Apologie pour la loi de Dieu(Jean-Marc BERTHOUD)
C’est un lieu commun, pour une présentation de livre, d’affirmer « que c’est un ouvrage qui vient à son heure ». En ce qui concerne celui-ci, on pourrait presque déplorer qu’il arrive si tard, ou pour le moins reconnaître qu’il était urgent qu’un tel plaidoyer paraisse enfin. Il y a eu, c’est vrai, tout au long de l’histoire de l’Eglise, des hommes fidèles, pour prononcer des apologies du christianisme, ou de la Parole de Dieu; alors pourquoi aujourd’hui une apologie pour la loi de Dieu? Que d’aucuns se rassurent tout de suite: il ne s’agit nullement de « galatiser », de « judaïser », de « sabbatiser », de rétablir des ordonnances explicitement abrogées par le Christ ou encore d’une résurgence de l’hérésie pélagienne; non, Jean-Marc Berthoud n’a de cesse d’affirmer, selon l’enseignement du Nouveau Testament, que le salut s’obtient par la grâce, par le moyen de la foi, que l’homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la loi (Eph 2.8; Rom 3.28). « Nous croyons que la véritable adoration de Dieu n’a lieu maintenant qu’en Esprit et en vérité, sans prêtrise, ni médiation terrestre, ni renouvellement du sacrifice, et d’autre part nous n’avons plus besoin de la terreur du glaive pour rester fidèle a l’Alliance de notre Dieu » (p. 47).
Alors pourquoi revenir à la loi ?
Eh bien tout simplement parce que celle-ci est tout autant Parole de Dieu que l’Evangile et est pourtant en passe d’être oubliée, son rôle méconnu, son application rejetée. Fort des claires affirmations scripturaires énoncées ci- dessus, et si justement mises en valeur en son temps par nos hardis réformateurs, l’Eglise en est venue à progressivement mettre l’Ancien Testament au second plan, puis à l’opposer au nouveau, affirmant que dans le premier le salut proposé était un salut obtenu par les oeuvres, contrastant avec la proclamation d’un salut obtenu par la grâce dans le deuxième, comme s’il s’agissait de deux alliances différentes, incompatibles, opposées et contradictoires; n’entend-on pas parfois même parler du Dieu de l’Ancien Testament et du Dieu du Nouveau Testament? poussant ainsi jusqu’au bout la véritable schizophrénie spirituelle dans laquelle une partie de la chrétienté s’est enfoncée. Sans aller si loin, d’autres se sont installés dans un rationalisme pratique, choisissant non pas entre ce qui est inspiré ou non, ce qui est Parole de Dieu ou non, mais entre ce qui est actuel et ce qui ne le serait plus. Le résultat de ces attitudes est toujours le même: on retranche quelque chose à la Parole de Dieu, l’hérésie est ainsi à la porte! Jésus-Christ a pourtant affirmé avec force qu’il n’est pas venu pour abolir la loi ou les prophètes, mais pour l’accomplir. Car je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota, pas un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé (Mat 5.17-18), Comment en effet saurait-il y avoir contradiction entre Jésus-Christ, qui est lui-même Dieu, et le Dieu Créateur, Législateur et Sauveur donnant sa loi à Moïse.Alors qu’est-ce que la loi ? Quel est son rôle ?
Relevons simplement au passage quelques pensées que Jean-Marc Berthoud développe dans son ouvrage. « La loi de Dieu est une loi dont l’application dépasse le peuple d’Israël. Si elle a été transmise par Moïse à Israël, elle l’a été pour tous les hommes, pour toutes les nations, car, cette loi étant de Dieu, révèle la pensée même de Dieu, et la pensée de Dieu établit l’ordre et le vrai sens de toutes choses, de toute création de Dieu. Elle est universelle » (p. 20).
« Les 10 commandements sont éternels, car ils sont l’expression de la personnalité même de Dieu. Les mêmes expressions sont employées pour décrire Dieu et sa loi. Tous deux sont proclamés être parfaits, saints, justes, bons, droits, éternels, immuables. Le décalogue est en conséquence l’expression des principes immuables et éternels de la justice qui appartiennent à la nature et au caractère même de Dieu » (p.30).
« Cette loi a autorité sur tous les hommes, croyants ou non, quel que soit l’état de leur culture, l’époque de leur existence, leur haine ou leur attachement à Dieu. L’obéissance aux commandements conduit au bonheur, la désobéissance conduit au malheur. Le malheur extrême des hommes vient de ce qu’une telle volonté de Dieu pour nous est que nous soyons parfaits comme lui. Mais cette perfection est totalement inaccessible à l’homme pécheur. En Christ, elle nous est accessible par la foi, foi qui permet à la perfection du Seigneur d’être mise gratuitement sur notre compte. Par la foi nous avons accès à l’obéissance sans faille du Fils de Dieu fait homme pour notre salut » (p.51).
En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. Car chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair mais selon l’esprit (Rom 8.2-4).
N’est-il donc pas de première urgence que le chrétien retrouve, médite et s’imprègne profondément de l’Esprit de la loi de Dieu? « Une des tâches les plus urgentes à l’heure actuelle serait de définir, selon l’enseignement de l’Ecriture, tout ce qui, dans la loi de Dieu, garde aujourd’hui une force contraignante, tant pour la vie du chrétien dans l’Eglise et dans le monde, que pour l’exercice public du pouvoir. Car c’est de l’obéissance au détail de la Parole de Dieu que découle la bénédiction du Seigneur. Ainsi l’Eglise de Dieu pourrait revenir sur le chemin qui la rétablirait comme sel de la terre et lumière pour ce monde, pour les autorités de ce monde » (p. 48).
Puisse ainsi cette « Apologie de la Loi de Dieu » réveiller la conscience, susciter la réflexion de tout chrétien sur le but de son salut, qui est la pratique non seulement dans sa famille ou dans son église, mais encore dans le monde, d’ouvres préparées d’avance par Dieu, dans le but de le glorifier dans toute la création, qui lui revient de droit, non seulement comme Créateur, mais encore comme Rédempteur. Cet ouvrage nous y aide grandement, et c’est ainsi que sa publication ne sera pas arrivée trop tard…