Témoignage
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page

Je m’appelle Gilles…

Je m’appelle Gilles…

Je suis né le 6 décembre 1969. Aimant la musique, je fais partie de la Maîtrise de Fribourg depuis l’âge de sept ans. Ce chour se consacre essentiellement aux chants religieux. Jusqu’à l’âge de quatorze ans, j’ai vécu au sein de ma famille une vie intense et harmonieuse. De tempérament vif et joyeux, je pratiquais le sport de manière très active mon objectif professionnel étant de devenir maître de sport. Je jouais également du piano et fréquentais les cours du Conservatoire.

L’accident

Durant les fêtes de Pâques de l’an dernier, je me rendis en Yougoslavie avec un club de tennis, Le Samedi-Saint, je fis une chute de neuf mètres dans l’hôtel et tombai sur la tête. Je fus transporté à l’hôpital de Rijeka dans un état comateux. J’avais une double fracture du crâne et ma vie ne tenait plus qu’à un fil… J’étais intransportable mais mes parents firent quand même les démarches nécessaires pour me rapatrier. Ils se heurtèrent alors à de multiples tracasseries administratives et ce n’est que quatre jours plus tard que je pus être acheminé sur l’hôpital de l’île à Berne. Mes parents avaient pris sur eux cette grande responsabilité et cela malgré la désapprobation des médecins. Mon état était très inquiétant, mais je supportai heureusement le transport.

Espoir et réconfort

A Berne, les médecins ne donnèrent à mes parents aucun espoir de survie, mon état se dégradant de jour en jour. Ils firent appel au Père Hugo, un homme formidable que je n’avais pas revu depuis près de sept ans. Le jour même il se rendit à mon chevet et par la suite, m’apporta presque quotidiennement espoir et réconfort. Il ne prêchait pas seulement la Parole de Dieu il la mettait constamment en pratique.

J’ai passé plusieurs semaines aux soins intensifs. Mes parents et le Père Hugo se relayaient presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre à mon chevet. Ils m’apportaient ainsi force et courage pour m’aider à survivre. Malgré les diagnostics plus que défavorables, nous n’abandonnions pas la lutte et l’Espoir. Les médecins admiraient mes parents, qui malgré leur grande douleur, gardaient confiance. L’amitié du Père Hugo, à l’image de Dieu, manifestée dans la plus grande discrétion, ainsi que l’amour et le réconfort de mes parents furent constants. Ces valeurs si précieuses, ils surent aussi les communiquer à tous mes camarades de chambre.

Accepter la dure réalité de mon handicap.

Une semaine après mon admission à l’hôpital, je fis des complications. A la suite d’une attaque cérébrale, je devins hémiplégique (partie gauche du corps déformée et insensible). Un mois plus tard, j’étais aveugle !

Mes parents étaient de plus en plus angoissés mais ne me le firent jamais sentir en ma présence. La réalité du message de Christ reçu de leur part et de celle du Père Hugo, exprimé par une foi réelle, m’aidèrent à m’en sortir. Je pus alors accepter avec sérénité la très dure réalité de mon handicap. Ce n’est que huit mois plus tard que je fus considéré « hors de danger ».

Un nouveau départ

Ce fut alors le début d’une nouvelle vie. Il fallait tout recommencer. J’avais perdu vingt kilos et un temps difficile de rééducation m’attendait. Malgré d’énormes souffrances, supportées grâce au soutien constant du personnel soignant et de mes proches, je réussis à remonter la pente en quelques semaines. A force de volonté et de motivation, j’avais surmonté cette première épreuve. J’en étais arrivé au stade où je pouvais me mouvoir. Reprenant goût à la vie, je retrouvais petit à petit les forces nécessaires et redécouvrais un autre monde.

Je suis actuellement au Centre pour handicapés de la vue à Lausanne (C. P H. V). Je suis définitivement non-voyant une partie de la face, la main et le pied gauches sont toujours insensibles.

La lumière est en moi

Ma foi, mon regard vers Dieu, la Lumière du Christ me permettent d’espérer et de comprendre que c’est par la foi que l’on rencontre le Seigneur et que c’est en Lui que l’on connaît les vraies valeurs de la vie. Ayant le privilège d’avoir des parents formidables, qui comme le Père Hugo, répondent toujours présents avec amour, je tiens à remercier Dieu de les avoir renouvelés pour qu’ils puissent accomplir leur mission auprès de moi. Je les aime et leur serai toujours reconnaissant, comme à toutes les personnes qui m’ont apporté leur soutien.

La lumière est en moi
Gilles, 16 ans.

(Tiré de « Un chemin de lumière »,
juin 1985, avec l’autorisation
de la Mission Evangélique Braille)


Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedInEmail this to someonePrint this page