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JESUS et les écritures

et les Ecritures

Pour Jésus, les « Ecritures » étaient essentiellement ce que nous appelons aujourd’hui l’Ancien Testament, car les écrits du Nouveau Testament n’existaient pas encore à l’époque. Mais on sait que les premiers chrétiens assimilèrent très tôt les nouveaux écrits aux anciens. C’est ainsi que l’apôtre Pierre ne fait pas de distinction fondamentale entre les épîtres de Paul et les « autres Ecritures » (2 Pierre 3 : 16). Le même Esprit avait présidé à la rédaction des unes et des autres. Par ailleurs, Jésus donne à ses propres paroles la même valeur qu’à celles des Ecritures anciennes quand il dit: « Si vous croyiez en Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi. Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croiriez-vous à mes paroles ? » (Jean 5 : 47). C’est pourquoi l’apôtre Paul déclare que toute l’Ecriture est inspirée de Dieu (2 Timothée 3 : 16). L’attitude de Jésus devant « la loi et les prophètes » devrait donc déterminer la nôtre en face de l’ensemble des écrits bibliques.

Mais le rapprochement des deux éléments de notre sujet ne s’arrête pas ici. Il évoque tout ce qui lie directement et personnellement le Christ aux Ecritures dont il est le thème central et l’accomplissement.

Christ est l’accomplissement des Ecritures

En entrant dans le monde Christ a dit: « Voici je viens – dans le rouleau du livre il est écrit à mon sujet – pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hébreux 10: 7). Il est le Messie annoncé par les prophètes. Aux disciples d’Emmaüs il explique dans toutes les Ecritures en ce qui le concerne (Luc 24 : 27). Il y a quelque chose d’inéluctable ou d’irrésistible dans la vie du Christ. Toujours revient cet impératif: « Il fallait » OU « Ne fallait-il pas ? …Il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes » (Luc 24 : 44). Jésus savait qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât le troisième jour (Matthieu 16: 21). Certains critiques ont pensé que Christ « avait intentionnellement arrangé ses actes de façon à les mettre en harmonie avec ces prophéties » ! Mais comment aurait-il pu se faire naître à Bethtéhem (selon Michée 5 : 1) et par surcroît d’une vierge (Esaïe 7 : 14) ? Et comment se fait-il qu’au moment fixé il se soit trouvé un traître pour le vendre pour 30 sicles d’argent, et que cet argent ait servi à l’acquisition du champ du potier comme l’avait prédit le prophète ? (Zacharie 11 : 12-14; Matthieu 27: 3-10). Non, Jésus ne fut pas un simple jouet du hasard ou la victime innocente et impuissante livrée à la merci de ses ennemis, et encore moins un imposteur. Il est l’envoyé du Père dont le destin a été fixé de toute éternité. Il est l’Agneau de Dieu, préfiguré dans les sacrifices ordonnés par la loi, venu dans le monde pour opérer par son sang le rachat des élus. Tout cela était écrit, et parfois décrit jusque dans le détail comme, par exemple, au Psaume 22 où il est question des mains percées, des vêtements partagés et de la tunique tirée au sort (Matthieu 27 : 35). Qui n’a pas lu avec une sainte émotion ce que dit le prophète Esaïe du Serviteur de l’Eternel qui a été blessé pour nos péchés et brisé pour nos iniquités et par les meurtrissures duquel nous sommes guéris ? (Esaïe 53 : 5). Et cela fut écrit sept siècles avant la naissance du Sauveur.

Jésus connaissait donc parfaitement la raison et l’issue de sa venue dans le monde. Rien ne pouvait avancer son arrestation, rien ne devait retarder l’exécution du plan divin. Et lorsque l’échéance arriva et que l’un des siens crut devoir s’interposer violemment, Jésus lui ordonna de rengainer son épée et ajouta: « Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? Comment donc s’accompliraient les Ecritures d’après lesquelles il doit en être ainsi ? » (Matthieu 26 : 53-57).

Son chemin était donc tracé dans les Ecritures. En faisant toujours la volonté de son Père et en laissant les événements prédits suivre leur cours, Christ a accompli les Ecritures.

Les Ecritures dans la vie personnelle de Christ

Jésus a été imprégné des Ecritures. Ses parents le trouvèrent un jour dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoltant et les interrogeant (Luc 2: 46). Il n’avait alors que douze ans, mais il s’occupait déjà des affaires de son Père en s’instruisant par les Ecritures. Dans ses combats et sa vie de prière il a recours aux Ecritures. Lors de sa triple tentation il résiste par un triple « Il est écrit ». C’est en cette occasion que nous le trouvons pour la première fois citant les Ecritures. Calvin appelle l’Ecriture dans ce passage « un bouclier, non pas de jonc, mais vraiment d’airain ». Satan commence par émettre un doute sur la filiation divine de Jésus : « Si tu es le Fils de Dieu… ». L’ennemi s’attaque volontiers et insidieusement à la doctrine. Mais ce n’est là qu’une entrée en matière « Jésus a faim et Satan tente d’exploiter ce besoin naturel si tenaillant. En disant: « Ordonne que ces pierres deviennent des pains » le diable place les préoccupations matérielles de l’homme au premier plan. Puis il se fait religieux pour la circonstance en montant sur le haut du Temple, en citant l’Ecriture et en invitant le Christ à faire un acte de foi: « Jette-toi en bas, car il est écrit… ». Satan pousse à la surenchère et au fanatisme religieux. Il aime les excès et les abus. Il les provoque afin de pouvoir ensuite d’autant mieux faire discréditer la vraie foi. Il est aussi un bon politicien et offre les royaumes du monde et leur gloire à quiconque se livre à lui. Ses procédés n’ont guère changé.

Ses tentations s’exercent encore aujourd’hui, par excellence, sur le plan social, en matière religieuse et dans le domaine politique. Mais Jésus a su tenir ferme contre toutes ces ruses de l’adversaire en se servant des Ecritures comme de l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu (Ephésiens 6: 17).

Dans les moments les plus critiques de sa vie, Jésus s’inspire également des Ecritures pour s’adresser à son Père: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Psaume 22). « Je remets mon esprit entre tes mains » (Psaume 31). Seule une profonde connaissance des Saintes Lettres Lui permit d’y trouver la nourriture de son âme, les directives pour son ministère et un solide appui pour sortir vainqueur de toutes ses épreuves.

Christ enseigne et interprète les Ecritures

Jésus a toujours soin de baser son enseignement sur les Ecritures dont il est le divin interprète. Il combat l’ignorance scripturaire et lutte contre l’esprit d’incompréhension et d’aveuglement dont faisaient preuve les docteurs ou enseignants de la loi. Il dit aux sadducéens: « N’êtes-vous pas dans l’erreur parce que vous ne comprenez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu ? » (Marc 12: 24). Lui seul pouvait se permettre de déclarer: « Vous avez appris qu’il a été dit… mais moi je vous dis… » (Matthieu 5 : 21-48). Il cite parfois assez librement les Ecritures (ou utilise simplement la version grecque des Septante », plus libre que littérale) remplaçant un terme par un autre, par exemple dans ce passage: « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée », où il met « pensée » à la place de « force » (Deutéronome 6 : 5). Mais nous croyons que le même Esprit inspira l’un et l’autre de ces termes, l’auteur divin restant maître de son ouvrage. Jésus interprète, modifie et complète si nécessaire, donnant ainsi au texte ancien une nouvelle dimension. Mais ses interprétations et les variantes qu’il admet ne sont pas moins Parole de Dieu.

En commentant le commandement « Tu ne tueras point », il fait comprendre que l’acte condamnable n’est que l’aboutissement d’une pensée coupable et que quiconque se met en colère contre son frère a, en quelque sorte, déjà commencé à le tuer Jésus n’enseigne donc jamais quelque chose qui soit contraire aux Ecritures, mais il donne à ces dernières une application directe, pratique, nouvelle et spirituelle à la fois.

Christ reconnaît l’autorité des Ecritures

Jésus fait toujours confiance à la Parole écrite, que ce soit en ce qui concerne le passé, le présent ou l’avenir. Il sait que la Parole de Dieu ne saurait être anéantie (Jean 10 : 35), aussi a-t-il dit formellement que : « Tant que le ciel et la terre ne passeront point il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé » (Matthieu 5: 18). Ce qui est « écrit » est le fondement et la justification de son comportement, de ses paroles et de ses actes. Il se réfère constamment aux Ecritures et les couvre ainsi de son autorité.

Il montre de toute évidence qu’il croyait à la création de l’homme par Dieu quand il dit: « N’avez vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme ? (Matthieu 19 : 4). Donc, le premier couple humain, tout comme Abel (Matthieu 23 : 35), Abraham (Matthieu 8: 11), David (Matthieu 12: 3), Salomon (Matthieu 6: 29), Elie (Luc 4 : 25), Elisée (Luc 4 27), sont pour lui des personnages historiques dont il n’a jamais mis en doute l’existence, les paroles et les actes. Il croit en l’historicité de Noé (Matthieu 24 : 37) tout comme en celle de Jonas (Matthieu 12 : 39). Il reconnaît l’authenticité des événements et miracles relatés dans l’Ancien Testament concernant Sodome (Luc 17 : 28), la manne dans le désert (Jean 6 : 31), le serpent d’airain (Jean 3 : 14), etc.

Tout cela prouve que Jésus croyait en la véracité et en l’inerrance des Ecritures sans aucune restriction, car jamais il ne met en doute un texte quelconque comme s’il contenait une erreur à rejeter ou à corriger. On a dit que Jésus a partagé les idées de son temps (sous-entendu: les idées fausses de son temps), comme si celui qui savait toutes choses (Jean 16: 30) pouvait se tromper ou être induit en erreur.

La critique moderniste, qui ne croit pas que le prophète Esaïe ait pu annoncer la fin de l’exil et nommer le roi Cyrus 150 ans avant l’événement, a tenté de découper le livre du prophète en plusieurs parties, attribuant chacune d’elles à un autre auteur. Il y aurait ainsi au moins trois auteurs différents et seuls les chapitres 1 à 39 seraient d’Esaïe. Qu’en a pensé Jésus ? Il cite successivement dans le même passage (Jean 12: 38-41) deux déclarations du dit prophète, l’une tirée du chapitre 53, l’autre du chapitre 6, en précisant à trois reprises (v. 38, 39 et 41) que ces choses ont bien été dites par Esaïe. Jésus admettait donc l’unité du livre, lui reconnaissant un seul et même auteur.

Cela ne veut pas dire que toutes les difficultés rencontrées dans l’analyse du texte biblique aient trouvé une solution satisfaisante. On a parfois forcé le sens et laissé libre cours à la fantaisie pour essayer d’harmoniser certaines données. Plusieurs problèmes proviennent de variantes, d’erreurs de copistes, d’apparentes contradictions, ou tout simplement de notre manque de compréhension. Quelqu’un a dit fort bien à ce sujet: « Dans un manteau royal historique, deux ou trois petits trous et une insignifiante pièce ajoutée ne suffiraient pas à infirmer son origine auguste et son ancienneté ». N’oublions pas d’autre part que les Ecritures parlent souvent selon les apparences des choses en utilisant un langage courant ou populaire, et qu’elles n’ont pas la prétention de nous donner des définitions, des explications ou des descriptions scientifiques. Quand Jésus dit que Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons (Matthieu 5: 45), il parle de la même façon que Moïse (Genèse 19: 23) , quinze siècles avant lui et que les plus évolués de nos contemporains dix-neuf siècles après. Les découvertes de Copernic et de Galilée n’ont rien changé à cette façon de s’exprimer parce qu’elle est fondée sur l’observation d’un fait considéré du point de vue de la terre. Dans ce sens! il n’y a pas d’erreur bien que les faits et les choses ne soient pas présentées scientifiquement. C’est ainsi que Jésus a reçu la Parole divine dans sa simple expression humaine et qu’il l’a confirmée, lui reconnaissant une pleine autorité en tout ce qu’elle disait.

La Parole faite chair et les Ecritures

La Parole de Dieu fut d’abord pensée de Dieu, la pensée étant une parole intérieure, c’est-à-dire non exprimée. Cette pensée fut manifestée par le moyen du langage. « Dieu a parlé à nos pères par les prophètes » (Hébreux 1 : 1). Cette parole « parlée » est ensuite devenue parole « écrite » par la plume des auteurs sacrés. Mais la Parole de Dieu est aussi devenue parole « incarnée » par la venue de Jésus dans le monde, car il est écrit: « La Parole a été faite chair » (Jean 1 : 14). Comme « le Saint-Esprit a engendré l’Ecriture dans le sein de l’humanité », de même il a conçu le Christ dans le sein de Marie. Par l’inspiration Dieu nous a donné la parole écrite, par l’incarnation il nous a fait don de la Parole vivante, c’est-à-dire de Jésus-Christ. Or, malgré son incarnation dans le sein d’une pécheresse et son entrée dans le monde sous forme d’un serviteur – il a pris la condition d’un esclave – (Philippiens 2: 7), Christ est resté exempt de péchés et de défauts. De même la parole écrite, malgré l’imperfection des instruments à travers lesquels elle nous fut communiquée, et le langage humain dans lequel elle fut rédigée, est demeurée infaillible et exempte d’erreur. Mais de même que les pharisiens croyaient savoir que Jésus était un homme pécheur (Jean 9: 24), de même certains prétendent que les Ecritures contiennent des erreurs. En critiquant de la sorte la Parole écrite, ils critiquent aussi le Christ dont la confiance aux Ecritures fut toujours absolue.

Le parallèle établi entre Christ et les Ecritures ne doit toutefois pas conduire à une sorte de déification de la Bible, parce que la Parole écrite, contrairement à la Parole faite chair, n’est pas une personne. Le rapprochement ne signifie pas identification. Les Ecritures ne sont qu’une sorte de miroir dans lequel nous pouvons contempler la personne adorable du Sauveur (I Corinthiens 13: 12). «Sondez les Ecritures, car elles rendent témoignage de moi » (Jean 5 : 39). Sous l’action du Saint-Esprit, la Parole écrite fait apparaître devant nos yeux spirituels la Parole faite chair. Nous ne devons jamais séparer l’une de l’autre, car nous avons besoin de l’une pour connaître l’autre. Aussi notre attitude devant Christ sera-t-elle toujours fonction de notre attitude devant les Ecritures. Les Ecritures et le Christ sont donc tous deux Paroles de Dieu, liées l’une à l’autre par leur origine divine commune, quoique distinctes l’une de l’autre par leur forme. Si Dieu nous a parlé autrefois par les prophètes, il nous a parlé dans ces derniers temps par le Fils (Hébreux 1 : 1-2). Recevons donc cette Parole, autant sous l’une que sous l’autre de ses formes, non comme la parole des hommes, mais ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu (I Thessaloniciens 2 : 13), semence régénératrice et incorruptible qui demeure éternellement (I Pierre 1 : 23-25).

Conclusion

Puissions-nous, à l’exemple de Jésus, respecter et garder intact ce « bon dépôt » (I Timothée 6: 20), y découvrir le plan de Dieu, y soumettre notre vie, en faire notre nourriture et notre arme spirituelles et avoir le souci de le transmettre fidèlement en vue du salut des âmes, de l’édification du corps de Christ à la seule gloire de Dieu.

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Hoffmann Jean
Jean Hoffmann (1925-2002) fut pendant plus de 40 ans pasteur dans des églises évangéliques en France et en Suisse ; il fut aussi rédacteur de la revue La Bonne Nouvelleet chargé de cours de formation dans des églises et dans divers instituts bibliques. Le texte qui suit est extrait de la collection de courts messages intitulée Points de repères (Éd. Farel, F-77421 Marne-la-Vallée et Éd. Emmaüs, CH-1806 St-Légier, 1996).