Livres
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Chronique de livres

Titre: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité ?
Auteur: Paul Ranc, 446 p.
Editeur: Edition du Rocher, C.P. 3709, CH 1002 Lausanne
Diffusion française: Certitude, 15 Rue Lafayette, F.57000 Metz

      Parmi les nombreuses sectes qui se disputent les âmes désorientées, et plus spécialement les sectes à prétention ésotérique, le mouvement rosicrucien semble actuellement en expansion. Mais il n’y avait pas jusqu’ici, à notre connaissance, d’ouvrage critique en français sur les buts, les méthodes et la doctrine de ce mouvement. Le livre de Paul Ranc vient combler cette lacune.

      Il présente d’abord l’histoire de la Rose-Croix et Je ses antécédents. Il n’a pas de peine à démontrer que les origines lointaines qu’elle se donne à elle-même, dans l’ancienne Egypte, chez le roi Salomon, chez Pythagore ou Plotin, chez les Esséniens. voire la vierge Marie, sont de pure fantaisie. Elles reposent sur un tissu d’inventions toutes plus abracadabrantes les unes que les autres, énormes défis à la vérité historique, mais d’autant mieux gobées par les crédules qu’elles sont assénées avec une assurance imperturbable et avec un tel luxe de précisions, de détails et de dates, qu’on a peine à croire à l’imposture.

      En revanche, nous dit P. Ranc, la Rose-Croix a probablement été influencée, sans en être la descendante directe, par des mouvements religieux comme l’hermétisme, le gnosticisme ou le manichéisme. On peut lui voir aussi des précurseurs, au Moyen-Age, dans le catharisme, la maçonnerie, l’alchimie et la kabbale, et, plus nommément, chez Joachim de Flore, Campanella, Maître Eckhart, Ruysbroek, Paracelse et Jacob Böhme. Elle a emprunté aux uns ceci, aux autres cela, sa doctrine étant faite de bric et de broc et ne brillant pas par sa cohérence.

      La Rose-Croix est censée avoir été fondée par un certain Christian Rosenkranz, qui aurait vécu au 15ème siècle, mais qui est probablement sorti de l’imagination du véritable fondateur du mouvement, Jean-Valentin Andreae (1586-1654). Ce dernier personnage, auteur de divers ouvrages initiatiques, tentait d’introduire dans l’Eglise luthérienne, à laquelle il appartenait, un courant de pensée ésotérique et occultiste, et renouait en fait avec la vieille hérésie gnostique, réservant la connaissance divine à quelques élus.

      Mal accueilli à sa naissance, ce mouvement perdura cependant de manière souterraine, préparant les voies de la franc-maçonnerie, et bénéficia du regain d’illuminisme qui, conjugué avec le rationalisme du siècle des Lumières, se dressa contre la foi chrétienne. Il subit aussi l’ascendant de Swedenborg, de l’énigmatique comte de Saint-Germain et de l’aventurier Cagliostro.

      Aux 19e et 20ème siècles, la Rose-Croix éclate en divers conventicules, dont les principaux sont l’Anticus Mysticusque Ordo Rosae Crucis, fondé vers 1915 aux U.S.A. par H.S. Lewis, et qui revendique aujourd’hui six millions d’adhérents (invérifiable !), l’Association Rosicrucienne Max Heindel, le Lectorium Rosicrucianum et l’Antroposophie de Rudolf Steiner, tentative de synthèse entre la théosophie et la Rose-Croix.

      P. Ranc nous donne alors une description extrêmement minutieuse de ces différents embranchements de la Rose-Croix, de leur doctrine, de leur éthique, de leur organisation interne, de leurs méthodes d’initiation. Etant donné la complexité et l’illogisme de ces doctrines, les ressemblances et les divergences existant entre les différentes branches du mouvement, il serait long et ardu d’en donner ici mieux qu’un simple aperçu. Disons seulement que l’enseignement de la Rose-Croix est un mélange de philosophie et de pseudo-philosophie, de science et de fausse science, de psychologie et de para-psychologie, d’astrologie et de spiritisme, de magie et d’occultisme. Le tout est présenté dans un vocabulaire abscons, destiné à impressionner les ignorants et à leur en mettre plein la vue, mais d’une rare inconsistance.

      Ses maîtres jouent aussi sur l’attrait du mystère et du secret, sur le goût du cérémonial et du rituel, et sur le besoin de bonheur et de plénitude qui est celui de tout être humain.

      Les affirmations communes aux diverses formes de rosicrucianisme, dans la mesure où on peut les dégager de ce fatras, sont l’immanence de Dieu, confondu avec l’univers et la nature (panthéisme), l’éternité de la matière (donc incréée), la non divinité du Christ (qui n’est qu’un initié parmi d’autres), la réincarnation (opposée à la résurrection), le salut par la connaissance (et non par la foi). La Rose-Croix partage avec toutes les religions naturelles le sentiment que le bonheur se gagne par un effort ascendant de l’homme, plutôt que par l’intervention gratuite du Dieu d’amour.

      Une des choses qui la rend dangereuse pour les chrétiens non avertis, c’est qu’elle recourt à des formulations chrétiennes (Dieu, Jésus-Christ, la nouvelle naissance, le salut. etc.), qu’elle se sert de citations bibliques (généralement tordues comme il n’est pas permis) et qu’elle prétend enseigner le « vrai christianisme », alors qu’elle est d’une incompatibilité totale avec lui.

      Un autre de ses dangers, sur lequel l’auteur revient avec insistance, c’est l’état de passivité et d’auto-conditionnement que crée dans le rosicrucien la méthode d’initiation à laquelle il est soumis. Pour prétendument dégager le « moi divin » qui serait en l’homme, l’élever de degré en degré à une connaissance supérieure, le mettre en contact avec un mystérieux Maître invisible et le faire parvenir à l’illumination parfaite, on le soumet à diverses expériences mentales relevant du paranormal, de la magie et de la possession. L’homme ne s’appartient plus lui-même et ouvre la porte à des puissances qui risquent bien d’être démoniaques.

      C’est donc un souci pastoral qui guide la plume de l’auteur, cela sans nuire à la rigueur de son exposé. S’il existait des actes méritoires, P. Ranc aurait bien gagné un bout de ciel à compulser une littérature rosicrucienne considérable (par son volume, sinon par sa valeur), à suivre la pensée tortueuse de ses défenseurs dans tous ses méandres, et à tenter de rendre assimilable une nourriture affreusement indigeste. Si l’on peut le taquiner pour une certaine absence de style, pour quelques impropriétés de termes, quelques répétitions et de rares affirmations un peu sommaires, on doit le louer sans réserve pour le sérieux de sa recherche, l’étendue de son enquête, l’ampleur de son information et la connaissance approfondie de son sujet.

      Il nous fournit par cet ouvrage un document solide pour connaître cette hérésie moderne qu’est la Rose-Croix, ou pour en détourner ceux qui seraient tentés par elle.



Roger BARILIER

(Revue Réformée N0147, 1986/3)
Avec permission.

 

Titre: VOIR AUTREMENT / Etude sur le discernement spirituel
Auteur: Francis Bailet – 164 pages
Editeur: Edition « La Rencontre », av. Cernuschi 21
06100 Nice – 1987

      Ce livre remet les choses en place. Il devrait être lu par tout chrétien, qu’il soit de tendance évangélique ou charismatique. Il redonne sa primauté à la Bible, qui est et reste la seule Parole de Dieu dont les auteurs ont été inspirées du même Esprit-Saint par lequel tout enfant de Dieu est né d’en haut.

      Ce qui confère à ce livre un caractère particulier, c’est que le discernement lucide dont il fait preuve est imprégné de compréhension et d’amour. Le regard de discernement se porte d’abord sur Jésus-Christ et les Ecritures. L’auteur nous invite à devenir adultes spirituellement, à rechercher avant tout le fruit de l’Esprit (Gal 5.22), sans négliger les dons spirituels authentiques. Son regard se porte ensuite sur le discernement des temps, tenant compte du présent et de l’avenir, dans l’attente du retour de Jésus-christ, dont le comment et le quand sont effleurés.

      VOIR AUTREMENT veut regarder la réalité en face le bien et le mal, la liberté qu’a le chrétien d’utiliser son corps (sous-titre Sexualité et vie chrétienne), son argent, son temps, ses paroles… L’auteur nous incite à voir autrement pour vivre autrement. Pour cela, il est nécessaire de discerner la volonté de Dieu; l’auteur nous propose cinq principes fondamentaux qui peuvent nous guider.

      Un chapitre est voué au discernement des doctrines, notamment la doctrine du Saint-Esprit. Bailet cite Athanase (4e siècle) « Ce qui est écrit, crois-le; ce qui n’est pas écrit, ne le recherche pas. » Je pense à la tendance actuelle de vouloir percer les secrets de l’au-delà que Dieu n’a pas trouvé bon de nous révéler dans sa Parole. Notre enseignement, dit Bailet, doit être conforme aux enseignements de la Bible. Il cite John Stott: « Ce que l’Ecriture nous rapporte comme étant arrivé à d’autres ne nous est pas nécessairement destiné. La révélation du dessein de Dieu dans l’Ecriture doit être cherché dans l’enseignement de Jésus et dans les sermons ou écrits des apôtres plutôt que dans les passages purement narratifs des Actes » (DU BAPTEME DE LA PLENITUDE).

      Après avoir jeté « un regard sur la puissance séductrice de l’ennemi », le livre se termine par « un regard sur les autres pour les connaître et les aimer ». La phrase finale « Quoi qu’il en soit, que notre Seigneur nous donne, par son Esprit, de pouvoir avancer ensemble pour glorifier ensemble son Nom béni. »

Jean-Pierre SCHNEIDER
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