Dossier: Le livre de Job
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Job était-il un homme ou un mythe ?

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Le livre de Job est une œuvre profonde sur la souffrance humaine, digne d’une vie d’étude et de réflexion. Mais Job lui-même était-il un personnage réel et historique, ou Job est-il une légende mythique ? Et est-ce vraiment important de savoir ce qu’il était au final, fait ou folklore ?
Y a-t-il de bonnes raisons de prendre le livre de Job comme un récit précis d’événements qui se sont réellement produits, ou est-ce qu’on se contente de dire : « Eh bien, peu importe, on ne sait pas » ? J’ai lu des commentateurs qui m’ont dit : « C’est juste un match nul. On ne sait pas si c’est une parabole ou si c’est une histoire vraie. Cela n’a pas d’importance. » Permettez-moi de donner trois raisons de considérer ce récit comme une véritable histoire plutôt qu’une parabole de bonnes mœurs et d’une bonne théologie.

1. Un livre historique

D’abord, prenez la façon dont le livre débute : « Il y avait dans le pays d’Uts un homme qui s’appelait Job. » (1.1)
Maintenant, comparez cela avec le début de Juges 17.1, qui commence une histoire : « Il y avait un homme de la région montagneuse d’Éphraïm, nommé Mica. » Ou comparez-le au début de 1 Samuel : « Il y avait un homme de Ramathaïm-Tsophim, de la montagne d’Éphraïm, nommé Elkana. » (1 Sam 1.1)
Or, l’une des façons d’évaluer si une œuvre littéraire relève de l’histoire ou de la fiction est de comparer la façon dont les livres sont écrits. Le fait que le livre de Job commence de la même manière que ces chapitres, qui ne sont pas présentés comme une parabole ou une fiction, est au moins un indice de la façon dont les lecteurs l’auraient pris lorsqu’ils ont commencé à lire ce livre. Ils l’auraient lu de la même façon qu’ils ont lu Juges ou 1 Samuel — comme un récit de ce qui s’est réellement passé.

2. Le témoignage d’Ézéchiel

Dans Ézéchiel 14.12-20, le prophète montre à quel point Jérusalem est impuissante devant le jugement de Dieu à cause de l’immoralité qu’il y a dans le pays : « La parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : Fils de l’homme, si un pays péchait contre moi en se livrant à l’infidélité, et si j’étendais ma main sur lui, si je brisais pour lui le bâton du pain, si je lui envoyais la famine, si j’en exterminais les hommes et les bêtes, et qu’il y ait au milieu de lui ces trois hommes, Noé, Daniel et Job, ils sauveraient leur âme par leur justice, dit le Seigneur, l’Éternel. […] Ou si j’envoyais la peste dans ce pays, si je répandais contre lui ma fureur par la mortalité, pour en exterminer les hommes et les bêtes, et qu’il y ait au milieu de lui Noé, Daniel et Job, je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais ils sauveraient leur âme par leur justice. »
Des chercheurs plus ou moins conservateurs disent que ces noms — Noé, Daniel et Job — sont mentionnés ici non pas parce qu’ils sont historiques, mais parce qu’ils sont tous éminemment justes dans les livres qui racontent leur histoire. Néanmoins, le cas de Jérusalem est si mauvais que cet écrivain, Ézéchiel, choisit trois personnes, dont deux sont manifestement historiques, et l’autre, nous le supposons, aussi.
Remarquons deux choses :
– Noé et Daniel sont indubitablement historiques. La Bible ne les traite pas comme de la fiction, et Job est énuméré avec eux sans signe de distinction. Ce serait vraiment étrange si Job n’était pas aussi historique qu’eux.
– Ézéchiel émet l’hypothèse que Noé, Daniel et Job soient « dans ce pays ». Ce serait vraiment tiré par les cheveux que de penser que Noé et Daniel, des personnages historiques, sont peut-être « dans le pays » en tant que personnes réelles, mais que Job doit être considéré comme « dans le pays » d’une manière totalement différente.
En d’autres termes, il me semble qu’il nous faudrait avoir de très bonnes raisons de penser que Job est fictif si nous prenons Ézéchiel 14.14 et 19 d’une manière aussi peu naturelle. Deux personnages historiques et un personnage fictif agissant de la même façon ? J’en doute fort.

3. Le témoignage de Jacques

Jacques dit : « Mes frères et sœurs, prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Nous disons heureux ceux qui persévèrent. Vous avez entendu parler de la persévérance de Job et vous avez vu la fin que le Seigneur lui a accordée, car le Seigneur est plein de tendresse et de compassion. » (Jac 5.10-11)
Encore une fois, certains disent : « Cela ne prouve rien sur la réalité historique de Job. Il est juste utilisé comme un personnage fictif comme on pourrait utiliser Hamlet de Shakespeare comme un exemple d’indécision tragique. » Job, disent-ils, est utilisé comme un exemple de persévérance.
Vraiment ? Jacques dit : « Prenez pour modèles de patience dans la souffrance les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Nous disons heureux ceux qui persévèrent. Vous avez entendu parler de la persévérance de Job. » Il ne parle pas de Job dans le vide. Il traite Job comme l’un des prophètes. Il le place dans cette catégorie avec d’autres qui, dans l’histoire, ont persévéré.

Pourquoi est-ce important ?

Je dirais que nous avons au moins ces trois éléments de preuve que Job est historique : (1) la similitude interne avec d’autres œuvres historiques, (2) la mention de Job dans Ézéchiel, et (3) la mention de Job dans Jacques.
Est-ce important ? Bien sûr, la fiction peut enseigner la vraie vérité. Les paraboles de Jésus le font. Ce n’est pas mal d’écrire de la fiction pour communiquer la vérité. Ce n’est donc pas comme si la théologie de Job devait être sacrifiée si le livre était une fiction inspirée.
Mais je dirais que c’est important pour d’autres raisons. Étant donné la façon dont Ézéchiel et Jacques traitent le livre et la personne de Job, la volonté de traiter le livre et l’homme comme une fiction dénote un état d’esprit, une sorte d’inclination de l’âme, qui penche plus facilement vers des tendances critiques que je ne le pense sain.

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Dossier : Le livre de Job
 

Piper John
John Piper est un prédicateur américain, auteur de nombreux livres. Docteur en théologie, il est à l’origine du ministère Desiring God. L’autorisation de publication de cet article a été aimablement donnée par John Piper. © 2015 Desiring God Foundation (www.desiringGod.org).