Etude biblique
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Jephté: L’étrange voeu d’un marginal

(Juges 11.29-40)

Qui dit Jephthé dit voeu; qui dit voeu dit Jephthé. Du ministère de ce juge, le lecteur ne retient souvent que le récit de son voeu étrange. Impossible de dissocier les deux. Mais en quoi consistait exactement cet engagement? Etait -il plaisant ou déplaisant, exemplaire ou exécrable? Dans quel esprit et pour quelle raison a-t-il été fait?

L’interprétation de cet acte oppose adversaires et sympathisants de notre juge. Les uns voient en lui un produit des cultures cananéennes, un homme qui n’a pas hésité à sacrifier sa propre fille pour s’acheter la bénédiction divine. Les autres, sans l’approuver entièrement dans sa démarche, suggèrent que Jephthé s’est contenté de consacrer sa fille au service du tabernacle.

La difficulté à trancher entre les deux points de vue vient souvent d’une négligence (pour ne pas dire d’une ignorance) du contexte, car faut-il le rappeler, les 12 versets de notre récit font partie d’un ensemble beaucoup plus large (60 versets: Jug 10.6-12.7). Evaluer la force de chaque position sans étudier les développements antérieurs et postérieurs, c’est s’aventurer sans boussole dans une jungle d’arguments.

Notre étude du contexte examinera les données relatives, (l) à l’ensemble du livre des Juges, (2) au cadre fixé par le ministère des juges précédant et suivant immédiatement Jephthé, (3) à la structure du sixième cycle d’oppression / libération, (4) au contenu particulier de ce cycle. Nous serons alors mieux à même de discerner l’ivraie du bon grain dans les arguments avancés par les différents commentateurs. Mais avant de prendre envol pour cette approche globale, précisons les éléments clés de chaque position.

Sacrifice humain ou consécration au service de Dieu?

Les critiques de Jephthé relèvent comme argument fondamental la mention du mot holocauste ( «olâ : 11.31). Selon eux, ce mot est toujours utilisé pour décrire un sacrifice entièrement brûlé. Pour expliquer l’abomination du sacrifice humain, ils relèvent l’arrière-plan du juge et la dégradation morale de son époque. Notre juge est né d’une prostituée (probablement païenne puisque la prostitution était bannie d’Israël pendant la majeure partie de son histoire ). Il semble avoir vécu à l’étranger (le pays de Tob) entouré d’hommes de rien ( 11.3). Ce contexte païen pourrait expliquer la perversion des valeurs morales et spirituelles de Jephthé. Plus tard, le massacre de 42 000 hommes d’Ephraïm (12,1-6) semble confirmer ce jugement. Quant à l’ absence de reproches du peuple suite à ces infamies, elle serait due à la dégradation morale et spirituelle de l’époque.

De l’autre côté, les défenseurs de Jephthé avancent que le juge est mentionné comme héros de la foi dans le Nouveau Testament (Héb 11.32), que l’Esprit divin était sur lui (Jug 11.29), que le drame principal du récit est la virginité et non la mort de la fille de Jephthé. Enfin, la passivité du peuple devant un sacrifice humain serait inexplicable, même en des temps d’apostasie. Ne voit-on pas le peuple réagir violemment à une autre abomination à la fin du livre, alors que le peuple est au plus bas (19.30-20.1)?

Le contexte du livre: le thème du leadership

Comme nous avons eu l’occasion de le relever dans nos études précédentes (Promesses 99-104), le livre des Juges présente le ministère des leaders sous un regard favorable. La corruption rencontrée à cette période en Israël ne vient pas des juges, mais du peuple. Celui-ci préfère se tourner vers les idoles plutôt que de suivre la voie tracée par leurs chefs (voir en particulier Promesses 99: 1992/1 ). Mis à part quelques légers écarts, le comportement des juges est irréprochable:

Le Nouveau Testament interprète dans le même sens leur ministère: non seulement rien de négatif n’est mentionné à leur sujet, mais surtout quatre d’entre eux (dont Jephthé) sont cités comme héros de la foi (Héb 11.32).

Concernant le voeu, on doit relever la mention de la venue de l’Esprit de l’Eternel sur le juge juste avant la formulation de son voeu (11.29-30). Six des sept références à l’Esprit de l’Eternel dans ce livre ont pour but d’aider le lecteur à interpréter correctement un récit qu’il pourrait, de prime abord, mal comprendre. (La première référence sert à qualifier le ministère du juge-type Othniel: 3.10). Ainsi, l’auteur nous met en garde de ne pas lire négativement cette action du juge: Jephthé était pleinement guidé par le Seigneur quand il s’est engagé par son voeu. L’étude détaillée du texte nous montrera en quoi son voeu était le produit d’un coeur noble. Cependant avant de le faire, notre attention s’arrêtera sur le contexte historique du juge et la structure du cycle.

Le cadre des prédécesseurs et successeurs: le thème de la descendance

Le ministère de Jephthé est entouré par celui de cinq petits juges, deux avant (Tola et Yaïr : 10.1-5) et trois après (Ibstân, Elôn et Abdôn: 12.8-15). Le qualificatif petit qui leur est appliqué ne caractérise ni la durée de leur règne (les deux premiers ont régné trois fois plus longtemps que Jephthé) ni leur influence (Yaïr, Ibtsân et Abdôn ont profondément marqué les générations suivantes par leurs descendants), mais par la place que l’auteur leur consacre: le ministère de chacun est «expédié» en deux ou trois versets.

Cependant, tout petits qu’ils soient, on aurait tort de les ignorer. L’auteur des Juges a choisi avec soin tous les éléments de son oeuvre. Les trois siècles qu’il désire décrire sont riches en événements. Seuls quelques-uns peuvent être mentionnés. Chacun est donc significatif et représentatif de son époque. Les petits juges jouent le rôle des petites pierres qui viennent s’intercaler entre les blocs massifs d’une construction pour en accroître la solidité et l’unité. Au nombre de six (aux cinq mentionnés ci-dessus, il faut ajouter Chamgar: 3.31), les petits juges portent le nombre total des juges à douze, soit le nombre des tribus d’Israël. Parce chiffre clé, l’auteur semble signaler aux lecteurs attentifs que les juges sélectionnés dans son livre représentent tous les juges de cette période. D’autre part, la totalité du règne de ces petits juges «bouche-trou» s’élève à 70 ans, un autre chiffre plein de sens. Notez que l’auteur n’invente rien. Il se contente de mentionner et d’omettre ce qui est utile à son oeuvre (ce que fait, soit -dit en passant, tout historien).

Pour revenir plus précisément aux cinq petits juges entourant Jephthé (soient cinq petites pierres pour caler un bloc plus embarrassant que les autres), il nous faut relever, dans les données accompagnant le nom de ces juges, les mentions abondantes (et même démesurées) des descendances. De plus, si l’on inclut la seule autre descendance mentionnée dans ce livre (celle du juge précédant immédiatement Tola), nous obtenons un chiasme révélateur :
  Al Gédéon: 70 fils (8.29-32)
   B1 Tola : aucune précision sur la descendance (10.1-2)
    C1 Yaïr: 30 fils (10.3-5)
     D Jephthé : est privé d’une descendance (11.29-40)
    C2 Ibtsân : 30 fils (12.8-10)
   B2 Elôn : aucune précision sur la descendance (12.11-12)
  A2 Abdôn : 40 fils et 30 petits- fils, soient 70 au total (on relève les 70 ânons) (12.13-15)

Cette structure focalise les regards sur Jephthé au centre du chiasme. Au mouvement décroissant des descendances conduisant de Gédéon à Jephthé, suit le mouvement inverse de Jephthé à Abdôn. Mieux: les chiffres des descendances respectives se correspondent entièrement : 70 -? -30 -0 -30 -? -70.

Si Jephthé est au centre, le thème de la descendance l’est aussi, ou plutôt l’absence de descendance. En effet, le drame de Jephthé privé d’une descendance est décuplé dans ce contexte d’une progéniture plus qu’abondante. Comme une tache noire sur fond blanc, le sort de Jephthé tranche sur celui des autres juges. La structure globale du texte rejoint le message verbal: la souffrance de Jephthé tient dans la virginité de sa fille. Une nouvelle fois, notre analyse fait pencher la balance en faveur de ceux qui voient dans l’enjeu du voeu une consécration au service divin plutôt qu’un sacrifice vivant.

La structure du cycle: Le thème de la marginalité

Avant d’étudier les mots mêmes de notre texte, une dernière étape doit être franchie dans notre approche globale: celle qui situe nos 12 versets dans le cadre des 60 consacrés au cycle de Jephthé.

La particularité de cette section (en plus du voeu de Jephthé) vient de la longue plaidoirie du juge en faveur de la légitimité pour Israël à occuper la Transjordanie (11.12-28). Pourquoi l’auteur a-t-il jugé opportun de rapporter ces paroles, et de manière si détaillée? Cette question devient brûlante quand on réalise que ce discours est au centre de toute la section :
  Al La révolte du début: 10.6
   B1 La colère de l’Eternel devant la trahison d’Israël: 10.7-16
    Cl L’héritage laissé à Jephthé: 10.17-11.11
     D Plaidoirie sur l’héritage d’Israël en Transjordanie: 11.12-28
    C2 L’héritage laissé par Jephthé: 11.29-40
   B2 La colère de Jephthé devant la trahison d’Ephraïm: 12;1-6
  A2 La conclusion du règne: 12.7

Les tribus de Transjordanie sont l’objet de ce cycle. L’auteur des Juges, qui n’en a encore jamais parlé (sinon brièvement au travers du juge Yaïr: 10.35) et ne les mentionnera plus (sinon brièvement lors de la coalition contre Benjamin à la fin du livre: 20.1), règle ici leur statut. La situation de ces trois tribus établies à l’est du Jourdain était ambigüe: tout en faisant partie d’Israël, elles avaient préféré une autre région à la terre promise. La menace d’ une scission entre les tribus des deux côtés du Jourdain était constante (Jos 22).

En incluant dans son livre une histoire de salut relative à Gad, l’auteur reconnaît le rattachement de ces tribus à Israël. Certes, seul Gad est mentionné, mais la situation des autres est la même; et comme d’autre part, Gad est situé entre Manassé au nord et Ruben au sud, il représente tous les trois.
 Si les trois tribus font partie d’Israël, si elles ont hérité d’une terre comme les autres, si elles sont inclues dans l’alliance avec l’Eternel (et souffrent de sa colère ou bénéficient de son secours selon leur attitude), leur situation n’est quand même pas identique à celle des tribus de Cisjordanie. Restées en marge des promesses divines, elles ne recevront qu’un juge marginal, Jephthé, le fils d’une prostituée. Le juge qui les défendra est aussi celui qui les représente. La marginalité des tribus entraîne la marginalité du juge. Ce lien entre le juge et sa tribu est fondamental si l’on veut bien comprendre la réponse divine au voeu de Jephthé. En effet, ce qui arrive au juge n’est pas seulement le résultat de son attitude ou de son statut personnel, mais aussi le résultat du statut des tribus qu’ il représente.

Lumière sur un voeu: le thème de la consécration

L’analyse du contexte étant terminée, nous pouvons maintenant nous pencher sur le récit du voeu. Jephthé est un homme de Dieu, un héros de la foi. Oint de l’Esprit divin, il s’engage et se consacre à Dieu. Quel était le contenu de son engagement et pour quelle raison l’Eternel a-t-il fait tomber le sort sur sa fille ? Dans l’ordre, nous allons répondre à ces deux questions.

Jephthé, le marginal et le représentant d’une tribu marginale, désire renouveler son alliance avec Dieu. Mais Dieu est-il prêt à renouveler cette alliance? Jephthé sera fixé à l’issue du combat. S’il remporte la victoire, il saura que Dieu est de son côté. Et dans ce cas, il s’engagera de tout son être. Mais comment marquer cet engagement? Jephthé propose de laisser à Dieu le choix de l’offrande. Je te consacrerai quiconque sortira des portes de ma maison à ma rencontre à mon heureux retour de chez les Ammonites.

L’offrande de Jephthé est de valeur. Mieux qu’un objet, il offre une personne, et une personne de valeur: elle fera partie de sa famille, et sera celle qu’ il apprécie le plus, puisqu’elle aura été plus alerte que les autres à 1’accueillir à son retour. En effet, quelqu’un qui nous est entièrement attaché et ne vit que pour nous est aussi quelqu’un que l’on apprécie. Ainsi Jephthé place la barre au sommet: il veut offrir à Dieu la personne qu’il apprécie le plus. Cependant, il laisse le choix final à Dieu. Comme signe d’une soumission réelle, il était difficile de mieux faire.

Comment cette personne sera-t- elle offerte à Dieu ? La personne sera consacrée à l’Eternel, et je l’offrirai en holocauste (11.31). Le mot français holocauste vient du grec holos (tout) et kainô (brûler) ; il représente un sacrifice dans lequel la victime est entièrement brûlée. Le mot hébreu traduit par holocauste est olâ; il vient de la racine alâ qui exprime l’idée de monter. Lévitique 1 fournit les caractéristiques de trois types d’holocaustes. A chaque fois, l’offrande est brû1ée dans sa totalité, mais 1’accent pour ces sacrifices est ailleurs. il est dans la fumée et surtout l’odeur agréable qui montent vers le Seigneur (Lév 1.9, 13,17).Ainsi la racine hébraïque (et non le mot grec) exprime l’essence fondamentale de ce sacrifice.

Jephthé, en parlant d’holocauste, ne pense nullement à un sacrifice humain, mais à un don total et à une offrande d’une agréable odeur qui monte vers Dieu. L’apôtre Paul reprendra dans un même esprit les notions de sacrifice vivant (Rom 12.1) et d’odeur de vie (patfum) (2 Cor 2.14-16). Jephthé, comme Paul, pense au service de Dieu. La suite du texte des Juges confirme cette interprétation puisque la conséquence de cet engagement total n’est pas la mort, mais le célibat du serviteur. Et pour être bien compris, l’auteur relève jusqu’à trois fois la virginité de la fille du juge ( 11.37, 38, 39).

Jephthé consacre une personne de grande valeur au service de Dieu. Mais pourquoi ne s’est-il pas offert lui-même? Le don d’un autre n’est-il pas une voie de facilité ? Pour certains peut-être: pas pour Jephthé. Notre juge est prêt à s’engager totalement. Mais si Jephthé est consacré, il est aussi sage et humble.

Il réalise que son appel se situe sur le plan politique. Dieu l’a qualifié pour libérer le pays. Ses désirs personnels importent peu: il doit rester à son poste. Pas question de servir au temple. Comme le fidèle qui n’a pas reçu d’appel pastoral, mais soutient pasteurs et missionnaires par ses ressources, Jephthé reste à son poste, mais appuie de toutes ses forces le ministère spirituel d’une autre personne.

Par ailleurs, Jephthé est le fils d’une prostituée. Quand on connaît toutes les restrictions physiques au ministère de sacrificateur, on peut imaginer les hésitations de Jephthé à s’engager dans un ministère religieux. Parmi les descendants d’Aaron étaient éliminés du service de l’autel les aveugles, les boiteux, ceux ayant le nez déformé ou un membre allongé; les hommes ayant une fracture au pied ou à la main, les bossus ou grêles, ayant une tache à l’oeil, la gale, une dartre ou les testicules écrasés (Lév 21.18- 20). Ainsi sous l’ancienne alliance, les caractéristiques physiques et spirituelles devaient correspondre. La perfection sous tous les rapports était exigée. Or par sa naissance, Jephthé est impur, et d’emblée, il se sent exclu d’un ministère spirituel.

Un homme sans reproche

Si Jephthé porte en lui une marque d’imperfection (par sa naissance), il est irréprochable sur le plan moral et spirituel. Il accepte les limitations imposées par Dieu pour certains ministères; il se soumet aussi au choix de Dieu lorsque sa fille l’accueille la première. Même la guerre civile qu’il mène après sa victoire sur les Ammonites est juste (12.1-6). Les hommes d’Ephraïm qui en voulaient à sa vie sans raison n’étaient que des criminels. Comme juge, il accomplit son devoir. En les punissant par la mort, il applique la loi divine qui exige la peine capitale pour les meurtriers (Ex 21.12).

Le seul point négatif à relever contre Jephthé semble être la réponse divine à son voeu. En le privant de descendance, l’Eternel ne l’a-t-il pas puni ? Dans l’Ancien Testament une descendance nombreuse était signe de bénédiction, et Jephthé en désirait une.

Un rappel du contexte aide à mieux comprendre le choix divin.

Le dernier siècle de la période des juges est marqué par une aspiration grandissante à la royauté. Les juges, au travers de leurs descendants, cherchent à asseoir leur maison. Gédéon voulait transformer un de ses fils en héros (8.20- 21); Yaïr marque de son nom 30 localités qu’il confie à ses fils (10.4); Ibtsân conclut des alliances politiques par des mariages inter-ethniques (12.9); Abdôn choisit, pour ses descendants, 70 ânons (12.14) comme marche-pied au pouvoir (à noter que les rois cheminaient sur des ânes); plus tard sous Samuel, le peuple ira jusqu’à demander la royauté. Rien de bon dans tout cela, car cette séduction vers la royauté ne reflète en fin de compte qu’un rejet de l’autorité divine. Le slogan à la fin du livre des Juges (en ce temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon: 17.6; 18.1; 19.1; 21.25) est une apologie non de la royauté humaine, mais de la royauté divine. Quand Dieu est rejeté comme roi, l’anarchie s’installe.

Certes, la royauté sera instaurée par Dieu en temps voulu, car la venue du Messie doit être préparée. Mais en aucun cas, la maison de Jephthé ne pouvait servir de fondation à cette royauté: Jephthé est le fils d’une prostituée et représente une tribu restée sur la réserve. Jephthé est impur et sa tribu est impure. En lui refusant une descendance, Dieu lui fait comprendre que le Messie tant attendu ne pourra venir ni de sa maison ni de sa région. Accessoire:ment, l’Eternel lui rappelle aussi que le salut dépend de l’alliance, et non de la grandeur d’une maison (mais voir note à la fin).

Aucun blâme personnel pour Jephthé: il n’est simplement pas l’homme de Dieu pour cette vocation. Dieu l’a choisi pour une autre tâche, ponctuelle celle-là: libérer son peuple de la main des oppresseurs Ammonites. Son rôle s’apparente d’une certaine manière à celui de Débora. Tous les deux sont des juges inhabituels (une femme et un bâtard), tous les deux exercent un ministère temporaire (Débora essaie de se retirer dès que possible pour laisser la place à un homme; Jephthé n’a pas de descendance et reçoit un règne limité à six ans). Ce rapprochement entre les deux juges est encore renforcé par la structure globale du livre. Si l’on excepte Othniel, qui sert de prologue aux juges, on peut relever le chiasme suivant:
  A1 Ehud : un libérateur solitaire du sud (Benjamin)
   B1 Débora : un juge inhabituel (une femme)
    C1I Gédéon: le père vainqueur de Baal
    C2 Abimelek : le fils adorateur de Baal
   B2 Jephthé : un juge inhabituel (un bâtard)
  : A2 Samson: un libérateur solitaire du nord (Dan)

Face à l’esprit de revendication qui secoue notre société, Jephthé (comme Débora) est l’exemple du serviteur qui ne se révolte pas contre sa condition modeste. Il accepte, dans la paix, la place que lui confie le Seigneur. Avec lui, la parole de Christ est accomplie avant d’être prononcée: quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire (Lc 17.10).

D.A

Note de la rédaction: N’oublions pour- tant pas que, dans la généalogie de Jésus, il y a Rahab, une prostituée.

 Vous de même, quand vous avez fait tout cce qui vous a été ordonné, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.
Luc 17.10

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Arnold Daniel
Daniel Arnold a été, pendant de longues années, professeur à l’Institut biblique Emmaüs. Membre du comité de rédaction de Promesses, il est un conférencier apprécié et l’auteur de nombreux livres, parmi lesquels des commentaires sur des livres bibliques.