Editorial
Lorsque le quatrième Évangile futrédigé,plus d’un demi-siècle après les faits, les trois autres étaient déjà largement répandus et reconnus. Pourquoi ce « supplément » ? Laissons un des Pères de l’Église, Eusèbe de Césarée1, nous apporter quelques éléments de réponse :
« Enfin, [Jean] en vint à écrire; voici pour quel motif. On raconte que l’apôtre reçut les trois Évangiles composés précédemment ; tous les avaient déjà et il les accepta, leur rendant le témoignage qu’ils contenaient la vérité. Seulement il manquait à leur récit l’exposé de ce qu’avait fait le Christ tout d’abord au commencement de sa prédication. Et cette parole est vraie. On peut voir en effet que ces trois évangélistes ont raconté seulement les faits postérieurs à l’emprisonnement de Jean-Baptiste et accomplis par le Sauveur dans l’espace d’une année. Ils le disent du reste au début de leur narration2.[…] Ainsi donc l’apôtre Jean dans son Évangile rapporte ce que fit le Christ quand le Baptiste n’était pas encore incarcéré ; les trois autres évangélistes au contraire racontent ce qui suivit son emprisonnement. Quiconque remarque ces choses ne peut plus penser que les évangélistes soient en désaccord les uns avec les autres. Car l’Évangile selon Jean comprend l’histoire des premières œuvres du Christ, les autres évangélistes nous donnent le récit de ce qu’il a fait à la fin de sa vie3. Vraisemblablement Jean a passé sous silence la conception de notre Sauveur selon la chair, parce qu’elle avait été écrite auparavant par Matthieu et Luc ; il a commencé par sa divinité. Cet honneur lui avait, pour ainsi dire, été réservé par l’Esprit divin comme au plus digne. »
Ne doutons donc pas de l’utilité du quatrième récit des œuvres et des paroles de notre Seigneur. Ce témoignage occupe dans nos Bibles la place du majestueux finale qui couronne une symphonie. Écoutons-le !