Dossier: Les Psaumes
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

De l’âme qui a soif au cœur qui déborde — Psaumes 42 à 45

Promesses 174 – Dossier

DE L’ÂME QUI A SOIF AU CŒUR QUI DÉBORDE PSAUMES 42 A 45

Plus que de toute autre partie du Saint Livre, l’on ne s’approche du livre des Psaumes qu’avec une crainte respectueuse. Pourquoi donc ? Nous le comprendrions aisément si nous découvrions, par exemple, dans le vieux grenier de nos arrière-grands-parents, un recueil de leurs prières, de leurs louanges à Dieu. Nous lirions avec émotion, non le récit des circonstances qu’ils ont vécues, mais les exercices de leur âme devant Dieu, ce qu’ils ont dit à Dieu, dans la souffrance comme dans la joie. Nous pourrions peut-être par une lecture plus approfondie, toujours émus et respectueux, reconstituer en partie les circonstances que nos arrière-grands-parents ont traversées.
Il en est ainsi du livre des Psaumes.

Des Psaumes des fils de Coré

Les Psaumes 42 à 45 commencent le deuxième livre des Psaumes. Ils font partie des onze écrits par les fils de Coré et des douze ou treize dits « Psaumes d’instruction »1. « Les fils de Coré » dont les pères tombèrent sous le jugement de Dieu (Nom 16) « ne moururent pas » (Nom 26.11). Ils gardèrent certainement de cet épisode tragique du désert, d’une part le sentiment de la sainteté de Dieu, d’autre part de son infinie miséricorde qui les avait épargnés. Ils furent par la suite de vrais lévites, attachés au sanctuaire — déjà au désert, puis après l’établissement dans le pays (1 Chr 9.17-34). Ils en gardaient l’entrée (v. 19), poste de confiance. Samuel lui-même en était un descendant (1 Chr 6.22-28). Lui aussi était portier (1 Sam 3.15). Au temps glorieux de David et Salomon, les fils de Coré étaient encore portiers (1 Chr 26). Venant de leurs villages, de sept jours en sept jours, ils veillaient fidèlement aux portes (1 Chr 24-26), « sur les trésors de la maison de Dieu et ils se tenaient la nuit autour de la maison de Dieu, car la garde leur en appartenait, et ils en avaient la clef pour ouvrir chaque matin » (1 Chr 9.26-27). Poste de responsabilité, fonction pleine de risques. Ils ne la considéraient pas comme purement administrative, mais tout leur amour était tourné vers Dieu et sa maison. Plus encore, ils étaient sur le « seuil de la maison de mon Dieu » (Ps 84.10).

Psaumes 42 et 43

Aussi quel désastre, quel désarroi, quelle douleur pour eux, quand ces trésors qu’ils avaient si fidèlement gardés furent arrachés du temple et emportés à Babylone, quand cette maison dont ils avaient si souvent gardé les seuils fut « brûlée » et livrée à la destruction (2 Chr 36.18-19). Plus de « voix de triomphe et de louange », plus de « multitude en fête ». Le souvenir même en était maintenant douloureux (Ps 42.4). Ce fils de Coré parlant personnellement, dit à Dieu dans ces Psaumes 42 et 43, toute sa souffrance, tout son abattement (42.5,6,7 ; 43.5), et lance vers lui de douloureux « pourquoi » (42.5,9 ; 43.2,5).
Dans sa situation déjà pénible, des adversaires ajoutent la provocation : « Ils disent tout le jour : où est ton Dieu ? » (42.3,10)
Mais au travers de tout ce désastre, de toute cette souffrance, ce fidèle s’attache à son Dieu. Il a même soif de lui (42.2). Sa foi affirme que, malgré tout, la bonne attitude est encore de « s’attendre à Dieu ». Il s’exhorte lui-même dans cette attitude (42.5,11 ; 43.5). De plus, il demande lumière et vérité pour être conduit (43.3) Il désire venir à « l’autel de Dieu » comme autrefois pour célébrer Celui qu’il appelle « mon Dieu » (43.4).
Arrêtons-nous un instant sur la merveilleuse parole de ce fidèle : « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant » et posons-nous la question : mon âme a-t-elle soif de Dieu ? Nous pouvons aussi avoir soif de beaucoup d’autres choses. Le champ de nos désirs est immense, mais avoir « soif de Dieu », c’est une chose étrange et merveilleuse. Toutefois, si « la soif de Dieu » est une chose mille fois préférable à l’indifférence, elle représente un manque, c’est une souffrance.
Notre Psalmiste n’en est pas au bouillonnement de son cœur quand il compose le Psaume 45 ; mais il a déjà soif de Dieu. Si, dans la souffrance, nous avons soif de Dieu, nous sommes aussi sur ce chemin-là.

Psaume 44

Au Psaume 44, le psalmiste s’identifie maintenant avec tout son peuple et remplace le « je » par le « nous ».
Il se souvient encore « des jours d’autrefois » (44.1). Il rappelle à Dieu les manifestations de sa puissance miséricordieuse envers son peuple (44.1-8). Alors le douloureux « mais » du v. 9 sonne comme un glas. Encore, il dit à Dieu toute sa souffrance en constatant cette chose étrange et terrible : Dieu est contre son peuple, à cause de l’infidélité de ce dernier (44.9-14). Ce qu’il dit alors est magnifique : « Tout cela nous est arrivé et nous ne t’avons pas oublié, et nous n’avons pas été infidèles à ton alliance. » (44.17-18)
Arrêtons-nous un instant pour retenir « l’instruction ». Il y a un fort parallèle entre Israël et les chrétiens. Ces derniers furent infidèles à leur Dieu à plusieurs occasions et, en conséquence, bien des manifestations extérieures de l’approbation divine telles qu’on les voyait aux premiers temps de l’Église, nous font aussi défaut. Mais pouvons-nous dire comme le Psalmiste : « Tout cela nous est arrivé, et nous ne t’avons pas oublié » ? Dans un contexte pénible de divisions, de fragmentations de l’Église, nous pouvons néanmoins « ne pas oublier », « persévérer dans la fraction du pain ».
Le Psalmiste lance encore deux douloureux et émouvants « pourquoi » : « Pourquoi dors-tu Seigneur ? », « Pourquoi caches-tu ta face, et oublies-tu notre affliction ? » (44.23-24) et un ultime appel : « Lève-toi, aide-nous et rachète-nous à cause de ta bonté. » (44.26)

Psaume 45

Le ton du Psaume 45 change complètement. Enfin, le cœur du Psalmiste bouillonne. Sortant de sa douloureuse histoire personnelle (Ps 42 et 43) et de l’histoire non moins douloureuse de son peuple (Ps 44), il en vient à contempler une Personne extérieure à lui, à son peuple, sans aucun doute, le Messie qui viendra en puissance et en majesté. Voilà le secret de ce cheminement, de ce revirement. Il compose « au sujet du roi » (45.1). Il décrit ce Messie, ce Roi à venir. Plus, il lui parle : « Tu es plus beau que les fils des hommes » (45.2) Il est plein de « grâce », de « débonnaireté » (45.2,4) mais aussi d’autorité majestueuse, de « vérité » de « justice ». Il est muni « d’un sceptre de droiture » (45.3,4,5,6).
Ce Roi, ce Messie à venir sera « béni » et « oint » par Dieu lui-même (45.2,7). Son peuple repenti et revenu à lui, lui sera comme « des compagnons » (ceux qui mangent le pain avec) (45.7), comme « une reine » dont le roi « désire la beauté » (45.9). Comme « la fille de Tyr » autrefois, les nations rechercheront sa faveur (45.12). Jérusalem sera amenée à ce roi, mais aussi, telles des vierges qui suivent le cortège nuptial, les villes de Juda participeront à « la joie » et à « l’allégresse » de ce règne (45.14,15).
Le Psalmiste parle encore à ce Roi à venir : « Au lieu de tes pères, tu auras des fils. » (45.16) C’est un peuple nouveau, celui de la nouvelle alliance.
Jusqu’au bout de sa composition, son « cœur bouillonne » pour son Roi, « sa langue est le style d’un écrivain habile » pour proclamer « son nom » et « le célébrer » (45.17).

Recevons encore « instruction »

Il ne faut point nous contenter d’avoir soif ; il nous faut parvenir comme le psalmiste au bouillonnement du cœur. Le pourrions-nous, nous aussi, en regardant notre douloureuse histoire passée ou celle de l’Église ?
Non point, mais en contemplant Celui que « Dieu a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance …» À qui « il a assujetti toute chose » (Éph 1.20-21). Celui qui revient chercher l’Église (1 Thes 4.16-17) ; qui revient établir son règne en puissance et en gloire en y associant les siens (Marc 13.26 ; 1 Cor 15.25 ; 2 Tim 2.12). Les siens encore sur la terre, mais qui le « considèrent » (Héb 3.1), fixent leurs yeux sur lui (Héb 12.2) et savent que rien — ni leur histoire, ni celle de l’Église ou du monde — ne peut ébranler son cœur ou son trône. Depuis la terre déjà, l’Église l’acclame et chante la gloire du Ressuscité.
Seigneur accorde-nous la grâce, au milieu des souffrances du temps présent, de faire et refaire comme ce fils de Coré, le chemin de l’âme qui a soif au cœur qui déborde d’amour pour toi. Amen !

1Le Psaume 43 semble bien, au vu de son contenu, être écrit par le même auteur que le Psaume 42.

Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page
Jouve Lucien
Lucien Jouve habite à Annonay, en Ardèche. Il est marié, a six enfants et plusieurs petits-enfants. Orateur apprécié, il s’implique dans son église locale et dans l’encouragement des chrétiens autour de lui, ainsi que dans l’enseignement des jeunes. Amateur de poésie, il est aussi poète à ses heures.