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Coût d’être disciple du Seigneur

« Si quelqu’un vient à moi et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26-27)

1. Qu’est-ce qu’un disciple du Seigneur ?

On devient disciple du Seigneur en :
– venant à Jésus (« Si quelqu’un vient à moi », v. 26) : Jésus dit ailleurs : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Mat 11.28-30) Venir à Jésus, c’est accepter la main de mon Sauveur Jésus-Christ, en me repentant de mes péchés et en le recevant par la foi. C’est le chemin du salut
. – venant après Jésus (« Quiconque ne me suit pas (litt. ne vient pas après moi) ne peut être mon disciple », v. 27) : Venir après Jésus, c’est le suivre, marcher à son exemple et selon ses commandements. C’est le chemin de la sanctification.

Le mot grec « maître » est didaskalos. Un disciple est donc quelqu’un qui suit l’enseignement de son « didaskalos », de celui qui l’enseigne1 . Ce mot était commun dans le monde académique gréco-romain. Les disciples étaient assis aux pieds des philosophes. Ils vivaient avec leur maître et suivaient sa façon de vivre et son système d’enseignement.

Le disciple est un élève, quelqu’un qui apprend à être sous l’influence de son maître enseignant pour qui il a de l’admiration. Nous, nous devons apprendre la vérité de l’Évangile enseigné par notre Maître.

Le disciple est un adepte ou un adhérent, quelqu’un qui soutient loyalement son maître et n’a honte de lui dans aucune situation. Il suit son maître et sa doctrine avec dévotion. Le disciple est un chrétien, quelqu’un qui suit son maître, Jésus-Christ. « Ce fut à Antioche que pour la première fois les disciples furent appelés chrétiens. » (Act 11.26)

2. Trois caractéristiques du disciple du Seigneur

2.1. Ne pas faire passer les affections naturelles avant Jésus (v. 26)

Le verbe « haïr » du v. 26 n’implique pas une haine littérale, car Jésus nous exhorteA à aimer nos ennemis (Luc 6.27) — a fortiori nos proches ! Dans Luc 8.20-21, il explique que ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique sont sa mère et ses frères. « Haïr » est une expression idiomatique hébraïque qui signifie « ne pas préférer à »2 . Autrement dit, celui qui ne préfère pas Jésus à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même à sa propre vie, ne peut être son disciple.

La Bible Osty commente en note : « Il faut préférer Jésus à tout ce que l’on a de plus cher. » Aimer, c’est choisir Christ et se soumettre à lui et à sa Parole. Haïr, c’est rejeter ou refuser de se soumettre à quelqu’un ou quelque chose d’autre qui prendrait la place de Jésus. Cela ne relève pas de nos émotions, mais de notre volonté. À l’instar du fils prodigue, on engage sa volonté : « Je me lèverai, j’irai vers mon père… » (Luc 15.18)

Nous devons suivre inconditionnellement Jésus-Christ comme Seigneur et Guide en lui subordonnant tous les liens naturels, aussi légitimes qu’ils soient. Deut 21.18-21 en est un exemple : un fils indocile devait être amené par ses propres parents vers les anciens d’une ville en Israël et être lapidé. Cet exemple extrême nous dépeint la haine que nous devons avoir contre le péché et la désobéissance à Dieu et à sa Parole.

Cela touche ma vie personnelle, mon « ego » qui s’élève contre la vie de Dieu en moi. « Me faire plaisir », « me sentir bien dans ma peau », est tout sauf « haïr sa propre vie » (v. 26). Confessons-le, nous avons souvent de la peine à ne pas être influencés par l’esprit hédoniste de notre société.

Mais, pourrait-on dire, ne faut-il pas s’aimer pour « aimer son prochain comme soi-même » (Matt 22.39, cf. Éph 5.28) ? En fait, pour aimer notre prochain nous puisons notre amour à sa source, l’amour du Seigneur qui nous a aimés inconditionnellement.

2.2. Porter sa croix et suivre Jésus (v. 27)

Suivre le Seigneur implique des tribulations, de la souffrance, des épreuves :
– « Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » (Luc 14.27)
– « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. » (Act 14.22)
Sous les Romains, la croix était la part des criminels, un symbole d’abomination et de mort. Le Seigneur a subi à notre place une mort ignominieuse. Il a « souffert beaucoup » (Luc 9.22). Il restera toujours notre modèle quant aux épreuves et aux souffrances. « Porter sa croix » se vit dans divers domaines ; cela peut consister à :
– remporter des victoires sur les penchants de notre cœur naturel ;
– aimer ceux qui ne nous aiment pas, voire même qui nous détestent ;
– exercer le fruit de l’Esprit dans les circonstances adverses (amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi (Gal 5.22-23) ;
– renoncer à faire passer ses propres intérêts avant ceux des autres.

Quelles que soient les situations, l’objectif du disciple restera de « connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort pour parvenir, [s’il le peut], à la résurrection d’entre les morts » (Phil 3.7-14).

2.3. Renoncer à tout ce qu’on possède et suivre Jésus (v. 33)

Le verbe « renoncer » (apo-tassomai) veut dire « abandonner », « dire adieu », « donner congé à ». Le verbe est au présent, ce qui indique une action continue, car c’est un processus de sanctification.

Je dis volontairement adieu à tout ce qui touche mes propres intérêts, mes projets, mes idéaux, en remettant à Christ le contrôle de ma vie, de tous les recoins encore cachés de mon cœur. Je laisse le commandement de mes activités, de mon ministère, entièrement au Seigneur.

Les rôles sont inversés : le cœur naturel s’aime d’abord lui-même, est autonome, ne se soumet pas à Dieu et ne le met au premier rang de ses affections. Le cœur soumis à Dieu dit au contraire : « Je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. » (Phil 3.8-9) « Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps esAt court ; que désormais ceux qui ont une femme soient comme n’en n’ayant pas, ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas, et ceux qui usent du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe. » (1 Cor 7.29-31)

Rien dans ce monde ne doit nous empêcher de vivre dans une soumission entière au Christ. Sa volonté prime. Il a tous les droits sur ses disciples rachetés à grand prix.

« Donner congé à » tout ce que nous possédons signifie que nous confions d’abord au Seigneur nos biens légitimes, car nous les avons reçus de lui : épouse, enfants, travail, maison, ministère. Nous marchons alors avec une entière confiance dans le Seigneur. N’a-t-il pas promis : « Je ne te délaisserai point ni ne t’abandonnerai » (Héb 13.5) ? La Parole nous assure : « Il prend soin de vous » (1 Pi 5.7).

3. Trois illustrations sur ce que fait un disciple

Le Seigneur nous engage à la réflexion, au calcul du coût d’être ses disciples. Suivre Jésus entraîne des conséquences sérieuses dans notre vie. Certains avaient reculé devant ce prix à payer : « Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent : cette parole est dure ; qui peut l’écouter ? […] Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allèrent plus avec lui. » (Jean 6.60,66)

1e exemple (v 28-30) : La construction d’une tour — le disciple du Seigneur calcule le coût

Jésus prend d’abord l’exemple de la construction d’un édifice. Avant de construire, on fait un devis préalable de tous les coûts.
Pour le disciple, le coût en sera certainement élevé : le travail est laborieux et les circonstances pas toujours favorables. Ne comptons donc pas sur nos propres forces — ni dans les calculs, ni dans l’exécution de l’ouvrage.

Le disciple construit : – sur un fondement solide : « Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ » (1 Cor 3. 11-15) ; – avec une garantie de sécurité : « Le nom de l’Éternel est une fortAe tour, le juste y court et se trouve en sécurité » (Prov 18.10) ; – en pleine confiance dans le maître d’œuvre : « Remets ton sort à l’Éternel. Confie-toi en lui, et c’est lui qui agira. » (Ps 37.5).

2e exemple (v. 31-32) : La préparation du roi à la guerre — le disciple du Seigneur se prépare au combat

N’oublions pas que le disciple du Seigneur est en état de guerre permanent. – Son engagement dans la bataille nécessite une évaluation de la situation : « Les projets s’affermissent par des conseils ; fais la guerre avec de bonnes directives. » (Prov 20.18) Sage conseil de Salomon, que nous ferions bien de suivre.

– Il dresse une stratégie en prenant connaissance des subtilités de l’ennemi : « Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses serviteurs se déguisent en serviteurs de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Cor 11.1-4, 13-14)

– Il s’équipe contre l’ennemi en revêtant toute la panoplie divine décrite dans Éph 6.10-20. Ne nous confions pas en nos armes charnelles, mais en celles que Dieu nous a laissées et qui « sont puissantes pour renverser des forteresses, les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, en amenant toute pensée captive à l’obéissance de Christ » (2 Cor 10.3-6).

– Il s’astreint à la discipline, sachant que le combat est difficile. Les privations, les souffrances et les blessures ne nous seront pas épargnées.

– Il mesure la force de son ennemi, mais en sachant que l’Éternel est avec lui (Jos 1.5 ; És 41.10,13-14 ; Mat 28.20). Sans le Seigneur nous ne pouvons rien faire (Jean 15.5). Soyons assurés que « les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre l’Église de Christ » (Mat 16.18). Ayons confiance en Dieu, car son armée est plus forte que les cohortes de l’ennemi (2 Rois 6.15-16) et persévérons dans la prière.

3e exemple (v. 34-35) : La saveur du sel — le disciple du SeigneAur sert d’assaisonnement par son témoignage et sa conduite

Le sel est un symbole de la fidélité. Le Seigneur nomme ses disciples « le sel de la terre » (Mat 5.13). Le sel corrige la fadeur de certaines substances. Le sel préserve certaines substances de la corruption. L’infidélité laisse du dégoût et a comme conséquence le rejet de l’Évangile. Le sel insipide « n’est plus bon à rien » et sera finalement jeté. Notre témoignage doit être ce sel de la terre.

4. Celui qui refuse de payer le prix de l’engagement

Il préfère la tradition (v. 1-6) : Jésus, un jour de sabbat, invité chez l’un des chefs des pharisiens, guérit un homme infirme. Ici la tradition du sabbat dépasse ce que la loi avait prescrit et s’oppose directement à la grâce et aux exigences du Seigneur. Le légalisme tue la grâce.

Il préfère l’honneur de sa propre personne pour flatter son « ego » (v. 7-14) : Dans cette parabole, l’invité prétentieux, désireux de se mettre à la première place, a été relégué à la dernière par le maître.

Il préfère ses propres intérêts à ceux du Seigneur (v. 15-24) : La parabole du grand souper le souligne avec force. Les premiers conviés refusèrent tous l’invitation du maître. Aucun n’avait le temps. Les trois activités prétextées pourraient représenter les possessions, le travail et la vie de famille : elles sont légitimes mais peuvent aussi nous empêcher de venir à Jésus ou de le servir.

Conclusion

Calculons les conséquences de notre loyauté envers notre Maître. Préparons-nous à des difficultés et des épreuves de toutes sortes, parfois même à la mort comme c’est le cas de nos frères et sœurs persécutés sous des régimes totalitaires. Suivons le Maître où qu’il aille en apprenant à lui soumettre nos ressources naturelles. C’est Dieu qui nous donne les forces nécessaires si nous nous confions en lui : « Ma chair et mon cœur peuvent défaillir, Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et ma part. » (Ps 73.28)

<sup>1Les mots de la même famille que didaskalos (enseigner, instruction, enseignement, maître, celui qui enseigne), reviennent à peu près 250 fois dans le N.T.
<sup>2</sup> Voir également : « Jacob alla vers Rachel, qu’il aimait plus que Léa. » (Gen 29.30) « Si un homme a deux femmes, l’une aimée, l’autre haïe… » (Deut 21.15) « J’ai aimé Jacob et j’ai eu de la haine pour Ésaü. » (Mal 1.2 ; Rom 9.13), ce qui veut dire : « J’ai aimé Jacob, et quant à Ésaü, je ne l’ai pas préféré à Jacob. » « Celui qui aime père, mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime fils ou fille plus que moi, n’est pas digne de moi. » (Mat 10.37)

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.