Dossier: Genèse
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Introduction au Livre de la Genèse

I. Le Livre des commencements

 

La Genèse constitue la clé d’entrée de la Bible. Enlevez la Genèse… et les 65 autres livres de l’Écriture deviennent incompréhensibles. La Genèse contient des informations vitales sur le commencement des choses. Sans cette révélation, le sens de notre vie et de l’univers resterait hors de notre portée.

« Genèse » veut dire « origine », « génération », selon le mot hébreu toledot (origines, sources, générations). Ceterme provient de Gen 2.4, « générations ». Le premier mot de ce livre est « au commencement » (bere’chit). La Genèse est le récit de l’origine de toutes les entités des « cieux et [de] la terre », de la vie et des réalités de l’univers. Elle offre une information précise, simple et authentique à ce sujet. Pour demeurer accessible à tout homme de toute époque, elle se doit d’offrir un compte-rendu suffisant de ces faits, indépendant du développement des cosmogonies païennes, des philosophies, des mentalités ou des théories scientifiques. Sinon, il faudrait supposer que la révélation écrite de Dieu est de portée très éphémère et que son interprète, le Saint-Esprit, sera vite muselé par la transformation des civilisations, des langues et des conceptions.

La Genèse nous informe donc sur le commencement des choses créées par le Dieu personnel, infini, et tout-puissant, selon une vision du monde incompatible avec les divers systèmes erronés que l’homme peut inventer. Pour simplifier, on distinguera deux approches inconciliables de la « cosmogonie » :

?  L’approche naturaliste : elle exclut le surnaturel, ou prône une forme de spiritualité immergée dans la matière ; elle explique les origines et tout ce qui suit selon un programme naturaliste, animaliste. Pas de Dieu. L’homme devient un objet, une machine, un « mammifère » qui apparaît et disparaît sans laisser de trace. Un programme pessimiste et menant au désespoir.

L’approche biblique : elle affirme l’existence et la manifestation d’un Créateur parfaitement bon, omnipotent, omniscient et saint. Son programme concernant notre passé, notre présent et notre avenir est complet, constamment contrôlé et se poursuit exactement selon ses desseins éternels. Ce programme est rassurant, plein d’espérance et parfaitement concret.

 

 II. Divers « commencements »

 

1. Origine de l’univers

La Genèse est le récit de la création spéciale du continuum de base : masse – espace – temps, qui constitue la charpente de l’univers physique. En cela, Gen 1.1 est unique dans la littérature, la science et la philosophie. Tout autre système cosmogonique fait appel soit aux mythes (religions antiques, ésotérisme), soit aux modèles scientifiques expliquant le surgissement de la matière (et sa transformation en une multiplicité d’états et d’organismes) comme une phase particulière d’un grand cycle éternel.

2. Origine de l’ordre et de la complexité

Ordre et complexité ne surgissent jamais spontanément ; ils sont le produit d’une cause qui leur est antérieure et supérieure. Voltaire aurait dit que la montre n’existe pas sans l’horloger… L’étude formelle des systèmes physiques et biologiques démontre que les choses ordonnées et complexes ont tendance à la dégénérescence ou au désordre.

3. Origine du système solaire

Selon la Genèse, le soleil, la lune, les planètes et les étoiles ont été appelés à l’existence par le Créateur, et la terre tient une place historique unique dans ce concert. Depuis que nous savons qu’il existe quantité d’exoplanètes (des planètes qui gravitent autour d’autres étoiles que la nôtre, le soleil, les cosmogonies matérialistes d’aujourd’hui cherchent à nous rassurer sur la « banalité » de notre terre et de son environnement en avançant que le miracle de la vie est sûrement possible ailleurs.

4. Origine de la vie

La Genèse parle de l’apparition de végétaux ou de la création spéciale d’« êtres vivants » selon leurs espèces. Les merveilles du processus reproductif, sa complexité infinie programmée dans les systèmes génétiques des plantes et des animaux ne peuvent s’expliquer en dehors de ces actes créateurs.

5. Origine de l’homme

Il est l’entité la plus hautement organisée et la plus complexe, car en plus de ses structures physico-chimiques nombreuses et compliquées, il possède par nature la capacité de saisir et de contempler (même imparfaitement) des entités abstraites comme la beauté, l’amour, la vérité. Il a donc la capacité intellectuelle et morale de réfléchir sur sa propre signification.

6. Origine du mariage

La Genèse rapporte aussi l’institution universelle et stable du mariage, du foyer et de la famille, sur la base d’une culture monogame et sociale. Le mariage est donc un ordre créationnel. Tous les autres systèmes et déviations sont ultérieurs à cette institution divine rapportée en Genèse 2, et sont une conséquence de la Chute de nos premiers parents (Gen 3).

7. Origine du mal

L’origine des maux physiques et moraux nous est expliquée dans la Genèse comme une intrusion temporaire dans le monde parfait de Dieu ; cette dernière est consécutive à l’exercice de la liberté octroyée à l’homme, liberté impliquant dès le départ la notion de responsabilité. Le mal étant désormais « dans la place », Dieu annonce son intention de se manifester lui-même comme Rédempteur tout autant que comme Créateur1.

8. Origine du langage

La Genèse nous rapporte l’origine du langage. Toute explication d’un prétendu processus évolutionniste entre la « jacasserie » des animaux et les systèmes de communication intelligents, abstraits et symboliques des hommes est tout simplement impossible. Il n’y a pas de commune mesure entre les deux.

9. Origine du gouvernement

La Genèse décrit la naissance de gouvernements humains organisés. L’homme n’est pas seulement l’auteur de ses propres actes, mais aussi de structures sociales réglées par des lois (assorties de punitions en cas d’infraction). Jusqu’à nos jours, l’institution des autorités politiques et juridiques contribue à préserver l’ordre et la sécurité dans un monde marqué par le péché.

10. Origine de la culture

La Genèse donne des informations sur les domaines constitutifs de toutes les civilisations tels que l’urbanisation, l’industrie (métallurgie, textiles), la musique, l’art, l’agriculture, l’élevage, l’écriture, l’éducation, la navigation, etc.

11. Origine des nations et des diverses langues

La Genèse nous explique pourquoi des nations parlant des langues distinctes sont apparues alors que la race humaine était une à l’origine, et que tous parlaient la même langue.

12. Origine de la religion

Il y a beaucoup de religions aujourd’hui, qui toutes témoignent de la conscience d’une vérité supérieure et d’une ultime réalisation de soi vers laquelle les hommes devraient tendre. Pourquoi cette préoccupation ? Parce que « Dieu a mis la pensée de l’éternité dans le cœur de l’homme » (Ecc 3.11). La Genèse décrit précisément l’origine de cette conscience ancrée en l’homme. Toutefois, elle dévoile aussi que ce ne sont pas les pratiques religieuses en tant que telles qui mènent au salut (voir l’histoire de Caïn et Abel).

13. Origine du peuple choisi

La Genèse consacre plus de 39 chapitres (sur 50) à l’histoire des origines du peuple d’Israël ! Elle pose les bases d’une juste compréhension de la mission du peuple terrestre de Dieu. Elle nous prépare aussi à comprendre l’articulation entre ce peuple et l’Église (dont le mystère restera longtemps caché). Les deux « peuples » sont issus d’Abraham, le premier biologiquement. Le second, par « adoption ». Le N.T. insiste sur le fait que, sous l’angle du salut individuel, les vrais fils d’Abraham sont ceux qui ont une foi de la même nature que la sienne, et qui, soit par anticipation, soit de manière rétrospective, croient en Jésus-Christ, à sa mort à la Croix, à sa résurrection et à sa glorification. En nos temps, Israël, nation unique et sans terre pendant 1900 ans, a renoué avec son destin particulier : il a réintégré son pays. Le peuple qui donna la Bible et la connaissance du vrai Dieu au monde, inscrit dans le calendrier de Dieu, y est donc resté même si, dans le temps actuel, la plupart de ses membres ne reconnaissent pas en Christ leur messie.

En conclusion, la Genèse est le fondement de toute l’histoire, de toute science et de toute philosophie vraies.

III. Auteur

Nous savons que « la prophétie n’est jamais venue par la volonté de l’homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l’Esprit-Saint » (2 Pi 1.21). « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu. » (2 Tim 3.16) Mais qui est l’auteur du Livre de la Genèse, divinement inspiré ? Trois suggestions principales sont présentées par les commentateurs. Le sujet est complexe, vaste et difficile, car de nombreuses considérations doivent être prises en compte.

1. Divers compositeurs postérieurs à Moïse : hypothèse documentaire

La majorité des théologiens libéraux ont épousé la « théorie des sources ». La voici : un certain nombre d’écrivains et d’éditeurs inconnus y ont travaillé depuis l’époque du roi Ézéchias jusqu’à Esdras, le scribe. Ils compilaient et éditaient diverses légendes et traditions antiques transmises verbalement par leurs propres ancêtres et par ceux des Egyptiens, des Babyloniens et d’autres peuples. Ces compilateurs et éditeurs faisaient ensuite circuler l’idée que ces documents provenaient de Moïse, afin d’investir de l’autorité nécessaire celui qui leur avait transmis la loi. Cette théorie est appelée « hypothèse documentaire », « hypothèse JEDP » ou « théorie des sources ». Sa méthode d’analyse littéraire est appliquée au Pentateuque, à Josué et, dans une moindre mesure, à d’autres livres de l’A.T. Cette théorie est le fruit de la « haute critique » (en vogue dès le XIXe siècle) dont le noyau dur est une dénégation systématique des réalités surnaturelles. Cette attitude découle du recours à la méthode historico-critique selon laquelle seul ce qui est rationnel est réel, tandis que ce qui est surnaturel, étant non-rationnel, n’est pas réel. La théorie JEDP a avancé l’hypothèse que le Pentateuque serait une compilation de documents de 4 sources différentes, d’époques comprises entre 850 av. J-C. et 500 av. J-C.

D’après la « haute critique »2, les 11 premiers chapitres de la Genèse seraient des reprises d’anciens mythes babyloniens. Mais d’éventuels rapprochements ou analogies entre la Bible et des mythes antiques ne peuvent suffire à accréditer une telle position. Voici le témoignage d’un érudit évolutionniste, Ralph Linton : «  Des écrits sont apparus presque simultanément il y a quelque 5000 ou 6000 ans en Égypte, en Mésopotamie et dans la vallée de l’Indus. »3 Il n’y a donc aucune raison de mettre en doute la possibilité d’écrits datant de 3500 ans avant J.-C. et témoignant de réalités culturelles de cette époque. Moïse a dû avoir avoir accès à certaines de ces sources anciennes (n’avait-il pas été instruit « dans toute la sagesse des Égyptiens » ?) . Pourquoi cette éducation aurait-elle empêché Moïse de traiter ce matériel, à une époque ultérieure de sa vie, selon les directives de l’Esprit de Dieu et d’y ajouter ce que le même Esprit était seul capable de révéler ? Quoi qu’il en soit, depuis que nous savons que la littérature existait déjà bien avant Moïse, on dispose aujourd’hui de matériel documentaire en abondance pour réfuter les supputations de la « haute critique ». Malheureusement, les articles pour grand public (sur Internet, par exemple, l’article Moïse de Wikipédia) reprennent habituellement sans autre les thèses de la « haute critique » comme s’il s’agissait de positions irréfutables. L’historicité du Moïse biblique est dès lors considérée comme invraisemblable, tout comme l’historicité de ce que nous lisons dans le Pentateuque et dans la plupart des textes bibliques. Il faut dénoncer de tels a priori.

2. Moïse comme auteur

L’Écriture attribue le Pentateuque à Moïse. Par exemple, dans le livre des Rois (2 Rois 13.23) : « À cause de son alliance avec Abraham, Isaac, et Jacob » : un récit central de la Genèse est ici reconnu dans son historicité. De même, 1 Chroniques 1 reprend les générations énumérées dans la Genèse.

Jésus lui-même disait : « Il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. […] Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (Luc 24.44,27). La tradition constante des scribes juifs et des Pères de l’Église admettait sans aucune hésitation que Moïse était le rédacteur du Pentateuque. Les cinq livres faisaient partie de « la Loi de Moïse » (voir encart n° 1).

On peut néanmoins se poser la question : comment Moïse a-t-il reçu le message et comment l’a-t-il transcrit ? Envisageons trois possibilités :

1) Moïse a retranscrit la révélation directe (audible et/ou visuelle) venant de Dieu. Il aurait pu contempler les grands événements sous forme de visions inspirées et les auraient rapportés sous le contrôle de l’Esprit.

2) Moïse a reçu diverses informations par une tradition orale fidèlement transmise de père en fils. Il aurait collecté puis classé toutes ces informations pour les conserver par écrit sous la conduite et l’inspiration du Saint-Esprit.

3) Moïse a collectionné des écrits anciens et les a rassemblés sous une forme nouvelle, toujours sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu.

Chacun de ces trois « modes de composition » est en accord avec l’inspiration plénière et verbale, et envisagent Moïse comme auteur. La première possibilité semble peu probable en ce qui concerne l’entier de la rédaction de la Genèse, tandis que la révélation directe est clairement indiquée en rapport avec les Dix Commandements, la promulgation des lois et des ordonnances spécifiques de l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Par ailleurs, les visions concernent en général plutôt les choses futures (Daniel, Ézéchiel).

Il faut noter que la Genèse est presque entièrement une suite de narrations concernant des événements capitaux du début de l’histoire. Cette caractéristique la rapproche de livres comme les Rois, les Chroniques, Luc et les Actes, par exemple. La Genèse a peut-être été composée selon la même méthode que Luc employa bien plus tard : « Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le commencement en ont été les témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la Parole. Il m’a semblé bon à moi aussi, après avoir tout recherché exactement depuis les origines, de te l’exposer » (Luc 1.1-4). Sous l’inspiration de l’Esprit, Moïse peut très bien avoir procédé de la même façon avec les documents qu’il avait à sa disposition.

Il est vrai que parmi les 200 références faites à la Genèse dans le N.T., aucune ne mentionne Moïse comme son auteur. De fait, le nom de Moïse est mentionné à peu près 80 fois dans le N.T. ; 25 passages font allusion à des sections attribuées à Moïse dans les quatre autres livres du Pentateuque. Mais si la Genèse a un auteur humain, quel autre personnage que Moïse pourrait-il, en respectant l’ensemble de la Bible, se porter meilleur candidat ?

Nous adhérons à la pensée d’Henry Morris que Moïse compilait des récits antérieurs transmis de père en fils à travers la lignée des patriarches, comme Adam, Noé, Sem, Térah, Ismaël, Isaac, Ésaü, Jacob et ses fils. Ces mémoires furent gardés sur des tablettes ou sur des pierres. Il est possible que les documents originaux puissent être détectés dans les phrases-clés : « voici les origines » ou « voici la postérité » ou « voici les générations », selon la traduction du mot hébreu « toledot ». Dans la Genèse, nous trouvons 11 divisions inaugurées par ces termes :

1.  « Voici les générations des cieux et de la terre » (2.4)

2.  « Voici le livre des générations d’Adam » (5.1)

3.  « Voici les générations de Noé » (6.9)

4.  « Voici les générations des fils de Noé : Sem, Cham et Japhet » (10.1)

5.  « Voici les générations de Sem » (11.10)

6.  « Voici les générations de Térakh » (11.27)

7.  « Voici les générations d’Ismaël, fils d’Abraham » (25.12)

8.  « Voici les générations d’Isaac, fils d’Abraham » (25.19)

9.  « Voici les générations d’Ésaü, qui est Édom » (36.1)

10.  « Voici les générations d’Ésaü, père d’Édom » (36.9)

11.  « Voici les générations de Jacob » (37.2)

Présumant que ces « livres » des « générations » représentent les documents originaux qui structurèrent la Genèse, ces titres constituent comme des charnières entre la division qui les précédait et celle qu’ils introduisaient (voir encart n° 2).

 

Encart n° 1

LA GENÈSE DANS LA BIBLE

Aucun autre livre n’a été plus souvent cité dans les autres livres de la Bible.

1. Adam est mentionné à 7 reprises dans 7 chapitres de 7 autres livres bibliques que la Genèse.
Noé et mentionné 6 fois : dans 1 Chroniques, Esaïe, Ezéchiel, Hébreux, 1 et 2 Pierre.
Abraham est mentionné dans 15 livres de l’A.T. et dans 11 du N.T.
Jacob est mentionné dans 20 livres de l’A.T. et dans 17 du N.T.
2. La Genèse est le troisième livre le plus cité dans le N.T. après les Psaumes et Esaïe.
3. Les 11 premiers chapitres de la Genèse ont eu la plus grande influence sur tout le N.T., où l’on trouve environ 100 citations ou références directes à Gen 1-11.
4. Des éléments de chacun des 11 premiers chapitres de la Genèse sont mentionnés dans le N.T.
5. Chacun des écrivains sacrés du N.T. a fait mention des 11 premiers chapitres de la Genèse. Jésus en a fait au moins 6.
6. Plus de la moitié des héros de la foi mentionnés par leur nom dans Hébreux 11 proviennent des pages de la Genèse.
7. Jésus se réfère directement aux passages suivants de la Genèse, sans jeter le moindre doute sur leur authenticité et sur leur historicité (liste non exhaustive) :
-la création de l’homme et de la femme, l’institution du mariage (Mat 19.4-6)
-le meurtre d’Abel (Luc 11.49-51)
-le déluge (Luc 17.26-27)
-Abraham, Isaac et Jacob (Mat 22.32 ; Jean 8.56)
-Lot et la destruction de Sodome (Luc 17.28-29)
-la circoncision des patriarches (Jean 7.21-23).

On pourrait répéter l’exercice en examinant les paroles d’Etienne, de Paul, de Jacques, de Jude, etc.

IV. Principes d’interprétation

1. Approche historique

C’est l’approche que nous privilégions, parce qu’en harmonie avec le reste des Écritures. Nous en avons parlé précédemment (voir le point III.2).

2. Approche mythique

La théologie libérale rejette l’historicité de la Genèse pour n’en retenir que des « valeurs théologiques », en se cantonnant dans une interprétation spiritualisante :

–  Adam n’est pas considéré comme une personne réelle, mais comme une représentation symbolique de tous les hommes.

La Chute n’est pas un acte réel de désobéissance de nos premiers parents, mais une expression figurative de l’expérience commune à tous les humains, etc.

Cette manière de tirer des leçons spirituelles à partir de textes réduits à de simples comptes-rendus humains d’expériences religieuses ou sociales, cette habitude de ne recevoir le texte biblique que comme un produit artistico-littéraire à la merci de notre subjectivité de lecteurs, n’est pas en adéquation avec la lecture qu’en ont faite les auteurs sacrés (cf. 2 Pi 1.19-21). La Genèse ne recourt pas aux mythes, ni même aux allégories. Les rêves que Joseph interprète finissent par se réaliser dans les faits. La prophétie de Genèse 49 annonce l’avenir réel des 12 tribus d’Israël. Il est vrai que l’apôtre Paul voit dans l’histoire d’Agar et de Sara une allégorie (Gal 4.24), mais il n’enlève pas pour autant à ces femmes leur statut de personnages historiques.

3. Interprétation typologique

Il y a une tendance, chez certains théologiens conservateurs qui acceptent l’historicité de la Genèse, à mettre l’accent bien plus sur l’interprétation typologique des événements que sur leur signification historique réelle. Les caractères et expériences de personnes comme Noé, Abraham, Isaac, Joseph, etc., sont pris comme des préfigurations d’expériences de la vie de Christ, d’Israël et de l’Église. Souvent, ces interprétations vont bien au delà du raisonnable.

Nous pouvons sans autre affirmer que la typologie a sa place. Bien des portions de la Genèse nous fournissent, parallèlement à la signification historique des événements, des types pour illustrer les grandes vérités du N.T.

Voici quelques exemples :
–  Adam est un type contrasté du second Adam, Christ (Rom 5.12-19 ; 1 Cor 15.21-22, 45-47).
–  Ève est un type de l’Église (Éph 5.29-33).
–  Abraham prêt à livrer son fils Isaac en sacrifice est un type du Père qui offre son Fils unique (Héb 11.17-19) ;
–  Joseph est un type de Christ. On peut considérer les divers épisodes de sa vie comme une illustration de la vie de Jésus et de son rejet par son propre peuple. Le Seigneur, comme Joseph, a subi l’humiliation et a été élevé à la gloire pour racheter finalement son propre peuple.
–  Nimrod pourrait être considéré comme un type de l’Antichrist.

Ce qui importe, c’est de donner à la Genèse toute sa signification historique et d’assimiler tout ce qu’elle établit quant au Dieu Créateur, à la Création, à la Chute, et bien sûr à la Rédemption à venir. Il s’agit de dégager soigneusement les grands principes divins à l’œuvre dans la trame des événements qu’elle rapporte. Par prudence, évitons d’ériger des doctrines typologiques qui ne trouveraient pas d’appui analogique dans d’autres textes bibliques. Et tirons profit des types qui peuvent être employés comme des illustrations ou des applications pratiques dans notre vie.

Encart n° 2

Plan simplifié de la Genèse

A. Les origines de la création et de l’homme 1.1-11.26
1. Introduction : les 7 jours de la création 1.1-2.3
2. Les générations des cieux et de la terre : l’histoire des premiers hommes 2.4-4.26
La création de l’homme de l’homme innocent en Éden 2.4-25
La chute et ses conséquences 3.1-24
Le meurtre de Caïn et ses conséquences 4.1-26
3. Les générations d’Adam 5.1-6.8
La généalogie d’Adam à Noé 5.1-32
L’état de corruption et de violence de l’humanité prédiluvienne 6.1-8
4. Les générations de Noé : l’histoire de Noé 6.9-9.29
La situation de Noé dans son temps 6.9-12
Noé sauvé du déluge 6.13-8.22
L’alliance de Dieu avec Noé 9.1-17
La déchéance de Noé 9.18-29
5. Les générations des fils de Noé : du déluge à Babel 10.1-11.9
La division de la terre entre les nations issues des fils de Noé 10.1-32
La tour de Babel et la division des langues 11.1-9
6. Les générations de Sem 11.10-26

B. L’histoire des patriarches 11.27-50.26
7. Les générations de Terakh : l’histoire d’Abraham 11.27-25.11
La généalogie de Terakh 11.27-32
L’appel d’Abraham 12.1-5
Le pays promis 12.6-14.24
L’attente de l’héritier promis 15.1-21.34
Les dispositions finales d’Abraham 22.1-25.11
8. Les générations d’Ismaël 25.12-18
9. Les générations d’Isaac : l’histoire de Jacob 25.19-35.29
Jacob en Canaan 25.19-28.9
Jacob en Charan 28.10-31.55
Jacob de retour en Canaan 32.1-35.29
10. Les générations d’Ésaü 36.1-8
11. Les générations d’Ésaü 36.9-37.1
12. Les générations de Jacob : l’histoire de Joseph 37.2-50.26
Joseph et ses frères en Canaan 37.1-38.30
Joseph en Égypte, de l’esclavage au trône 39.1-41.57
Joseph et ses frères en Égypte 42.1-47.12
Joseph dominateur de l’Égypte 47.12-27
La fin de Jacob et de Joseph 47.28-50.26

* * * * * * *

Que cette introduction à la Genèse puisse affermir notre enracinement dans la Parole des prophètes, de Christ et des apôtres, pour lesquels ce premier livre de la Bible était divinement inspiré.

1 Cf. Henry. M. Morris, The Genesis Record (Baker Book House, Grand Rapids, Michigan, 1976, p. 20). Le présent article doit beaucoup aux propos de ce scientifique chrétien. Ces réflexions ont été reprises et actualisées sur le site internet www.truthnet.org/Genesis/Genesis-Introduction. Pour ceux de nos lecteurs qui lisent l’anglais et qui veulent en savoir davantage, ce site contient par ailleurs beaucoup de développements, sur une base créationniste, concernant les grandes questions soulevées à propos de la Genèse.
2 À ne pas confondre avec la critique textuelle, dont la tâche est de déterminer avec minutie le texte original en le comparant aux différents manuscrits selon leurs dates supposées de rédaction.
3 The Tree of Culture, p. 110 ; New York, Édit. Alfred A. Knoph, 1955. En Égypte, les premiers cunéiformes datent de plus de 3000 ans av. J.-C. Moïse profitait donc d’une expertise de plus de mille ans !

 

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Lüscher Henri
Cofondateur de la revue, il y a 48 ans, Henri Lüscher se consacre encore à plusieurs tâches administratives et rédactionnelles en faveur de Promesses.