Dossier: L'Exode, un peuple libéré
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Introduction à l’Exode

Il est important de rappeler que l’Exode fait partie d’une même œuvre littéraire composée des cinq premiers livres de la Bible, également appelée le Livre de Moïse, la Torah, mais plus fréquemment le Pentateuque. La place manque pour traiter dans le détail, les nombreuses questions concernant l’auteur et la date de l’Exode, par conséquent, ce qui suit, relève de l’option de l’auteur de cet article. Plusieurs affirmations internes à l’Exode attribuent directement la rédaction à Moïse sans pour autant éliminer des mises à jour ultérieures et l’utilisation d’autres sources. Moïse est appelé par Dieu à consigner sur un parchemin l’épisode de la victoire d’Israël sur Amalec (17.14). Il transcrit également les dix commandements (34.4,27-29). Le texte affirme que « Moïse écrivit toutes les paroles de l’Éternel » (24.4). De surcroît, plusieurs auteurs du N.T. soutiennent également la paternité mosaïque du livre de l’Exode. Marc 12.26 situe Exode 3.6 dans « Le livre de Moïse » (voir également Luc 2.22-23, 20.37 ; Marc 7.10 ; Jean 5.46-47).

De même, la date de l’Exode remontant au XVe siècle avant J.-C. nous semble la plus probable et repose sur deux textes : (1) la déclaration de 1 Rois 6.1 selon laquelle il s’est écoulé 480 ans depuis l’Exode jusqu’à la quatrième année de Salomon (qui elle-même peut être fixée à 967 avant J.-C.) et (2) la donnée selon laquelle 300 ans (Jug 11.26) se sont écoulés depuis l’entrée d’Israël dans le pays de Canaan jusqu’au début du règne du juge Jephté même en admettant que ce chiffre soit arrondi. Les deux textes fixeraient l’Exode à environ 1446 avant J.-C.

Lorsque Jésus a dit : « il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes » (Luc 24.44), il se servait de la division juive des Écritures en trois parties : la Loi, les Prophètes et les Écrits. La Loi est la première grande section de l’Ancien Testament et la continuité entre les cinq livres qui la composent est évidente, en particulier entre la Genèse et l’Exode. Le livre de la Genèse termine en rappelant les noms des fils d’Israël qui sont venus en Égypte (46.8) et en relatant la mort de Joseph (50.26). Or, presque mot pour mot, le livre de l’Exode commence en soulignant ces deux mêmes faits (1.1, 1.6).

Cependant, environ 400 ans se sont écoulés entre les deux livres et, dans l’intervalle, la situation des israélites a changé dramatiquement. À la fin de la Genèse, Israël jouissait du regard favorable du Pharaon. Par des circonstances douloureuses et imprévisibles, Dieu avait providentiellement élevé Joseph pour devenir le bras droit du Pharaon et ainsi sauver la vie d’Israël : « Vous aviez formé le projet de me faire du mal, Dieu l’a transformé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui et pour sauver la vie d’un peuple nombreux » (Gen 50.20.1)

Cette délivrance se situe dans le contexte de l’auto-révélation progressive de Dieu et en particulier du développement du projet de Dieu, à savoir le plan du salut et l’histoire de la rédemption.
Souvenons-nous de la promesse de Dieu faite à Abraham : « L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand. Deviens donc (une source) de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai celui qui te maudira. Toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen 12.1-3).

Cette promesse de bénédiction concerne :

  • une descendance,
  • un pays ou un héritage,
  • une bénédiction pour toutes les nations

Le Pentateuque nous apprend que la descendance est assurée ; il ne reste plus que l’héritage à posséder (le pays de Canaan) et la bénédiction pour toutes les nations à réaliser. Le livre de Josué nous raconte l’histoire et la conquête du pays de Canaan et les prémices de la bénédiction des nations par la conversion de Rahab. Cette promesse de bénédiction pour Abraham est un symbole, une préfiguration de ce que Dieu va faire par la suite avec la venue de Jésus-Christ :

Promesses

A.T.N.T.

(Galates 3.26-29)

Une descendancePentateuqueTous fils d’Abraham
Un pays, un héritageJosuéTous héritiers selon la promesse
Toutes les nationsCaleb, Rahab, Ruth…Tous un : Juifs et Grecs

Cela nous ramène à l’Exode. L’accueil favorable de l’Égypte envers Israël, relaté dans la Genèse, s’est transformé en méfiance et oppression dès le début du livre de l’Exode. Le Pharaon de l’époque n’avait aucun souvenir du bien que Joseph avait fait, et a condamné le peuple à l’esclavage.
Malgré cela, le peuple est vigoureux et s’accroît, ce qui provoque la colère des Égyptiens qui les assujettissent à des travaux plus pénibles. Finalement, pour empêcher la croissance du peuple Pharaon ordonne le massacre de tous les garçons par noyade dans le Nil.
Alors, comment comprendre les promesses de Dieu faites à Abraham ? La descendance est en train d’être décimée, l’héritage que Dieu avait promis semble inaccessible, et la bénédiction qu’Israël devait être pour toutes les nations relève de l’illusoire. Dieu semble silencieux ! Aucune explication ne nous est donnée pour ce silence, et il serait imprudent de conclure qu’il est la conséquence du péché d’Israël. La seule mention de Dieu dans le premier chapitre du livre concerne son regard favorable sur les sages-femmes qui laissent vivre les garçons, alors que d’autres seront par la suite massacrés. Dieu n’est explicitement mentionné ni dans le récit de la naissance de Moïse, ni dans celui où Moïse tue un Égyptien. Ce n’est qu’à la fin du chapitre 2, bien longtemps après tous ces événements que Dieu entend les cris de son peuple et entame la prochaine étape de son plan de rédemption.
« Longtemps après, le roi d’Égypte mourut, et les Israélïtes gémissaient encore sous la servitude et poussaient des cris. Leur appel du sein de la servitude monta jusqu’à Dieu. Dieu entendit leurs soupirs. Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu regarda les israélites et Dieu prit conscience de (leur situation) » (2.23-25).

Ce regard bienveillant de Dieu sur son peuple nous introduit à la théologie du livre qui est certainement parmi les plus riches de tout l’Ancien Testament. Sans conteste, ce qui fait partie de ces richesses particulièrement significatives est l’auto-révélation de Dieu : il parle face à face avec Moïse, lui révèle son nom, approfondit et clarifie la notion de la rédemption et du sacrifice, intervient miraculeusement pour libérer son peuple de l’esclavage en Égypte, écrit de sa main la loi sur les tablettes de pierre, communique les termes de l’alliance, donne les consignes pour la construction du Tabernacle et l’instauration de la prêtrise. Ce livre nous fait faire des bonds en avant dans l’auto-révélation de Dieu et de son projet de salut.
Proposer un plan du livre est nécessairement une tâche difficile même si, dans l’ensemble, il y a une assez grande concordance entre les approches.

Nous préconisons la répartition suivante du livre :

  1. Dieu rachète son peuple : Israël est libéré de l’esclavage en Égypte (1-18)
  2. Dieu donne sa loi au peuple : Israël ratifie l’alliance avec Dieu (19-24)
  3. Dieu doit être adoré par son peuple : Israël et la construction du Tabernacle (25-40)

Ce livre nous rappelle du début jusqu’à la fin, le rôle prééminent de Dieu. Il est le grand initiateur du projet de salut et lui seul doit être l’objet de notre adoration.
Cependant, est-il nécessaire de rappeler que les symboles et les cérémonies seront voués à l’obsolescence ? car ils vont céder le pas au rédempteur suprême, au souverain sacrificateur suprême, à la nouvelle alliance et au temple ultime, Jésus-Christ lui-même. ■

 

 

 

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  1. Les citations sont tirées de la Bible Segond révisée 1978, dite « à la colombe ».
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Evans Mike
D’origine britannique, Mike Evans a passé plus de 50 ans en France. Marié à Sylvia, ils ont 5 enfants et 18 petits enfants. Titulaire d’un doctorat (Ph.D) sur la structure littéraire du livre des Juges, il a été jusqu’en 2009 directeur de l’Institut Biblique de Genève. Aujourd’hui à la retraite, il se consacre à l’enseignement et préside la branche française de The Gospel Coalition, Évangile 21.