Homme de Dieu, exerce-toi à la piété
« Homme de Dieu, exerce-toi à la piété ! » C’est d’abord une exhortation de Paul à son disciple et « enfant spirituel » Timothée (1 Tim 4.7-8). Mais Timothée n’est pas le seul concerné, puisque tout « homme de Dieu » peut s’approprier cette exhortation pour lui-même. Et, connaissant Jésus comme Sauveur et Seigneur, nous sommes tous des « hommes de Dieu » !
Dans les Épîtres à Timothée, c’est un mot-clé qui revient avec une certaine insistance, et la clé de notre vie chrétienne, ce qui fait toute la différence. La « piété » est ce qui plaît à Dieu et le propre d’un homme « attaché à Dieu ». Nous sommes exhortés à la rechercher (1 Tim 6.11) et à nous y exercer (1 Tim 4.8 ; 6.6), ce qui devrait être un élan du cœur, un don de l’être tout entier par amour, avec ces promesses : « Le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes pieux » (2 Pi 2.9) ; Dieu « aime la piété et non les sacrifices… » (Osée 6.6).
Le livre de Kent Hughes traite de sujets dont on parle curieusement peu, mais pourtant largement abordés dans les Écritures : la piété et la discipline, ou plutôt, « l’exercice de la piété » ! Une expression qui, aux dires de l’auteur, « sent l’odeur de la sueur », celle « qui vient d’un bon entraînement ».
Ce livre nous saisit et nous provoque, comme nous provoquerait de façon franche et directe, mais toujours avec grâce, un aîné ou un père qui aurait fait du chemin avec Dieu, tout en étant conscients qu’il n’est pas encore « arrivé », lui non plus : « Et si vous recherchiez toujours plus à ressembler au Christ ? Pour cela, exercez-vous à [la discipline qui conduit à] la piété ! »
C’est aussi un livre exigeant avec lequel on lutte au corps à corps — tant son sujet, l’exercice de la piété, nous est à ce point bien peu naturel — avec la détermination « de ne pas le lâcher avant qu’il ne nous ait béni » (cf. Gen 32.26). À l’instar de Jésus, « qui, bien qu’il fût Fils, a dû apprendre l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Héb 5.8), nous avons en effet à apprendre à devenir des hommes pieux, attachés à Dieu, et ne pas nous complaire dans « une grâce à bon marché » — la véritable grâce de Dieu étant en effet « une grâce qui a coûté » (à Christ) et « qui coûte », parce qu’elle appelle à l’obéissance (selon la formule de Dietrich Bonhoeffer et selon 1 Tim 4.7-10). Mais c’est « à cause de sa piété que Christ a été exaucé » (Héb 5.7).
Ce livre nous rend conscients que la piété n’est pas « un truc religieux » ou « un truc de bonne femme », puisqu’elle est concernée par tous les domaines de la vie. En clair, « s’exercer à la piété » implique de travailler ses relations [en veillant à sa pureté, à son mariage, mais aussi à ses amitiés], de prendre soin de son âme [ses pensées, son temps de recueillement et sa vie de prière…] et de son caractère [sa langue, sa façon d’être au travail…], et de porter une attention particulière à son ministère [son regard sur l’Église ; sa façon d’exercer le leadership, de donner et de servir…]1. À ce sujet, mes luttes et mes défis ne seront sans doute pas les vôtres. Dans tous les cas, il ne convient pas de « choisir » l’une ou l’autre des disciplines, décrites dans ce livre d’une manière inédite, mais de comprendre qu’elles forment un tout, comme autant de facettes d’une vie complète, pleine de sens et d’espérance de l’homme pieux authentique.
Ensuite, la discipline n’est en rien « une lubie légaliste », car le moteur de la discipline prend sa source dans l’amour et la grâce de Dieu. D’ailleurs, dans son chapitre introductif intitulé « La discipline au service de la piété », Kent Hughes nous explique que tout débute par une sorte de « coup de foudre », lequel nous enseigne « que la discipline personnelle est la clé pour accomplir quoi que ce soit dans cette vie ». Si cela est vrai, c’est doublement vrai pour les questions spirituelles. Dans d’autres domaines, nous pouvons peut-être revendiquer quelque avantage naturel. Un athlète peut être né avec un corps robuste, un musicien avec une oreille parfaite ou un artiste avec la perspective dans l’œil. Mais aucun de nous ne peut se vanter de posséder une supériorité spirituelle innée. En fait, nous sommes tous tout autant désavantagés. Aucun de nous ne cherche Dieu de façon naturelle, personne n’est intrinsèquement juste, personne ne fait instinctivement le bien (cf. Rom 3.9-18). Par conséquent, en tant qu’enfants de la grâce, tout est dans la discipline spirituelle — tout !
Mais l’exercice de la discipline qui conduit à la piété, pour devenir un « homme de Dieu » accompli, est tout à la fois un commandement et une promesse de Dieu : « Car (si) l’exercice corporel est utile à peu de chose (…) la piété est utile à tout, ayant la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. C’est là une parole certaine et entièrement digne d’être reçue ». Et parce que la clé de la victoire consiste aussi à jouer en équipe et non en solo, « nous travaillons, en effet, et nous combattons, parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des croyants » (1 Tim 4.8-10).
Un véritable défi, encore plus pour les hommes, déjà peu portés vers les choses spirituelles et moins disciplinés dans ce domaine que les femmes, et par ailleurs individualistes de nature !
Recension par Nicolas D. (http://pepscafeleblogue.wordpress.com)