Témoignage
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Criminel converti

 Promesses n° 35, Janvier-mars 1976
- Sujet: Grâce

M I Q U E L V A L L E S P Y, ouvrier espagnol, accusé de quatre tentatives de meurtre et d’un assassinat, avait été condamné à mort par contumace par la cour d’assises de l’Aude. Après avoir erré pendant plusieurs années dans le midi de la France, il s’était réfugié en République Argentine.

A Rosario, où il fréquentait le culte évangélique, il se convertit après avoir entendu une prédication sur la repentance. Malgré toutes les sollicitations de ses amis pour le détourner de ce projet, il résolut de revenir en France pour se livrer à la justice : « Je sais bien que je puis être condamné à mort ou tout au moins aux travaux forcés, et je n’attends mon salut que du sacrifice de mon Rédempteur ; seulement, j’ai péché aussi contre la société, je tiens à lui confesser mes torts et à subir le châtiment qu’elle jugera bon de m’imposer ».

Il économisa tout l’argent nécessaire pour son voyage et pour son séjour en prison. Puis il se rendit en Espagne pour dire un dernier adieu à sa soeur et vint se constituer prisonnier à Carcassonne. Il refusa de choisir un avocat et supplia celui qui lui était imposé d’office de ne rien dire qui fut contraire à la vérité. Le pasteur qui le visitait dans sa prison lui dit :
– Alors vous ne regrettez pas de vous être fait incarcérer ?
– Non, je regrette seulement d’avoir tué, et de n’avoir pas connu plus tôt l’Evangile.
– Le fils de votre victime doit venir déposer contre vous.
– Tant mieux! ce sera pour moi un soulagement d’implorer publiquement son pardon.
– Mais vous pouvez être condamné, déporté, souffrir beaucoup dans la suite.
– Qu’importe! Notre Seigneur a gravi le Calvaire, et il n’avait tué personne, lui.
– Les jurés tiendront sans doute compte de votre repentance.
– C’est leur affaire. Pour ce qui me concerne, je suis prêt à me conformer à la volonté de Dieu.
– Puis-je faire quelque chose pour vous ?
-Prier. On prie pour moi à Rosario; on prie à Buenos-Aires ; je prie dans ma prison, tout ira bien.
L’attitude de Vallespy était si touchante que tous en ont été émus. Le jury l’a acquitté, aux applaudissements de la foule.

Cette histoire est vraie en tous points. Seize ans plus tard j’ai eu la joie et le privilège de retrouver Miquel Vallespy à l’Hôpital général de Carcassonne. Il m’a raconté lui-même son histoire: oui il passait dans la rue à Rosario quand il entendit prêcher l’Evangile en plein air. Il se convertit sur le coup et mit sa confiance en Jésus.

Aux assises, il raconta sa conversion à Jésus-Christ et expliqua pourquoi il était revenu en France pour y expier son crime. On n’avait jamais entendu une chose pareille; on n’avait encore jamais vu un condamné à mort, bien à l’abri dans un pays étranger, venir se livrer volontairement à la justice de son pays qui pouvait de nouveau le condamner à mort. Tout le monde était profondément ému, les juges, les jurés et l’assistance qui le connaissait bien.

Et ce fut une scène suprêmement émouvante et bouleversante lorsqu’il se tourna vers le fils de sa victime et le supplia avec larmes :
« Je te demande pardon ».

Il sortit des assises acquitté par la justice des hommes, et il me disait : « Dieu m’a pardonné, et les hommes aussi! Gloire à Dieu! ».

Il ne voulut pas retourner en République Argentine.

Il tint à retourner dans son village à Coursan, à sept kilomètres de Narbonne, là où il avait habité, là où il avait tué et où tout le monde le connaissait, pour y vivre une nouvelle vie.

J’ai retrouvé d’ailleurs à Coursan son patron qui me disait :
« Depuis son acquittement, il n’y a eu plus rien à dire contre lui. Travailleur honnête et consciencieux, il marche d’une manière irréprochable ». Quel beau témoignage rendu à la gloire de Dieu .

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