Edito
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Art et foi

ART ET FOI

Vous serez peut-être quelque peu surpris de trouver dans ce numéro un premier article sur une facette de l’art, la musique. Vous vous demandez alors quelle relation l’art peut bien avoir avec le christianisme. Lors de mon enfance, j’avais l’immense privilège de bénéficier d’une éducation chrétienne profondément piétiste. La crainte de Dieu m’avait été enseignée, ce qui impliquait une séparation totale d’avec le monde. Pour moi, le monde était ce qui est matériel, visible par contraste avec ce qui est invisible, spirituel. Ainsi, l’art restait un domaine lointain parce que faisant partie de ce monde dont on devait se séparer. Peu à peu j’ai compris combien ma vue « évangélique » souffrait d’une fausse optique. A mon étonnement, je découvris que la Bible parle de culture, d’ouvres d’art de toutes sortes, et qu’il était parfaitement légitime de jouir de l’art, voire de l’étudier et d’être créatif et d’en produire. Aujourd’hui. je suis persuadé que l’artiste chrétien a une mission à accomplir: Son message doit parler à ses contemporains de la gloire et de la beauté de Dieu.

Notre but ici est simplement de rappeler au lecteur qu’il n’y a pas de dichotomie entre l’esprit et le corps. Dieu a créé l’homme tout entier. La chute a corrompu l’homme tout entier. Mais en Christ, l’homme tout entier est racheté par le Christ, qui en est aussi le Seigneur. Aussi l’homme racheté tout entier bénéficiera-t-il de l’ouvre rédemptrice de Christ à son glorieux retour: son corps ressuscitera ou sera transformé pour reconstituer une personne tout entière, mais parfaite et glorifiée avec le Christ.

Le récit de la création nous fournit la seule base solide pour une compréhension juste et objective de l’origine, de la fonction et de l’application de l’art. L’art est une des expressions de l’homme créé à l’image de Dieu et non pas l’effet d’un fictif processus d’évolution de l’homme. Les animaux et la machine sont incapables de produire ou d’apprécier l’art. Le sens esthétique de l’homme reflète l’esthétique de son Créateur. Porteur de l’image de Dieu (Gen 1.26-28), il ne peut faire autrement que de créer lui-même des oeuvres d’art et de les apprécier.

L’art chrétien doit refléter la création originelle. Le Dieu-Créateur-Artiste est l’original par excellence de son oeuvre créatrice culminante: l’homme. Dieu se révèle par les magnifiques couleurs de la nature comme Dieu-Peintre-Artiste: par les splendides configurations des massifs montagneux comme Dieu-Sculpteur-Artiste; par les chours angéliques à la naissance du Sauveur et le « cantique nouveau » dans le ciel comme Dieu-Musicien-Artiste; par la poésie et la prose de la Bible comme Dieu-Poète-Ecrivain-Artiste. Le Dieu transcendant est immanent dans le chant de l’oiseau, dans la fleur épanouie, dans la forêt, cette cathédrale de la nature, tous témoins de sa gloire sublime. Comme le dit E. A. Schaeffer: « Dieu est ni silencieux ni lointain. »

Par la chute, le mal avec toute sa laideur est entré dans le monde créé parfait par Dieu tel que Genèse 1 le rapporte. La corruption de l’art va alors de pair avec la corruption morale. L’art devient expression et objet d’idolâtrie. L’art contemporain reflète la philosophie existentialiste foncièrement pessimiste, art où la beauté créée par Dieu est remplacée par la laideur en peinture et en sculpture, par la dissonance voire la cacophonie en musique, art humaniste dû au désarroi moral de l’homme moderne. C’est un art apostat de non-sens et de désespoir qui risque de détruire l’artiste et celui qui s’y expose ou doit le subir.

Mais Jésus-Christ fait de l’homme régénéré par le Saint-Esprit une nouvelle créature [création] (2 Cor 5. 17). Son être entier, sa pensée et son intelligence, ses sentiments et ses capacités, tout est renouvelé dans le but de glorifier la bonté et la beauté de Dieu par sa vie et son expression artistique (Eph 4.23-24; 1 Cor 10.31; 2 Cor 3.18). L’art du chrétien glorifiera non seulement la beauté de la nature créée par Dieu, mais aussi les manifestations divines au cours de l’histoire humaine. La dignité majestueuse du Christ­-Rédempteur, sa naissance, son abaissement, son élévation à la croix, sa résurrection, mais aussi ses paraboles, la souffrance causée par le péché et ses effets navrants, seront l’objet de l’artiste chrétien qui devient ainsi un évangéliste annonçant une bonne nouvelle: il y a un remède à la déchéance humaine!

Aussi l’art chrétien n’est-il pas un art pessimiste mais un art d’espérance qui s’inscrit dans la perspective du retour de Jésus-Christ et par conséquent du rétablissement de la beauté et de l’équilibre de la création originelle. L’artiste chrétien écrit, peint, sculpte, compose, chante et joue pour annoncer le Christ à un monde malade et perd, il est véritablement prophète: par son art qui véhicule la vérité présente et future il annonce le Créateur.

Soit dit en passant, tout « art religieux « n’est pas chrétien. Les religions animiste et islamique, bouddhiste et shintoïste ont donné lieu à un art aux résonances profondément païennes et occultes. Cet art religieux-là peut être subtilement dangereux.

L’ objet de nos considérations n’est pas l’examen des critères déterminant la valeur d’une oeuvre d’art – soit sa technique, son contenu, son objectif, son style, sa portée philosophique -, mais d’inciter les chrétiens à réfléchir sur la glorieuse liberté que Dieu leur donne d’exercer leur créativité dans leurs propres foyers, par exemple par la décoration intérieure ou l’aménagement du jardin, ou en faisant de la poésie, de la peinture ou de la musique. Il y a peut-être parmi nous des talents à faire valoir.

Je vous dirai donc, à vous futurs peintres, poètes, musiciens, écrivains, sculpteurs, céramistes; Levez-vous et commencez à créer des oeuvres qui glorifieront notre Seigneur Créateur !

Henri LÜSCHER

Nous recommandons vivement les deux ouvrages qui ont inspiré cet éditorial :
– « Art and the Bible par Francis A. Schaeffer (Hodder and Stoughton, 1973)
– « A Christian Handbook for Defending the Faith par Robert A. Morey (Presbyterian and Reformed Publ. Co. Phillipsburg, N.J 08865)

En outre, nous pouvons vous recommander la lecture suivante :
– « L art moderne et la mort d’une culture » par Rookmaker (Maison de la Bible)



Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.