Fais ce que tu dis ! (2 Corinthiens 8-9)
Les chapitres 8 et 9 de la seconde épître de Paul aux Corinthiens forment clairement un tout. Ils concernent principalement la promesse des chrétiens de Corinthe d’effectuer une collecte en faveur des saints de Jérusalem.
Il y avait beaucoup de pauvres dans cette église de la Judée et Paul s’était fait un devoir de leur apporter son aide, particulièrement au moyen de collectes organisées dans des églises locales qui se trouvaient sur son champ missionnaire (Gal 2.10 ; Rom 15.25-28).
Plusieurs croyants à Corinthe s’étaient déjà engagés verbalement à y participer. Paul profite alors de cette occasion pour enseigner une vérité fondamentale en lien avec le caractère et la conduite des chrétiens : ils doivent être des gens de parole, c’est-à-dire qu’ils doivent agir de manière conséquente à ce qu’ils disent ou promettent. Il est donc question d’intégrité et de fiabilité. Ce sont ces qualités que Paul espérait trouver chez les Corinthiens.
L’exemple des chrétiens de la Macédoine
La Grèce, à cette époque, était divisée en deux grandes provinces romaines : la Macédoine au nord, et l’Achaïe au sud. Dieu, dans sa grâce, avait déjà touché le cœur des croyants de la Macédoine et les avait incités à contribuer aux besoins des pauvres de la Judée. Mais ce qui est remarquable avec les chrétiens de Philippes, Thessalonique et Bérée (les églises locales de la Macédoine), c’est qu’ils avaient décidé de participer à cette offrande malgré le fait qu’ils vivaient eux-mêmes des temps très difficiles d’épreuves et de persécutions (8.1-5).
Une seule chose peut expliquer une telle attitude : c’est parce que ces chrétiens « se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur » avant de se donner aux autres (8.5). Autrement dit, d’une manière probablement autant individuelle que collective, ils se sont placés devant le Seigneur dans la prière et ils ont compris ce que Christ attendait d’eux.
C’est d’ailleurs pour cela qu’ils considéraient leur participation à cette œuvre comme une « grâce » du Seigneur (8.4)
Passer de la parole aux actes
Maintenant, il semble bien que les chrétiens de l’Achaïe, c’est-à-dire les frères et sœurs de Corinthe, avaient fait savoir qu’ils désiraient, eux aussi, prendre part à ce service et que c’est Tite qui avait été mandaté pour l’organisation et la gestion de la collecte (8.6).
Aussi, afin de les encourager et de leur donner un modèle d’offrande par excellence, Paul a rappelé aux Corinthiens de quelle manière le Seigneur Jésus lui-même s’était fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté les Corinthiens soient enrichis (8.9).
Puis vient l’exhortation principale, qui est probablement le cœur des chapitres 8 et 9 : « Achevez donc maintenant d’agir, afin que l’accomplissement selon vos moyens réponde à l’empressement que vous avez mis à vouloir. La bonne volonté, quand elle existe, est agréable en raison de ce qu’elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu’elle n’a pas » (8.11,12).
Ces versets nous disent qu’il faut être des gens de parole. Nous pouvons avoir l’air d’être bien gentils, bien généreux et bien serviables lorsque nous disons que nous allons faire quelque chose, mais faisons-le !
Sinon c’est le contraire qui va se produire, et nous serons connus comme des gens qui n’ont pas de parole, qui n’ont pas d’honneur. Réfléchissons bien à ceci : les gens peuvent-ils compter sur nous ?
Au chapitre 9, nous voyons à quel point Paul était préoccupé par cette nécessité que les chrétiens soient des gens de parole.
Paul jugeait qu’il n’était pas nécessaire de revenir sur le besoin lui-même des pauvres de Jérusalem et de l’expliquer à nouveau parce que les Corinthiens étaient déjà bien au fait de la situation et ils avaient déjà manifesté leur intention de participer à la collecte (9.1). C’est la « bonne volonté » dont il parle au verset suivant et dont il était si fier, au point même de dire aux chrétiens de la Macédoine : « Hé ! Vous savez quoi ? Les chrétiens du sud veulent aussi participer ! Ils en parlent même depuis l’année dernière ! »
Les paroles en l’air font perdre la face
À la fin du verset 2 du chapitre 9, Paul va même souligner que le zèle des Corinthiens a été un moteur pour motiver un très grand nombre de croyants à faire de même. Pouvez-vous vous imaginer ce qui va arriver si les Corinthiens ne tiennent pas parole ? La motivation des autres pourrait en être grandement affectée et, finalement, ce sont les pauvres de Jérusalem qui en subiraient toutes les conséquences.
Car lorsqu’une personne n’honore pas sa parole, des gens sont lésés.
Les Corinthiens ne seraient pas les seuls à perdre la face, mais ils la feraient perdre aussi à d’autres.
C’est précisément ce que Paul redoute, comme nous pouvons le voir dans les trois versets suivants (9.3-5).
Pour s’assurer que les Corinthiens n’allaient pas mettre Paul et tous les autres dans l’embarras, il leur envoie Tite et deux autres frères anonymes (8.18,22-24) en éclaireurs. Si jamais les Corinthiens ne tiennent pas parole, il vaut mieux que ce soit devant ces trois ouvriers habitués à en voir de toutes les couleurs, que devant des frères et sœurs de Macédoine qui pourraient être découragés par la situation. Quand Paul parle de « confusion », il parle de honte, voire même d’humiliation. Celui qui ne tient pas parole a toutes les raisons d’être rouge de honte, mais il met aussi les autres dans l’embarras. Paul a donc raison d’évaluer cette situation comme étant potentiellement néfaste pour bien des gens et c’est ce qui le pousse à prendre des précautions. Il exhorte alors Tite et ses deux compagnons d’œuvre à se rendre à Corinthe afin de vérifier l’état de la situation.
Tenir parole pour les bonnes raisons
Remarquez bien ce qui est dit en lien avec la participation des Corinthiens à l’offrande destinée aux saints de Jérusalem, en (9.5) : les Corinthiens avaient déjà promis une libéralité, c’est-à-dire qu’ils avaient non seulement promis de participer, mais aussi d’être très généreux. C’est ce qu’on appelle créer des attentes chez les gens.
Non seulement Paul espère qu’ils seront effectivement généreux, mais aussi qu’ils le feront pour les bonnes raisons. Permettez-moi de paraphraser ce que Paul veut probablement suggérer aux Corinthiens : « Vous avez dit d’avance que vous alliez donner généreusement ; eh bien, j’espère que vous donnerez généreusement et pas à contre-cœur, dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour. »
C’est le sens du mot « avarice » à la fin du verset 5. Il parle de « cupidité ».
Ainsi, non seulement Paul craint que les Corinthiens ne tiennent pas parole, mais il craint aussi que, même s’ils tiennent parole, ils ne le fassent pas pour les bonnes raisons. Certaines personnes, quand elles se sentent prises au piège par leurs propres paroles, vont finir par agir, mais souvent pour de mauvaises raisons, et cela va clairement paraître dans leur attitude.
Tenir parole pour la gloire de Dieu
Celui qui tient parole, qui fait simplement ce qu’il a dit, pour de bonnes raisons, va bien vite prendre conscience que Dieu prend soin de lui, quelle que soit sa situation. C’est ce que Paul va souligner ensuite en (9.6-10). Ces versets sont la promesse que celui qui tiendra parole en verra tôt ou tard du fruit, et le fruit en particulier dont Paul parle en (9.11-15), c’est la reconnaissance à Dieu. Quand les croyants tiennent parole dans ce qu’ils promettent aux autres, Dieu en récolte les remerciements, la louange et la gloire.
Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne connaissent pas le Seigneur et qui sont pourtant intègres et fiables. Raison de plus pour que ce soit le cas de tous ceux qui ont connu le don si merveilleux de Dieu, incarné dans la personne de notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui notre parfait modèle d’intégrité et de fiabilité. Tout ce que Jésus a dit et a promis, il l’a fait. Alors, si vous dites que vous appartenez à Jésus, vous ne pouvez pas ne pas tenir parole. Que le Seigneur nous aide à être des gens de parole, intègres et fiables.