Dossier: L'Apocalypse
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Introduction à l’Apocalypse

William MacDonald, Arthur Farstad

Cet article est tiré du Commentaire biblique du disciple, de William MacDonald et Arthur Farstad, édité par l’association La Joie de l’Éternel (Éditeur J-P Burgat,B.P.1,FR-25600 SAONE).

I. Place unique dans le canon

Le caractère unique du dernier livre de la Bible apparaît dans le tout premier mot : « Révélation » ou en grec, apokalupsis. Ce mot, qui veut dire « dévoilement », est à l’origine du mot « apocalyptique ». Ce genre littéraire, que l’on trouve dans Daniel, Ézéchiel et Zacharie dans l’A.T. mais seulement ici dans le N.T., se caractérise par des visions prophétiques concernant l’avenir et recourt à des symboles, à des images et à d’autres figures de style.

Non seulement l’Apocalypse traite-t-elle de la fin de toutes choses et de la victoire finale de Dieu et de l’Agneau, mais elle relie entre eux les 65 premiers livres de la Bible. En fait, c’est en connaissant l’ensemble de la Bible que l’on peut le mieux comprendre ce livre. Les personnages, les symboles, les événements, les nombres, les couleurs,… figurent presque tous ailleurs dans la Parole de Dieu. Certains ont appelé ce livre à juste titre « la gare centrale » de la Bible, parce que c’est ici que les « trains » entrent. Quels trains ? Les trains de pensée partis de la Genèse et des livres suivants, tels que les concepts du fil rouge de la rédemption, la nation d’Israël, les nations païennes, l’Église, Satan l’adversaire des enfants de Dieu, l’Antichrist et beaucoup d’autres.

L’Apocalypse (souvent intitulée à tort depuis le ive s. « La Révélation de Saint Jean », mais en réalité « La Révélation de Jésus-Christ », cf. 1.1), constitue le point culminant de la Bible. Elle nous révèle l’avenir de toute chose. Même une lecture superficielle devrait constituer pour les incroyants une sérieuse incitation à la repentance, et pour le peuple de Dieu un puissant encouragement à persévérer !

II. Auteur

Le livre lui-même affirme que Jean en est l’auteur (1.1,4,9 ; 22.8) et qu’il écrivit sur l’ordre de son Seigneur, Jésus-Christ. Des preuves externes, à la fois solides, anciennes et largement acceptées, confirment que le Jean mentionné ici est l’apôtre Jean, le fils de Zébédée, qui œuvra pendant de nombreuses années à Éphèse (en Asie Mineure, où se trouvaient les sept Églises auxquelles le Seigneur s’adresse aux ch. 2 et 3). Il fut exilé à Patmos par Domitien, où il écrivit les visions qu’il reçut du Seigneur. Plus tard il retourna à Éphèse où il mourut à un âge avancé. Justin Martyr, Irénée, Tertullien, Hippolyte, Clément d’Alexandrie et Origène, tous attribuent le livre à Jean. En outre un livre intitulé L’Apocryphe de Jean, rédigé aux environs de l’an 150 et découvert plus récemment en Égypte, attribue l’Apocalypse à Jean, le frère de Jacques. Le premier à s’opposer à l’idée que Jean soit l’auteur de l’Apocalypse fut Dionysius d’Alexandrie. Cependant, il ne souhaitait pas l’attribuer à l’apôtre car il était très opposé à la doctrine du millénium (ch. 20). Ses références vagues et incertaines, d’abord à Jean-Marc, puis à « Jean l’Ancien » comme les auteurs possibles ne peuvent infirmer des attestations aussi fortes en faveur de l’apôtre Jean (même si des érudits modernes de tendance libérale les rejettent eux aussi). En effet, il n’existe aucune trace dans l’histoire de l’Église d’un nommé « Jean l’Ancien » sinon l’auteur des 2e et 3e Épîtres de Jean. Or ces deux Épîtres présentent le même style que la 1re. En outre, leur simplicité et leur vocabulaire s’harmonisent bien avec l’Évangile de Jean.

Alors que les preuves externes citées ci-dessus s’avèrent si puissantes, les preuves internes ne paraissent pas aussi évidentes. Le vocabulaire, le style grec « sémitique » vigoureux (présentant quelques tournures grammaticales appelées « solécismes ») et l’ordre des mots, convainquent un grand nombre que l’auteur de l’Apocalypse ne pouvait avoir écrit l’Évangile.

Toutefois, ces différences peuvent s’expliquer. De plus, elles sont contrebalancées par des similarités entre les deux livres.

Ainsi, certains acceptent une date située entre les années 50 et 60 pour l’Apocalypse (sous le règne de Claude ou de Néron) et pensent que Jean écrivit son Évangile beaucoup plus tard dans les années 90 après avoir acquis la maîtrise du grec. Cependant, cette solution n’apparaît pas comme nécessaire. Il est fort possible que Jean ait eu un secrétaire pour rédiger son Évangile tandis qu’il rédigea seul l’Apocalypse pendant son exil à Patmos. (L’inspiration de chaque livre n’en est nullement affectée, puisque Dieu utilise le style propre à l’écrivain, et non un même style pour tous les livres de la Bible.)

Les thèmes de la lumière et des ténèbres se trouvent à la fois dans l’Évangile de Jean et dans l’Apocalypse. Des mots comme « l’Agneau », « vaincre », « Parole », « vrai », « eau vive » et d’autres encore, relient les deux livres. De même, Jean 19.37 et Apoc 1.7 citent tous deux Zach 12.10, sans toutefois utiliser le mot pour « percé » qui figure dans la version des LXX, mais un autre mot ayant la même signification1.

Les différences de style et de vocabulaire entre l’Évangile et l’Apocalypse s’expliquent également par leur genre littéraire différent. En outre, le nombre considérable de termes hébraïques dans le livre de l’Apocalypse s’explique par le fait que ce livre s’inspire si largement de l’ensemble de l’A.T.

En conclusion, l’optique traditionnelle selon laquelle l’apôtre Jean, le fils de Zébédée et le frère de Jacques, rédigea l’Apocalypse s’appuie sur un fondement historique solide, et l’on peut expliquer les problèmes sans renoncer à cette idée.

III. Date

Pour la rédaction de l’Apocalypse, certains se déclarent en faveur d’une date située soit dans les années 50 soit à la fin des années 60. Comme déjà mentionné, cette hypothèse permet d’expliquer en partie le style moins raffiné de l’Apocalypse. De plus, certains croient que le chiffre « 666 » (13.18) était une prédiction de Néron2, dont on attendait la résurrection, interprétation qui suggérerait également une date plus ancienne. Le fait que cet événement n’eut pas lieu n’a pas affecté l’acceptation du livre. […]

Les Pères de l’Église indiquent clairement la deuxième moitié du règne de Domitien (aux environs de l’an 96) comme l’époque où Jean reçut le message de l’Apocalypse sur l’île de Patmos. Puisque cette idée fut acceptée dès le commencement par la majorité des chrétiens fidèles à la vérité, il y a toute raison de l’accepter.

IV. Thèmes et portée

Thèmes

La clé de la compréhension du livre de l’Apocalypse se trouve dans sa division en trois parties essentielles.

Le ch. 1 décrit une vision dans laquelle Jean vit Christ en Juge et se tenant au milieu des sept Églises. Les chap. 2 et 3 traitent de l’Église au temps actuel de la grâce. Les 19 chapitres restants nous révèlent les événements après l’enlèvement de l’Église. Nous pouvons diviser le livre comme suit :

1. Ce que Jean vit, à savoir la vision de Christ comme Juge des Églises (ch. 1)

2. Ce qui est, à savoir un aperçu de la période de l’Église depuis la mort des apôtres jusqu’à l’enlèvement (ch. 2, 3).

3. Ce qui doit arriver ensuite, à savoir les événements futurs qui suivront l’enlèvement (ch. 4 à 22). Un bon moyen de se rappeler le contenu de cette troisième section du livre consiste à se représenter ainsi les faits :

a. Les chapitres 4 à 19 décrivent la tribulation, période d’au moins sept ans durant laquelle Dieu jugera les incrédules d’Israël de même que ceux des nations. Ces jugements sont décrits sous les titres suivants : – 1. Les 7 sceaux. – 2. Les 7 trompettes. – 3. Les 7 coupes.

b. Les chapitres 20 à 22 traitent du retour de Christ, de son royaume terrestre, du jugement du grand trône blanc et de l’éternité.

[…]

La portée du livre

Lors de l’étude de l’Apocalypse, comme lors de toute étude biblique, nous devons constamment garder à l’esprit la distinction entre l’Église et Israël. L’Église est un peuple céleste, doté de bénédictions spirituelles et appelé, comme l’épouse de Christ, à partager sa gloire. Israël est l’ancien peuple terrestre de Dieu auquel Dieu promit le pays d’Israël et un royaume terrestre où régnerait le Messie. L’Église est mentionnée dans les trois premiers chapitres, mais ne réapparaît plus jusqu’aux noces de l’Agneau au ch. 19 (v. 6-10). La période de la tribulation (4.1 à 19.5) concerne essentiellement le peuple juif.

Avant de clore cette introduction, il est juste de reconnaître que tous les chrétiens n’interprètent pas le livre de l’Apocalypse de la manière indiquée ci-dessus. Toutefois, pour tous les enfants de Dieu, le livre enseigne que vivre pour les choses éphémères constitue une folie. Il nous incite à témoigner auprès des perdus, et nous encourage à attendre avec patience la venue du Seigneur. Pour l’incroyant, le livre constitue un avertissement solennel du terrible destin qui attend tous ceux qui rejettent le Sauveur.

1Le verbe employé dans l’Évangile de Jean et dans l’Apocalypse est exékéntèsan ; dans Zacharie, la forme employée dans la version des LXX est katôrchèsanto. 2En hébreu et en grec, les lettres de l’alphabet comportent une valeur numérique : par ex., aleph et alpha correspondent à 1, béth et béta à 2, etc. Ainsi on peut calculer le nombre de chaque nom. Fait intéressant, en grec le nom de Jésus (Ièsous) correspond à 888 (le chiffre 8 signifie un nouveau commencement ou une résurrection). Sans doute les lettres du nom de la Bête donneront-elles un total de 666. En employant ce système — et avec un ajustement mineur de l’orthographe — on obtient ce chiffre avec « Néro Cæsar ». Toutefois, d’autres noms donnent également le même résultat, aussi devons-nous éviter toute spéculation incontrôlée.

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