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De la personnalité du pionnier

1. LA RAGE DE VAINCRE :

Lors de la dernière étude j’écrivais que le pionnier doit avoir un tempérament de lutteur, avec au coeur la rage de vaincre, puisque son rôle est essentiellement de prendre du terrain à l’adversaire pour y implanter la foi. Il lui faut un esprit de conquête, une volonté de fer et à ce propos c’est Paul que je citais, lequel dans ses lettres use souvent des verbes « gagner », « vaincre » et « convaincre », très révélateurs des sentiments qui l’animaient (1 Cor. 9 : 12 à 2.1 ; 2 Cor. 5: 11). Tout serviteur, dites-vous, devrait brûler de ce feu! Certes, mais le pionnier, oeuvrant seul la plupart du temps a besoin d’une « super-dose » de cet esprit, sans quoi il est vite les bras en bas !

Le terme pionnier n’est pas dans l’écriture, cependant, i1 va sans dire qu’il correspond à celui d’apôtre avec pour mission « l’honneur d’annoncer l’évangile là où CHRIST n’a pas été nommé  » (Rom. 15: 20).

2. UNE MAXI DOSE D’ENTHOUSIASME :

Il est clair que tout serviteur de Dieu – tout chrétien – doit être enthousiaste pour que sa tâche n’ait rien d’une corvée. Quant au pionnier, c’est une « dose-plus » qu’il lui faut à tout prix, lui permettant d’espérer dans les situations les plus désespérées (Rom. 4: 18). Pensons à Abraham. Il a été un pionnier d’envergure parti d’Ur « sans savoir où il allait » (Héb. 11 : 9) – ainsi en est-il souvent du pionnier – pour un lieu qu’il devait recevoir. Il se fixa en Canaan, terre étrangère et païenne, avec la conviction que ce pays deviendrait une terre promise! Est-ce ainsi que nous comprenons, nous pionniers, le sens de notre mission: faire de nos terres vierges et hostiles, des « champs de Dieu » ? (1 Cor. 3: 9). Sans au coeur un enthousiasme débordant Abraham eût vite rebroussé chemin. Son enthousiasme pour la cause de son Dieu lui donnait de voir les choses en devenir (Héb. 11 : 9). Un même phénomène est retrouvé en Caleb et Josué, espions, avec d’autres, sur cette même terre de Canaan (Nombr. 13 et 14). Ces deux hommes n’avaient pas perçu la situation de la même manière que leurs compagnons. Pourquoi ? Simplement, ils étaient de vrais pionniers, dans l’âme, animés d’un esprit de conquête. Jugeons-en par ces mots de Caleb en face d’un peuple murmurant et pleurant: « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs » (Nombr. 13: 10). Et Josué, quelques instants après de renchérir : « Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer est un pays très bon. excellent… » Serait-ce qu’ils n’aient pas vu les enfants d’Anak, ces géants, et les villes fortifiées du pays promis ? Loin de là, car Josué de poursuivre: « Ne craignez point les gens de ce pays… l’Eternel est avec nous, ne les craignez pas » (Nombr. 14: 9). Quelle dose d’enthousiasme faut-il pour entrevoir avec optimisme des situations, des horizons à vues humaines fermées, infranchissables ! N’est-il pas écrit au psaume 18 verset 30 qu’avec notre Dieu nous franchissons des murailles ? Avec notre Dieu bien sûr !

Le mot enthousiasme signifie en grec « un dieu en nous ». On appelait « enthousiastes » ceux qui semblaient habités des dieux pour entreprendre des choses surprenantes, extraordinaires. A plus forte raison le serviteur de Dieu qui travaille puissamment avec la force de son Dieu qui l’habite! (Col. 1 : 29). Il est clair que la foi nourrit l’enthousiasme, d’où la nécessité, pour le pionnier, d’avoir un don de foi (1 Cor. 12: 9). Il ne s’agit pas de la foi qui sauve, mais d’un charisme de foi qui permet de considérer « d’en haut » des situations qui ne sauraient être supportées « d’en bas » (Psaume 73: 16 et 17; 2 Rois 6). Le pionnier fait face à l’ennemi, à toutes ses armées. Cet homme de pointe est sans cesse confronté au monde, à ses pièges. Oeuvrant seul souvent, il lui faut ce don de foi pour le tenir sur la brèche, en toutes circonstances (1 Cor. 4: 10 à 13).

3. UNE ÂME ARDENTE :

Il lui faut aussi une âme ardente, embrasée d’amour pour aimer, aimer encore, face à la suspicion, à la méfiance, à la haine, aux persécutions. Curieux phénomène, en effet, que celui qui accompagne souvent les débuts d’une oeuvre en terre vierge: un phénomène de rejet que le pionnier perçoit douloureusement. Soyons clairs: on ne veut ni de lui, ni de son message! C’est en fait le refus catégorique d’un élément étranger tant à l’esprit qu’aux us et coutumes de l’endroit. Que de patience alors pour accepter qu’on vous évite en changeant de trottoir ou qu’on dise que vous cherchez un gain matériel à la conversion des hommes; de quoi prendre une attaque; retrouver ses pénates! Je parle par expérience. Une lumière nouvelle se fait alors sur cette parole de Paul aux Corinthiens: « Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve… » (2 Cor. 12: 12). Il y eut, bien sûr d’autres signes pour preuves à son apostolat, mais la patience avant tout! « Le laboureur attend le précieux fruit de la terre, dit Jacques, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies » (Jacques 5 : 7).

La patience est une expression d’amour (Gai. 5 : 22). C’est l’amour qui sait attendre avec foi, dans la paix de Christ. Et quelle dose d’amour faut-il pour aimer contre tout amour! « Je me dépenserai moi-même pour vos âmes, dussè-je, en vous aimant davantage, être moins aimé de vous » dit Paul, le pionnier du Seigneur, aux Corinthiens (2 Cor. 12 : 15). Quelle âme ardente! « Nous aurions voulu, dit-il aux Thessaloniciens, dans notre vive affection pour VOUS non seulement vous donner l’évangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers » (1 Thess. 2 : 7 et 8). Sont-ce ces sentiments qui nous motivent ? Donner l’évangile certes, mais avec lui nos propres vies. En terrains pionniers, plus qu’en d’autres « champs » peut-être, c’est un évangile de chair et d’os qu’il convient d’offrir, une lettre écrite (2 Cor. 3: 3), un évangile vécu. Le pionnier doit vivre la parole qu’il prêche. Il doit être une réponse aux questions, une solution aux problèmes des hommes qu’il atteint. Que veut au fond, le monde d’aujourd’hui ? des réponses, des solutions, mats non en théorie! Le pionnier doit vivre ces réponses, ces solutions tout en les disant pour convaincre. Voilà qui explique l’impact d’un Paul, par exemple, jusque dans les régions les plus enténébrées. « Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, pratiquez-le » (Ph. 4: 9). Mais pour qui s’était-il pris ? pour une réponse! C’est, à la limite, un exutoire, une dérobade! la réponse n’est-elle pas plutôt CHRIST, certes, mais en nous à la face des hommes (Gai. 2: 20).

(Action Missionnaire No 6, avril 1979)

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