Dossier: Le livre de Job
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Bien plus grand que tu ne le crois

Le lac Léman contient environ 89 milliards de m³ d’eau et la terre possède une réserve d’eau d’environ 1,4 milliard de km³. Ces chiffres sont tellement grands que nous ne pouvons nous représenter ces volumes. Mais Dieu a fixé la mesure des eaux (Job 28.25). Par là, nous voyons un aspect de sa grandeur.
Dieu est aussi celui qui nous aime et il souhaite nous accompagner dans notre vie. Il n’est pas ce Dieu qui a tout créé et qui ne s’intéresse plus à sa création, il est ce Dieu qui vient à nous, motivé par l’amour. Dieu a pourvu à notre rébellion en offrant son fils en sacrifice. Par ce moyen, il offre le moyen pour que nous puissions de nouveau être réconciliés avec lui, cet immense Dieu. Jésus a dit lui-même qu’il nous appelait, non pas ses serviteurs, mais ses amis, parce qu’il nous a révélé ses plans (Jean 15.15). Cette affirmation de Jésus est réellement surprenante face à l’immensité de Dieu.
Dans la Bible, l’histoire de Job nous présente à la fois la relation entre Dieu et Job, la révélation extraordinaire de Dieu à Job, et l’immensité de Dieu. Elle nous éclaire également sur le questionnement de Job sur Dieu, sur la justice de Dieu et sur l’incapacité apparente de Dieu à gérer le monde.

Quelle justice face à la souffrance ?

Job est appelé fils éminent de l’Orient (1.3). Pourtant son histoire nous montre qu’il va subir une série de catastrophes ; il va même être affecté d’une douloureuse maladie de peau au point qu’il utilise un morceau de poterie pour se gratter. Lorsque ses amis arrivent, ils ne le reconnaissent pas (2.12).
Un long débat s’engage entre Job et ses amis, du chapitre 4 jusqu’au chapitre 37. La conclusion en sera : soit Dieu ne dirige pas ce monde avec justice, soit, pire, Dieu est tout simplement injuste.
Les trois amis de Job soutiennent que Dieu est juste, et que c’est avec justice qu’il dirige le monde. Ils défendent la position suivante : si Job souffre, c’est qu’il a péché. Par ce principe, les trois amis de Job sont dans le champ 1. Dieu dira à la fin du livre qu’ils ont mal parlé de lui (42.7).
Le quatrième ami, Élihu, soutient aussi que Dieu est juste et qu’il agit avec justice, mais ses propos sont plus nuancés. Les souffrances ne sont pas forcément un châtiment, mais elles sont un moyen que Dieu utilise pour nous éduquer en forgeant notre caractère. Dieu nous prépare au travers de la souffrance à ne pas pécher.

La réponse de Dieu

Dieu laisse d’abord Job et ses amis débattre et épuiser leurs arguments au cours des 34 chapitres du plaidoyer, avant d’intervenir. Puis il va répondre à Job au travers de l’univers et de sa création.
Dieu commence par interroger Job sur la création et lui demande d’expliquer les principes qui régissent la nature (38). Job serait-il plus grand que Dieu pour gérer l’univers, donner un nom à chaque étoile, expliquer d’où vient la lumière ? En d’autres mots, Dieu interroge Job sur sa capacité à connaître la souffrance de ce dernier, pour en obscurcir ses desseins.
Dieu continue à répondre à Job au travers du règne animal (39) : la lionne, le corbeau, la chèvre sauvage, la biche, l’onagre, le buffle, la cigogne, l’autruche, le cheval. Le but de Dieu est de vouloir faire lever le regard de Job sur l’entièreté de sa création. Dieu montre que l’univers est vaste et complexe et qu’il en connaît les moindres recoins et détails. Celui qui a formé l’univers, sait également comment le corbeau vit, et comment la chèvre met ses petits au monde. Job ne perçoit qu’un petit rayon de la création parce que sa vision est étroite, il ne voit le monde et la création que par sa seule vision, tandis que Dieu lui parle de l’infinie grandeur de sa création. Dieu décentre Job de son malheur pour le placer devant l’immensité de ce que lui gère.
Dans sa seconde intervention, Dieu va proposer à Job quelque chose de surprenant : prendre sa place. Il va lui poser une série de questions (40.1-9). Il propose à Job de gérer le monde selon sa justice. Dieu explique à Job par ce biais que, s’il jugeait le monde selon sa justice, personne ne tiendrait debout : « Répands les flots de ta colère, et d’un regard abaisse les hautains ! d’un regard humilie les hautains, écrase sur place les méchants. » (40.6-7) En d’autres mots, Dieu dit à Job d’être le juge parce qu’il s’est lamenté sur son sort.
En dernier lieu, Dieu va parler à Job du léviathan2 et du béhémoth3 . Ces deux créatures représentaient du temps de Job le désordre et le danger. Qui s’amuserait avec le léviathan et l’attraperait avec un hameçon ? Celui-ci vit et mange, et personne ne lui donne d’ordre. Le béhémoth mange de l’herbe, il est sous l’eau, mais qui va aller l’attaquer lorsqu’il a les yeux ouverts ? Dieu a créé ces deux bêtes et il en est fier.

La repentance de Job

Pourquoi Job se repent-il lorsque Dieu lui parle de ces deux animaux ? Le monde est bon et magnifique, mais il n’est pas parfait, et n’est pas à l’abri du danger. Le monde est bien organisé et beau — c’est ce que Dieu rappelle avec la création de ces animaux — mais il peut s’avérer tout aussi sauvage que les deux animaux qui sont cités à la fin du livre. La réponse de Dieu renvoie à la question que Job a posé au début : « Pourquoi doit-on souffrir dans un monde créé par Dieu, que ce soit par les tremblements de terre, par les bêtes sauvages ou par les humains ? » Dieu n’a pas maintenu un monde calme et parfait après la chute. Dieu montre à Job que le monde est dangereux, difficile à vivre, plein de rebondissements. Il ne répond jamais à la question de Job sur sa souffrance. Dieu renvoie simplement à Job son doute sur la justice et la capacité divines à gérer l’univers ; Job n’est pas en mesure de dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Au même titre que Job n’est pas en mesure de comprendre Dieu dans sa création, de contrôler l’éclair, Job n’a pas la capacité de dire ce qui bien et ce qui est mal. Dieu demande à Job d’avoir foi en sa sagesse.
Job n’a pas été puni pour son attitude parce qu’il s’est repenti de son manque d’intelligence. Ce qui était honorable dans son attitude, ce sont les prières qu’il adressait à Dieu dans son tourment, par une relation honnête et de cœur-à-cœur avec Dieu. Lorsqu’il reproche à Dieu cette injustice, il sait pertinemment que Dieu est bon et juste, il aime son Dieu. Il ne répète pas mécaniquement : « si tu pèches, tu payes ». Job ne cultive pas une représentation manichéenne du monde comme ses trois amis qui mettent Dieu en colère par leur discours.
Dieu va expliquer à Job qu’il n’a pas la capacité, ni le pouvoir de définir ce qui juste. Si Job en avait eu le pouvoir, ce serait un drame à cause d’une justice arbitraire. La grâce n’existerait pas.

L’enseignement de l’histoire de Job

Comme Job, nous sommes poussés à avoir confiance en Dieu. Il sait ce qu’il fait, il est proche de nous, il entend nos prières et nos supplications. Dieu a entendu Job crier et ne l’a pas puni car il a vu l’honnêteté dans le cœur de Job. Les amis de Job donnaient des explications au nom de Dieu alors que Job demandait des explications à Dieu. Lorsque nous lisons les Psaumes, nous sommes dans cette même confrontation que celle de David s’adressant à Dieu en lui demandant : « Où étais-tu ? » (Ps 55 ; 70 ; 71, …).
Dans l’Épître aux Romains, Paul parle de la création et évoque l’universalité du message de la création adressé aux humains (Rom 1.19-20). Dieu utilise ce message pour se révéler à Job. C’est au travers de ce discours que Job prend conscience de la grandeur et de la sagesse de Dieu dans tout ce qu’il fait (42.1-5). Au départ, Job avait une connaissance de Dieu pour vivre une bonne vie. Dans son luxe, Job n’avait pas encore tout compris. Il est simple d’aimer, de louer, de glorifier et d’obéir à Dieu lorsque tout va bien. Job qui pensait voir Dieu au jour de sa mort (19.26), découvre au travers de cette expérience un Dieu qui lui est favorable, même dans les pires épreuves. Même son épouse est une pierre d’achoppement pour lui quand elle lui dit : « Maudis Dieu, et meurs ! » (2.9) Face à Dieu, Job apprend le contentement, chose qu’il a refusé pendant près de 40 chapitres. Job avait limité Dieu, mais bien qu’il n’eût encore rien reçu en retour en dehors de cette révélation, il reconnut la grandeur de Dieu lorsqu’il dit : « Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu. » (42.5)
Combien connaissons-nous d’histoires d’hommes et de femmes qui ont traversé des difficultés et vivent dans la souffrance, et qui, au travers de celles-ci, se sont approchés de Dieu par la prière et ont grandi dans leur foi ? Leur humilité et leur admiration de Dieu les ont soutenus. Malheureusement d’autres ne vivent pas les choses de cette manière lorsqu’ils traversent de telles épreuves. Ces derniers pensent que Dieu est injuste et qu’il est incapable de gérer le monde. Job a compris que Dieu était totalement capable de gérer le monde lorsqu’il a accepté son sort. La bonne nouvelle de l’histoire de Job est qu’il a tout reçu a posteriori. De notre côté, nous avons déjà tout en Christ.
Dieu peut guérir (il y a de vraies guérisons !), mais il y a aussi des mensonges. Il y a aussi des gens qui obscurcissent les projets de Dieu lorsqu’ils veulent conseiller des personnes dans la souffrance. Mais lorsque nous souffrons, plaçons-nous devant Dieu, considérons la nature et l’immensité de l’univers, puis interrogeons-nous si nous sommes capables de gérer le monde comme Dieu le fait. Posons-nous la question si, dans ce monde, Dieu ne nous a pas oubliés, parce que nous vivons quelque chose de compliqué. Au final, Dieu ne peut pas nous oublier, mais Dieu a un plan bien plus grand et vaste que nous ne pouvons pas voir, limité par notre petite sphère mais inclus dans la sphère de Dieu. Dieu n’a pas fait du mal à Job, Dieu était content d’avoir un Job qui le questionne mais il y a un moment où il faut cesser les « pourquoi », car trop de « pourquoi » diminuent la souveraineté de Dieu. C’est de cette manière que Dieu a agi avec Job et a pu le calmer.

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  1. NDLR : « être dans le champ », expression canadienne signifiant « être perdu »
  2. NDLR : les traductions modernes emploient souvent le mot « crocodile » alors que la description qui en est faite semble davantage penser à un dragon.
  3. NDLR : les traductions modernes emploient souvent le mot « hippopotame » alors que la description qui en est faite semble davantage penser à un diplodocus.
Dossier : Le livre de Job
 

Taylor Ken
Ken Taylor, d'origine belge, a vécu pendant 10 ans au Québec comme pasteur/implanteur d'église. Depuis 2013, il exerce un ministère pastoral à Dijon, à l'Église Évangélique Baptiste "la Bonne Nouvelle". Marié depuis 26 ans à Anne, ils ont deux enfants.