Série: Les enseignements de l'Ancien Testament
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Daniel, homme bien-aimé

Les enseignements de l’Ancien Testament (19)

Introduction

Dans le livre de Daniel, l’attachante figure du prophète apparaît sous différents éclairages, qui mettent chacun en valeur un aspect particulier de sa riche personnali­té. Jeune déporté juif à Babylone, avec le peuple d’Israël, Daniel demeura fidèle à son Dieu, même au travers de circonstances parfois dramatiques, et jusque dans les périlleuses fonctions de premier ministre du plus grand empire de l’époque, sous plusieurs rois successifs.

Il fut un homme de cour, sans aucun compromis, dans un monde corrompu. Seule sa relation permanente avec Dieu permit cette performance exceptionnelle. Comme homme de foi, Daniel a montré les possibilités insoupçonnées offertes à quiconque prend au sérieux la parole de Dieu et s’y conforme. La foi chrétienne reste une puissance victorieuse du monde moderne, pourtant si fier de ses étonnantes réalisa­tions. Il nous reste à envisager Daniel comme homme bien-aimé de Dieu.

Ainsi sont mises en évidence:
– par l’homme de cour: la protection de- Dieu sur les siens dans le monde:
– par l’homme de foi: la souveraineté de Dieu sur un monde impie;
– par l’homme bien-aimé: l’approbation de Dieu sur une vie qui lui est consacrée chaque jour.

I. Daniel, homme bien-aimé

C’est dans deux circonstances distinctes qu’un envoyé de Dieu a délivré à Daniel l’enviable certificat d’homme bien-aimé de Dieu (Dan 9 et 10).

1. Daniel 9

 A juste titre, ce chapitre est considéré comme la clé de la prophétie biblique, avec la révélation des 70 «semaines» (v. 24-27). Mais il est instructif aussi par l’état d’âme du prophète.

a) Le royaume de Babylone s’est effondré sous l’invasion médo-perse (v. 1). On peut tout redouter de ce changement. Mais, face à ce monde dont la figure passe (1 Cor 731), Daniel n’est ni inquiet ni ébranlé. Il se plonge d’autant plus dans les Ecritures et s’attend à l’accomplissement de la promesse de Dieu de sauver son peuple de la captivité (Jér 25.11).

b) Il recherche Dieu, prie, jeûne et s’humilie publiquement (v. 3).

c) Il en appelle au Dieu qui tient ses promesses, même quand son peuple s’est détourné de lui (cp. 2 Tim 2.13). Il plaide la fidélité de Dieu, pour l’amener à tenir parole (v. 4). Prendre Dieu au mot, quelle tactique efficace! C’est la foi.

d) Lui-même irréprochable, Daniel s’identifie pourtant à son peuple, coupable d’abandon. Il confesse en détail les péchés d’Israël (v. 5-6), comme si c’était les siens!

e) Son appel à la compassion de Dieu (v. 9) prouve qu’il connaît bien son Dieu, le Dieu miséricordieux qui pardonne, tout en restant le Dieu juste et sain mis en évidence par la loi de Moïse.

f) Le verset 15 marque le tournant de la prière. Après la confession des péchés et l’appel au secours, le «et maintenant» ouvre la voie à l’action divine (cp. Act 4.29).

g) L’admirable conclusion des versets 17 à 19 ne pouvait rester sans effet. Les vrais mobiles du prophète y apparaissent. Que cherche-t-il par sa prière? La gloire de Dieu et l’honneur dû à son nom, ce nom invoqué sur sa ville de Jérusalem et sur son peuple d’Israël.

2. Daniel 10

Plus tard, très âgé, Daniel reçoit encore une autre révélation de la part de Dieu.

a) Les 70 «semaines» révélées n’ont pas épuisé sa soif du mystérieux plan de Dieu pour Israël. Il va donc continuer à prier. A cause du dominateur impie du royaume de Perse, qui empêche le passage de l’information divine pendant 21 jours (v. 13), Daniel en tombe malade ces trois semaines (v. 2-3). Il prolonge son jeûne! Enfin, par une vision glorieuse, le Seigneur rejoint le coeur de celui qui l’a appelé.

b) Daniel perd le peu de forces qui lui restaient (v. 8-9, 16-17).

c) Au seuil de l’épuisement complet, à deux reprises (v. 11, 19), il retrouve son assise après s’être entendu appelé «homme bien-aimé». Sans cette parole de Dieu, il n’aurait pu nous laisser l’admirable chapitre il sur l’avenir d’Israël, et dont la fin conduit à la grande tribulation annoncée en Mat 24.15-22.

II. Jésus, fils bien-aimé

C’est aussi dans deux circonstances marquantes que Jésus a reçu du ciel une déclaration inoubliable. Toutefois, à Daniel, c’est un envoyé de Dieu, sous forme humaine, qui s’adresse à un homme. A Jésus, c’est la voix du Père lui-même, qui honore le Fils, dont la parole fera autorité, non seulement pour Israël, mais pour toutes les nations.

1. Le baptême (Mat 3 13-17, Marc 1.9-11; Luc 3.21-22)

Surpris de voir venir Jésus, Jean-Baptiste refuse d’abord d’admettre, à son baptême de repentance, l’homme sans péché, qui n’en avait pas besoin. Comme autrefois Daniel dans sa prière, Jésus s’identifiait à son peuple coupable, qui avait tant besoin de repentance.

Par ce baptême en public, Jésus s’humilie, en se mettant au rang des pécheurs. Mais aussitôt le Père honore le Fils par une déclaration publique qui lui confère l’autorité souveraine de Dieu, celle qui n’émane pas des hommes.

2. La transfiguration (Mat 17.l-8: Marc 9.2-8; Luc 9.28-36)

Contrairement au baptême pratiqué en public, la transfiguration fut réservée à trois disciples seulement, à l’écart, sur une montagne. Ils gardèrent longtemps la vision de leur Maître glorifié, resplendissant de lumière (Jean 1.14; 2 Pi 1.17-18). Moïse (la loi) et Elie (les prophètes) s’entretenant avec Jésus de sa mort, c’est déjà tout l’Ancien Testament porteur de l’annonce du salut, rendu possible par la croix seulement.

A Daniel fut révélée la délivrance future du peuple d’Israël, à la fin des temps. A la transfiguration, c’est le salut de toute l’humanité qui est en vue. C’est en Jésus que s’accomplit tout le plan de Dieu, pour Israël, pour l’Eglise et pour le monde. Tout devait se jouer à la croix. Sur l’horreur du Calvaire, le soleil a refusé de briller pendant trois heures. La puissance des ténèbres aurait le dessus. Le prince de la vie est entré dans la mort; il a même connu «la seconde mort», la séparation d’avec Dieu (Mat 27.46; Marc 15.34)! Mais, au matin de Pâques, déjà dans la lumière du «jour d’éternité» (2 Pi 3.18), Jésus est apparu rayonnant, «dans la puissance d’une vie impérissable» (Héb 7.16). Quel aperçu déjà sur la montagne de la transfiguration!

III. Chrétien, homme bien-aimé

Chaque authentique enfant de Dieu, né de nouveau par «la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus-Christ» (Act 20.21), se trouve, lui aussi, reconnu comme un bien-aimé de Dieu, et cela également sur deux plans distincts.

1. Sa position devant Dieu

Dès qu’il accepte le salut par grâce, offert en Jésus-Christ, «livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification» (Rom 4.25), le croyant n’est plus sous le juge­ment de Dieu. Christ l’a subi à sa place sur la croix, une fois pour toutes. Désormais le chrétien est vu «en Christ», non avec sa propre justice, résultant d’oeuvres ac­complies selon une loi, mais couvert par la justice de Dieu, celle qui s’obtient moyen­nant la foi (Phil 3.9). Ainsi Dieu «nous a rendus agréables dans le Bien-aimé» (Eph 1.6). Ce terme de «bien-aimé» de Dieu, propre à chacun de ses enfants, revient souvent dans les épîtres, en relation avec cette position initiale du racheté de Jésus-Christ (Rom 1.7; Col 3.12: 1 Tim 6.2; Jude 1). N’oublions jamais le prix payé par Dieu pour nous acquérir cette position « à la louange de la gloire de sa grâce» (Eph 1.6).

2. Sa marche dans le monde

Mais ce terme de «bien-aimé de Dieu» ne doit pas faire illusion; il n’épargne pas au croyant les dangers de ce monde. Ni Daniel ni Jésus n’en furent épargnés. C’est même à bout de forces que Daniel fut appelé bien-aimé. Les chrétiens du 20e siècle ne doivent pas s’attendre à mieux que leurs devanciers (1 Pi 4.12). Etant des bien-aimés de Dieu, les disciples ont à marcher dans cette vie, «comme lui a marché» (1 Jean 2.6). C’est pourquoi ils ne doivent pas se venger eux-mêmes (Rom 12.19), ni se laisser gagner par l’idolâtrie (1 Cor 10.14), mais au contraire être fermes (1 Cor 15.58), se purifier de toute souillure (2 Cor 7.1), accepter les Ecritures pour leur édification (2 Cor 12.19), devenir imitateurs de Dieu (Eph 5.1) et continuer à s’édi­fier eux-mêmes (Jude 20).

Les destinataires des épîtres sont des bien-aimés de Dieu, mais aussi les bien-aimés des auteurs de ces lettres (I Thes 2.9!). La valeur du racheté de Christ est prioritaire; c’est un frère «pour lequel Christ est mort» (Rom 14.15; 1 Cor 8.11). L’amour fraternel met l’Eglise en paix!

Conclusion

Pour séduire Eve en Eden, le diable jeta le doute sur l’amour de Dieu, puisqu’il leur interdisait de manger le fruit d’un seul arbre! Aujourd’hui encore, face à des silences de Dieu, parfois on s’interroge. Certes, les voies de Dieu peuvent nous surprendre, et nos projets échouer, mais Dieu a prouvé son amour à la croix, lorsque nous étions encore des pécheurs (Rom 5.8). Jamais nous ne connaîtrons l’abandon de Dieu que connut le «Fils bien-aimé»!

Non, ne doutons jamais de l’amour de Dieu, «car Dieu est amour» (1 Jean 4.8,16).

Jean Chopard
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Série : Les enseignements de l'Ancien Testament