Grâce et liberté (Romains 14.1-15)
La grâce de Dieu nous a placés dans la liberté (8.1-2). C’est sur le principe de la grâce, et de la grâce toute pure, que nous pouvons nous tenir dans une relation heureuse devant Dieu, sans conscience de péché ; absolument pas sur le principe de l’accomplissement de règles de conduite.
Mais, dans notre vie, il n’y a pas qu’une relation verticale avec Dieu ; nous vivons avec d’autres hommes, dans une société humaine (12.1-13.14), et avec des frères et sœurs dans la foi. À partir du chapitre 14, Paul parle de la manière d’aider nos frères et sœurs à vivre dans la liberté chrétienne.
Recevons sans préjugés nos frères et sœurs
Accueillez celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas les opinions. […] Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli. Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout, ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l’affermir. (14.1-4)
Au temps de Paul, un certain nombre de chrétiens avaient des scrupules à manger de la viande car ils savaient bien que, très généralement, les bêtes dont elle provenait avaient été sacrifiées à une idole. Les autres, la majorité, avaient la liberté d’en manger et rendaient grâces à Dieu pour cette nourriture. Alors Paul recommande à ces derniers de recevoir ceux qui n’avaient pas la même liberté, de les accepter sans soulever de discussions sur ces questions liées à leur avancement spirituel dans la liberté chrétienne.
Aujourd’hui, ce problème de la viande se pose beaucoup moins, mais dans les milieux évangéliques, il en existe de semblables, variables suivant les pays, les cultures, et les époques. Ici cela concerne la façon de s’habiller, là celle de se coiffer, ailleurs tels loisirs sont mal considérés ; suivant les endroits, mettre une bouteille de vin sur la table peut être un scandale ou une obligation culturelle, etc. Dans certains pays, croiser les jambes quand on est assis au culte est considéré comme une attitude irrévérencieuse à l’égard de Dieu et cela vaut des reproches à celui qui l’ignore.
À ceux qui ont été libérés de la tendance à se faire des lois, Paul recommande de ne pas mépriser leurs frères qui se font des scrupules à propos de ceci ou de cela ; et, inversement, il demande à ces derniers de ne pas juger les autres, c’est-à-dire de ne pas avoir une attitude critique quant à l’état spirituel de ceux qui ne font pas comme eux.
Agir ainsi, c’est la condition pour que nos frères et sœurs ne déterminent pas leur manière d’être par rapport à l’opinion d’autrui et qu’ils aient, au contraire, affaire avec le Seigneur comme un serviteur vis-à-vis de son maître.
Soyons pleinement persuadés
Tel fait une distinction entre les jours ; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu ; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu. (14.5-6)
La vraie liberté pour tout croyant, c’est de déterminer sa conduite en fonction des désirs du Seigneur, en ayant égard à ce qui lui plaît. Nous avons ce privilège d’avoir une relation vivante avec lui par le Saint Esprit qui nous conduit dans la prière et la méditation de la Bible. Nous pouvons acquérir ainsi, tout en restant conscients de notre faillibilité, une conviction concernant ce que Dieu attend de nous, être pleinement persuadés de sa volonté.
Notre frère ou notre sœur peut faire la même démarche et ne pas parvenir à la même conviction sur certains points. Paul le constate dans les versets ci-dessus à propos des jours à observer ou non et des aliments qu’on peut manger ou non : chacun agit différemment tout en ayant égard à la volonté du Seigneur.
N’usons donc pas sur les autres d’une autorité déplacée en prenant, dans leurs décisions, la place qui revient au Seigneur seul. Laissons soigneusement au Seigneur le soin de diriger leur vie. Laissons-les apprendre de lui, à leur propre rythme, même s’ils enregistrent quelques échecs ou erreurs.
Une telle attitude ne signifie pas que nous ne puissions pas aider les autres dans leur recherche de ce qui plaît au Seigneur — ou nous-mêmes nous faire aider. Au contraire, il faut que notre comportement leur montre que nous sommes accessibles, et qu’ils peuvent nous faire part de leurs idées, de leurs doutes ou de leurs appréhensions sans s’attendre à être mal considérés.
Même si nous leur indiquons que nous pensons qu’ils se trompent sur ceci ou cela, nous leur faisons comprendre que nous ne dominons pas sur leur foi et que c’est en ayant égard au Seigneur qu’ils doivent être pleinement persuadés. Disons-leur : « Si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. Seulement, au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas. » (Phil 3.15-16)
Ne jugeons pas notre frère ou notre sœur
Christ est mort et il est revenu à la vie, afin de dominer sur les morts et sur les vivants. Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère? ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu. […] Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. (14.9-12)
C’est tellement important qu’il ne règne pas entre les croyants une ambiance de mépris et de jugement que l’apôtre Paul revient sur ses injonctions du verset 3 : toi, ne méprise pas ton frère qui ne possède pas la même liberté que toi, et toi, en face, ne juge pas celui qui n’a pas les mêmes scrupules que toi.
Un seul a le droit de juger : Christ lui-même qui s’est acquis tous les droits sur ses rachetés et à qui, en fin de compte, ceux-ci auront à répondre, chacun pour lui-même. Ne prenons pas sa place : nous ne sommes, du reste, ni habilités à juger ni capables de le faire vraiment en connaissance de cause.
En effet, nous ne pouvons distinguer que les apparences ; ce qui se passe dans la tête d’autrui nous échappe : ses motifs, les séquelles de son passé ou de son éducation, sa sensibilité profonde, etc. De plus, nous ne sommes pas neutres ni totalement objectifs : nos préjugés, nos expériences, notre culture constituent des lunettes déformantes, même si l’œuvre sanctifiante de l’Esprit nous aide à les mettre progressivement de côté.
Enfin, nous sommes si faillibles et limités que nous avons un constant besoin de la grâce de Dieu. Heureusement, Dieu ne nous méprise pas ; il ne nous juge pas indignes de sa miséricorde lorsque nous trébuchons, et il veut bien nous aider à résoudre nos problèmes.
Bien entendu, il nous est permis d’apprécier, d’après la Bible, si le comportement, l’acte ou la parole de notre frère ou de notre sœur est selon Dieu. Si c’est le cas, n’hésitons pas à l’encourager. Si tel n’est pas le cas, nous avons parfois le devoir, après avoir prié de manière très précise à ce sujet, d’alerter l’intéressé sur sa façon de faire ou de parler. Accomplissons alors ce service avec toute la grâce dont nous souhaiterions bénéficier si les rôles étaient inversés.
Ayons égard à notre frère ou à notre sœur
Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d’achoppement ou une occasion de chute. Je sais et je suis persuadé par le Seigneur Jésus que rien n’est impur en soi, et qu’une chose n’est impure que pour celui qui la croit impure. Mais si, pour un aliment, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour : ne cause pas, par ton aliment, la perte de celui pour lequel Christ est mort. (14.13-15)
Le chrétien a été libéré des lois à connotation judaïque qui le tenaient asservi en lui prescrivant impérativement : ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas. Paul envisageait même qu’un croyant pouvait avoir la liberté de s’asseoir à table dans un temple d’idoles pour y manger (1 Cor 8.10).
Il y a pourtant des restrictions à cette liberté chrétienne :
– par rapport à nous-mêmes, car «tout est permis, mais tout n’est pas utile ; tout est permis, mais tout n’est pas constructif » (1 Cor 10.23, NBS) ;
– par rapport aux autres : c’est ce que Paul expose en Romains 14 et ailleurs (1Cor 8.9-13; 10.23-33).
En effet, le croyant qui désire suivre son Maître se préoccupe des autres pour leur être utile et ne pas les entraver dans le développement de leur vie chrétienne. Comment en serait-il autrement quand il considère que son frère est « celui pour lequel Christ est mort », expression utilisée à deux reprises par l’apôtre ?
J’ai peut-être la liberté d’aller voir tel spectacle, ou de faire tel voyage, ou que sais-je encore qui relève de mes goûts personnels, mais j’apprends que cela pourrait attrister mon frère, même le scandaliser. Alors, j’y renonce, par amour pour lui, et pas du tout parce que j’y suis contraint ou que je désire grimper dans son estime.
Une autre raison pour m’abstenir, c’est que je pourrais, par mon exemple, inciter mon frère à agir contre sa conscience et l’amener ainsi à pécher (14.21-23). Quel dommage pour lui et pour Christ !
Souvenons-nous : « Le royaume de Dieu n’est pas le manger et le boire », autrement dit la recherche de ma satisfaction personnelle, « mais la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. » (14.17-18).
« À celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, mais manifesté maintenant par les écrits des prophètes, d’après l’ordre du Dieu éternel, et porté à la connaissance de toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi, à Dieu seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles par Jésus-Christ ! Amen ! » (Romains 16.25-27)