Dossier: 1 et 2 Pierre
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La formule du bonheur… même dans la souffrance (1 Pierre 3.8-17)

Vous vous êtes déjà posé la question : quelle est la formule du bonheur dans la vie au quotidien ?
Lorsque tout va mal, la tendance naturelle est de se plaindre et de crier : « c’est injuste. » Nous avons envie que le monde sache que nous avons été malmenés, que nous sommes les victimes d’une sorte de complot à notre insu.

Heureux dans la souffrance et la persécution ?

En tant que chrétien, nous pouvons avoir la même attitude dans l’épreuve. Lorsque celle-ci nous frappe de plein fouet, nous avons envie de nous tourner vers Dieu pour lui crier toute l’injustice que nous ressentons. Même si nous croyons que, dans toutes les circonstances de la vie, Dieu est souverain, même si, dans notre épreuve, nous pensons à Job qui fut grandement éprouvé, voire à Étienne et d’autres qui furent persécutés pour leur foi, nous avons quand même envie de nous plaindre. Et si nous souffrons pour notre foi, alors certainement nous allons penser aux paroles de Jésus dans Matthieu 5.11-12 qui nous dit : « Heureux serez-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. »

Heureux ? Réjouissez-vous ? Soyez dans l’allégresse ? Les directives sont là, mais honnêtement, cela reste parfois extrêmement difficile. Nous avons plutôt envie de répondre à Dieu en lui disant : je ne mérite pas cela !

Comment devons-nous réagir dans l’épreuve, et surtout dans celle liée à la persécution ? Après tout, Paul a bien dit dans 2 Timothée 3.12 : « Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » Si nous voulons vivre pour Christ, nous n’avons pas le choix : nous serons persécutés d’une manière ou d’une autre. La question est donc celle-ci : Comment devrai-je réagir lorsque la persécution me frappera ? C’est le but de la section de 1 Pierre 3.8-22. Notre réponse deviendra alors, d’une certaine façon, la formule du bonheur.

La première Épître de Pierre se situe dans un contexte de persécution et de souffrance. Il écrit à des chrétiens persécutés et leur explique comment ils doivent réagir lorsqu’ils souffrent pour leur foi. Le mot « enfin » de 1 Pierre 3.8 nous indique que Pierre passe à la conclusion d’un passage qui commence en 1 Pierre 2.11 dont le thème général est la soumission. Le chrétien persécuté doit maintenir une attitude générale de soumission. Pierre développe cette idée de soumission au travers des relations des citoyens envers les autorités (2.13-17), des serviteurs envers leurs maîtres (2.18-25), des femmes avec leurs maris (3.1-6) et des maris avec leur femmes (3.7).

Pierre parachève sa pensée dans cette section (3.8-22) en rappelant que tout chrétien persécuté doit toujours réagir avec affabilité et avec droiture. Cela veut dire que nous restons calmes, nous ne haussons pas le ton, nous ne nous débattons pas, nous ne nous vengeons pas. L’exemple de 1 Pierre 2.18, des serviteurs qui réagissent face à des maîtres pénibles, est excellent : « Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont d’un caractère difficile. » Le fait qu’un esclave (ou de nos jours un employé, même si leur situation n’est pas entièrement comparable) ait un maître difficile, ne justifie pas un éventuel mépris à son égard, ou n’est pas un motif d’insoumission. De même dans 1 Pierre 3.1-6, une femme qui a un mari difficile, est appelée à se soumettre à lui et à le servir avec une bonne attitude. Ainsi en est-il avec ceux qui nous persécutent. Nous traitons nos persécuteurs de manière similaire à ceux que nous apprécions, même si nous désapprouvons leurs actions. Notre attitude, après tout, pourrait les gagner à Christ !

Le chrétien persécuté réagit avec affabilité

Au verset 8, Pierre décrit ce qui caractérise les relations entre chrétiens. Elles sont animées des mêmes pensées et sentiments, de l’amour fraternel, de la compassion et de l’humilité. En d’autres termes, il ne devrait pas y avoir de friction entre chrétiens.

Paul le décrit de manière similaire dans Philippiens 2.1-3. Cela ne veut pas dire que nous devons constamment avoir la même opinion, mais une même attitude harmonieuse ayant un but unique. Nous souffrons ensemble et nous sommes appelés à avoir une sympathie mutuelle, un cœur tendre.

Au verset 9, Pierre complète cette liste par ce qui caractérise les relations avec chacun, y compris ceux qui nous persécutent. Nous ne faisons pas le mal, ne proférons pas d’injures, mais nous faisons le bien. Pierre encourage les chrétiens à ne pas se venger personnellement du mal qu’ils peuvent subir. Se venger est la tendance naturelle de l’homme envers l’autorité et les maîtres, ou entre les maris et les femmes. Pierre encourage à bénir ceux qui nous maltraitent, tout comme Paul (Rom 12.14,17-21 ; Éph 4.29 ; 5.4).

Aux versets 10 à 12, Pierre donne de manière succincte la formule du bonheur. Si nous voulons aimer la vie et voir des jours heureux, alors il convient de préserver sa langue du mal, ses lèvres des paroles trompeuses c.-à-d. du mensonge, de s’éloigner du mal, de faire le bien, de rechercher la paix et la poursuivre et de prier.

En adoptant un tel comportement, nous aurons la promesse que le Seigneur sera attentif à nos prières.

Ceci est particulièrement important de nos jours. En Occident, il convient de le mentionner, nous ne souffrons pas beaucoup de la persécution — merci Seigneur ! Mais l’ennemi semble avoir trouvé une autre manière très efficace de nous attaquer : les divisions d’église et les conflits entre chrétiens. Quelle église n’a pas subi une division ou un conflit majeur dans ses rangs ? En fait, nous avons l’impression que les nouvelles implantations d’églises sont souvent le résultat de conflits. Ces conflits sont parfaitement logiques dans la perspective de l’ennemi. Jésus a dit : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35). Au verset 34 juste avant, Jésus dit : « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. » Si c’est par notre amour radical que le monde peut savoir que nous sommes chrétiens, alors cet amour révolutionnaire sera l’un des facteurs qui leur donnera envie de connaître Christ, et ce sera justement à cet endroit que l’ennemi attaquera ! Je crains néanmoins qu’il ait bien réussi son affaire ! Que le Seigneur nous aide à nous aimer les uns les autres en tant que chrétiens afin de montrer au monde que nous réagissons différemment dans nos relations mutuelles, surtout dans un contexte de persécution. Nous chrétiens, nous nous aimons réellement et le manifestons par notre comportement de grâce les uns envers les autres.

Le chrétien persécuté réagit avec droiture

Bien que Pierre nous donne la raison et la logique d’être bienveillant au verset 13, il n’exclut pas la souffrance et la persécution, mais il rappelle quelle est la source du bonheur au verset 14. Si nous sommes zélés pour le bien, même si nous souffrons pour ce bien que nous faisons, nous serons heureux. Ainsi nous n’avons aucune crainte d’être troublés par nos persécuteurs. Notre bonheur en tant que chrétien n’est pas lié aux circonstances, mais à notre relation personnelle avec Jésus-Christ et ce qui en découle :

– Chantons et louons Dieu comme Paul et Silas lorsqu’ils étaient en prison (Act 16.16-25).

– Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse car notre récompense est dans les cieux (Mat 5.10-12).

– Glorifions Dieu à cause du nom de Christ (1 Pi 4.13, 16).

– Cherchons le refuge en Dieu (Ps 7.2).

Ceci n’est pas une chose facile. Je pense que cela s’apprend. J’ai personnellement deux versets dans le Nouveau Testament que j’affectionne spécialement et auxquels je reviens régulièrement, surtout lorsque les épreuves de la vie me frappent, 1 Thessaloniciens 5.16 et 18 : « Soyez toujours joyeux », « Rendez grâce en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » Il y a bien des années, mon épouse et moi avons décidé d’appliquer ces deux versets chaque jour, quoi qu’il arrive dans nos vies. Parfois l’émotion n’y est pas. Parfois, tout en nous ne veut pas appliquer ces versets. Mais nous nous y efforçons. Lorsque nous prions pour les circonstances de nos vies, parfois bien difficiles, nous prions et nous remercions Dieu même pour ces circonstances difficiles et compliquées, parce que nous avons décidé de manifester une attitude de joie. Rappelons-nous que dans le Seigneur, ces deux attitudes sont possibles, sinon elles ne seraient pas écrites sous forme de commandement. Je trouve cela incroyable que Dieu nous commande d’être joyeux et reconnaissants pour toute chose ! C’est la preuve que ce n’est pas naturel. Râler est naturel pour l’homme naturel. Mais pas pour le chrétien ! Celui-ci est joyeux et reconnaissant en toutes choses !

Au verset 15, Pierre nous livre la clé qui donne le pouvoir de réagir avec droiture à toute souffrance. Elle consiste à sanctifier le Seigneur Jésus-Christ dans nos cœurs. « Sanctifier » veut dire « mettre à part, considérer saint, placer au-dessus de toute autre relation ». Jésus est Christ, le Messie de Dieu, et Seigneur, ce qui veut dire qu’il est suprême, étant celui à qui doivent être rendues toute soumission et toute obéissance (És 8.13). Mon ancien cœur doit être envahi de plus en plus par Jésus-Christ (Mat 15.18-20). Cela ne veut pas dire que mon salut est progressif, puisque je reçois un nouveau cœur au moment de ma conversion (Éz 36.26). Mais c’est une autre manière de décrire la plénitude du Saint-Esprit (Éph 5.18) — j’ouvre de plus en plus les compartiments fermés de ma vie à la seigneurie de Jésus-Christ, le sanctifiant ainsi dans mon cœur (1 Thes 4.1).

Le Seigneur nous donne deux promesses si nous agissons fidèlement :

– Nous n’aurons rien à craindre, ni besoin d’être troublés face à d’éventuelles persécutions (v. 14, cf. Phil 4.6-7),

– Nous serons toujours prêts à nous défendre (v. 15).

Et si quelqu’un nous demande raison de l’espérance qui est en nous, nous devrions répondre avec douceur (c.-à.d. avec une attitude qui procure une sensation agréable et qui ne présente aucun caractère excessif) et avec respect (c.-à-d. avec un sentiment qui conduit à traiter quelqu’un avec de grands égards).

Nous ne sommes pas appelés à nous battre, ni verbalement, ni physiquement, pour notre foi, mais au contraire, à gagner nos adversaires par notre douceur et notre respect. Nous devons toujours être prêts à nous défendre. Pour être prêts, nous devons sanctifier Christ dans nos cœurs.

Au verset 16, Pierre nous invite à avoir une bonne conscience. La bonne conscience est l’état de celui qui estime n’avoir rien à se reprocher. Si ma conduite est irréprochable (comme elle devrait l’être), alors, si je suis persécuté, par des insultes ou par des persécutions physiques, j’aurai une bonne conscience devant Dieu, je n’aurai donc rien à me reprocher. Je saurai alors que mes malheurs ne viennent pas d’un péché que j’aurais commis (1 Cor 11.30), mais de mes ennemis, une persécution « autorisée » par Dieu pour une raison inconnue de ma part.

La Bible nous enseigne aussi que la bonne conscience est « ce témoignage de notre conscience, que nous nous sommes conduits dans le monde, […] avec sainteté et pureté devant Dieu, […] avec la grâce de Dieu » (2 Cor 1.12). Elle enseigne également à être « un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté » (1 Tim 4.12), et à être droit et juste quant à sa propre iniquité (Ps 7.4-6, Job 31.1-32.4).

La bonne conscience est le produit d’une bonne conduite. Elle a pour effet de confondre les accusations des détracteurs. À contrario, si notre vie est critiquable, notre défense verbale est affaiblie et notre conscience est troublée.

Les perspectives, les principes et le pacte

Dieu promet qu’il est attentif aux prières des justes (v.12) et que le bonheur est possible même pour ceux qui souffrent de persécution.

Si tu veux être heureux, il convient alors de réagir dans ta vie avec affabilité et droiture. Ces attitudes te permettront d’aimer la vie et d’amener des perdus au salut. Telle a été l’attitude de Jésus lorsqu’il vivait sur cette terre : il a souffert afin de nous amener à Dieu (v. 18).

Si tu n’es pas heureux dans ta vie avec Christ, il y a quelque chose à corriger. Quelle décision prends-tu par rapport à ce passage de l’Écriture ?

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Glass John
John Glass est enseignant dans l’Église Évangélique Internationale de Genève, fondateur de Calvin Tours (calvintours.com), et titulaire d’un doctorat en théologie du Master’s Seminary à Los Angeles.