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De l’abus et de l’oubli de la loi de Dieu

La recherche du salut par des voies légales, que ce soit par les oeuvres morales ou par celles de la législation, est un phénomène bien plus courant qu’on ne le croit. La législation de la sociale-démocratie, du socialisme et du communisme, qui préconise une solution législative étatique aux problèmes de la société, est fondée sur la croyance que de telles lois sauveront les hommes. Nous voyons la même prétention salvatrice, la même religion profane, chez les éducateurs, les psychiatres et les assistants sociaux qui s’imaginent guérir l’homme par leur activisme (1). Le pasteur Rushdoony éclaire excellemment l’actualité de l’enseignement biblique sur cette question:

« Les lois fondées sur la Bible ne cherchent pas à sauver l’homme ou à instaurer «le meilleur des mondes», la «grande société», la «paix mondiale» ou un monde «libéré de toute pauvreté» ou une quelconque autre utopie semblable. Le but de la loi biblique est de punir le mal, de le restreindre, de protéger la vie et les biens des hommes et de promouvoir une justice pour tous. Ce n’est pas la fonction de l’Etat et de ses lois de changer les hommes, de les réformer Ceci est une question spirituelle, l’affaire de la religion. L’homme ne peut être changé que par la grâce de Dieu, par le ministère de la Parole. La législation publique est incapable de changer le caractère des hommes.

La loi peut contenir, limiter la volonté mauvaise, le coeur mauvais de l’homme en lui faisant craindre les conséquences de ses actes. Sur une autoroute, nous ralentissons tous un peu quand nous voyons la voiture de police… L’existence de la loi et son application stricte restreignent les tendances pécheresses de l’homme. Bien que l’inclination de l’homme au mal puisse être freinée par l’application stricte de la loi, sa nature n’est jamais changée par cette loi: il ne peut être sauvé par la loi. Seule la grâce de Dieu en Jésus-Christ assure son salut. » (2)

Ainsi les législateurs démocrates et totalitaires qui s’imaginent pouvoir transformer l’homme par des lois sont les frères des légalistes juifs, des légalistes de Galatie. La prétention, par exemple. du communisme de changer l’homme, d’en faire «un homme nouveau» par la législation et par l’action contraignante de l’Etat, n’est qu’une pure utopie légaliste. Le salut par les oeuvres de religieux est devenu laïque, politique. Il n’en est pas moins futile.

Si l’Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain. Si Dieu ne garde la ville ceux qui la gardent veillent en vain. (Ps 127.1)

En dehors de Jésus-Christ l’homme est incapable de faire quoi que ce soit d’utile, de solide, de durable (Jean 15.5). La loi de Dieu a comme but de faire connaître la différence absolue entre le bien et le mal afin de diriger l’homme vers le bien et le mener sur le chemin de la vérité. La grâce recrée l’homme à l’image du Christ. La vie nouvelle que Dieu donne à l’homme régénéré s’exprime par l’observation de la loi de Dieu, dans le but de rendre l’homme conforme à Dieu.

Voici alors l’essentiel de ce qu’on appelle le «légalisme»: chercher à obtenir le salut, soit salut social ou politique, soit salut personnel et spirituel, par les oeuvres de la loi. Définissons brièvement quelques aspects de ce légalisme selon la Bible.

Premièrement est légalisme toute prétention de nous réconcilier avec Dieu, de nous sauver par nous-mêmes, par nos propres efforts en cherchant à obéir à la loi de Dieu en dehors de la foi en Jésus-Christ et de son oeuvre parfaite, en dehors de l’imputation gratuite de sa justice au croyant.

Deuxièmement, toute adjonction de traditions humaines, de commandements humains, aux exigences de la loi de Dieu est du légalisme.

Et troisièmement, prétendre maintenir les lois rituelles de l’Ancien Testament explicitement abrogées par le Nouveau Testament (la circoncision, les fêtes juives, le rituel des sacrifices du temple, les ablutions purificatrices, etc.), n’est rien d’autre que du légalisme (3).

Il nous faudrait des études détaillées qui nous permettent de discerner exactement comment le Nouveau Testament comprend l’Ancien. Affirmer que des commandements de Dieu aient été abrogés sans que la Bible elle-même ne l’affirme, est une position antinomienne (4).

Une telle attitude conduit à la destruction de l’individu, de l’Eglise et de toutes les institutions que Dieu a établies pour ordonner la société afin de permettre aux hommes de vivre et de vivre heureux.

La conséquence d’un tel légalisme laïque d’un «salut» profane fait d’oeuvres sociales, économiques, politiques, techniques et scientifiques, sans Dieu et en dehors du cadre de la loi de Dieu, est la constitution d’une providence étatique où la planification de l’homme se substitue à la providence divine. L’antinomisme, marque d’un christianisme apostat, a fait beaucoup pour ouvrir cette voie.

L’Etat providence a grandi du rejet par les chrétiens de l’obéissance qu’ils devaient à la loi de Dieu, obéissance qui aurait dû les conduire à ces innombrables oeuvres sociales et éducatives qu’ils ont abandonnées à l’Etat. Ainsi l’Etat, en assumant toutes sortes de fonctions sociales et économiques qui ne lui sont pas propres, a tout simplement oublié la tâche si essentielle qui est la sienne: exercer la justice. Car la fonction de 1’Etat n’est pas de recréer l’homme socialement ou individuellement, mais de punir les malfaiteurs et ainsi de permettre aux gens de bien de vaquer paisiblement à leurs affaires. Un Etat fidèle à la fonction que Dieu lui assigne ne doit en aucun cas se substituer aux institutions établies par le Créateur, la famille, l’Eglise et toutes les associations que l’homme se donne en conformité avec la loi de Dieu (5). Mais quel a été l’effet de cette antinomisme des chrétiens dans l’élaboration du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui?

«La question de la restauration et du développement dans la société moderne des principes de la loi biblique a, depuis plus d’un siècle, été ignorée dans l’Occident chrétien. Pour de nombreux aspects de cette question cela est vrai depuis au moins trois siècles. Les implications pratiques de la loi biblique ainsi que son application à tous les domaines de la vie de la société – la vie de l’Etat inclu – sont méconnues autant par les chercheurs chrétiens que par ceux qui travaillent dans une perspective purement laïque. La conséquence en est que la faillite des structures légales positivistes (celle de ce qu’on nomme «l’état de droit», réd.) dans le monde entier,… n’a pas provoqué la réaction chrétienne indispensable.

Seul, en effet, le rétablissement de la loi biblique comme fondement du droit a une chance de résoudre durablement cette crise juridique. Pendant plus de trois siècles, les chrétiens ont tout simplement adapté les structures légales de leurs pays aux normes humanistes. La conséquence en est que nous nous trouvons maintenant dans une culture sécularisée en voie de dissolution. Ainsi que le sel qui aurait perdu sa saveur, les chrétiens ont en effet perdu toute capacité de construire des institutions fondées explicitement sur des principes bibliques. L’accent mis par les chrétiens sur leur piété personnelle et une sainteté vécues uniquement dans le cadre étroit de la famille et de l’Eglise, a eu comme résultat d’abandonner l’évolution du monde aux puissances démoniaques. Maintenant que le monde est, apparemment, entre les mains du diable, les chrétiens se rendent compte soudainement que ni leurs églises, ni leurs familles sont à l’abri de l’infection culturelle ambiante, infection qui prend rapidement la forme d’une épidémie» (6).

Le pasteur Rushdoony, de son côté, relève lui aussi que la conséquence de l’oubli et de l’abandon de la loi divine comme norme de toutes les institutions sociales, a pour inévitable conséquence la dislocation de la société.

«Au fur et à mesure que l’humanisme répand son cancer dans le monde entier nous pouvons observer un mépris grandissant pour la loi sous toutes ses formes. Le christianisme évangélique ainsi que la plupart des manifestations de la foi en ce siècle, témoignent de ce mépris de la loi par leur antinomisme et leur humanisme implicite. C’est ainsi qu’ils sont affectés par cette maladie mortelle qu’est l’humanisme.

Ce qui caractérise la religion antinomienne, c’est son impuissance. Cela implique en réalité la mort de la religion, car renoncer à la loi n’est rien d’autre que refuser à Dieu et à la foi toute prétention à une autorité finale, à une souveraineté absolue.

Mais il est impossible aux hommes de vivre sans loi. Le cri des anciens Perses: «Nous sommes des hommes, donnez-nous des lois!» est devenu le besoin vital, la faim grandissante des hommes du vingtième siècle. Et à ce besoin d’une loi, seule la loi biblique peut répondre. Tous les autres systèmes sont en déconfiture complète» (7).

Le monde est parvenu à cet état de confusion et d’arbitraire grâce à ce qu’on peut appeler la démission de la loi à l’intérieur des églises. Cette lumière qu’est la Parole-Loi de Dieu ne brille plus dans les ténèbres de ce monde. L’Eglise a mis sa lampe sous le boisseau. L’on ne voit plus la cité de Dieu sur la montagne. Le monde, en conséquence, n’a plus de boussole et les hommes se livrent à l’anarchie, au nihilisme et à des réactions arbitraires d’autoritarisme.

Comme le dit fort bien Jean Brun, faute de référence vraie absolue, on passe sans autre de la pourriture à la dictature. L’antinomisme chrétien est le levain qui corrompt toute la pâte. Le légalisme arbitraire la fige en masse totalitaire. Soyons de ceux qui demeurent affamés et assoiffés de la justice divine. Nous serons rassasiés et notre soif sera étanchée (Mt 5.6). Dieu fera alors à nouveau de ses enfants la lumière de ce monde et le sel de la terre.

Jean-Marc Berthoud
Secrétaire de l’Association vaudoise de parents chrétiens
Rédacteur de «Résister et construire»

Notes
(1) Pour l’éducation voyez: R. J. Rushdoony: The Messianic Character of American Education. the Craig Press (Nutley) New Jersey, 1976 (1963).
Pour la psychologie: W. K. Kilpatrick: Séduction psychologique, Centre Biblique Européen, Lausanne, 1985.
(2) R. J. Rushdoony: Law and Liberty (Craig Press), 1971, p. 3.
(3) Voyez sur «le changement de loi» (Héb 7.12): «Le sacerdoce étant changé, il doit y avoir nécessairement un changement de loi» (aussi Héb 7.19 et Eph 2.14). Le mur de séparation étant tombé, toute la partie de la loi séparant juifs et païens est abolie. Un nouveau sacrificateur implique la disparition des anciens sacrifices.
(4)
Antinomisme: Doctrine qui enseigne, au nom de la suprématie de la grâce, l’indifférence à la loi. (Larousse)
(5)
Voyez à ce sujet notre importante étude: J-M. Berthoud: «Du Pouvoir» – Documentation chrétienne N0 XVII, septembre 1977, C. P. 468, 1001 Lausanne, Suisse.
(6) Gary North: Editor’s Introduction. The Journal of Christian Reconstruction, Symposium on Biblical Law, Vol. Il, No. 2,1976, p. 1.
(7)R.J. Rushdoony: Biblical Law and Western Civilisation, Ibid. p. 12, PO. Box 158, Vallecito,

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Berthoud Jean-Marc
Jean-Marc Berthoud est le président de l’Association Vaudoise de parents chrétiens. Il est l’auteur de nombreux livres sur la défense de la foi chrétienne face à la montée de la sécularisation et du modernisme.