Série: Le Saint-Esprit donné
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Le Saint-Esprit donné (7)

Rappel de l’introduction

Les réflexions qui paraissent et paraîtront sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit – The Pentecostal Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Cc livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

La réception du Saint-Esprit est devenue sujet à controverse depuis l’apparition du pentecôtisme en 1906 à Los Angeles avec son prolongement charismatique dans les années soixante. Il est impératif que l’Eglise soit édifiée, aussi en ce qui concerne ce point primordial, uniquement sur la base de l’Ecriture sainte, l’expérience ne pouvant être un fondement valable, pour deux raisons: elle n’est jamais normative; étant subjective, elle n’est pas nécessairement authentique quant à son origine et ses manifestations

IV, La manifestation de l’Esprit: la foi chrétienne (fin)

E. Les conséquences pour la doctrine pentecôtiste concernant «la manifestation initiale de l’Esprit»

Le pentecôtisme donne une importance de premier ordre à la doctrine, considérée comme reposant sur des bases bibliques, selon laquelle le parler en «langues» signifierait d’une manière audible et visible indiquant que le baptême du Saint-Esprit aurait effectivement eu lieu. Ainsi, toute «foi vague» serait éliminée. Cette doctrine est l’expression d’une véritable passion d’acquérir la certitude de la présence du Saint-Esprit par une manifestation qui en serait l’évidence.

Pourtant, le Nouveau Testament donne comme évidences:

1. la prière adressée au «Père»: Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils, qui crie. Abba! Père! (Gal 4.6);

2. la confession que Jésus est le Seigneur: … nul ne peut dire: Jésus est le Seigneur! si ce n ‘est par le Saint-Esprit (1 Cor 12.3);

3. le fait que tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Rom 8.14), ce qui indique sans contredit que l’Esprit habite en eux;

4. le témoignage de l’Esprit à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8.16).

Ces témoignages de la présence de l’Esprit peuvent être entendus, perçus et toucher le coeur comme aucune langue inintelligible ne le peut.

En d’autres termes, ce sont la prière et la confession de foi chrétiennes qui sont la démonstration que le baptême du Saint-Esprit a effectivement eu lieu, et non la manifestation du parler en «langues» que le pentecôtisme demande comme «preuve».

Le terme que le Nouveau Testament emploie pour attester que l’Esprit est présent est le mot foi. La foi n’est pas seulement le moyen, elle est aussi l’attestation que l’Esprit est actif dans la vie du chrétien. C’est dans ce sens-là que la justice de Dieu se révèle dans l’Evangile par la foi et pour la foi (Rom 1.17).

La réalité de cette foi se manifeste donc premièrement par la confession de la seigneurie de Jésus, autrement dit: de la divinité du Jésus terrestre, sans que pour autant son humanité soit diminuée. A la confession de Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu! Jésus attache une béatitude: Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru! (Jean 20.28-29). Toujours et encore la foi!

Autre conséquence d’une foi authentique: elle n’entraîne pas dans l’euphorie, mais elle entraîne vers le prochain. Le Nouveau Testament nomme cet «entraînement» amour.

Ces simples manifestations de la foi -le baptême, la prière adressée au «Père», la confession de Jésus comme «Seigneur», l’amour chrétien plein d’égards – ne sont pas, il est vrai, d’ordre spectaculaire, mais ils sont d’ordre spirituel. Il y a, dans les manifestations selon le Nouveau Testament, une normalité et une simplicité qui font défaut au pentecôtisme.

Il faut cependant mentionner quelque chose de plus grave. Les manifestations prônées par le pentecôtisme ne sont pas de simples particularités anodines dont la naïveté pourrait nous faire sourire. Car du moment où l’on exige des chrétiens, en plus de la foi, de parler en «langues» avant de pouvoir recevoir Dieu dans sa plénitude, le pentecôtisme risque de se placer en dehors de la sphère de la foi chrétienne. La démonstration extérieure exigée par le pentecôtisme ressemble à la circoncision exigée par les judaïsant de l’Eglise primitive.

L’apôtre Paul ne considérait pas cette addition à la foi comme inoffensive, ni comme une variation oecuménique innocente qui ne mettrait pas l’Evangile en danger (relisez Actes 15). Quand des «super-apôtres» vinrent apporter aux Corinthiens un Jésus, un Esprit et un Evangile différents, meilleurs et plus complets, Paul ne trouva pas cela simplement intéressant. Il compare ce nouvel apport à la séduction d’Eve par le serpent qui corrompit ses pensées (2 Cor 11.3-4). Les avertissements les plus intransigeants du Nouveau Testament sont dirigés précisément contre tout supplément que certains essayaient d’ajouter à la simplicité de l’Evangile du salut par la seule foi.

Nous n’honorons pas l’Evangile si nous ne précisons pas ce qu’implique la doctrine particulière du pentecôtisme. Il se peut que le parler en «langues» soit parfois parfaitement anodin, tout comme Paul, par exemple, en certaines circonstances, était prêt à taxer la circoncision de rite inoffensif: En Jésus-Christ, ce qui a de la valeur ce n ‘est ni la circon cision ni l’incirconcision, mais la foi qui est agissante par l’amour (GaI 5.6). Il arriva même à Paul d’administrer la circoncision dans le cas précis de Timothée, à cause des Juifs qui étaient dans ces lieux-là, afin que son témoignage parmi les Juifs soit bien reçu (Act 16.1-3). Mais dès qu’un rite, l’observation d’une règle religieuse ou une expérience devient une adjonction à la foi ou une condition nécessaire pour atteindre plus de plénitude en Dieu, alors l’anathème doit être prononcé afin d’éviter un faux enseignement à tout prix.

Dans sa forme classique, cet avertissement solennel se trouve dans l’épître aux Galates (1.6-9; 5.2-12). Afin d’indiquer le degré de gravité concernant les adjonctions à la foi, nous terminerons notre tour d’horizon systématique par une simple comparaison de la manifestation des langues à la Pentecôte avec le rite judaïque de la circoncision.

Cela se justifie par la remarquable similitude des deux rites. Les deux se basent sur l’Ecriture en tant qu’extensions ou de conséquences de la foi, et les deux veulent être compris comme nécessaires pour obtenir la faveur de Dieu et de la puissance. En plus, les deux sont des phénomènes physiques momentanés concernant spécifiquement des organes du corps, et les deux semblent garantir la réalité de ce que chaque rite veut attester. Dans les deux cas, l’événement physique est investi de signification spirituelle.

Finalement, l’histoire montre que le fait d’ajouter à la foi est destiné à devenir le centre d’une nouvelle foi. Il n’est donc pas surprenant que le premier «mouvement supplétif» formât un groupe à part; c’est le cas aussi pour le mouvement supplétif le plus récent, celui «des langues».

Historiquement parlant, il apparaît que toute adjonction à la foi comporte la tendance presque irrésistible de prétendre à un avancement spécifique qui dépasse la foi et devient ainsi le but d’une nouvelle spiritualité d’un type chrétien soi-disant «supérieur». La foi ne devient alors qu’un pas dans la bonne direction. En un mot, ce qu’on y ajoute à la tendance inéluctable de devenir le centre.

 

Conclusion au chapitre IV. commencé au No 94 de PROMESSES

Tant que le parler en «langues» sera considéré comme l’attestation initiale et du même coup l’ultime condition exigée pour prouver la réception du Saint-Esprit, tous les avertissements sévères de l’apôtre Paul, particulièrement ceux adressés aux Galates (5.2-12), doivent être appliqués au pentecôtisme: être séparé de Christ, déchu de la grâce et obligé d’observer toute la loi. Ce jugement est le seul à faire justice à l’Evangile du Nouveau Testament, bien qu’il puisse paraître injuste à ceux qui en sont frappés.

Ceux qui vous troublent et veulent pervertir l’Evangile du Christ (Gal 1.7) en y ajoutant le «plus» que le Nouveau Testament ne connaît pas, supporteront la condamnation (5.10). Et ceux qui se laissent fasciner; que Paul nomme insensés (3.1) parce qu’ils désobéissent à la vérité (5.7), supporteront la leur. Car la prétention qu’il faille ajouter à la suffisance de la foi un «plus» pour obtenir le plein don de Dieu est une subversion de la vérité. Un peu de levain fait lever toute la pâte (5.9), et un peu de «plus» anéantit tout l’Evangile.

Le fond de la question est d’une clarté toute simple: ou bien le croyant reçoit tout ce que Dieu veut lui donner en Christ par la foi, ou il le reçoit par quelque chose de plus (même par «plus de foi»). Le Nouveau Testament désavoue sans ambages la deuxième éventualité (cf. Jean 10.1). Au pentecôtisme d’en tirer les conséquences.

Jean-Pierre Schneider
chargé de la traduction-adaptation par la rédaction de Promesses

Au prochain numéro:
V. Les problèmes spirituels probants de l’église de Corinthe

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