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George Whitefield, le prédicateur du réveil

Note liminaire

Cet article, le premier d’une série consacré aux Réveils, est le résumé d’une conférence que l’auteur a donnée en août 1991, à Champfleuri, près de Grenoble. Les lecteurs de Promesses auront ainsi le «privilège» de lire en avant-première quelques extraits de la Théologie du Réveil que Paul Ranc est en train de préparer.

Un des plus grands hommes de Réveil de tous les temps, et certainement le plus méconnu de tous, du moins dans nos pays francophones, est sans conteste l’Anglais George Whitefield.

Le Réveil du XVlIIe siècle, appelé aussi «Réveil méthodiste», le plus grand mouvement de renouveau spirituel après la Réforme, a pour chef de file George Whitefield, et non John Wesley (1). Certes, nous ne portons pas atteinte à Wesley, mais rendons à César ce qui est à César: Whitefield est le père de l’évangélisation des foules.

Sa jeunesse

George Whitefield est né le 16 décembre 1714 à Gloucester dans une famille d’humble condition. Durant un certain nombre d’années, il aida sa mère à tenir un hôtel, puis ce fut son frère qui assura la gestion de l’établissement.

A l’âge de 18 ans, il fut admis à l’Université d’Oxford, en qualité d’étudiant pauvre. Tout en étudiant, Whitefield devait servir ses condisciples plus fortunés. C’était une obligation. Il mena une vie solitaire, partagée entre l’étude et les austérités.

Il entra enfin en contact avec les frères Wesley(1) qui l’acceptèrent dans leur groupe de prière et de piété. Il en devint un des membres les plus zélés. Trop même, il les surpassa par ses excès! Il finit même par en tomber malade!

En 1735, il se convertit à Christ. Il fit une expérience spirituelle décisive qu’il appela «sentiment de réconciliation». Sur ce point, Whitefield, au contraire de Wesley, se montre très réservé. On ne sait qu’une seule chose: c’est que du jour au lendemain, son message devint percutant!

Il est consacré diacre de l’Eglise anglicane en 1736 et il prêcha son premier sermon dans la cathédrale de sa ville natale.

En 1738, il part aux Etats-Unis, en Georgie, pour évangéliser les Indiens, mais revient en 1739 en Angleterre pour une collecte. La même année, il fut consacré pasteur.

Un prédicateur de Réveil

Il se mit à prêcher le Réveil Pour la première fois, un pasteur de l’Eglise anglicane osa prêcher en plein air, sur un terril ! Aux mineurs de Kirigswood! Un acte de courage inouï: les mineurs étaient redoutés et redoutables. Ils étaient violents, voleurs, vindicatifs, etc. Bref, c’est un vrai «quart-monde», à la puissance 10!

Il prêcha aussi à Bristol à des foules énormes. Les gens de Bristol étaient, si l’on en croit les historiens, «une population grossière et à demi-sauvage»! Il obtient de grandes victoires spirituelles. Les mineurs, les gens les plus méprisés de l’époque, se convertirent par milliers. «Les coeurs étaient touchés» disait Whitefield, les larmes coulaient et les joues noires des mineurs étaient marquées de traces blanches. ..Dieu avait agit de façon souveraine pour l’éternité.

Les auditoires de plus de 20’000 personnes n’étaient pas rares! Sa voix avait une portée extraordinaire: 1 à 2 kilomètres! Le chant à près de 3 kilomètres! ! Plus de 30’000 personnes pouvaient entendre sa voix sans peine…

Un ministère itinérant

Conséquence logique des activités de Whitefield: toutes les portes de l’Eglise anglicane se fermèrent à lui. Le clergé voyait en lui un fanatique. Malgré cela, Whitefield fut magnifique de courage et de volonté. Bien qu’il fût de santé fragile (il fallait parfois le monter sur le cheval tant il était faible!), il continua son ministère itinérant. Très souvent, il parcourait 80 km pour prêcher. Il recommençait le lendemain… Durant 30 ans, il a exercé un ministère itinérant des plus féconds.

George Whitefield était doué d’une éloquence extraordinaire. Même ses adversaires l’admiraient. Très souvent, les larmes aux yeux, Whitefield exhortait les auditeurs à se convertir. Ses appels à la repentance étaient pathétiques et beaucoup de gens étaient saisis d’une profonde conviction de péché et se tournaient vers Christ.

Whitefield traversa six fois l’Atlantique, il créa un orphelinat en Georgie et visita toutes les stations où se trouvaient les Anglais. Partout, il y avait des foules énormes et des milliers de conversions extraordinaires.

En 1741, il se sépare de John Wesley à propos de la doctrine de la prédestination, mais les deux hommes continueront à entretenir des relations fraternelles. Par ailleurs, les Eglises fondées par Whitefield et Wesley poursuivront 1e même travail sous le même nom: «Eglise méthodiste» !

Whitefield meurt en 1770 d’une crise d’asthme, près de Boston laissant derrière lui une oeuvre immense. Son service funèbre fut suivi par une foule en larmes. La veille encore, il avait prêché fort tard et des âmes avaient été sauvées.

L’esprit méthodiste calviniste subsiste encore de nos jours dans le Pays de Galles. ll y a encore des «églises méthodistes calvinistes».

La théologie de Whitefield

George Whitefield, premier prédicateur méthodiste, était un calviniste! C’est sans doute Jonathan Edwards(2) qui l’influença à cette façon de penser. Sa vie comme sa prédication furent empreintes du thème central de l’élection: A ce propos, Whitefield écrivit ces lignes qui résument toute sa doctrine:

«Je bénis Dieu qui, par son Esprit, m’a convaincu de notre élection éternelle par le Père et par le moyen du Fils, de notre libre justification par le moyen de la foi en son sang, de notre sanctification comme en étant la conséquence, et enfin de notre persévérance et notre glorification finales, qui sont le résultat de tout cela. Je suis persuadé que Dieu a soudé tous ces points; ni les hommes, ni les anges ne pourront les disjoindre»(3).

Ainsi donc, la théologie de Whitefield, comme le seront plus tard celles de Félix Neff, César Malan ou Adolphe Monod, est celle de la souveraineté de Dieu. La conversion, la justification, la sanctification et la glorification découlent de la grâce imméritée de Dieu, source de l’élection. On peut donc affirmer sans crainte que Whitefield a été le prédicateur de la Grâce.

La passion des âmes de Whitefield

Whitefield était un homme hors du commun. Sa foi et son rayonnement étaient extraordinaires et manifestaient au sens propre du terme l’enthousiasme. La vue des foules immenses faisait vibrer en lui les cordes de l’émotion et lui inspiraient les accents les plus poignants. Il avait véritablement l’amour pour les âmes perdues, un sentiment que nous aurions tendance à ignorer de nos jours..

Whitefield n’était pas un théologien, ni un organisateur. Il n’avait ni une grande intelligence ni une grande culture. C’était avant tout le prédicateur du Réveil. Mais ses prédications étaient fouillées et surtout profondes. Il savait trouver le mot juste pour convaincre et amener les âmes à la repentance. Dieu avait choisi un homme faible pour en faire un des plus grands prédicateurs de l’histoire de 1’Eglise.

Ce qui manque à notre Eglise aujourd’hui, c’est un Whitefield! Un homme rempli de la connaissance de Dieu, saisi par la passion des âmes qui se perdent et revêtu d’un esprit de sagesse et de force. Prions ardemment pour que Dieu nous envoie un homme de cette trempe! Alors le Réveil sera peut être une réalité…

Notes
(1) Le Réveil méthodiste de John et Charles Wesley fera l’objet d’un article dans Promesses.
(2) Le Réveil de la Nouvelle Angleterre de Jonathan Edwards sera traité dans un prochain numéro de Promesses.
(3) G. Whitefield, Letters, vol. I, 1771, réimpr. The Banner of Truth Trust, 1976, 9. 129.

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