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Le joug étranger

« Ne vous mettez pas sous un joug étranger, en vous unissant
aux infidèles ».
« Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit ».
(II Cor. ch. 6 et 7) .

« Crois-tu au Fils de Dieu ? » disait un jour Jésus à l’aveugle-né. Notre attitude, notre croyance à l’égard de Jésus-Christ, à l’égard du Fils de Dieu, manifeste notre position à l’égard de Dieu; elle est à la base du Christianisme.

Il y a des hommes qui croient que Jésus est « le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Ils s’adressent à Lui avec des paroles d’adoration « Mon Seigneur et mon Dieu »; ils disent du fond du coeur « pour moi, vivre c’est Christ » ; leur béatitude s’exprime ainsi: « A Celui qui nous aime et qui nous a lavés du péché par son sang, à Lui soit la gloire, la puissance à jamais ».

Ce sont des croyants.

Il y a une autre catégorie d’hommes pour lesquels Jésus-Christ ne compte pas. Ils le connaissent peut-être comme une figure de l’his- toire, comme un prophète ou un sage, comme un précurseur ou un révolutionnaire. Ou bien ils l’ignorent complètement ou l’injurient ; mais en bref, ils ne l’adorent pas.

Ce sont des incroyants.

Les croyants diffèrent les uns des autres dans beaucoup de détails. Ils ne sont pas unanimes quant à la portée des paroles du Christ, quant à l’obéissance due à ses enseignements. Individuellement, ils sont imparfaits et ne se distinguent guère des autres humains, mais ils sont UN dans leur attitude envers Lui. Les incroyants sont aussi très différents les uns des autres dans leur moralité, leur conduite, etc. ; mais ils sont aussi un dans leur attitude envers le Christ. Nous croyons que ce fait est, devant Dieu, le point déterminant. Il ne suffit pas de confesser une croyance en un Être suprême, en Dieu. Il faut plus que cela: croire en Jésus-Christ, obéir à l’évangile.

Un des enseignements les plus clairs de l’évangile est celui que nous avons porté en tête de ces lignes: « Ne vous mettez pas sous un joug étranger, en vous unissant aux infidèles ». Cette parole détermine la conduite du croyant envers Dieu et envers les hommes qui ne sont pas des croyants. La défense enseignée par l’évangile ne s’applique pas contre une certaine classe d’incroyants seulement. Dieu ne dit pas :

« Ne vous mettez pas sous un joug étranger avec les païens ou avec les gens de mauvaise vie ou avec les athées », mais il dit: « avec les infidèles ». II n’y a pas non plus de distinction à l’égard du but de l’association. Celui-ci peut être excellent, moral, philanthropique, etc. ; il peut s’agir d’une cause parfaitement juste ou belle ou sociale. Cependant, aucune exception n’est admise. Il n’est pas écrit: « Ne vous mettez pas sous un joug étranger avec des infidèles, à moins que vous ne puissiez gagner votre pain ou que le gouvernement vous l’impose ». La Parole de Dieu dit: « pas de joug ». Pour le croyant, cela met le point final à la question.

Qu’est-ce qu’un joug ? C’est une association qui suspend la liberté individuelle et exige, par contre, une discipline commune. Le mot joug vient du latin jugum, joint; jungere, joindre. Le mot jonction comporte la même idée.

Quelques exemples pris dans la vie courante nous aideront à nous guider. Le commerce, vente et achat d’objets, ne constitue pas un joug: aucune partie n’est obligée de trafiquer avec l’autre et le contrat cesse avec chaque transaction. Le travail fourni par un ouvrier n’est pas un joug; il donne sa force, son habileté et l’employeur donne un gage convenu; chacun peut mettre fin à l’engagement selon les termes d’une dédite prévue d’avance. Un fermier fait battre son blé dans un battoir et paie le prix demandé; il ne prend pas part à la direction de l’association et peut aller ailleurs s’il le veut. Un médecin ou un avocat demande au gouvernement l’autorisation de pratiquer son art, cela pour prouver qu’il est capable de rendre service comme tel. Mais il n’a nulle obligation de prendre part à la direction de l’Etat, de faire partie de l’autorité, et il peut renoncer à pratiquer son art s’il le désire ou si l’autorité lui demandait d’agir d’une manière contraire à sa foi chrétienne.

Le mariage est, à tous égards, un joug.

Il est certain que de nombreux croyants sont liés à des incroyants dans des sociétés religieuses. Il a été dit que l’ivraie serait mélangée au bon grain jusqu’à la fin de cette dispensation et nous constatons que l’église chrétienne telle qu’elle apparaît en général, comprend croyants et incroyants. Cependant, nous savons que seuls ceux qui croient au nom du Fils de Dieu sont des « fidèles ». Ainsi, au point de vue pratique, il y a une grande différence entre: a) une communauté religieuse qui, dans la crainte de Dieu, cherche à ne recevoir comme membres que des croyants;

b) une autre communauté qui ne prend pas le même soin ;

c) une troisième communauté qui ne fait aucune distinction et reçoit franchement des incroyants.

Si un chrétien est lié à l’une des deux dernières communautés décrites ci-dessus, il est ouvertement sous un même joug avec des incroyants. Et tout joug est un acte de désobéissance à une défense claire et précise de Dieu.

La raison de cette défense nous est donnée par le mot « étranger ». Cela implique une différence radicale, totale, non superficielle, essentielle et non accidentelle. Un avertissement semblable avait été donné à l’Israélite dans l’Ancien Testament: « Tu ne laboureras pas avec un boeuf et un âne attelés ensemble », car ils ne peuvent tirer ensemble une charrue. Il est vrai que Dieu ne s’occupait pas seulement de boeufs et d’ânes, mais qu’une grande vérité spirituelle devait être ainsi rappelée au Juif.

Par la grâce d’une nouvelle vie en Jésus-Christ, les croyants et les incroyants sont très différents les uns des autres. Les premiers sont nés de Dieu et possèdent la vie éternelle; ils ont faim et soif de justice (et non de droits) ; ils cherchent à être agréables à Dieu; ils s’inspirent d’amour et de miséricorde, car la justice prend sa source dans l’amour.

L’incroyant, lui, cherche le meilleur moyen pour défendre ses intérêts. Le commerce va-t-il mal ? L’industrie ne rapporte-t-elle pas ? alors le patron saisit quelque prétexte pour déclarer un lock-out ou pour mettre ses ouvriers au chômage. Il économise ainsi gages et frais d’exploitation. Ou bien le commerce est florissant et il est urgent de produire: l’ouvrier fera grève pour un salaire plus élevé, pour des heures de travail moins nombreuses, pour une législation sociale plus étendue. Il importe peu que la loi royale de l’amour soit mise de côté. Discourant un jour des effets d’une action, le secrétaire général d’un syndicat disait ceci: « Le fait essentiel qui se dégage de l’ensemble de notre manoeuvre peut s’exprimer en un mot – discipline; quand il y a des difficultés, il faut obéir à l’autorité centrale, que ce soit juste ou faux ». II est ainsi admis que les membres d’une union (patronale, ouvrière ou autre) doivent obéir lorsque le comité donne des ordres, que ce soit juste, injuste ou immoral. C’est une question de principe. « Quelle association peut-il y avoir entre la justice et l’iniquité ? ».

Comment le croyant peut-il marcher avec l’incroyant ? L’un connaît Dieu et suit l’exemple de Jésus-Christ ; il sait que Dieu règne; il sait que Ses voies auront leur accomplissement, que lui-même soit dans l’abondance ou la disette, dans la joie ou les pleurs. Il a une vision des plans divins pour ce temps-ci et pour l’éternité. L’autre homme ne connaît rien de tout cela: il a peut-être une vague notion d’une justice immanente ou à venir; il considère les événements d’ici-bas et il souffre de l’injustice; il espère en quelque chose de meilleur, mais son calcul est fait des choses visibles, des facteurs humains. Dans ce sens, il est dans les ténèbres, et il ne considère pas le but réservé à une créature venue de Dieu, parce que cela n’est pas possible pour lui.

Toute association dont les règlements ne sont pas connus de chacun, dont les assises se tiennent à l’ombre, dont les membres sont tenus au silence sur certains points, n’est pas de la « lumière ». Aux premiers siècles, les mystères religieux formaient l’exemple typique de ces sociétés. Aujourd’hui, les noms ont changé, mais les hommes s’associent toujours, et ils préfèrent les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres sont mauvaises, mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient manifestées.

« Que peut-il y avoir de commun entre la lumière et les ténèbres ? ».

En considérant les choses au point de vue général, il n’y a que deux empires et deux souverains: Dieu, le créateur des cieux et de la terre ; et le prince de l’empire de l’air, l’esprit qui travaille maintenant dans les fils de désobéissance. Par nature et par filiation, tous les hommes sont les sujets de ce dernier empire. Cependant, le croyant, né d’en-haut, de Dieu, a été délivré de la puissance des ténèbres et « a passé dans le royaume du Fils de son amour ». L’apôtre écrit « Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier est soumis à la puissance du Malin ». Entre ces deux souverains, il ne peut y avoir aucune harmonie, mais il existe au contraire une hostilité permanente. Luther écrivait ceci: « La Parole de Dieu et la tradition des hommes sont opposées l’une à l’autre dans une lutte implacable, celle-là même qui oppose Dieu à Satan. L’un défait les oeuvres et corrompt les dogmes de l’autre, comme deux rois ravagent leurs territoires respectifs ».

« Quel accord existe-t-il entre Christ et Bélial ? »

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