Edito
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Entre réalité et plaisir

« Qu’importe le flacon, disait Musset, pourvu qu’on ait l’ivresse.» Cette maxime rend bien compte de la mentalité contemporaine. Toute pensée organisée, toute doctrine clairement structurée sont assimilées à des «flacons», à des emballages, à des étiquettes sans importance. Y prendre garde n’est plus de mise, et confinerait à l’étroitesse d’esprit, voire à l’intégrisme. Ce qui est devenu le «contenu», la «substance», c’est désormais l’effet ressenti, l’«ivresse» du moment, le plaisir ou le soulagement éprouvés. Quant aux «flacons», on peut toujours les remplacer, les recycler, ou les oublier…

Que dénotent cette légèreté, cette préférence marquée pour les voies faciles, pour les gratifications instantanées, pour les modes «alternatives»? Que signifie ce dédain à l’égard de toute vérité normative (et en particulier à l’égard de la Révélation biblique) ? Que prépare cette grande foire des sensations et de l’irrationnel?

Dans un article1 consacré au petit sorcier Harry Potter, nouvelle coqueluche littéraire de la jeunesse, un spécialiste tente d’expliquer le succès phénoménal des ouvrages de J.K. Rowling en déclarant: «La sorcellerie, le merveilleux, tout ce qui fait appel à l’irrationnel y est présent. C’est une fantasmagorie séduisante puisqu’elle permet au lecteur de sortir du principe de réalité au nom du principe de plaisir.» Mais pourquoi ce besoin accru de fuite dans des mondes parallèles, dans des chimères à coloration et orientation occultes? Un autre auteur répond: «Parce que nous vivons dans une société anxiogène (qui engendre l’angoisse), de vache folle et de catastrophes naturelles, où Halloween et ses dérivés sont une manière de conjurer la peur de la mort.» Cette réflexion n’est pas sans intérêt.

En effet, l’«ivresse» et l’étourdissement recherchés par nos contemporains ne révèlent pas seulement une soif immodérée de sensations agréables, mais trahissent de profondes angoisses et des cris restés sans écho. Peut-il en être autrement dans un monde qui s’est massivement détourné du seul Sauveur et Seigneur des hommes, de la seule Source d’eau vive: Jésus-Christ?

Mais pour ceux qui ont soif de vérité, d’authenticité, d’amour vrai et éternel, la satisfaction passe par la redécouverte du Dieu Créateur (lisez à ce sujet l’article de F. Horton), par une foi bien orientée et sainement exercée (les textes de J.-P. Schneider et de D. Arnold y sont consacrés, mais aussi le touchant témoignage de P. Bigler-Andres), et par une manière de vivre respectueuse du plan de Dieu, dans le cadre de la famille comme dans le cadre plus large de la société (voyez l’étude de J.-M. Berthoud). Vous constaterez, une fois encore, que Révélation biblique et vie pratique font bon ménage, et que notre Dieu a réponse aux plus hautes exigences, pour autant que nous acceptions de lui rester soumis. Oui, ceux qui sont en paix avec Dieu, et en communion avec son Fils, n’ont rien à envier à ceux qui se félicitent de vivre selon leurs caprices ou selon les «ivresses» du monde. Laissons le roi David résumer notre propos:

Plusieurs disent: Qui nous fera voir le bonheur ?
Fais lever sur nous la lumière de ta face, ô Eternel!
Tu mets dans mon cour plus de joie qu’ils n’en ont
Quand abondent leur froment et leur moût.
Je me couche et je m’endors en paix,
Car toi seul, ô Eternel! tu me donnes la sécurité dans ma demeure
. Ps 4. 7-9

1 Journal Construire, no 47, 21 novembre 2000

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Pfenniger Claude-Alain
Claude-Alain Pfenniger, marié, père de trois (grands) enfants, est professeur de langues retraité. Il a exercé des fonctions pastorales en Suisse et a collaboré à la rédaction de diverses revues chrétiennes. Il est membre du comité de rédaction de Promesses depuis 1990.