé par un autre chemin que nous. Mais nous sommes sûrs que le

premier signe de la conversion, c’est la repentance,

notre humiliation devant Dieu. Nous plaidons coupables, nous réali­sons notre perdition. Nous avons besoin d’un Sauveur, et nous décou­vrons que nous ne pouvons le trouver qu’en

Jésus-Christ crucifié

pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Le second signe est l’engagement à son service

Le service libre, par reconnaissance, parce qu on a été sauvé et non pour être sauvé. Cet engagement, fruit de la décision, est aussi le fruit du Saint-Esprit. C’est en ce sens que l’apôtre parle du salut par l’Esprit qui sanctifie (Il Thes. 2:13). Le Saint-Esprit prie et agit en nous.

Celà nous amène à d’autres signes:

La joie, la certitude de l’amour de Dieu, c’est-à-dire l’assurance du salut. Celle-ci n’existe pas toujours : on peut être sauvé, bien sûr, sans avoir cette assurance, mais quel manque de puissance dans la vie chré­tienne Ce peut être la faute de l’église qui ne l’annonce pas nette­ment, qui refait du salut une oeuvre humaine, une entreprise douteuse aux résultats futurs, non encore acquis ! Ce peut être aussi la faute de ceux qui n’acceptent pas avec simplicité de coeur le message évan­gélique qui leur est prêché. Pourtant l’annonce du salut n’est pas une affaire de prétention spirituelle : c’est une question de foi. Ce n’est pas par les oeuvres, mais par pure grâce.

L’église humble est une église qui chante sa joie parce qu’elle est sau­vée ; cela se voit dès les premières pages de l’évangile avec les can­tiques de Marie, de Zacharie, de Siméon. Voilà donc la grande ques­tion pour’ chacun de nous : Avons-nous cette profonde conviction de péché ? Avons-nous pris cette décision vitale de donner notre foi, notre vie au Sauveur? Avons-nous reçu de Lui la paix et la joie ? Fai­sons-nous partie de l’église mystique, symbolisée par les Vierges qui attendent fidèlement l’heure où le Roi va paraître ?

Chacun de nous peut répondre, doit répondre.

Du Messager biblique No 115, avec autorisation.




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