Série: Le Saint-Esprit donné
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Le Saint-Esprit donné (9 et fin)

Rappel

Les réflexions qui paraissent sous ce titre s’inspirent du magistral ouvrage de Frederick Dale Bruner: «A Theology of the Holy Spirit -The Pentecostat Experience and the New Testament Witness» (Une théologie du Saint-Esprit – L’expérience pentecôtiste et le témoignage du NT), Hodder & Stoughton, London 1970, 390 p. A ceux qui savent l’anglais, nous ne pouvons que chaleureusement en recommander la lecture. Ce livre est aussi actuel aujourd’hui qu’au jour de sa publication.

V. Les problèmes spirituels probants de l’église de Corinthe

Nous avions vu, à partir de 1 Cor 12, que ce qui caractérise la spiritualité authentique n’est pas l’exaltation, mais la simple confession que Jésus est le Seigneur mort et ressuscité. L’Esprit exalte Jésus-Christ; ceux qui sont spirituellement doués le sont pour servir le Corps de Christ, et les différents dons de grâce servent tous au bien commun.

Tous les membres du Corps ont été baptisés dans un seul Esprit; ce baptême est identique avec le baptême en Christ, qui ne peut pas plus être séparé du baptême dans le Saint-Esprit que Christ du Saint-Esprit lui-même; car le Seigneur, c’est l’Esprit (2 Cor 3.17-18).

Examinons maintenant le chapitre suivant:

1 Cor 13: La manière de l’Esprit

(agapé: amour)

Si au 12eme chapitre Paul reliait ce qui est spirituel à la grâce, au 13eme il les relie à l’amour. Il indique comment les dons de grâce doivent être exprimés sur le plan humain,. Ni le langage exalté (v. 1), ni la pénétration de «mystères» (v. 2), ni le sacrifice le plus sublime (v. 3) ne peuvent se substituer à l’expression de l’amour chrétien. L’amour est une grâce moins spectaculaire mais combien plus fondamentale que tous les dons. Sans l’amont, les dons de grâce sont disgraciés.

Pour bien comprendre et interpréter 1 Cor 13, nous devons tenir compte du contexte: les problèmes d’ordre spirituel dans l’église de Corinthe. Ce regard permet de mieux déchiffrer ce « poème » sur l’amour.

Ainsi, la première définition positive de l’amour au v. 4 est un verbe grec qui a été traduit par «patient» (litt. l’amour longanimise, ne perd pas facilement patience); il se manifeste par une action qui va à la rencontre de l’autre. Paul dit aux Corinthiens enclins à l’émotivité que ce n’est pas tellement l’expression ardente qui caractérise l’amour authentique. Tout comme il avait donné la priorité aux dons s’exprimant en paroles pondérées (12.8), Paul décrit l’amour chrétien comme une attitude de joie, de pardon, de confiance, d’espérance et de tolérance.

Il est évident que la description de l’amour n’est pas ici de la poésie, mais une application concrète de la vérité à l’adresse de ceux qui devaient apprendre ce que signifie vraiment la vie chrétienne, en faisant abstraction du penchant pour le spectaculaire.

Considérons l’injonction du v. 5: L’amour ne cherche pas son intérêt (litt. …le sien, ce qui est à lui). Cette définition nous permettra de mieux comprendre le chapitre suivant. L’amour ne cherche pas le sien, tout comme les dons, qui n’existent que pour bénéficier au Corps.

Sommaire

Les expériences «supérieures» individuelles prônées par les Corinthiens doivent faire place à la manière «inférieure» de l’amour patient pour l’église et son ministère dans le monde, tel que l’apôtre Paul l’enseigne.

1 Cor 14: Le but de l’Esprit

(oikodomé: édification)

v. 1-3:

Paul désire que les Corinthiens recherchent spécialement le genre de vie qu’il vient de décrire. Il nous semble que le mot «prophétie», quelque peu vétuste, serait mieux rendu par des mots tels que «discours réfléchi», «témoignage» ou «conseil», car celui qui prophétise parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console (v. 3). C’est là une importante définition de la prophétie dans le sens du NT. Il semble bien que le don de prophétie soit le don de comprendre et exprimer la volonté de Dieu dans une situation donnée.

Ainsi, tout comme la Trinité est la source de toutes les grâces (chap. 12), et comme l’amour en est la manière (chap.13), l’édification en est le but (chap. 14). Le critère ultime dans l’évaluation d’un don, dans la pensée de Paul, est celui-ci: édifie-t-il l’église?

v.4 et 12:

Celui qui parle en langue s ‘édifie lui-même; celui qui prophétise édifie l’église. Paul ne nie pas que le don de parler d’autres langues existe; par contre, il n’encourage dans aucune de ses lettres la recherche de ce don. La raison serait-elle dans le fait que ce don «édifie» le parleur lui-même, alors que celui dit de «prophétie» édifie l’église?

v.5-20

Seul quand le parler en une autre langue est traduit, il peut être utile. La comparaison du v. 19 devrait ouvrir les yeux à ceux qui attribuent de l’importance au don de parler en d’autres langues: plutôt 5 paroles en une langue connue de l’auditoire que 10000 en une langue inconnue (rapport: une minute plutôt que 33 heures). Peut-on s’exprimer plus clairement? De là l’insistance de Paul de rechercher plutôt le don de prophétie (tel que défini plus haut), comme le demande la règle de l’édification du plus grand nombre. Ne soyez pas des enfants au point de vue du jugement… soyez des hommes faits (v. 20); autrement dit; ayez du hon sens.

v. 21-25:

Dans ce passage se trouve l’argument le plus fort: celui de l’évangélisation. Un incroyant qui entend parler en une langue inintelligible pensera que les chrétiens sont détraqués (v. 23). La citation de l’AT au v. 21 est un avertissement dont la portée n’est pas immédiatement apparente: les langues étrangères provoquent un endurcissement et non une humiliation du cour.

L’auteur relate un incident typique qui se produisit lors d’un «petit déjeuner» organisé par un groupe pentecôtiste dans une université. Après quelques chants exécutés par leur chour plusieurs pentecôtistes s’adonnèrent au «parler en langues», ce qui eut pour résultat que pratiquement tous les étudiants quittèrent la salle un à un. Même si ce geste pouvait être qualifié de peu courtois, il étai t pourtant symptomatique. J’affirme que beaucoup de personnes sont détournées de la foi par ce genre de manifestations, quoi qu’en disent les pentecôtistes. Ceux qui sont ainsi chassés peuvent évidemment moins aisément être comptés que ceux qui entrent…

Par contre, le témoignage missionnaire authentique est d’une grande portée et mène souvent à la conversion (v. 24-25). Toute église devrait considérer ce fait lorsque la question de l’usage public du «parler en langues» se pose.

v. 26-33a:

Paul résume ses considérations en examinant la manière de se rassembler. Notez l’emploi du mot «chacun» au v. 26, qui indique que chaque croyant devait être conscient de sa responsabilité dans la vie de la communauté. Paul ne méprise pas les langues, pourvu que trois conditions soient remplies: pas plus de trois, chacun à son tour, traduction obligatoire. Une quatrième condition sera ajoutée plus loin.

Les prophètes aussi devaient parler à tour de rôle (pas plus de deux ou trois), alors que les autres devaient exercer leur jugement. Il est évident que chaque présentation pouvait être suivie d’une discussion critique.

Le but de la participation totale de l’église: afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés (v. 31).

v. 33b-38:

Paul interdit ensuite à la femme de prendre la parole dans l’assemblée. Vu que, dans i Cor 11.5, Paul envisage que la femme puisse prier ou prophétiser pourvu qu’elle ait la tête voilée (couverte), il doit s’agir ici du «parler en langues». On peut se demander si les difficultés provenant de l’usage abusif des langues n’étaient pas dues à la participation des femmes.

v. 39-40:

Paul termine ce chapitre par l’exhortation d’aspirer à la prophétie, à savoir: édifier, exhorter, consoler (selon la définition du v. 3), suivie de la concession pleine de tact de ne pas empêcher les langues.

Le mot final mérite toute l’attention de toute église qui n’est pas liée par un ordre liturgique rigide:
 Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre.

Résumé

Dans ces trois chapitres de sa première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul cherche à inculquer à l’église de Corinthe un principe resté actuel pour nous aujourd’hui: de même que l’Esprit est un avec Christ, de même les dons de l’Esprit servent à édifier le Corps de Christ.

Le Dieu trinitaire est la source, l’amour est le moteur, et l’édification de l’église est le but des dons de grâce.

L’impact des instructions de ces trois chapitres doit être tel qu’aucune église ne puisse trouver l’essence de sa vie spirituelle en ce qui provient simplement de l’enthousiasme et du miraculeux visible. Les réflexions de l’apôtre font bien comprendre que la spiritualité chrétienne consiste à confesser la divinité de Jésus par la foi et à oeuvrer à l’édification du Corps de Christ par l’exercice de l’amour lucide.

Jean-Pierre Schneider
chargé de la traduction-adaptation par la rédaction de Promesses

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