Dossier: Musique et chants dans l’Église
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Des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels

Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l’Esprit ;entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur ;rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. (Éph 5.18-21)

Que la parole de Christ demeure en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs en vertu de la grâce. (Col 3.16)

Dès le début de l’histoire de l’Église, le chant a tenu une grande importance. 1 Corinthiens 14.26 en donne une preuve biblique : Paul suppose que chaque participant à une rencontre de l’église locale est susceptible de proposer un cantique. La célèbre lettre de l’écrivain romain Pline le jeune à l’empereur Trajan, datée de 112, en donne une preuve extra-biblique ; il écrit, à propos des chrétiens :« À jour fixe, ils s’assemblent avant le lever du soleil et chantent des hymnes antiphonés à la louange de Christ, comme s’il était dieu. »

Le N.T. comporte plusieurs sections dont tout laisse à penser qu’elles sont des hymnes (cf. 1 Tim 3.16 ; Éph 5.14 ; peut-être Phil 2.5-11, etc.). Plus encore, les écrivains sacrés encouragent les croyants à chanter. Jacques voit le chant comme la conséquence naturelle de la joie (Jac 5.13) et Paul, par les deux textes en entête, insiste sur l’importance du chant. Cherchons-y des stimulants pour renouveler notre envie de chanter.

Chanter… pourquoi ?

Parce que le croyant est rempli de l’Esprit

Paul oppose la plénitude de l’Esprit à l’ivresse. Or les deux se marquent… par le chant ! Mais les « chansons à boire » n’ont rien à voir avec les cantiques que l’Esprit nous pousse à chanter !

La plénitude de l’Esprit ne se manifeste pas par des actions spectaculaires de guérison ou par des révélations prophétiques particulières, mais, beaucoup plus simplement, par quatre conséquences marquées par quatre participes présents : s’exhortant mutuellement, louant Dieu, étant reconnaissant, étant soumis aux autres. Voulez-vous savoir qui est rempli de l’Esprit ? Cherchez un croyant chantant, reconnaissant et soumis !

Réciproquement, chanter nous aidera à être remplis de l’Esprit. Il est souvent noté que le verbe « remplir » est à l’impératif passif continu pluriel :« laissez-vous toujours remplir du Saint-Esprit », pourrait-on traduire littéralement. Chanter régulièrement est donc un moyen privilégié pour mettre en œuvre cette exhortation. En élevant notre âme, le chant va permettre à l’Esprit de Dieu de remplir notre propre esprit de pensées de louange, de reconnaissance, d’engagement envers le Seigneur.

Parce que la parole du Christ habite dans le croyant

La « parole du Christ » est à la fois la parole prononcée par le Christ (essentiellement dans les Évangiles) et la parole à propos du Christ (dont toute la Bible témoigne). Celui en qui elle « demeure » — c’est-à-dire celui qui s’en nourrit, dont elle forme les pensées, dont elle modèle le comportement — sera naturellement poussé à la louange : sa vision de la personne et de l’œuvre de Jésus Christ le conduira à exprimer sa reconnaissance et à la partager par des chants. Lecture et louange vont de pair.

On comprend donc l’importance d’avoir des cantiques qui soient bibliquement fondés, cohérents avec l’enseignement de l’Écriture. N’allons cependant pas trop loin : un chant n’est pas un traité de doctrine et sa brièveté ne lui permet pas d’envisager tous les aspects d’un sujet donné. De plus, la poésie peut conduire à des simplifications ou des illustrations tout à fait recevables. Évitons donc les chants qui contredisent directement une doctrine biblique et encourageons-nous à un état d’esprit positif.

Réciproquement, le chant nous aidera à nous approprier la Parole. Des textes bibliques mis en musique peuvent nous les faire (re-)découvrir ou en approfondir le sens. Des thèmes de cantiques nous conduiront à vouloir creuser le sujet dans l’Écriture.1 Et, comme pour la plénitude de l’Esprit, un cercle vertueux se développe : chanter démontre que l’Esprit agit en nous et que nous demeurons dans la Parole et par ces chants, l’Esprit nous remplit et la Parole nous habite toujours plus.

Chanter… pour qui ?

Pour Dieu

Beaucoup de chants s’adressent directement à Dieu, soit comme louange pour ce qu’il est, soit comme action de grâce pour ce qu’il a fait, soit comme prière pour ce que nous lui demandons. Nous chantons avant tout « à Dieu », « au Seigneur ». Des mélodies trop souvent fredonnées peuvent nous faire oublier que nous prononçons des paroles profondes. Pensons que nous nous adressons au Créateur de l’univers, au Dieu tout-puissant !

Pour les autres

Toutefois le contexte des deux versets en entête met l’accent sur la dimension horizontale du chant : il est un moyen de « s’exhorter » et de « s’entretenir ». C’est bien sûr le privilège de celui (ou de celle)2 qui compose le chant. Mais pas seulement : proposer un cantique dont les paroles correspondent aux circonstances du moment peut apporter un grand encouragement ou donner une instruction indirecte qui sera d’autant mieux reçue qu’elle viendra des paroles composées par un tiers.

Les Psaumes illustrent ces divers aspects : beaucoup s’adressent directement à Dieu ; d’autres sont des invitations mutuelles (cf. Ps 95) ; d’autres, encore, sont des instructions de sagesse (cf. Ps 34.12-23). Nos recueils de chants doivent refléter cette variété !

Chanter… où ?

En église

Le rassemblement communautaire est le lieu privilégié pour le chant collectif. Outre les témoignages évoqués en introduction, les multiples mentions des chants dans l’Apocalypse indiquent que chanter en église anticipe la louange éternelle des rachetés.

En famille

Toutefois, ici encore, le contexte de ces deux versets n’est pas directement la réunion d’église mais la vie chrétienne au sens large, et en particulier la vie de famille. Encourageons-nous donc à chanter le plus souvent possible en famille, avec ou sans instrument, lors du culte familial quotidien, lors de trajets en voiture, pendant des promenades, etc. Les chants que nos enfants auront appris les accompagneront pendant toute leur vie.

Entre amis chrétiens

Lors de rencontre entre amis chrétiens, une pudeur inappropriée nous empêche parfois d’aborder des sujets spirituels. Proposer de chanter peut constituer une introduction facile à un moment de partage. Saisissons ces occasions !

En tout temps

« Je bénirai l’Éternel en tout temps, sa louange sera toujours dans ma bouche », disait David (Ps 34.2). Chantons en faisant le ménage, en travaillant (si cela ne nuit pas à son exécution !), en nous promenant… Je connais une famille qui a été convertie par le témoignage de voisins de vacances qui chantaient toute la journée !

De plus, nous disposons aujourd’hui de moyens techniques qui nous permettent d’écouter des chants à tout moment. Combien de mp3 de cantiques avez-vous sur votre smartphone ?

Chanter… comment ?

Avec variété

Nos deux textes mentionnent « des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ». La distinction précise de ces trois types de chants n’est pas très facile à tracer aujourd’hui. À tout le moins, elle témoigne de la variété des styles de chants en usage du temps de Paul, variété que nos recueils de cantiques doivent aussi avoir : gardons-nous de sacraliser une catégorie particulière et laissons-nous édifier par des cantiques d’origine et de style les plus divers possibles.

La mention des Psaumes mérite une attention particulière : loin de reléguer ceux-ci dans le passé de l’ancienne alliance, Paul les cite en premier lieu : ils ont donc un rôle capital dans l’édification chrétienne, en complément avec d’autres aspects du christianisme développés dans le N.T.3. Ils sont « parole du Christ » par les échos que nous y trouvons des sentiments de Christ ; ils le sont aussi par les multiples mentions de sa royauté actuelle et de l’attente de son triomphe futur. Ils nous aident à vivre la plénitude de l’Esprit en canalisant l’expression de nos sentiments qui y sont exprimés à Dieu dans toute leur diversité. Les Psaumes étaient souvent accompagnés par des instruments (relisons le Ps 150) et ils peuvent nous paraître parfois répétitifs dans leurs expressions (pensons au Ps 136) — deux remarques qui peuvent aider à modérer les critiques sur les instruments dans l’église ou sur les chants où la répétition d’un refrain lasse.

Avec sagesse et intelligence

La sagesse doit présider au choix d’un chant. Elle nous montrera quand et quoi chanter (cf. Prov 25.20). « Je chanterai par l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence », confirme Paul ailleurs (1 Cor 14.15).

Avec soumission

La quatrième marque de la plénitude de l’Esprit, rappelons-le, est la soumission mutuelle. Le chant collectif est une excellente occasion de la pratiquer : au lieu de critiquer les options du chef de chœur ou du responsable de la louange, respectons ses choix et encourageons-le dans son service !

Avec cœur

La qualité primordiale d’un chant ne viendra jamais de la perfection de son exécution, mais de la sincérité de cœur que le Seigneur y lit. Le sentiment de la grâce de Dieu est l’atmosphère nécessaire d’un chant vraiment spirituel. Un cœur touché par l’amour divin sera naturellement plein de grâce envers ceux qui chantent avec lui, quelles que soient leurs faiblesses musicales.

* * *

Les théologiens listent souvent les trois « moyens de grâce » : la lecture de la Bible, la prière et la communion avec les autres chrétiens. Le chant me semble être au confluent de ces moyens de grâce : la spiritualité du chant se nourrit de la Bible, s’élève souvent sous forme de prière et son exécution collective, en famille, entre amis ou en église, me met en communion avec mes frères et sœurs.

De plus, il met en œuvre mon être entier : les paroles stimulent mon esprit, la musique touche mon âme et l’exécution du chant utilise mon corps. C’est donc toute mon humanité qui est impliquée.

Par le chant, j’anticipe donc une des activités essentielles du ciel, quand, dans un corps glorifié, dans la perfection de mon humanité, j’exalterai avec la multitude des rachetés les gloires de l’Agneau immolé.

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  1. Pour ma part, un cantique (« Dieu est là ») m’a conduit à méditer sur l’immanence de Dieu et un chant basé sur le dernier verset du Ps 52 m’a fait découvrir la richesse de ce texte.
  2. De très nombreux cantiques ont été composés par des chrétiennes. C’est un beau moyen pour elles de mettre en œuvre leurs dons, en particulier de « prophétie », par lequel elles peuvent « édifier », « exhorter » et « consoler » (cf. 1 Cor 14.3).
  3. Peut-être est-ce pour cette raison que plusieurs éditions du N.T. y adjoignent les Psaumes.
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Prohin Joël
Joël Prohin est marié et père de deux filles. Il travaille dans la finance en région parisienne, tout en s'impliquant activement dans l’enseignement biblique, dans son église locale, par internet, dans des conférences ou à travers des revues chrétiennes.