Edito
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Foi et raison

FOI ET RAISON


Le monde moderne est devenu la proie de l’humanisme, d’une mentalité où l’homme est le centre et ne compte que sur ses propres capacités et ressources intellectuelles et morales. L’évaluation de la vérité et de la morale s’effectue selon les critères humains. On prône l’amélioration des conditions sociales. La raison et la science ont été élevées au rang de dieux, et notre génération en est profondément imprégnée. Ainsi, Julian Huxley écrit que « la science atteint une nouvelle unité très réelle et nous fournit une image scientifiquement fondée du destin et des possibilités humaines » (1).

L’homme est devenu autonome et se targue de cette indépendance dans toutes les sphères de la vie qu’il veut contrôler: la science, la technique, la sociologie, l’économie, la philosophie, la théologie. Mais dans la mesure où il se déifie, il devient l’esclave de sa propre autonomie. L’angoisse, la psychose collective, la criminalité, la violence, les menaces de guerre envahissent notre société.

Le monde est déchiré par l’humanisme, la marxisme, le nouvel islam et d’autres idéologies. L’Eglise est imprégnée de l’esprit du siècle et subit l’influence du courant humaniste qui a séparé la raison de la foi. Or, le chrétien est appelé à communiquer la Bonne Nouvelle à ses contemporains. Comment ce message peut-il être compris ? Les chrétiens doivent connaître et comprendre eux-mêmes d’abord les modes de pensée de leur époque. Le Dr. Francis Schaeffer a été un des pionniers dans ce domaine. Il a essayé d’analyser les modes de pensée depuis l’époque de Thomas d’Aquin (1225-1274) jusqu’à nos jours, en nous montrant la relation entre ces différents courants et les influences qu’ils ont exercées sur les différentes époques, ainsi que les traces qu’ils y ont laissées. Toute l’oeuvre du Dr. Schaeffer se base sur deux points essentiels: la souveraineté de Dieu dans toutes les sphères de la vie, et l’inspiration divine, donc aussi l’autorité abs lue de la Bible. Sous ces deux angles, ses écrits sont d’une valeur inestimable. Francis Schaeffer s’est battu jusqu’à son dernier souffle pour l’inerrance de la Bible, pour l’orthodoxie de la doctrine chrétienne et pour notre soumission au Seigneur dans tous les domaines.

Voici un bref tracé des principaux modes de pensée qui ont influencé le monde occidental depuis le 13e siècle. Thomas d’Aquin ouvre les portes à la Renaissance. D’une part, il donne à la nature sa juste place par rapport à la grâce. Pour ce philosophe, l’homme était bien déchu, mais pas son intelligence, ce qui n’est pas scripturaire, car la chute de l’homme l’a entraîné dans la corruption totale, corps, âme et esprit. De cette façon, il introduit l’autonomie dans le domaine de l’intelligence, et par conséquent l’autonomie de la philosophie par rapport aux Ecritures. Avec Kant et Rousseau au 18e siècle, la notion de la révélation est supplantée par le rationalisme, et « la grâce » est remplacée par « la liberté « .

Avec Hegel (1770-1831), le concept de penser en termes de thèse et d’antithèse est renversé. « L’homme pouvait s’appuyer sur sa raison et penser en termes d’antithèse: si une chose était vraie, son contraire ne l’était pas. De même dans le domaine de la morale, le bien fait antithèse au mal » (2). Hegel introduit la confrontation thèse-antithèse pour aboutir à la synthèse. Ainsi, il n ‘y a plus d’absolu, et la vérité absolue n ‘existe plus. Dans cette optique, Dieu ne peut plus être distingué comme Etre personnel du reste de l’univers. La méthode dialectique est née: la philosophie de la contradiction est la seule que Hegel juge « vivante ». Cette manière de penser a profondément marqué les époques suivantes.

Darwin n’a finalement fait que de poursuivre cette ligne du relativisme en aboutissant à la théorie du transformisme. Pour Jacques Monod (3), le hasard devient une nécessité qui remplace l’Absolu: Dieu. La dialectique marxiste, elle aussi, plonge ses racines dans la méthodologie hégélienne. Dès lors, tout espoir d’unifier les champs de connaissance devient illusoire, suite à « l’abandon du principe de causalité à l’intérieur d’un système clos » (4). Dans le système clos, le monde est imaginé comme totalement autonome, ce qui exclut toute intervention de l’extérieur, donc aussi de Dieu.

Kierkegaard (1813-1855) abandonne l’élément rationnel; du coup la foi chrétienne se soustrait à la raison. Il faut croire malgré la raison et malgré la connaissance. C’est donc un saut dans le vide. Les conceptions de Kierkegaard sont à l’origine de la philosophie existentialiste, qui a été introduite dans la théologie par KarI Barth (1886-1968).

Il n’y a pas de doute que tout cela a produit une division entre la foi et la raison chez l’homme moderne. C’est pourquoi la société occidentale tourne ses regards vers l’irrationnel, vers le mysticisme. L ‘Eglise n ‘a pas échappé à ce phénomène, car en basant sa foi sur l’expérience, elle est en danger d’abandonner les principes bibliques de la foi. Les religions orientales se fondent sur l’expérience. Suryakanta dit au sujet de la réincarnation: « La réincarnation étant un fait mystique, on ne peut s’en faire une idée exacte sans une expérience spirituelle pro fonde »(5). Tout ce qui n’est pas fondé sur les Ecritures doit être rejeté. Pour combattre les déviations, nous nous devons de ne pas ignorer les subterfuges de Satan (2 Cor 2. 11), mais d’éprouver les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu (1 Jean 4.1).

Nous sommes arrivés à un tournant de l’histoire. S’il n’y a pas de retour à la Bible, si nous persistons à séparer la raison de la foi, le christianisme sera relégué au niveau de l’irrationnel, et les valeurs éthiques s’effondreront tout à fait. A l’instar de la Réforme, nous devons refuser l’autonomie de l’homme et nous soumettre au Christ, Seigneur de tous les domaines de notre vie et Souverain de l’univers entier. L’homme a été créé à l’image de Dieu. Il est une entité inséparable: corps, âme et esprit. Sa chute l’a précipité dans le péché, la mort et la séparation d’avec Dieu. Mais la rédemption accomplie par Jésus-Christ est le remède à cette misérable condition de l’homme.

La Parole faite chair est entrée dans le monde, et Dieu s’est manifesté en elle (1 Tim 3.16). La Parole est l’expression de la pensée de Dieu – et Dieu est rationnel. Jésus-Christ est l’expression visible du Dieu invisible mais personnel, venu pour nous donner la vie éternelle par son oeuvre expiatoire au Calvaire. La croix et la résurrection sont devenues ainsi le point de mire de l’espace et du temps. Le christianisme peut tabler sur des faits. Point n’est besoin de faire un saut dans le vide. Laissant l’absurde, le relativisme, l’irrationnel, le vide, nous pourrons marcher avec assurance et paix dans l’absolu et le rationnel, à la suite de Celui en qui nous avons tout pleinement (Col 2.10). Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternellement (Héb 13.8).

Henri LÜSCHER

1. « Handbuch, Argumente for den Glauben », de Colin Chapman, éd. Bundes-Verlag (p. 218).
2. « Démission de la raison » par Francis A. Schaefter, éd. la Maison de la Bible, 1976 (p. 34). Nous recommandons ce livre de 90 pages, particulièrement en raison de son analyse perspicace et lucide des courants de pensée avec leurs résultats actuels et leur influence dans les milieux évangéliques
3. « Le hasard et la nécessité » par Jacques Monod, éd. du Seuil. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne par un biologiste transformiste.
4. « Démission de la raison », p. 36.

5. « La réincarnation » par Papus, éd. Dangles, pages 147 et 159. Il est alarmant que de tels livres, qui propagent cette hérésie occulte, se répandent si largement (déjà 51000 ex.). Le yoga et « l’expérience spirituelle » y jouent un grand rôle. D’ailleurs, ce terme évoque plutôt aujourd’hui une initiation dans le monde occulte sous quelque forme que ce soit. La Bible ne se sert jamais de ce met dans le sens de vivre quelque chose de particulier.

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.