Josué, l’homme qui entra
Josué, l’homme qui entra
Le livre de Josué commence brutalement: Maintenant que Moïse est mort, traverse le Jourdain! Qui est cet homme ? Est-ce trop dire que c’est un génie militaire? La victoire par exemple qu’Israël remporte sur les Amalékites au Sinaï lui est due, humainement parlant. Mais il est loin de n’être que cela. Josué a les qualités de l’homme de Dieu. Moïse le choisit, avec quelques autres, pour l’accompagner sur la montagne quand la Loi est donnée. Lors de la reconnaissance du pays promis, Josué représente sa tribu, Ephraïm, parmi les espions envoyés; seuls lui et Caleb ont gardé la foi en la toute-puissance de Dieu et encouragent à la conquête du pays pourtant bien défendu et aux villes fortifiées. C’est que Josué et Caleb sont « animés d’un autre esprit », car ils n’ont pas oublié les miracles par lesquels l’Eternel a fait sortir Israël du pays de l’esclavage. L’Eternel est avec nous, ne les craignez pas! disent-ils au peuple incrédule (Nom 14.9). Comment peuvent-ils être si sûrs de la victoire ? Ils prennent Dieu au mot, lui qui a dit: Envoie des hommes pour explorer le pays de Canaan que je donne aux Israélites (Nom 13.2). Eux seuls croient que Dieu va faire ce qu’il a promis. Eux seuls parmi les centaines de milliers sortis d’Egypte entreront dans le pays promis. Les autres ne purent y entrer à cause de leur incrédulité (Héb 3.19), y inclus Moïse. L’Eternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous n’avez pas cru en moi.., vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne (Nom 20.12). Ces hommes qui sont montés d’Egypte… ne verront pas la terre que j’ai juré donner à Abraham,… car ils n’ont pas suivi pleinement ma voie, excepté Caleb et Josué… (Nom 32.11-12). Je suis avec toi comme j’étais avec Moïse. Mais l’incrédulité de Moïse l’a empêché de faire ce à quoi Dieu l’avait appelé. Et pourtant, dans le postscript du Deutéronome se trouve ce témoignage splendide: il ne s’est plus levé de prophète comme Moïse, que l’Eternel connaissait face à face. Maintenant qu’il est mort, Dieu en utilise un autre pour accomplir sa tâche. Cependant la Bible ne déprécie jamais Moïse. Il est même dit que Jésus était un prophète à l’instar de Moïse: L’Eternel ton Dieu te suscitera… d’entre tes frères un prophète comme moi: vous l’écouterez! (Deut 18.15) Oui, Jésus est un prophète comme Moïse, mais supérieur à Moïse en ce qu’il n’y a en lui ni faute, ni erreur, ni aucune défaillance (Héb 3). Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous le donne, comme je l’ai dit à Moïse (Jos 1.3). Il y a quarante ans que le peuple est sorti d’Egypte. Dieu n’a pas changé d’avis: il fait toujours ce qu’il a décidé (Nom 23.19). Dieu attend l’homme qui le prend au mot. Trois fois, Josué entend cette exhortation: Fortifie-toi, prends courage! (Jos 1) Par ses dernières paroles que Matthieu rapporte, Jésus assure à ses disciples qu’il est avec eux tous les jours jusqu’à l’achèvement de l’âge. De quoi être fortifiés! Dieu dit aussi à Josué comment se fortifier: … en observant et en mettant en pratique toute la loi… Tu y méditeras jour et nuit,… car c’est alors que tu réussiras. Cela n’a pas changé. Peut-être que ton manque de courage est du à ta négligence de la méditation de la Parole? Lis-la, médite-la, et tu seras fortifié comme Josué. Josué ordonne alors au peuple d’Israël de se préparer à la conquête de Canaan, car dans trois jours ils y entreront en passant par le Jourdain (Jos 1.10-11). Quel culot! Cet homme veut essayer d’accomplir ce que le grand Moïse n’a pas pu accomplir en quarante ans ! Non, il ne va pas essayer – il croit tout simplement que Dieu fera ce qu’il a dit. En fait, Moïse a essayé – et il a donné la Loi à Israël, alors que Josué a cru – et il a donné le pays à Israël. Il y a là le double secret de la vie consacrée agréable à Dieu : croire Dieu et faire ce qu’il demande. Si la foi sans les oeuvres est morte, les oeuvres sans la foi sont des échecs, comme nous le verrons par la suite. Le troisième jour au matin, ils entrent dans le pays promis. Il y aura un autre troisième jour au matin duquel le Christ ressuscitera des morts; par là il nous fait entrer dans le pays promis. Car Canaan n’est rien d’autre que la jouissance, sur terre, de la vie de résurrection de Christ. C’est aussi là que la Pâque peut être célébrée, face à la forteresse réputée imprenable de Jéricho. Le pays produit le grain qui permet de faire les pains sans levain. La Pâque rappelle la délivrance passée; elle rappelle que le premier-né doit mourir – image du Christ, le Fils premier-né, la Personne de la Trinité qui est notre propitiation, mort et ressuscité, vivant et prêt à venir conquérir la terre promise au sens littéral pour y établir le royaume qu’il gouvernera avec un sceptre de fer. Voici donc le peuple d’Israël face à l’obstacle formidable que représente Jéricho, la forteresse de Satan dans le pays à posséder! Les recherches archéologiques ont révélé que Jéricho était une petite ville recouvrant quatre hectares seulement. L’armée israélite pouvait aisément l’encercler. Quand les murs tomberaient, chaque soldat pourrait tirer son épée et y entrer. Comme la ville fut brûlée mais non pillée, tout resta en place. On trouva nombre d’ustensiles, et le grain qui était resté dans les fosses creusées dans le roc pour résister au siège. Le dessus des greniers furent brûlés, alors que le grain dessous resta intact. On en planta, et il poussa ! Quel merveilleux symbole de la grâce. Car dans le NT, Jéricho devint un lieu de bénédictions: l’aveugle Bartimée et deux autres aveugles y furent guéris par Jésus (Marc 10 ; Mat 20) le voleur Zachée y fut converti (Luc 19). Mais cela arriva 1500 ans plus tard… Les deux espions que Josué envoie et qui ont la vie sauve grâce à la prostituée Rahab, font une découverte ahurissante: depuis 40 ans, les Cananéens sont pris de terreur à la pensée de l’invasion par les Israélites au point d’en perdre le souffle ! (Jos 2.9-11). Tout ce qui les étonne, c’est qu’Israël attende si longtemps pour prendre ce que Dieu leur a donné… Israël avait donc tourné en rond dans le désert, parcourant des kilomètres et des kilomètres avec ses tentes et ses troupeaux, se nourrissant d’un menu uniforme consistant en manne et en cailles, alors que le pays coulant de lait et de miel attendait qu’il en prenne possession. Combien de chrétiens sommes-nous de courir d’une activité à l’autre, comme si nous essayions de compenser le manque de direction par le nombre de kilomètres! Quelle direction ? Celle de l’arche, qui est le symbole de l’alliance et dont les objets qu’elle renferme symbolisent le contenu de la foi et de l’intention de Dieu à notre égard. Par où l’arche a-t-elle mené le peuple ? Par un chemin où il n’avait jamais passé avant (Jos 3.4). Le désert? On connaît. Le pays de la plénitude? Suivons le divin guide! Jean-Pierre SCHNEIDER |