Série: Les enseignements de l'Ancien Testament
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Découragé – prendre la fuite?

Les enseignements de l’Ancien Testament (20)

Lecture préliminaire: 1 Rois 19.1-18 (indispensable)

1. Un homme comme nous

Le grand prophète Elie n’est pas le premier – ni le dernier – à prendre la fuite devant la menace. Il est découragé au point où il préfère la mort. Pourquoi?

Nous pouvons un peu nous imaginer le raisonnement d’Elie: «L’avenir ne promet plus rien. J’ai fait ce que j’ai pu. Le peuple d’Israël ne va pas se réformer. J’ai échoué comme mes prédécesseurs. Avec les hommes de Jézabel à mes trousses, je suis de toute façon un homme mort.» En fait, Elie doutait que Dieu puisse le protéger contre Jézabel ou que Dieu puisse convertir le peuple. «Je suis le seul croyant qui reste encore!» se disait-il.

Elie était un homme comme nous, nous dit l’apôtre Jacques. Cet homme puissant, instrument impressionnant dans la main de Dieu, dont la foi en l’Eternel rend possible ce miracle époustouflant de la foudre qui vient frapper l’autel sur simple prière: ce géant parmi les prophètes était un homme comme nous! A savoir: sujet au découragement, voire à la dépression, à la peur devant la persécution, fatigué, prêt à abandonner la lutte, las de vivre… Un homme comme nous! C’est consolant; nous sommes en bonne compagnie; nos faiblesses étaient aussi celles d’un si éminent serviteur de Dieu, de notre Dieu, du même Dieu qui s’est occupé de son serviteur avec une sollicitude qui nous émeut profondément.

Exténué par une longue marche, Elie s’endort désespéré. Et voilà qu’un ange le réveille: Lève-toi et mange! Au milieu du désert! Elie n’a pas l’air de s’en étonner. Il mange le gâteau et boit l’eau – et se rendort! Un homme comme nous? Je me demande comment j’aurais réagi dans une situation semblable.

2. Dieu enseigne

Quel est le premier besoin d’un homme découragé, au creux de la vague? Dieu le fortifie d’abord physiquement. Il lui faut du sommeil et de la nourriture. Y pensons-nous quand nous sommes appelés à aider ceux qui sont las, fatigués, découragés, au bout du rouleau?

L’ange réveille le prophète épuisé une deuxième fois et lui ordonne de marcher: Tu as un long chemin devant toi. Comme pour lui dire: «Non, tu n’es pas inutile; Dieu veut te donner une nouvelle tâche; Dieu veut t’employer encore.»

Le gâteau et l’eau lui donnent tellement de force qu’il va pouvoir marcher pen­dant 40 jours et 40 nuits! Il parcourt en ce temps tout le chemin que le peuple d’Israël avait parcouru en 40 ans, mais dans le sens inverse. Tout au long de ce chemin, Elie a dû se rappeler l’histoire de l’Exode d’Israël: le péché du peuple, la patience de Moïse, la grâce que Dieu a faite et refaite au peuple réfractaire; mais aussi le jugement: 40 ans au lieu de 40 jours! – Pensons-nous parfois au chemin parcouru au cours de nos années?…

Dieu veut enseigner quelque chose à Elie, à cet homme qui avait fait des signes et des prodiges: il avait ressuscité un mort; il avait fait descendre le feu du ciel; il avait tué les 450 prophètes de Baal. Et maintenant il a besoin d’enseignement… Et nous alors!

3. Dieu parle

La caverne dans laquelle Elie entre n’est pas n’importe laquelle. C’est la caverne du Mont Horeb, la montagne de Dieu. Moïse s’y trouvait quand l’Eternel fit passer sa gloire devant lui.

Et là, la parole de l’Eternel lui fut adressée. Pas pour la première fois! Quand Elie était en Galaad, Dieu lui dit: Pars d’ici, et il l’envoya au torrent de Kerith où les corbeaux le nourrirent. Là, la parole de l’Eternel lui fut adressée: Lève-toi, va à Sarep­ta! Là, une veuve païenne le nourrit; là, il ressuscita son fils.

Dans la troisième année de la sécheresse, la parole de l’Eternel fut ainsi adressée à Elie: Va, présente-toi à A chab. Par la suite, au Mont Carmel, Dieu répond à la prière d’Elie par la foudre. Ensuite, la pluie s’abat en trombe sur Israël. Va! Lève-toi! Elie obéit, et Dieu agit.

Cette fois-ci aussi, dans la caverne du Mont Horeb, la parole de l’Eternel fut adressée à Elie, mais pas comme les autres fois. Dieu ne lui dit pas de partir, il lui pose une question: Qu’est-ce que tu fais ici, Elie? Comme pour dire: «Au Carmel, tu m’as prié de révéler au peuple que je suis Dieu en Israël, et non Baal ou Astarté. Tu te nommais mon serviteur, et je l’ai confirmé. Donc je suis ton maître. Pourquoi ne m’as-tu pas consulté avant de te mettre en route? Tu es parti en propre maître, Elie.» Qu’est-ce que tu fais ici?

La réponse d’Elie était une excuse. (Il était bien un homme comme nous!) Il n’a pas prononcé les trois paroles que Dieu attendait de lui: «J’ai péché.» A la place: «J’ai bien agi; les autres ont péché.» C’est vrai aussi, mais ce n’est pas la réponse à la question: Que fais-tu ici? Quand Elie dit: Je suis resté, moi seul, n’accuse-t-il pas Dieu? Autant dire: «Tu m’as abandonné. Pourtant j’ai déployé mon zèle pour toi!»

Alors Dieu veut donner une leçon à Elie: Sors! tiens-toi devant moi! Mais Elie n’ose pas sortir. Il reste dans la caverne. Il se cache. Adam et Eve aussi s’étaient cachés après avoir désobéi. Et toi? Et moi? … Mais Dieu parle quand même. Adam, où es-tu?

Ici, Dieu passe; il ne reste pas – il ne fait que passer. Mais comment! Il est précédé par un ouragan tel qu’il déchire les montagnes, qu’il brise les rochers. Ils tombent avec fracas, l’air est rempli d’un bruit de tonnerre comme si le dernier jour était arrivé. Mais l’Eternel n’était pas dans le vent. Etrange…

Prochain phénomène: la terre tremble. Mais l’Eternel n’était pas dans le tremble­ment de terre. Ensuite c’est un feu qui éclate. Mais l’Eternel n’était pas dans le feu. De plus en plus étrange…

Imaginons l’étonnement et le désarroi d’Elie. Il n’y comprend plus rien. Et voici que se produit un son doux et subtil, littéralement: le son subtil d’un silence; un murmure; à peine une brise; un souffle… Et Elie comprend que l’Eternel est dans ce son à peine perceptible. Maintenant, il sort de la caverne, mais il se cache le visage.

4. Pas par la force, mais par mon Esprit

Quelle est la leçon qu’Elie doit apprendre, que nous devons apprendre?

Elie avait le désir ardent que son peuple se convertisse, qu’il y ait un réveil, c’est-à-dire une repentance authentique et un retour à la loi et à l’alliance de Dieu. Il pensait que cela nécessitait une intervention spectaculaire de Dieu, que Dieu allait briser l’opiniâtreté du peuple par une manifestation foudroyante. Quand le feu tom­ba du ciel, il pensait que l’heure était venue, et il égorgea les 450 prophètes de Baal. Il se disait: «Cela doit continuer ainsi!» Car Astarté, la divinité féminine de la fécondité, avait ses 400 prêtresses qui se prostituaient sous les arbres sacrés sur les collines et qui entraînaient les fils d’Israël à la prostitution à la fois sexuelle et spi­rituelle. Elles aussi devaient être éliminées, devait se dire Elie. Seulement, ce n’était pas la manière de Dieu, qui n’avait pas dit à Elie d’égorger les 450 prêtres païens.

L’Eternel veut faire comprendre à Elie, qui s’attendait à ce que Dieu brise toute résistance par sa puissance, que s’il avait en effet répondu par la foudre, ce n’était pas là sa manière habituelle.

C’est comme si l’Eternel disait à Elie: «Je veux oeuvrer dans le silence du coeur. D’ailleurs, tu n’es pas le seul croyant du tout: il y en a encore 7000 qui sont restés fidèles dans le pays. Ils ne font pas de bruit; ils n’égorgent pas les faux prophètes; mais ils croient en moi. Elie, me connais-tu vraiment? Sais-tu que mon Esprit souffle là où il veut, dans la douceur, dans l’intimité du coeur?»

Ce que Dieu enseigne à Elie, il l’enseignera aussi à Zacharie, par un ange qui lui montre un chandelier d’or à sept bras relié à deux oliviers. Que signifient ces choses? demande Zacharie. L’ange répond: Ce n’est ni par la puissance ni par la force (la tempête, le tremblement de terre, la foudre et le feu), mais c’est par mon Esprit, dit l’Eternel des armées (Zach 4.6). Puis l’ange évoque la pierre principale (le Christ) au milieu des acclamations: Grâce, grâce pour elle!

Grâce, grâce… Cela n’est pas dû à nos efforts, à notre course effrénée – c’est l’affaire de Dieu. Justement, Elie pensait que c’était son affaire. Il avait l’impression que Dieu l’avait laissé tomber, que Dieu ne faisait plus rien. Or, même quand nous ne sentons et ne voyons rien de sa puissance, le. Seigneur est à l’oeuvre. Il a ses 7000 qui ne fléchissent pas les genoux devant Baal…

5. Echec?

La leçon a-t-elle porté? «Bien sûr! direz-vous. N’est-ce pas le grand prophète Elie? Il ne peut pourtant pas être bouché comme nous!>’ Eh bien oui, il peut être bouché comme nous. Et il l’est! Elie était un homme comme nous…

Car quand Dieu repose la question: Qu’est-ce que tu fais ici, Elie? il donne la même réponse: « Moi, j’ai tout fait avec zèle. Ce sont les Israélites qui t’ont abandonné, pas moi. Eux, ils ont tué tes prophètes, pas moi. J’ai tué les faux prophètes, moi! Et maintenant ils veulent me tuer, moi, ton fidèle serviteur!» C’est presqu’une accusa­tion.

Que répond l’Eternel? Faisons bien attention: Va, reprends ton chemin jusqu’à Damas… Ton chemin, le chemin d’Elie, non pas le chemin de Dieu. Et où mène le chemin d’Elie? A Elisée: Tu oindras Elisée à ta place. Dieu remplace Elie. Non pas qu’il ne veuille plus l’utiliser, mais il lui donne un autre travail. Il ne veut plus l’utiliser dans sa première fonction.

Moïse, lui aussi, déshonora l’Eternel aux eaux de Meriba, de sorte que Dieu dut le remplacer, lui aussi, pour faire entrer le peuple dans la terre promise, tâche qu’il fut donnée à Josué d’accomplir. Mais Dieu reste fidèle: Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même (2 Tim 2.13). Dieu prit soin de Moïse à sa mort. Elie, lui, monta même au ciel sans passer par la mort. Dieu honore ses servi­teurs jusqu’au bout.

6. Triple mission

Dieu appelle Elie à une mission en dehors d’Israël. Il a fui, il est parti de son peuple par crainte de perdre sa vie. Dieu va l’utiliser là où il est allé.

Première mission: Sacrer Hazaël roi de Syrie. Etonnant, cela: le prophète d’Israël doit oindre un roi païen! Un autre roi païen comprit une vérité que nos chefs d’Etat modernes auraient encore à apprendre: Le Très-Haut domine sur toute royauté hu­maine; il la donne à qui il lui plaît. C’est la leçon qu’apprit Neboukadnetsar, le puissant roi de Babylone (Dan 4.14).

Pas facile, cette nouvelle tâche, car Elie sait que le Syrien Hazaël amènera la mort et la ruine en Israël. Mais Elie se soumet à la souveraineté de Dieu, même quand il ne peut comprendre l’intention de Dieu. Prenons-en de la graine.

Deuxième mission: Sacrer Jéhu roi d’Israël. Encore une tâche difficile, vu qu’Elie sait que Jéhu fera couler beaucoup de sang en Israël.

Non Dieu n’a pas rejeté son prophète. Il lui a donné d’autres tâches. La plus difficile est certainement la

troisième mission: Préparer Elisée à lui succéder pour exercer le ministère qui était le sien avant. Elie doit laisser la place au plus jeune…

Elie se met à la recherche, et il trouve Elisée derrière douze paires de boeufs, signe de grande richesse, en train de labourer, preuve qu’Elisée est travailleur, car il aurait pu laisser le labourage à ses serviteurs. C’est cet homme que Dieu a choisi; c’est l’homme qu’Elie oint pour en faire son successeur. Pas trace de jalousie chez Elie, mais soumission à la volonté de Dieu.

7. Réhabilitation

Renvoi en Israël, dernière mission et enlèvement spectaculaire: voilà la fin de l’extraordinaire carrière d’un des prophètes les plus éminents de la Bible.

Une dernière fois, Elie doit rencontrer Achab, ce roi rebelle qui, sous l’influence de Jézabel, devint idolâtre et alla jusqu’à faire assassiner le noble Naboth dont il convoitait la vigne. Elie a pour mission de lui annoncer sa fin tragique. Et le fait incroyable se produit: Achab se repent!

Non, Elie n’est pas un serviteur inutile. Dieu l’utilise toujours, parce qu’il obéit à l’Eternel même quand il est pour ainsi dire «déclassé». Et le plus étonnant: Dieu parle de nouveau par le feu, qui frappe deux fois 50 émissaires envoyés par le roi d’Israël Achazia. Le feu descend du ciel comme sur le Mont Carmel!

La raison: Elie s’est humilié devant l’Eternel; il lui a obéi; il a lui-même cherché puis oint son successeur. Et Dieu l’honore. Comme pour Moise, Dieu partage les eaux quand Elie les frappe de son manteau.

Oui, Dieu honore Elie d’une manière éclatante: Dieu enlève son prophète dans un char de feu tiré par des chevaux de feu, au milieu d’un tourbillon. Quand Dieu réhabilite., il le fait entièrement.

Qu’est-ce que le Saint-Esprit veut nous dire aujourd’hui à travers l’histoire du prophète Elie? Quelle est l’obéissance que Dieu nous demanderait aujourd’hui, à nous gens du 20e siècle?

Jean-Pierre Schneider
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