Jésus et l’Ancien Testament
Le sermon sur la montagne
Matthieu 5.17-20
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé. Celui donc qui violera l’un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux, mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.»
Une justice supérieure
Jésus a toujours été en complète harmonie avec l’Ancien Testament (A.T.). Mais de leur côté, les Pharisiens et les scribes le contredisaient fréquemment.
Jésus n’a pas seulement enseigné sa doctrine, il a aussi critiqué d’autres doctrines. Cette démarche va à l’encontre de la tendance actuelle : « Enseignons selon la Bible, mais ne critiquons pas d’autres opinions » (notez : on ne dit pas « doctrines »). Quant à nous, devons-nous renoncer à imiter Christ, par peur de devenir impopulaires ? L’ocuménisme en vogue actuellement doit-il nous amener à oublier que catholiques romains, orthodoxes, protestants libéraux ou même évangéliques peuvent se désigner comme « chrétiens », mais que des doctrines ou des pratiques pernicieuses peuvent se cacher derrière l’étiquette ?
Examinons l’expression « la loi et les prophètes ». On pense souvent que l’A.T. a mené l’enseignement de Dieu jusqu’à un certain point, puis que Jésus est venu et a complété cet enseignement. Non! Il l’a accompli, il l’a mis à exécution, il y a obéi en tous points, et il en a révélé le sens profond, le sens véritable. La Loi regarde vers Jésus, elle s’accomplit en lui, jusqu’au plus petit détail (chaque « iota »).
Voyons comment Jésus a accompli la Loi. Il est né sous la Loi. Il a été circoncis selon la Loi. Il a subi le châtiment prescrit par la Loi pour expier le péché du monde (1 Jean 2.2). Il accomplit aussi la Loi en et par nous, par l’action du Saint-Esprit.
Rappelons-nous qu’il y a trois développements de la Loi :
1. La Loi cérémonielle : elle a été totalement accomplie par Jésus, par sa vie entière, par sa mort, sa résurrection, son ascension. Et il y a eu confirmation de cette ouvre parfaite par la destruction du Temple, qui a mis fin à l’observation de la Loi cérémonielle.
2. La Loi juridique: elle était valable pour le peuple théocratique de Dieu. Comme celui-ci n’existe plus sous sa forme originelle, la Loi juridique, accomplie également, n’est plus actuelle. Il y a un nouveau peuple, l’Église (Mat 21.43, 1 Pi 2.9-10).
3. La Loi morale: elle est permanente (le verset 19 se réfère à cette Loi); Jésus l’a résumée dans le plus grand commandement, qui doit régler notre relation avec Dieu et avec les hommes (Mat 22.37-40: l’amour pour Dieu et pour le prochain). Jésus l’a également accomplie à la perfection.
Le chrétien et la Loi.
Qu’en est-il de notre relation à la Loi de Dieu ? La réponse à cette question n’est pas claire pour beaucoup de chrétiens. Il faut retenir fermement que, pour nous, le salut ne dépend pas de l’obéissance à la Loi, qui n’a pas été donnée à l’homme pour le sauver, mais pour l’amener à Christ (Gal 3.24). Mais retenons tout aussi fermement que la grâce ne s’oppose pas à l’esprit de la Loi morale. La grâce signifie le pardon de tous nos péchés, et la régénération par le Saint-Esprit. Elle nous rend capables d’obéir à la Loi morale, qui est « juste et bonne » (Rom 7.12). La sainteté a pour but la justice, et tout le processus de notre sanctification consiste, pour nous qui avons été sanctifiés par l’ouvre de Christ, à apprendre à marcher continuellement selon l’esprit de la Loi (cf. verset 19). Dans Mat 7.21, Jésus dit que « seul [celui] qui fait la volonté de mon Père » entrera dans le royaume des cieux. Et quelle est cette volonté? La Loi morale exprimée en raccourci par les 10 commandements.
Verset 20: « Car je vous le dis, si votre justice n’est pas supérieure à celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.»
Jésus critique les théologiens reconnus et les autorités de son temps. Il montre que la sainteté ne dépend pas d’une simple profession extérieure : c’est une marche, c’est l’accomplissement de la Loi de Dieu dans l’expérience journalière.
Les Pharisiens allaient parfois au-delà des demandes de la Loi. Ainsi par exemple, ils demandaient de jeûner deux fois par semaine, alors que la Loi demandait un jeûne une fois par an ! Jésus a dénoncé certains de leurs travers:
1. Leur religion était purement extérieure et formelle, et non du coeur. Cette tendance a-t-elle disparu ? C’est un devoir du vrai amour de dénoncer l’hypocrisie.
2. La Loi cérémonielle prenait le dessus sur la Loi morale. Certaines grandes églises font aujourd’hui exactement de même.
3. Les lois fabriquées par les Pharisiens violaient la Loi qu’ils prétendaient défendre. Marc 7.10-13 nous en donne un exemple : au lieu d’honorer leurs parents en les aidant financièrement, ils avaient inventé la loi du « qorbân » qui leur permettait de contourner le cinquième commandement.
4. Ils se préoccupaient premièrement de leur propre justice ; ils se glorifiaient eux-mêmes et non Dieu. On remplit un certain devoir, et on est bon : « Je te remercie de ne pas être comme ce pauvre pécheur. »
La condamnation ultime des scribes et des Pharisiens, c’est l’absence totale des caractéristiques décrites par les Béatitudes. Ce qui distingue le chrétien du Pharisien, c’est sa conscience d’être pauvre en esprit, c’est son humilité, sa miséricorde… Le chrétien n’est pas satisfait pour avoir observé un commandement, il a faim et soif de justice. Il aimerait ressembler à Jésus-Christ, ce à quoi il est en fait destiné : « Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils. » (Rom 8.29) Le test est notre relation intime avec Dieu. C’est une attitude de coeur qui consiste à le connaître et à l’aimer toujours mieux.
En bref
Jésus enseigne que la démonstration normale que nous avons vraiment reçu la grâce de Dieu, c’est notre vie juste. C’est la foi prouvée par les oeuvres.